Hugo de VRIES
Fièvres hémorrhagiques : Lassa, Crimée-Congo 2005- 2006
Veuillez noter que la page de référence de celle-ci est écrite en anglais. Les liens perdus sont le plus possible mis à jour, ou supprimés.
30 aοût
2006. Le journal Cell rapporte une étude où les
chercheurs ont réussi à restaurer
la mémorisation des événements récents chez des souris atteintes de
la maladie d'Alzheimer. Ces travaux indiquent que stimuler
l'activité de l'enzyme "ubiquitin C-terminal hydrolase L1", pourrait
donner lieu à une stratégie prometteuse pour contrebalancer les effets
de la maladie. Nous sommes loin cependant d'une application à l'Homme,
mais il s'agit d'un pas en avant considérable dans la compréhension de
la maladie. Un foyer de choléra affecte toujours Abidjan (Côte
d'Ivoire).
29 août
2006. L'épidémie de chikungunya s'étend en Inde du Sud. Elle
est désormais clairement présente dans le district de Coimbatore dans
le Tamil Nadu.
26 août
2006. Associated Press rapporte que le Vietnam, qui s'était
libéré de la grippe aviaire depuis plusieurs mois, vient de détecter
le virus chez des canards pour la deuxième fois ce mois-ci. La FAO
remarque que le commerce incontrôlé de la volaille dans la région est
une cause majeure de l'extension de la maladie. La peste
continue à se répandre de façon inquiétante dans la région
d'Ituri au Congo.
24 août
2006. Une stratégie complètement nouvelle pourrait aider à
combattre le virus du SIDA. Nature Medicine (DOI:
10.1038/nm1482) rapporte que des chercheurs de l'Université de
Montréal et du Centre hospitalier de l'Université de Montréal ont
observé que les cellules immunocompétentes agissant contre le VIH
(cellules T tueuses) fabriquent plus d'une protéine appelée PD-1 au
moment où elles perdent leur capacité de tuer, et que celle protéine
agit en contrôlant le comportement des cellules. On pourrait donc
construire des médicament qui agiraient contre l'effet ou la synthèse
de cette protéine de façon à activer la réponse immune. Il faudra
toutefois attendre de longues années avant que cela puisse se traduire
en médicament car PD-1 se trouve dans un grand nombre de cellules, et
qu'interférer avec son action pourrait être nuisible.
23 août
2006. Les tiques sont le vecteur de nombreuses maladies en
plus de la fièvre de Crimée-Congo. En particulier elles transmettent
des bactéries du genre Borrelia, causes de la borréliose, dont
l'exemple est la maladie
de Lyme désormais bien connue dans les pays développés. De
récentes études menées au Sénégal ont montré une prévalence élevée de
borrélioses (plus de 10% en incidence annuelle), souvent prises pour
des accès palustres car la maladie se manifeste par un retour cyclique
de la fièvre. La question de l'incidence en Afrique se pose donc, comme
le rapporte allAfrica.com et cela montre que les tiques jouent
probablement un rôle sous-estimé dans la morbidité de ce continent.
22 août
2006. Une épidémie de fièvre de Crimée-Congo en Turquie y a
tué 24 personnes depuis le début de l'année.
20 août 2006. Le Kathmandu Post rapport
qu'une maladie causant de fortes fièvres et des saignements a tué au
moins 14 personnes dans le district de Nuwakot au Nepal. La maladie a
d'abord été découverte chez des chiens et des poulets. Les symptômes
ressemblent à ceux de la fièvre
Crimée-Congo.
18 août
2006. Plusieurs sources affirment que de nombreuses personne
du District de Garut District à l'Ouest de Java manifestent des
symptômes de grippe sévère. Deux décès sont en cours d'analyse. Il n'y
a pas d'indication qu'il s'agisse de transmission interhumaine, mais
cette concentration, si elle se confirme, est préoccupante.
14 août
2006. La grippe aviaire reste présente en Sibérie de l'Ouest,
désormais dans le district de Tomsk, où des
pigeons domestiques ont été infectés. Bangalore continue à subir le
chikungunya propagé par les moustiques du genre Aedes qui
continuent à s'y reproduire. Il est probable qu'un milllion de
personnes a été infecté depuis le début de l'année au sud de l'Inde.
12 août
2006. The Scientist rapporte une découverte
exceptionnelle en cancérologie. Au moins chez le chien, certaines
cellules tumorales peuvent se transmettre sexuellement, et propager
des tumeurs de génération en génération. La tumeur vénérienne canine
existe chez le chien dans le monde entier, et elle correspond à des
cellules qui diffèrent de celles de l'hôte qui les abrite et dont
l'origine semble remonter avant la date de domestication du chien. Le
chien fait aussi la Une en Chine, en raison d'une épidémide de rage
qui se propage, et des milliers d'animaux ont dû être abattus
(d'habitude par pendaison) dans la province du Yunnan.
27 juillet
2006. Il semble que onze cas possibles de grippe aviaire
humaine soient recensés dans la province de Phichit en Thaïlande où 44
personnes sont sous surveillance. De la volaille meurt en masse au
Laos, et l'on suspecte la grippe aviaire. Si tous ces événements sont
confirmés ils feront la une des journaux, et nous n'en parlerons plus
ici.
25 juillet
2006. Selon l'agence Xinhua quatre provinces de Thaïlande ont
été déclarées "zones rouges " pour la dengue. Cette situation est très
préoccupante car dans l'une d'elles, la province de Phichit, trois cas
au moins de ce qui semble être la grippe H5N1 (dont les symptômes sont
superficiellement semblables à ceux de la dengue) ont été identifiés.
Un cas énigmatique de fièvre
hémorrhagique de Lassa a été diagnostiqué chez un patient déjà
malade qui a voyagé de Sierra Leone en Belgique et en Alllemague.
Toutes les personnes qui ont pu être en contact avec lui ont été
contactées.
22 juillet
2006. Le nombre des cas de fièvre hémorrhagique Crimée-Congo
augmente en Turquie. On conseille aux voyageurs de prendre garde aux
tiques.
21 juillet
2006. Selon l'agence Reuters la Bulgarie a détecté la grippe
aviaire dans trois fermes. L'identification du virus est en cours.
19 juillet
2006. D'abord identifié en Décember 2005 dans l'état d'Andhra
Pradesh, le chikungunya, transmis par des moustiques du genre Aedes,
a commencé par se développer dans les villes pour maintenant affecter
1,408 villages dans le sud de l'Inde. Le nombre des cas de la maladie
est inconnu, mais probablement très élevé.
14 juillet
2006.En Thailande, depuis une semaine des centaines
d'oiseaux, et de volaille sont morts pour des raisons inconnues dans
la province de Chachoengsao. Une analyse est en cours.
13 juillet
2006.La séquence partielle du
gène de l'hémaglutinine du virus H5N1 récemment apparu au Nigeria est
maintenant accessible à l'INSDC. Les mutations présentes dans le gène
vont aider à en découvrir l'origiçne, dans un contexte où le doute
persiste entre la contribution d'oiseaux migrateurs et celle
d'importation de volaille. Au moins deux origines indépendantes sont
déjà repérables, comme indiqué la semaine dernière.
Le magazine Nature, dans une nouvelle qui rapporte des données
de séquence confidentielles — une pratique très inhabituelle, et en
contradiction avec toutes les règles de publication scientifique —
montre que le virus H5N1 a muté de nombreuses fois au cours de sa
diffusion dans une famille indonésienne en mai dernier. Ce type
d'évolution est semblable
à ce qui a été observé pour le coronavirus du SRAS, mais il
n'est pas possible à ce stade de voir si cela favoriserait la
contamination interhumaine. Un foyer de légionellose affecte
Amsterdam.
8 juillet
2006. Un foyer de peste porcine Africaine s'étend de l'Ouest
au Nord-Ouest du Cameroun. Cette maladie est causée par un virus à
ADN, non encore identifié correctement, mais qui paraît voisin des Iridovirus
ou des Poxvirus. Il cause une forte mortalité chez le porc.
D'une façon générale il serait bon de surveiller soigneusement les maladies
porcines, car elles peuvent être sources de maladies humaines
émergentes. Dans ce cas particulier, la ressemblance avec les Poxvirus
est préoccupante car le virus de la variole appartient à cette
famille. Le réservoir du virus pourrait être le phacochère ou d'autres
espèces de porcs sauvages. Le virus peut survivre très longtemps dans
un environnement contaminé et il peut être transmis par des tiques.
Une grèbe a été trouvée porteuse du virus H5N1 en Espagne.
<7 juillet
2006.La grippe H5N1 a été introduite plusieurs fois au
Nigeria. Bien que cette observation soit compatible avec les routes de
migration de certains oiseaux, l'origine des foyers via la contrebande
de volaille reste possible. Deux travaux intéressants publiées dans la
revue Neuron ont probablement démontré que la Trisomie 21 est
due à l'effet d'un seul locus génétique. Dans le modèle souris de la
maladie, l'impact de la triplication de ce locus serait que le
transport rétrograde ou la signalisation liés aux neurotrophines NGF
ou BDNF conduit à la dégénérescence d'une classe de neurones
cholinergiques.
4 juillet
2006. Un foyer de fièvre hémorrhagique
Crimée-Congo affecte la région de Volgograd en
Russie. Cette dangereuse maladie est endémique dans cette partie
du monde et elle a récemment été trouvée au
Pakistan.
2 juillet 2006. Après la réunion de la
Première Conférence Internationale sur la Grippe Aviaire chez l'Homme
à l'Institut Pasteur de Paris, la troisième réunion ministérielle de
la Coopération Econimique stratégique Ayeyawady (Irrawaddy)-Chao
Phraya-Mekong (Acmecs) commence au Laos demain. On y discutera de la
situation de la grippe aviaire dans cette partie du continent où le
Laos n'a rapporté aucun foyer, alors qu'il y en a eu dans tous les
pays voisins. L'Institut Pasteur de Paris est partie de la réflexion à
ce sujet. Une étude en cours pourrait écarter la menace : des furets
immunisés contre une forme du virus de 2003 ont été protégés contre
les variants les plus récents du virus. Si cette observation peut
s'étendre à l'Homme il devrait être possible de prévenir une pandémie.
Le virus se trouve désormais dans l'état du Taraba à l'est du Nigeria
où 14 des 36 états sont affectés.
1 juillet 2006.Un nouveau foyer de
grippe aviaire H5N1 affecte une ville au nord-ouest du Ningxia en
Chine.
28 juin 2006.
La grippe aviaire s'étend en Sibérie , elle
se trouve désormais dans la république de Tyva.
24 juin 2006. Les autorités sanitaires
de Hong Kong ont accru le niveau de leur programme de surveillance des
infections depuis qu'un cas humain de grippe aviaire H5N1 a été
identifié à Shenzhen. Les
autorités avaient hier enregistré 102 cas (61 hommes, 41 femmes,
agés de 2 mois à 89 ans) un accroissement de 12 cas sur la veille. Ces
patients revenaient du Guangdong, Hunan, Hubei, Fujian ou du Zhejiang.
Des groupes isolés de cas de
transmission interhumaine de grippe aviaire ont été constatés
dans le passé et récemment en Indonésie, mais heureusement le virus ne
s'est pas encore transformé en une forme préoccupante. La vaccination
des oiseaux a peut-être contribué à contrôler la maladie, comme au
Vietnam, mais cela fait perdre un indicateur majeur de sa propagation,
puisque les morts massives suspectes disparaissent. En Europe, la
maladie tansmise par les tiques et causée par la bactérie Borrelia
burgdorferi (borréliose ou maladie de Lyme, une infection qui se
manifeste par des symptômes assez semblables à ceux de la syphilis)
est peut-être en phase d'expansion. Malheureusement de nombreux pays
européens n'ont pas encore un suivi dans le temps qui puisse permettre
une analyse sérieuse de la situation.
14 juin
2006. Depuis la mi-mai une infection pulmonaire qui paraît
être la peste a tué plus de 100 personnes dans la province d'Ituri, au
Nord Est de la République du Congo. Le bacille de la peste est
endémique dans la région et se manifeste au moins depuis le mois de
février. Mais des observations fiables sont difficiles à collecter en
raison de l'extrême insécurité dans la région. La peste, qui est
présente dans de nombreuses régions du monde dans des réservoirs
rongeus tue entre 1000 et 3000 personnes chaque année.
13 juin 2006. Un nouveau cas humain
probable de grippe aviaire est en cours d'analyse dans la province du
Guangdong en Chine, tandis qu'un foyer affectant le nord de l'Ukraine
conduit à l'abattage massif de volaille. Le nombre des cas d'infection
par le virus hanta aux USA est inhabituellement élevé, suggérant
l'existence de foyers animaux plus nombreux que d'habitude.
9 juin 2006. Depuis plusieurs semaines
une souche d'Escherichia coli O157H7 affecte la Grande
Bretagne, où elle a causé plusieurs foyers d'infections sévères (en
Angleterre et en Ecosse). Cette souche, isolée en Allemagne pour la
premère fois en 1988, fermente le sorbitol, mais ne s'isole pas sur
les milieux sélectifs habituels pour l'isolement de ces bactéries
productrices de toxines. Elle pourrait donc être plus répandue que ce
qu'on a constaté jusqu'à présent.
5 juin 2006. Un virus inconnu affecte
la Namibie, où cinq personnes sont mortes et 17 ont été hospitalisées
avec des symptômes grippaux et une faiblesse des membres inférieurs.
Une épidémie de légionellose affecte la région de Pampelune en
Espagne.
1 juin 2006. Le virus du chikungunya
semble avoir atteint Chennai (Madras) en Inde du Sud.
28 mai 2006. La manière dont la grippe
aviaire se répand et tend à devenir endémique reflète de façon
exemplaire la situation politique locale, ainsi que l'écologie des
régions concernées. La Roumanie a dû abattre plus d'un million
d'oiseaux ces dernières semaines, et elle n'arrive pas à arrêter la
maladie. De même la grippe aviaire continue à se répandre au sud ouest
de la Sibérie, désormais dans
l'Altai. Ces épidémies sont peut-être répandues par la migration
d'oiseaux, mais sont surtout dues à l'absence de contrôle du
comportement humain dans ces régions. C'est tout à l'opposé de la
situation au Vietnam, où les autorités, malgré le grand nombre des
foyers, sont parvenues à enrayer l'épidémine. En Afrique, où aucun
oiseau sauvage n'a été infecté, il est clair que la cause majeure de
l'extension de la maladie est la contrebande. La grippe est désormais
installée au Nigéria en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso (elle se
trouve probablement ailleurs aussi). En Indonésie, la situation est
particulièrement préoccupante en raison des foyers qui apparaissent de
façon répétée , mais aussi en raison de la présence, peut-être d'une
susceptibilité génétique en certains endroits (reflétée par la
présence de foyers de contamination au sein d'une même famille).
21 mai
2006. Sept personnes d'une même famille ont été atteintes
par le dangereux virus de la fièvre hémorragique Crimée-Congo,
transmis par des tiques, dans un village de montagne au Pakistan.
L'une en est morte. Le virus H5N1 virus est à nouveau au Danemark et
la présence d'un foyer dans une même famille indonésienne indique une
susceptibilité génétique. Le virus est aussi présent en Moravie et en
République Tchèque.
20 mai 2006. Un groupe de dix-sept
cas de trichinose, cause pour l'un d'entre eux de lésions
neurologiques, vient d'être identifié chez les membres d'une même
famille étendue, dans l'état du Mecklembourg-Vorpommern, en Allemagne
de l'Est. Cela doit nous remettre à l'espris que les parasites restent
une cause précoccupante de maladies graves, en particulier dans les
pays où l'élevage du porc est important, comme la Chine. Le parasite,
Trichinella spiralis
traverse la barrière de l'estomac pour se développer d'abord dans le
tissu musculaire, chez les carnovores et les omnivores, causant des
douleurs qui s'étendent aux articulations. Le parasite envahit ensuite
d'autres tissus, rendant les patients peu à peu invalides (en
particulier attaques cérébrales et oculaires).
14 mai 2006. A la différence de ce
que montre l'analyse des mutations du virus H5N1 au Vietnam et dans
les pays voisins, qui montre que le virus est résistant aux
adamantanes, une nouvelle étude de l'Université de Hong Kong montre
que la plupart des virus originaires de Chine et d'Indonésie sont
sensibles à ces médicaments, améliorant notre arsenal en cas de
pandémie. Une certaine amélioration de la qualité du vaccin contre le
virus (addition d'adjuvants) vient d'être publiée dans le Lancet.
Un travai de l'ICDDRB au Bangladesh,
publié l'an dernier montre que
les épidémies de choléra sont sans doute dues à la dynamique de
la multiplication de bactéries, suivies par leur destruction massive
par des bactériophages. C'était justement la base du traitement des
maladies au moyen de bactériophages
proposé par Félix
d'Hérelle.
12 mai 2006. Un tiers de la
population des Comores semble avoir été infectée par le virus du
chikunguya. L'archipel est au nord-ouest de Madagascar et au nord-est
du Mozambique. Il semble donc probable que le virus est présent à
Madagascar, située entre les Comores et la Réunion. L'extension de ce
virus pourrait avoir masqué l'identification de la grippe aviaire à
Djibouti, où la contamination d'une fillette vient d'être confirmée.
8 mai 2006. La grippe aviaire continue
à sévir au sud ouest de la Russie, où plus de 30 millions d'oiseaux
ont dû être abattus. Le variant en cause semble être celui qui est apparu
l'an dernier dans le district du lac Qinghai en Chine.
La controverse à propos de sa présdence en Afrique point de plus en
plus vers des poussins contaminés en provenance de Chine. Le choléra a
désormais tué plus de 1000 personnes en Angola.
29 avril 2006. Des maladies
terrifiantes comme les fièvres hémorrhagiques causées par les virus
Ebola ou Marburg n'ont pas un impact considérable sur la population
humaine en général. Cela implique l'absence de pression pour
développer un vaccin qui soit viable commercialement. Pourtant, à
chaque épidémie, le personnel médical se trouve gravement exposé, et
peut lui-même devenir un facteur de contagion, et il est donc
primordial de protéger médecins et personnel infirmier contre
l'infection. Il y a un an la démonstration était faite d'un vaccin
capable de protéger des singes à 100%. Aujourd'hui, The Lancet
publie un étude montrant qu'un vaccin
a pu protéger des singes alors qu'il a été injecté 30 minutes après
l'infection. Ce résultat est remarquable, puisqu'il pourrait servir à
protéger après une contamination accidentelle. Le mode d'action du
vaccin n'est pas encore compris, et les singes ne sont pas des hommes,
si bien qu'il reste encore beaucoup de recherche à développer, mais
cette observation est fort intéressante pour contrôler à l'avenir les
maladies de cette terrible famille.
28 avril 2006. La maladie appelée huang
long bing (maladie du dragon jaune) a détruit une grande partie des
plantations d'agrumes en plusieurs endroits en Asie. Cette maladie,
causée par une bactérie non cultivée provisoirement nommée Liberibacter
asiaticus, cause la chlorose des agrumes en latérant
considérablement le développement des arbres. La maladie commence à se
propager sérieusement en Amérique, où elle ajoute aux destructions
dues à Xanthomonas campestris pv citri (cause du
chancre des agrumes) ou à Xylella fastidiosa.
27 avril 2006. Deux foyers du virus
H5N1 de la grippe aviaire, ont été découverts dans la banlieue
d'Abidjan en Côte d'Ivoire. Par ailleurs la maladie semble désormais
présente au Mozambique, en Afrique de l'Est.
26 avril 2006. Après les fameuses
"enveloppes" contenant des spores de la bactérie du charbon (dont la
provenance, américaine, n'a toujours pas été révélée publiquement), il
devenait particulièrement important de trouver un antidote à la toxine
la plus sérieuse (la toxine "létale") de la bactérie. La revue Nature
Biotechnology, publie des résultats intéressants qui montrent que des
vésicules lipidiques, des liposomes, contenant des peptides bien
choisis pour interagir et neutraliser la toxine, peuvent être actifs
in vivo dans un modèle animal. Cette même étude a été étendue à la
toxine du choléra, et là encore, elle paraît fonctionner.
20 avril 2006. Depuis la mi-mars, une
sérieuse épidémie de choléra se répand en Angola, et plusieurs cas ont
été identifiés au Cameroun. Un Cours International sur la réponse
d'urgence aux épidémies de Choléra et de Shigellose se termine au
Sasakawa International Training Centre, ICDDR,B, Dhaka, Bangladesh.
L'objet du cours est de renforcer la capacité des organisations
internationales et des ONG à gérer les épidémies de choléra et
d'autres maladies diarrhéiques qui suivent les catastrophes.
La grippe aviaire a atteint le Soudan.
16 avril 2006. La maladie qui a tué
plusieurs centaines de poulets près de Bondoukou, Côte d'Ivoire, n'est
probablement pas la grippe aviaire. Un nouveau foyer affecte le
Pakistan.
15 avril 2006. La grippe du poulet a
peut-être atteint le nord-est de la Côte d'Ivoire, dans la région de
Bondoukou. Un cas humain suspect est examiné au Danemark. La façon
dont le virus se propage n'est pas claire, et beaucoup discutent du
rôle relatif de la contrebande de volaille et de celui des oiseaux
migrateurs. Des mesures limitant très strictement la destruction des
régions humides et des marais, limiterait certainement le contact
entre les Anatidés (canards, oies, sarcelles...), qui sont les oiseaux
les plus affectés, et la volaille. Une nouvelle épidémie de fièvre
affecte l'Ile Maurice, elle ressemble au chikungunya par ses symptômes
mais dure moins longtemps.
13 avril 2006. L'épidémie de dengue,
qui avait un peu régressé au Vietnam les années passées est à nouveau
en augmentation avec 20% de cas en plus par rapport à l'année
dernière. La capacité du parasite du paludisme à diminuer les défenses
immunitaires de l'hôte contre le parasite a longtemps intrigué les
chercheurs. Une étude publiée dans The Journal of Biology,
montre que le pigment hémozoïne inhibe les cellules sentinelles les
plus importantes de la réponse immune, les cellules dendritiques. L'hémozoïne
est une substance cristalline produite dans la vacuole digestive du
parasite quand il infecte les globules rouges. Ce pigment dérive de
l'hème, qui donne sa couleur rouge à l'hémoglobine qui remplit les
globules rouges. Une maladie apparemment contagieuse mais non
identifiée vient d'affecter plusieurs dizaines de lycéens de la
province du Shanxi en Chine. L'un d'entre eux en est mort. Les
autorités affirment qu'il ne s'agit ni du SRAS ni de la grippe, mais
le seul symtôme noté, une fièvre élevée ne permet d'écarter aucune
hypothèse.
10 avril 2006. L'épidémie annuelle de
méningite bactérienne est en cours au Burkina Faso et au Niger où une
compagne de vaccination tente de l'enrayer.
7 avril 2006. L'épidémie de
chikungunya s'étend en Inde du sud,où une dizaine de foyers ont
affecté près de 40 000 personnes. Il est assez probable que
l'épidémie va atteindre des proportions considérables, étant donnée
l'importance de la population indienne. Une remarquable découverte
publiée hier dans Nature a mis au jour chez la mouche
drosophile un gène codant une forme de protéine contractile (un type
particulier de myosine) qui contrôle la symétrie chez l'animal. Nous
nous souvenons tous que Pasteur, quand il était encore chimiste, a
découvert que la vie est fortement liée à la dissymétrie ("la
dissymétrie, c'est la vie !") et que cela en signe la présence ;
de fait, au niveau moléculaire il y a un nombre disproportionné d'une
forme moléculaire pour les molécules asymétriques par rapport à la
même forme en miroir. Et nous ne sommes pas des sphères. Les animaux
sont construits selon deux axes majeurs, l'axe antéro-postérieur, qui
définit la tête et la queue, et l'axe dorso-ventral qui définit le dos
et le devant de l'organisme. Il y a aussi un troisième axe, qui
définit la répartition des organes dans le corps. La plupart d'entre
nous ont le foie à droite et le cœur à gauche. Dans un situation rare,
appelée situs inversus viscerum, la place des organes est
inversée. On ne sait pas encore si cette découverte chez les insectes
sera extrapolable aux vertébrés, mais la découverte d'éléments de
contrôle du troisième axe de développement de l'embryon n'en reste pas
moins fascinante.
6 avril 2006. Le chikungunya a
contaminé plusieurs centaines de personnes dans un village côtier de
Malaysie. Il est aussi présent en Inde. La grippe H5N1 continue de
s'étendre lentement dans le monde entier, y compris en Europe. Après
l'Afrique de l'Ouest, de nouveaux cas sont détectés en Egypte, au
Cambodge et en Indonésie (où elle est maintenant bien implantée et où
malheureusement les autorités brûlent systématiquement tous les
oiseaux vivants autour des régions contaminées, y compris les espèces
rares ou en voie de disparition, sans discrimination et sans
évaluation du risque). Jusqu'à présent, la voie normale de
l'"humanisation" du virus de la grippe était du
canard au cochon à l'Homme. Il nous faut désormais considérer
une autre voie, qu'il convient de surveiller avec beaucoup de soin, du
poulet, au chat domestique à l'Homme, car le nombre de chats infectés
est en augmentation partout (on
sait que les félins sont sensibles au virus depuis assez longtemps
déjà).
4 avril 2006. Un foyer de grippe
aviaire vient d'atteindre Gampèla, 15 km à l'est de la capitale,
Ougadougou, Burkina Faso.
2 avril 2006. Un homme revenant de
l'île Maurice a été découvert à l'Hôpital Prince de Galles à Hong
Kong, malade du chikungunya. Hong Kong est régulièrement affectée par
des épisodes de dengue, dont le virus esst transmis par des moustiques
de la même famille (Aedes) que ceux qui transmettent le virus du
chikungunya.
1 avril 2006. Une intéressante étude
publiée par le magazine à la mode Nature va réactiver le débat
sur le sens qu'on peu donner au fameux Quotient Intellectuel (QI) et à
sa relation avec l'intelligence. Ce que le QI mesure est certainement
discutable (la meilleure définition de l'intelligence est le nombre
des étapes antérieures qu'une personne peut spontanément reconstituer
pour inférer les causes d'un observable, comme l'a proposé
Jean Piaget, une propriété qu'on ne peut que relier
indirectement au QI), il est d'un intérêt considérable d'avoir mis en
évidence une corrélation entre la valeur du QI et le développement
physique de zones cérébrales d'importance cruciale chez l'Homme. Un
point important de ce travail est qu'il montre que le QI est en
rapport avec le développement cérébral de l'enfance à l'adolescence,
montrant une forte corrélation avec le moment où l'aptitude au langage
et à l'écriture est acquise et développée, établissant ainsi une
corrélation entre le développement cérébral, les capacités mises en
évidence par la mesure du QI, et, par exemple, le vocabulaire actif
dont dispose un individu (c'est à dire, le nombre des mots qui se
présentent spontanément à l'esprit au moment de parler de quelque
chose). Comme on peut le comprendre, cela met l'accent non pas sur le
terrain génétique d'un individu, mais sur son développement
épigénétique, propriété, malheureusement, qui est loin d'être
universellement comprise par ceux qui mettent l'accent sur le rôle des
gènes, ou au contraire le rôle de l'environnement dans le devenir de
la personne. Le rôle de l'éducation apparaît ainsi - comme on le pense
généralement, mais dont on tient bien peu compte - central dans le
développement du cerveau.
30 mars 2006. La
première étude de vaccination contre le virus H5N1 utilisant un
vaccin semblable au vaccin annuel est un peu décevante. Elle montre en
effet qu'un peu plus de 50% des personnes ayant reçu une dose élevée
du vaccin seraient protégées. Cependant ce résultat est prometteur
puisqu'il démontre que la protection est possible par ce moyen. Cela
suggère que des protocoles plus compliqués, comme l'addition d'un
composant H5 dans le vaccin annuel habituel pourrait être efficace.
29 mars 2006. La création d'Organismes
Génétiquement Modifiés pourrait avoir des conséquences
inattendues: un groupe de chercheurs Americains vient de créer des
porcs capables de transformer en partie leurs acides gras omega-6 en
la forme omega-3. L'objectif est d'étudier ces animaux pour comprendre
mieux l'action de ces lipides à la mode dans la bonne santé des
animaux (et des hommes). On peut facilement prédire que si le résultat
de l'étude est positif nous retrouverons bientôt ces animaux dans nos
assiettes ! La grippe aviaire continue à faire des ravages :
elle se trouve maintenant dans un kibboutz en Israël et en Jordanie,
alors que la situation en Afrique subsaharienne reste difficile à
contrôler. La tuberculose explose au Kenya où elle a infecté plus de
100 000 personnes en un an.
23 mars 2006.
Comme dans le cas du tristement célèbre coronavirus du SRAS, dont une
forme a infecté les porcs au cours des années 1983-1984 tout en
changeant de tropisme de l'intestin au poumon, le virus H5N1de
la grippe modifie son tropisme de l'intestin des oiseaux vers le
poumon humain au cours de l'infection. Cela explique la voie de
contamination qui passe par des oiseaux migrateurs, puisque le virus
est assez stable dans les déjections aviaires pendant quelque temps.
Il est donc important de surveiller la façon dont le virus s'attache
aux cellules épithéliales. Les hémaglutinines virales (le marqueur "H"
dans H5N1) s'attachent à des récepteurs des cellules de l'hôte via des
sucres complexes ayant une extrémité acide, l'acide sialique associé
aux sucres par des liens de types variés. Les virus aviaires
s'attachent aux récepteurs des cellules intestinales via un
sialoglycanne formé à partir d'un lien-2,3, alors que les virus
humains sont habituellement spécifiques de récepteurs pulmonaires
décorés par des sialoglycannes ayant un lien 2-6. On peut donc
s'attendre à ce qu'un changement des propriétés de liaison aux
récepteurs du virus aviaire puisse conduire à un virus qui se
communiquerait entre les hommes au niveau de leur tractus
respiratoire. Un hôte intermédiaire est possible, comme c'est souvent
le cas avec la grippe, et les porcs sont des cibles importantes en
raison de leur interaction fréquente à la fois avec les oiseaux de
basse-cour et les hommes dans les petites exploitations. L'analyse du
changement de tropisme entre le tube digestif et le système
respiratoire est donc, comme au moment du SRAS, d'une grande
importance. Deux collaborations internationales ont trouvé
indépendamment la cible du virus H5N1 chez l'Homme en profondeur dans
les poumons, ce qui explique pourquoi les patients ne répandent pas le
virus dans leur environnement.
21 mars 2006. Le foyer de grippe
H5N1qui a récemment affecté le sud d'Israël où deux nouveaux foyers
ont été découverts dans le désert du Negev) a été probablement importé
par un voyageur venant d'Egypte (le vecteur probable étant ses
chaussures ou ses vêtements).La grippe est confirmée au Myanmar, au
Pakistan, en Afghanistan et au Danemark. Cinq personnes sont mortes de
la maladie en Azerbaijan et une en Egypte.
18 mars 2006. Comme on devait le
craindre, la grippe aviaire s'étend probablement en Afrique : la
République Démocratique du Congo dénombre plus de 200 cas de mort
suspecte d'oiseaux à Tshikapa, dans la province du Kasaï (centre) et à
Kinshasa-Kingabwa six pigeons et un chat qui a dévoré l'un des pigeons
ont été trouvés morts. Le Congo est par aileurs le siège d'une
épidémie de choléra dans la région de Uvira (South Kivu). Les cas
familiaux de grippe découverts en Azerbaijan étaient bien dus au virus
H5N1. Heureusement il ne s'agit pas de contamination interhumaine. Au
Danemark, une buse variable (Buteo buteo) infectée a été
découverte morte sur la plage de Svinø sur la côte sud de l'île de
Zealand. La question d'une possible pandémie reste ouverte si l'on
considère que, malgré le fait qu'il n'y ait jamais eu de grippe
humaine causée par un virus H5 (les seuls cas proviennent d'une
contamination directe par les oiseaux), la généalogie du virus
regroupe le marqueur H5 avec les marqueurs H1 et H2 qui, tous les deux
ont été à l'origine d'une pandémie (1918 et 1957).
12 mars 2006. La poliomyélite,
presque éradiquée en 2001 grâce au programme d'éradication de l'OMS,
avec moins de 500 cas dans le monde, est en recrudescence, en raison
d'une couverture vaccinale insuffisante. Plusieurs foyers importants
ont récemment vu le jour au Yemen, en Somalie et en Indonésie (près de
2000 cas ont été rapportés en 2005). Comme on le constate, cela
recouvre les zones où le virus H5N1 commence à s'installer et risque
de devenir endémique (l'Afrique a désormais des cas dans 11 des 37
états du Nigéria et au nord du Cameroun), montrant qu'il sera
impossible de contrôler les réservoirs de ces dangereuses maladies
dans le futur proche même si la vaccination est disponible, en raison
de la pauvreté et de l'instabilité politique. Le cas de la
poliomyélite est particulièrement exemplaire puisque le réservoir est
l'Homme lui-même. Comme chaque année en cette saison caniculaire, une
épidémie de méningite bactérienne a tué plusieurs centaines de
personnes au Burkina Faso.
10 mars 2006. "Vacciner" les
moustiques contre les maladies qu'ils transmettent a longtemps été un
rêve. C'est maintenant réalité avec un type de virus de la dengue. Des
chercheurs Americains ont réussi à reprogrammer le génome de
moustiques Aedes aegypti de façon à ce qu'ils détruisent le
virus quand il se réplique. L'idée a été d'utiliser un mécanisme
préexistant dans les cellules animales qui contrôle le niveau des ARN
quand ils forment une double hélice (ce qui n'est pas la forme
fonctionnelle la plus habituelle pour un ARN) en le coupant en petits
morceaux. Or le virus de la dengue a un génome fait d'ARN, pas d'ADN,
et pour le répliquer il doit donc passer transitoirement par une forme
en double hélice d'ARN. Mais comme les moustiques génétiquement
modifiés ont déjà vu une fraction de cette double hélice (c'est ce qui
est reprogrammé pour s'exprimer à partir de leur génome), ils
détruisent la forme réplicative du virus. L'objectif à long terme est,
maintenant, de remplacer la population de moustiques contaminés par
les nouveaux, stratégie qui a déjà été utilisée avec succès (de
manière différente cependant) pour contrôler la transmission de la
Lucilie bouchère Cochliomyia hominivorax lorsqu'elle a
commencé à envahir l'Afrique du Nord.
9 mars 2006. Un certain nombre
d'indications expérimentales suggèrent que les moustiques du gene
Aedes pourraient non seulement être les vecteurs du virus du
chikungunya, mais aussiun de leurs réservoirs. Si cela se confirme
cela élargit nos perspectives pour comprendre comment les maladies à
vecteurs peuvent réapparaître après un temps de silence.
6 mars 2006. Alors que la dengue y
sévit, la présence du virus du chikungunya est confirmée à Madagascar.
Il sera difficile à contrôler en raison de la grande surface de'
l'île.
4 mars 2006. Les Autorités de Santé
Publique de Hong Kong ont informé l'OMS qu'un homme de 32 ans est très
probablement mort de la grippe aviaire le 3 mars à Guangzhou (Canton).
Un homme est mort de cette même maladie récemment en Irak, et un
nouveau foyer affecte l'Azerbaijan, où le gouvernement a dû abattre
500 000 oiseaux. Au Burkina Faso, on rapporte la mort massive de
volaille à l'ouest de Ouagadougou. Il ne semble pas cependant qu'il
s'agisse de grippe aviaire. L'OMS réunit le 6 mars une
conférence internationale pour discuter des stratégies destinées
à enrayer une possible pandémie de grippe H5N1.
28 février 2006. Pour la première
fois, une étude
expérimentale a démontré un effet génétique direct sur le
dimorphisme sexuel du cerveau, non causé par le seul effet des
hormones sexuelles, comme on le pensait jusqu'à présent. Le produit du
gène SRY, spécifique du chromosome Y, est exprimé dans le cerveau et
contrôle la synthèse de l'important neuromédiateur dopamine. Présente
en Europe en Suède et probablement chez un chat trouvé mort dans une
île au Nord de l'Allemagne, il est probable que la grippe aviaire a
atteint en Afrique le Niger et l'Ethiopie.
26 février 2006. L'épidémie de
Chikungunya, causée par un virus de la famille des
Togaviridae a affecté au moins une personne sur six à La
Réunion. Probablement partie des Comores au début de l'année 2005,
l'épidémie s'est aussi étendue à l'Ile Maurice et à Mayotte et elle
est la cause d'une fièvre mystérieuse récemment constatée dans l'état
d' Andrah Pradesh en Inde. On ne sait pas si elle est présente à
Madagascar, mais cela semble inévitable: on a retrouvé des cas
jusqu'en France, de personnes infectées à La Réunion. La maladie a été
identifiée pour la première fois en Afrique de l'Est en 1953 et elle
est transmise par des moustiques (typiquement du genre Aedes). Son
réservoir n'est pas connu (en dehors de l'Homme) mais il pourrait
s'agir de primates de la forêt tropicale Africaine. Les raisons de
l'épidémie actuelle ne sont pas bien identifiées, mais il semble que
la réticence de beaucoup de personnes à voir l'épandage systématique
d'insecticides affecter leurs lieux de vie ait pu jouer un rôle. Le
virus est régulièrement la cause de foyers épidémiques en Asie, aussi
loin qu'en Thailande et en Indonésie. Comme souvent, on ne comprend
pas vraiment comment le virus réapparaît après de longs temps de
silence. Il faut probablement ajouter la Suisse à la liste des pays
européens affectés par la grippe aviaire... Une
intéressante étude Germano-Américaine vient de montrer que la
vitamine D est importante pour stimuler la réponse immunitaire innée
contre le bacille de la tuberculose. Cette étude est non seulement
intéressante parce qu'elle explique au moins en partie la plus grande
sensibilité des Américains d'origine Africaine à la maladie (ils ont
moins de vitamine D dans le sang), mais aussi parce qu'elle rappelle
que la souris n'est pas un bon modèle pour décrire certains aspects de
l'immunité innée chez l'Homme.
25 février 2006. L'accent considérable
placé par les media sur la grippe aviaire pourrait déclencher des
réponses inappropriées, ou masquer d'autres épidémies (comme celle du
Chikungunya à la Réunion, ou, en février 2003, l'épidémie de SRAS au
moment de son extension brutale). Nous saurons bien construire un
vaccin contre la grippe si, et quand, un variant transmissible de
personne à personne apparaîtra, mais il nous faut considérer avec le
plus grand sérieux le type de vaccin que nous aurons à construire.
Notre expérience la meilleure, pour la grippe, est avec les vaccins
construits par multiplication de virus sur des œufs embryonnés. Mais
le nombre énorme des doses à considérer posera dans ce cas des
problèmes logistiques très sérieux. C'est pourquoi beaucoup proposent
la fabrication de vaccins à partir de cultures de cellules
animale s: nous devrions considérer cette option avec beaucoup de
précaution, car les cultures cellulaires peuvent véhiculer de nombreux
virus, connus et inconnus, et bien sûr des prions (causes des
Encéphalites Spongiformes, comme la maladie de la Vache Folle). Il
s'agit d'une contrainte particulièrement sévère car les Encéphalites
Spongiformes ont un temps d'incubation qui est souvent de plusieurs
décennies, ce qui fait qu'une erreur aujourd'hui ne pourrait être
perçue que dans vingt ans. Dans le même temps la surveillance mise en
place peut avoir des effets bénéfiques et révéler des situations
insoupçonnées : par exemple le Centre pour le Contrôle des
Maladies à Taiwan, après avoir mis en place des mesures de contrôle en
continu des personnes entrant sur le territoire avec la fièvre (via la
mesure de la température par caméras infrarouges) dans l'espoir de
contrôler l'arrivée possible de la grippe H5N1, a détecté plusieurs
cas de dengue, démontrant ainsi que cette maladie devrait faire
l'objet d'une surveillance accrue.
20 février 2006. Corrélation n'est pas
cause, on ne cessera jamais de le répéter assez. Le fait que les
oiseaux migrateurs soient repérés comme porteurs du virus H5N1 ne peut
en aucune manière dire qu'ils sont la cause de l'extension de la
maladie, ce ne sont que des sentinelles qui en indiquent la présence.
De fait, on observe surtout la maladie là où il y a des élevages
aviaires intensifs (et c'est le cas aussi d'autres grippes, comme H7N7
par exemple) et les oiseaux migrateurs, forcés souvent de se déplacer
parce qu'ils ne trouvent plus de nourriture, s'approchent des élevages
contaminés et se font infecter. Il est remarquable que les pays qui
ont contrôlé très strictement le commerce de la volaille, sont exempts
de la grippe aviaire, alors que les pays sans mesure de ce type sont
sévèrement frappés. Les grands élevages sont souvent très consanguins,
ce qui crée des conditions particulièrement propices au développement
de maladies émergentes.
19 février
2006. La grippe humaine ne se répand pas considérablement en
Europe cette année, mais ce n'est pas un phénomène exceptionnel
(l'ampleur de la vaccination des personnes effrayées par le virus H5N1
et qui ont cru pouvoir se protéger par un vaccin contre un virus de la
même famille pourrait avoir apporté une protection de groupe, mais les
statistiques ne peuvent confirmer cette hypothèse). Ce faible niveau
de la grippe est à prendre en compte au moment où le virus H5N1 se
répand dans toute l'Europe, accroissant le risque qu'il infecte une
personne déjà porteuse du virus de la grippe humaine, permettant ainsi
la recombinaison sous la forme d'un nouveau virus (voir l'analyse
du virus H5N1 en 2001). La grippe de cette année correspond en
Europe à deux types présents à égalité, A et B, A étant lui-même de
deux type en rapports à peu près égaux, H1N1 et H3N2, avec de nombreux
variants. La répartition des virus aux USA est complètement
différente, avec une très petite proportion, cette année, de virus du
type B. Rappelons quelques faits sur le virus de la grippe, commensal
habituel des oiseaux, avec une certaine préférence pour les Anatidés
(canards et oies). Cet orthomyxovirus cythopathique
est fait de huit fragments d'ARN simple brin (7 for influenza C),
formant des virions encapsidés de 80-120nm de diamètre. L'ARN est
associé à la protéine de la nucléocapside (NP) en une structure
hélicoïdale. Les NP sont clasées au moyen de technique immunochimiques
en trois types, A, B et C, qui sont la base de la classification des
virus de la grippe humaine. Quatre antigènes majeurs sont reconnus par
les cellules hôtes, l'hémaglutinine, faite de deux sous-unités qui
permettent l'attachment du virus aux cellules hôtes (le symbole "H"
dans le nom H3N2 ou H5N1), la neuraminidase (N), la protéine de la
nucléocapside (NP), et la protéine de la matrice (M). D'autres
composants sont moins intéressants du point de vue immunologique, mais
sont très importants pour la multiplication (et donc la virulence) du
virus. C'est le cas des sous-unités de la polymérase.
Les virus de type B and C sont spécifiques à l'Homme : ils ont
probablement évoluté à partir d'un virus aviaire, mais se sont adaptés
à l'Homme et infectent maintenant les gens de façon régulière. La
grippe A est encore probablement dans sa phase d'adaptation,
régulièrement transmise des oiseaux aux mammifères, le plus souvent
via la chaîne alimentaire (pour l'Homme cela signifie les pratiques de
l'élevage, avec une voie classique du canard
au cochon à l'Homme, au moins à l'époque des petites
exploitations familiales). Le cycle habituel a été : une grande
épidémie sévère suivie par plusieurs décennies d'adaptation du
virusavec des épidémies moins graves, en parallèle avec une évolution
des antigènes majeurs du virus, puis une nouvelle grande épidémie etc.
ll semble qu'à toute pandémie soit associée un changement de
l'antigène H : la grippe espagnole de 1918-1919 était due à un virus
H1N1 (dont la descendance circule probablement toujours après avoir
disparu durant plusieurs décennies), la grippe de 1957 était due à un
virus H2N2 et la grippe de Hong Kong de 1968 était due à un virus
H3N2, dont la descendance sévit encore dans le monde entier. La cause
de ce mode de variation n'est pas encore bien comprise : elle peut
résulter d'un réassort/recombinaison de deux virus chez un même hôte
(animal ou humain), de la réapparition d'un virus circulant à bas
bruit quelque part dans la population et saisissant l'occasion du
retour à la sensibilité de la population après quelques décennies (la
protection immunitaire à une mémoire qui se perd avec le temps), ou
par la transmission directe de l'animal à l'Homme d'un virus
partiellement adapté. Cette dernière hypothèse est compatible avec
l'apparition de maladies émergentes comme le SRAS par exemple. Si
c'était le cas, le fait que nous ne connaissions pas encore d'épidémie
de grippe causée par un virus du type H5 ne pourrait pas signifier que
ce virus ne se communiquera pas à l'Homme sous la forme d'une maladie
contagieuse. Tout cela justifie que, même en l'absence actuelle de
contagion interhumaine, ce qui est tout de même rassurant, de grandes
précautions soient prises à propos du virus H5N1. Le virus est sans
doute présent en plusieurs points d'Afrique, non seulement au Nigéria,
mais en Egypte et peut-être au Niger. Le virus a aussi atteint l'Iran,
et désormais l'Inde.
17 février 2006. La dengue se
développe fortement en Asie du Sud-Est et à Yogjakarta en Indonésie,
et l'épidémie est parfois parallèle à celle de la grippe aviaire. De
même la maladie de Newcastle tue de nombreux oiseaux en Turquie et en
Ukraine, en parallèle avec la grippe. Un patient en est probablement
mort en Irak. De nombreux oiseaux ont été infectés un peu partout en
Europe (souvent repérés par la mort des cygnes, faciles à reconnaître
en raison de leur grande taille). Une analyse rétrospective et la
veille un peu partout dans le monde indiquent que le virus est
endémique en Asie du Sud Est et en Chine, où il évolue lentement et
infecte des prédateurs mammifères. Il n'y a pas encore eu de cas de
transmission interhumaine. La France va vacciner dans les régions à
risque sa volaille avec un vaccin H5N2 fourni par la compagnie
Intervet, et supposé protéger contre les virus de type H5. Les
chercheurs commencent à analyser les cas familiaux qui pourraient
indiquer une susceptibilité génétique à la maladie, mais les chiffres
sont sans doute encore trop faibles pour être significatifs.
13 février 2006. Il n'est pas utile
d'écrire de longs développements à propos de la grippe aviaire car le
sujet est largement traité dans le monde entier : le virus
continue son extension vers l'ouest et se trouve maintenant en Grèce
et en Italie. Le plus préoccupant est sa présence en Afrique
sub-saharienne, où le virus sera probablement endémique. Pour
l'instant les conséquences majeures de la maladie sont économiques,
affectant gravement l'industrie de la volaille, et comme le poulet est
peut-être la source majeure de protéines en Afrique sub-saharienne, il
est vraisemblable que la maladie aura d'importantes conséquences sur
la santé des populations. Depuis quelques années la méningite
bactérienne se répand en Grande-Bretagne chez les adolescents et,
comme on peut s'y attendre, une étude épidémiologique montre que son
extension est due à la multiplication des individus à multiples
partenaires amoureux. On sait depuis longtemps que c'est aussi le cas
pour une part significative de la transmission du virus
d'Epstein-Barr, qui cause une angine virale, la mononucléose
infectieuse ou "maladie du baiser". Cependant la méningite à
méningocoque est surtout une maladie affectant chanque année
massivement les régions sahéliennes, au moment des grandes chaleurs du
début du printemps. La maladie est déjà affecte déjà l'Ethiopie cette
année.
9 février 2006. Le virus du Chikungunya
continue à se répandre à la Réunion, Maurice et les Seychelles.
ll pourrait avoir atteint Madagascar, où de nombreux patients
souffrant de fièvre envahissent l'hôpital de Toamasina. La Grèce a
peut-être ses premiers cas de grippe aviaire, en cours
d'identification chez des cygnes.
8 février 2006. La bataille contre le virus
de la grippe H5N1semble sur le point d'être gagnée en Turquie où près
de 10 millions d'oiseaux domestiques ont été abattus. Malheureusement
de nouveaux cas d'infection ont été repérés à Hong Kong (où les
élevages individules de volaille ont été interdits), et plus grave,
l'Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE) signale un foyer au
Nigéria à Jaji, Igabi, Etat de Kaduna dans un élevage qui élève aussi
des oies et des autruches. La position géographique du Nigéria est
telle que si cela est confirmé cela indique que le virus est déjà
largement présent sur le Continent Africain. Il serait alors
malheureusement clair que la maladie va rester hors de contrôle pour
longtemps, comme c'est déjà le cas en Indonésie. La seule note
positive est qu'il n'a jamais pour l'instant été trouvé d'épidémies
humaines importantes causées par des virus du groupe H5.
2 février 2006. On a retrouvé récemment à
plusieurs reprises à Hong Kong des oiseaux infectés par le virus
H5N1,mais ce n'est qu'après la découverte d'un poulet arrivé en
contrebande et porteur du virus que la situation a été prise très au
sérieux. Les personnes qui ont été en contact avec l'animal sont sous
surveillance, et les réserves naturelles d'oiseaux ont été fermées.
1 février 2006. L'aire du virus H5N1 s'étend
lentement, et le virus est maintenant présent dans les régions
frontalières de la Turquie : le Kurdistan irakien, où une petite fille
en est morte, et Chypre où des oiseaux morts ont été découverts
infectés par le virus. La Chine du Centre subit une épidémie dans la
province du Sichuan, et plusieurs foyers existent encore au Nord. Il
n'y a toujours aucune indication qu'il existe une transmission
interhumaine, et il faut insister à nouveau sur le fait que nous ne
connaissons jusqu'à présent aucune épidémie humaine qui ait été causée
par un virus du type H5. Au moment où plusieurs foyers de choléra se
développent en Afrique et en Asie, le Centre Internationalde Recherche
sur les Maladies Diarrhéiques, Dacca, Bangladesh (ICDDR,B), connu sur
place comme l'Hôpital du choléra, accueille une conférence sur
"Combating Malnutrition and Intestinal Diseases in Children: Are We
Doing Enough?”,la semaine prochaine (6-8 février). En Côte d'Ivoire
déchirée par la guerre civile, une enquête par le Programme national
de lutte contre les ulcères à mycobactéries, PNUM, a montré qu'il y a
eu 22,000 cas d'ulcères de Buruli au cours de l'année dernière, en
augmentation sensible sur le nombre connu en 1997 (4 642).
L'ulcère de Buruli, qui conduit souvent à l'amputation des zones
affectées est causée par la bactérie Mycobacterium ulcerans,voisine
de celle qui cause la tuberculose et la lèpre.
26 janvier 2006. Les virus existent sous des
formes très variées. En particulier ce sont de petits programmes
génétiques enveloppés, formés ou bien d'ARN ou bien d'ADN : est-ce que
ces deux variétés de supports chimiques du programme sont reconnus de
la même manière par le premier niveau de la réponse immune (l'immunité
innée) ?
Une étude publiée dans le journal Immunity, et utilisant la
bactérie pathogène Legionella pneumophila (cause de la
légionellose, et produisant une grande quantité d'ADN – son chromosome
– au sein de la cellule hôte au moment où celle-ci détruit la bactérie
pour se défendre) a montré que l'ADN produit une première ligne de
défense tout à fait différente de celle qui est causée par l'ARN.
L'ADN des pathogènes est reconnu parce que, au contraire de celui de
l'hôte, il est habituellement dépourvu de modification chimiques dans
les séquences de dinucléotides CG. L'étude de cette nouvelle voie de
défense qui tend à élliminer les pathogènes qui se multiplient par
voie intracellulaire et ont un génome fait d'ADN, nous aidera à
imaginer des moyens artificiels pour la rendre plus efficace.
22
janvier 2006. De nombreuses maladies virales comme la
dengue, qui sévit dans l'ensemble des régions subtropicales, sont transmises
par les moustiques. Plusieurs épisodes épidémiques d'infection
par le virus Chikungunya (en swahili "marcher courbé", en raison des
fortes douleurs articulaires qu’il provoque), transmis par des
moustiques du genre Aedes, ont été recensés par le système de
surveillance à la Réunion. Plus de 7000 cas ont été confirmés depuis
un an. Depuis la fin du mois de décembre, on assiste à une
augmentation importante du nombre de nouveaux cas, les conditions
climatiques étant favorables à la prolifération des moustiques
vecteurs. Comme toujours, le contrôle de ces épidémies dépend de
l’élimination des gîtes larvaires en particulier en milieu péri-urbain
(canettes vides, vieux pneus, soucoupes de pots de fleur, seaux,
etc...). Vingt formes graves (13 nouveaux nés et 7 adultes) ayant
conduit à une hospitalisation dans un service de réanimation ont été
recensées. Sur le front de la grippe, la situation continue à évoluer,
mais il faut noter qu'aucune expérience d'épidémie humaine de grippe
porteuse du marqueur H5 n'a encore jamais été recensée, ce qui rend
tout pronostic quant à l'évolution d'une possible pandémie extrêmement
hasardeux.
20 janvier 2006.
Hong Kong, où l'on rapporte régulièrement la
présence du virus H5N1 chez des oiseaux morts, mais n'a pas eu
de cas de ce genre récemment, vient de retrouver le virus chez un
merle pie (Copsychus saularis) près de la réserve
ornithologique de Tai Po. Les authoritéssont préoccupées plus que
d'ordinaire en raison de l'approche du Nouvel An Chinois, parce que
les habitants de la région préfèrent acheter la volaille vivante, ce
qui maintient une forte activité dans les marchés aux oiseaux.
17 janvier 2006. The Lancet publie
une étude faite à Zanzibar en 2003 qui montre que, contrairement à
l'opinion commune, ajouter un supplément systématique en fer
et en acide folic aux jeunes enfants dans les régions impaludées
augmente légèrement la probabilité de voir ces enfants admis à
l'hôpital pour maladie. Le paludisme cause une anémie sévère, et il
était admis que pour améliorer la situation des patients il serait
utile de les alimenter en fer et en acide folique. Il apparaît
maintenant que le remède pourrait statistiquement se révéler pire que
le mal, peut-être parce que l'anémie protège contre la multiplication
du parasite. Cependant une étude du même type menée au Népal n'a
trouvé aucune augmentation de la morbidité ou de la mortalité. Les
éditeurs du Lancet en concluent qu'à ce point des études il
est probable que le bénéfice de la supplémentation dans les régions en
forte carence est probablement suffisant pour en justifier le
développement.
15 janvier
2006. Une image de l'évolution du virus de la grippe aviaire
H5N1 se fait jour. Comme nous l'avons remarqué récemment, en dehors de
l'hémagglutinine (H) et de la neuraminidase (N), plusieurs autres
caractères du virus sont importants pour établir sa virulence.
En particulier, le
géne B2 de la polymérase (PB2), impliqué dans la réplication virale,
paraît crucial. Au cours du foyer apparu l'an dernier dans la
région de Qinhai en Chine on a remarqué que le gène PB2 portait une
mutation G–>A, au codon 627, changeant un amino acide glutamate de
la protéine en une lysine. Ce type de changement (de G ou C vers A ou
T) est fréquent chez les parasites, y compris les virus, en
raison de contraintes du métabolisme de la cellule hôte. Cette
même mutation a déjà été retrouvée dans l'infection de mammifères (tigres
en Thaïlande en 2004), et elle semble bien être présente dans
les cas observés en Turquie. C'est en ligne à la fois avec les données
épidémiologiques (venant des oiseaux migrateurs provenant de la région
de Qinhai) et avec le phénotype plus virulent du virus, qui, outre une
augmentation de son efficacité de réplication, semble avoir acquis
avec cette mutation un tropisme pour les cellules nerveuses. Il est
peut-être significatif que cette même mutation était déjà présente
dans le virus H1N1 qui a causé la pandémie de 1918. En ligne avec
cette observation, une étude hollandaise parue dans The American
Journal of Pathology, montre que chez le chat le virus peut se
communiquer d'animal à animal, et que la voie de l'infection est bien
plus variée que la simple infection pulmonaire.
10 janvier 2006. Au moment où la grippe
aviaire semble s'étendre en Turquie, jusqu'à la région d'Istamboul, et
où de nouveaux décès ont été déplorés en Chine, une étude
rétrospective au Vietnam par un groupe d'épidémiologistes Suédois est
"compatible avec la transmission d'un virus très pathogène, dont la
transmission pourrait être plus fréquente que ce qu'on pensait jusqu'à
présent, demandant cependant un contact étroit avec la volaille. Des
études complémentaires sont nécessaires pour confirmer ces
observations." Cela indique que le nombre des personnes infectées
pourrait être bien plus élevé que ce qu'on pense, mais qu'elles
n'auraient manifesté que des symptômes limités. On doit cependant
s'interroger sur les formes sévères, qui semblent groupées, et
particulièrement chez les enfants et les jeunes adultes.
7 janvier 2006. Un groupe inhabituel de cas
humains de grippe aviaire se développe dans la région de Van à l'est
de la Turquie. Trois enfants de la même famille en sont morts après
avoir été en contact avec la volaille. Un quatrième enfant de la même
famille est hospitalisé. La raison de la préoccupation actuelle est
que 19 autres personnes souffrent de troubles respiratoires similaires
dans la même région. Cependant un enfant malade a donné un résultat
négatif au test de la grippe, mais cela pourrait être un faux négatif.
L'OMS surveille de près l'épidémie car la taille du groupe concerné
pourrait indiquer un certain niveau de contamination entre personnes.
Il faut noter toutefois que les gens habitant la région sont en
contact étroit avec la volaille. Deux canards sauvages ont été trouvés
porteurs du virus au centre de la Turquie, suggérant que les oiseaux
migrateurs pourraient propager le virus.
31 décembre 2005.
Au moment où l'on découvre un peu partout des épisodes de grippe
aviaire il est peut-être important de rappeler que les virus de la
grippe, même portant le même nom, ne
sont pas équivalents. On a identifié jusqu'à présent de nombreux
varaints des protéines de la surface de l'enveloppe virale, seize
hémagglutinines (le "H" du nom) et neuf neuraminidases (le "N"). Avant
l'ère de la génomique on utilisait des tests immunochimiques et
biochimiques pour identifier les pathogènes : l'hémagglutinine et
la neuraminidase ont été les premiers antigènes du virus de la grippe
identifiés, et la nomenclature a été construite en conséquence. Les
types viraux sont numérotés en fonction de la date de leur
découverte ; H1 a été découvert en premier. Quand on a découvert
les gènes du virus il est apparu qu'il était constitué de segments
discontinus qui peuvent être réassortis
lorsque deux virus différents infectent la même cellule hôte
et qu'ils codent huit protéines. Un virus H5N1 peut donc abriter une
panoplie de six autres gènes, provenant de sources différentes.
Quelques combinaisons sont inoffensives, quelques unes sont mortelles,
et, bien sûr, la virulence diffère entre les hommes et les oiseaux.
C'est ce qui explique la grande controverse qui agite la communauté à
propos de la création d'un vaccin vivant pour vacciner la
volaille : alors que le virus vaccinal devrait être inoffensif,
il pourrait se réassortir avec un autre virus et créer un variant très
dangereux. Les autorités Chinoises – une nouvelle victime dans ce pays
semble ne jamais avoir été en contact avec la volaille – ont
affirmé récemment avoir créé un vaccin vivant pour leur énormes
quantités de volaille : il semble très heureusement que le vaccin
utilisé soit non pas le virus de la grippe mais le virus de Newcastle,
qui a été modifié génétiquement pour exposer les antigènes du virus de
la grippe à sa surface et ainsi déclencher une réponse immune à la
fois contre la maladie de Newcastle et la grippe aviaire. Une épidémie
de fièvre jaune s'est déclarée ces dernières semaines en Guinée,
principalement dans les zones frontalières de la Guinée-Bissau, de la
Gambie et du Sénégal. Une campagne de vaccination commencera dès le 2
janvier.
28 décembre 2005. Le choléra est de retour à
Douala, au Cameroun, et l'on craint une épidémie en janvier. De la
volaille est morte en Turquie, atteinte d'une grippe de type H5, le
diagnostic final n'est pas encore connu, mais le village de
Köprüler, près de la ville d'Aralik a été mis en quarantaine.
27 décembre 2005. Une controverse agite la
communauté scientifique depuis quelque temps : est-il raisonnable
de vacciner la volaille contre le virus H5N1 de la grippe du
poulet ? Une
étude par les chercheurs de l'Université de Wageningen aux Pays-Bas
analyse les effets de la vaccination sur la transmission du virus
H7N7, variant qui a causé plusieurs épisodes sérieux récemment.
L'étude montre que la vaccination réduit la transmission à tel point
qu'une épidémie sérieuse ne peut avoir lieu. Il s'agit là d'un message
très optimiste dans notre combat contre le virus H5N1. La cause de la
mort d'oiseaux sauvages au Malawi n'est toujours pas connue, mais il
est heureusement peu probable qu'ils soient morts de la grippe
aviaire.
17 décembre 2005. Des milliers d'oiseaux
migrateurs morts ont été découverts dans la république du Malawi, au
sud-est de l'Afrique. La cause n'est pas connue, mais on peut craindre
qu'il s'agisse de la grippe aviaire. La maladie continue à se
développer en Chine, avec de nouveaux cas humains. Dans le même numéro
du magazine Science, où Woo-suk Hwang, le fameux "cloneur"
Coréen, demande la rétraction ce son article sur la construction de
cellules souches humaines (cela a fait la Une des journaux ces jours
derniers), Keith C. Cheng de Penn State University, décrit un gène
qu'il a découvert chez le poisson zèbre (Danio rerio) et qui
contrôle sa pigmentation. Son observation est remarquable car il a
découvert que ce gène est conservé chez les vertébrés, et qu'un
polymorphisme minuscule (une seule base changée, un G en un A,
changeant une alanine dans la protéine SLC24A5 en une thréonine)
contrôle la pigmentation foncée chez l'Homme. Le variant alanine
variant se retrouve chez les gens à peau foncée, alors que le variant
partiellement dominant thréonine rend la peau beaucoup plus claire.
Cette variation, découverte grâce aux travaux du consortium Hapmap,
correspond à un unique changement dans les 3 milliards de lettres du
génome humain. Il est amusant de voir qu'une différence aussi
minuscule puisse avoir de telles conséquences sociologiques et
politiques, à la suite de la sélection sexuelle positive
systématiquement associée à la couleur claire de la peau (on la
retrouve même en Afrique).
16 décembre 2005. Un résumé détaillé de la
situation de la grippe H5N1(en anglais) soulève des espoirs et des
préoccupations. Curieusement il ne semble pas faire état de l'épisode
de février 2003, qui a été parallèle avec l'apparition
du SRAS. Après une relative accalmie en 2004, les infections
dues au virus du Nil Occidental ont augmenté à nouveau cette année aux
Etats-Unis.
15 décembre 2005. Plusieurs lignées du
virus de la grippe se propagent en ce moment dans l'hémisphère Nord.
Au cours d'un contrôle de routine les autorités sanitaires de Taiwan
ont découvert deux lignées bénignes du virus dans les déjections
d'oiseaux de la réserve de Guandu. Ces souches, H5N2 et H7N3 ont déjà
été identifiée au Japon ou à Taiwan il y a quelques mois. La
dangereuse souche H5N1 reste active en Indonésie, dans l'Asie du
Sud-Est, et aux frontières de l'Europe, en Ukraine et en Roumanie.
L'année 2005 sera probablement une année record pour la dengue,
maladie virale transmise par les moustiques, en particulier en Asie du
Sud-Est. La Malaisie, la Thailande et même Singapour ont été
sérieusement touchées. Cette maladie est habituellement plus
dangereuse quand elle est contractée une seconde fois. Il n'existe pas
pour l'instant de bon vaccin, bien que ce soit en principe la
meilleure protection possible. En effet les symptômes de la maladie
apparaissent habituellement après que le virus a disparu chez le
patient, ce qui rend inefficaces les
traitements antiviraux.
7 décembre 2005. Une adolescente de la
province du GuangXi en Chine semble avoir été infectée par le virus
H5N1 alors qu'elle n'a eu aucun contact avec de la volaille et qu'il
n'y a pas de mortalité anormale d'oiseaux dans la région.
3 décembre 2005. The
Lancet publie le résultat d'un travail mené au Cambodge,
en France et au Sénégal montrant l'apparition d'un début de résistance
au nouveau médicament contre le paludisme qu'est l'artémisine, en
Guyane Française (Amerique du Sud ) et au Sénégal. L'artémisine,
composé extrait de plante provenant de la Médecine Chinoise
Traditionnelle, était jusqu'à présent un médicament prometteur pour
remplacer ceux qui sont devenus inefficaces en raison de l'apparition
de résistance chez les parasites.
2 décembre 2005. Les canards, les oies et
les oiseaux de la même famille (Anatidés) sont les hôtes habituels de
la grippe aviaire. Le virus peut cependant infecter bien d'autres
familles d'oiseaux. Une récente étude Chinoise montre que des
moineaux collectés en 2004 étaient porteurus de virus H5N1.
Cette observation rend importante la préoccupation des autorités
Ethiopiennes qui sont en train d'analyser la présence du virus chez
des pigeons morts. Nous savons que notre ancêtre Homo sapiens
a atteint l'Asie en passant par le sud de la péninsule arabique, et il
est très raisonnable de penser (et c'est en fait établi) que des
oiseaux migrateurs font couramment le chemin inverse. Malheureusement,
quand le virus sera établi en Afrique il sera particulièrement
difficile à contrôler.
1 décembre 2005. Des chercheurs travaillant
au Gabon et au Muséum d'Histoire Naturelle ont identifié le virus
Ebola chez trois espèces de chauves souris frugivores, où il ne donne
aucun symptôme. Cela suggère que ces animaux pourraient être le
réservoir, jusqu'ici inconnu, du virus.
29 novembre 2005.Sonja
Olsen ses collègues du Programme International sur les Infections
Emergentes en Thaïlande, viennent de montrer que 41
sur 109 cas (38%) de grippe H5N1 identifiés entre
Janvier 2004 et Juillet 2005 sont apparus dans 15 familles, avec entre
deux et cinq cas par famille. Une famille, bien sûr, représente un
environnement commun, mais cela reste compatible avec la propagation
du virus de personne à personne. La surveillance de ces cas groupés
est particulièrement importante pour évaluer le moment où la maladie
pourrait commencer à se répandre chez l'Homme. Selon l'OMS, deux
frères du douzième cas indonésien de grippe humaine H5N1 sont morts
d'une maladie ayant des symptômes semblables quelques jours avant son
hospitalisation. La cause de leur mort n'a pas été formellement
identifiée.
25 novembre 2005. La plupart des maladies
humaines sont la conjonction de pratiques sociales et de la présence
d'agents pathogènes. Le processus d'urbanisation extrêmement rapide
dans le monde entier, en Chine et en Inde en particulier, implique un
nombre d'individus tellement grand que nous devrions prendre très au
sérieux les niches microbiennes que cela ne manque pas de créer. En
Chine en 2005, la pauvreté et le manque local de travail, associé à la
croyance que les chances d'en trouver sont meilleures en ville, a
conduit 120 millions de personnes à se déplacer des régions rurales
vers les villes. Les hommes constituent la majeure partie de ces
migrations. Cela crée un énorme déséquilibre entre les sexes, dans un
pays où il manque déjà 30 millions de femmes en raison de traditions
que le communisme n'a pas réussi à éradiquer, et qui a été augmenté
par la politique démographique — nécessaire — de l'enfant unique, avec
le résultat que les garçons ont été systématiquement préférés aux
filles. La conséquence est la création d'un trafic considérable de
jeunes filles pauvres dans les régions urbaines. Il n'est pas
difficile, malheureusement, de comprendre que cette situation conduit
à l'exploitation sexuelle, avec ses inévitables conséquences en termes
de maladies transmises par la promiscuité sexuelle. La
Fédération des Femmes de Chine (All China Women's Federation, ACWF)
essaie de mettre en place une série de programmes pour aider les
jeunes migrantes (et même les petites filles) en particulier dans le
Delta de la rivière des Perles, à être conscientes du risque de trafic
et en leur donnant les moyens d'y échapper. L'Organisation
Internationale du travail (OIT) a mis en place plusieurs programmes
afin de prévenir le trafic des filles à l'intérieur de la Chine. A un
moment où 26 foyers de grippe aviaire ont été identifiés ces dernières
semaines en Chine, tout type de trafic devient une préoccupation
majeure.
19 novembre 2005. La quatrième conférence
pan-africaine sur le paludisme 2005, organisée par la Multilateral
Initiative on Malaria (MIM) à Yaoundé, Cameroun, s'est achevée hier
après une semaine d'intenses discussions sur le futur de la recherche
sur le paludisme. Plus de 1 500 chercheurs y étaient présents.
Une étude conduite par Afumbom Kfutwah du Centre Pasteur de Yaoundé et
ses collègues, indique que la transmission mère-enfant du HIV culmine
trois mois après la fin de la saison des pluies au Cameroun. Comme
cela coincide avec la multiplication des moustiques, on peut y voir un
lien direct entre le paludisme et la transmission "verticale" du VIH.
Une étudiante camerounaise travaillant au département de Biologie de
la Georgetown University à Washington DC, USA, Geneviève Fouda
Amou’ou, a obtenu le Prix des Jeunes Chercheurs en Paludisme 2005 de
la MIM pour son travail sur les anticorps antimalaria chez les
nouveaux-nés.
17 novembre 2005. Il n'y a pour l'instant
aucun signe que la grippe aviaire soit contagieuse entre personnes,
mais au fur et à mesure que son aire d'extension s'accroît on constate
(comme en Chine et en Indonésie ces derniers jours avec plusieurs cas
mortels) que le risque d'infection humaine s'étend. Nous allons faire
face à une situation difficile au moment où l'épidémie annuelle de
grippe humaine va se développer dans l'hémisphère Nord, d'autant plus
que les formes dangereuses du virus H5N1 vont apparaître au moment où
il sera moins létal (et par conséquent va plus ressembler à la grippe
"ordinaire") et se propager entre personnes (ce qui risque de
permettre le réassort et la recombinaison entre les virus humains et
aviaires).
14 novembre 2005. La Chine, hélas, n'est pas
différente des pays occidentaux en termes de combats interpersonnels.
A un moment particulièrement dangereux, où des millions d'oiseaux
doivent être abattus pour tenter de contenir les nouveaux foyers de
grippe H5N1 dans plusieurs provinces, les différents acteurs, à
l'échelon local ou national, rivalisent de façon à ne pas être pris en
faute ou à recueillir seuls la gloire du contrôle de la maladie (ou à
l'identification d'une nouvelle souche). Comme la grippe aviaire est
une maladie animale, c'est naturellement le Ministère de l'Agriculture
qui s'en charge, mais, naturellement le Ministère de la Santé, le
Ministère de la Science et de la Technologie, et l'Académie Chinoise
des Sciences (pour ne nommer que quelques acteurs importants)
devraient aussi participer à une collaboration générale. Ce n'est pas
(encore) le cas. Nous voyons une situation semblable à celle que nous
avons connue au moment de l'épisode du SRAS où des hôpitaux de Hong
Kong se battaient férocement au lieu de collaborer. Il serait tout à
fait malvenu de faire comme si c'était un phénomène Chinois: souvenons
nous de la lutte (encore vive) entre le Département Américain de
l'Energie et les Instituts Nationaux de la Santé en génomique pour
comprendre que la situation n'a rien de spécifiquement Chinois. Et que
dire du rôle du Centre pour le Contrôle des Maladies (CDC) au cours de
l'épidémie de 1997 ou de sa création du virus de la grippe de 1918?
11 november 2005. La correspondance
énigmatique entre le développement et la structure du cerveau et le
comportement animal est l'objet d'intenses recherches. Après les
études récentes qui ont montré que le cerveau humain
est soumis à une pression de sélection positive, et en pleine
évolution, une étude comportementale suggère une corrélation
entre le QI et le taux de mortalité. L'étude montre que
l'association entre le QI durant l'enfance et la mortalité existe même
chez les gens qui ont un QI très élevé. Les auteurs affirment que
l'observation est indépendante de la situation sociale durant
l'enfance. Bien des interprétations ont été proposées pour expliquer
pourquoi le QI pourrait être corrélé à la longévité, mais le fait que
cette observation reste vraie pour les QI élevés devrait déclencher le
débat. Comme d'habitude le défaut intrinsèque des études de
corrélations est que corrélation n'est nullement cause. Cependant,
même si l'on convient que le QI a peu de rapport avec l'intelligence,
il mesure un certain aspect de l'activité cérébrale. Et comme le
cerveau est l'organe de base qui contrôle le comportement, toute
corrélation mérite d'être étudiée en profondeur. Une étude génétique
du comportement de cour chez la mouche drosophile — un comportement
assez compliqué — identifie un remarquable circuit des ganglions
cérébraux à l'œuvre. Le gène "fruitless" (fru) s'exprime
différemment chez les mâles et les femelles. La protéine Fru
fonctionnelle existe seulement chez les mâles et Fru est nécessaire et
suffisant pour que les mâles courtisent les femelles. Des chercheurs
de l'Université d'Education de Hokkaido à Iwamizawa, au Japon, ont
montré que chez la femelle des neurones d'un minuscule réseau meurent
spécifiquement en raison de l'absence de la protéine Fru. Il s'agit de
la première démonstration explicite de la détermination de réseaux
neuroniques spécifiques d'un comportement. Les insectes sont loin des
mammifères, mais on a trouvé de façon répétée que des règles
ancestrales présentes chez les insectes— y compris dans la
construction du corps — ont un analogue (bien plus complexe) chez les
vertébrés. Nous pouvons espérer que ces travaux donneront lieu à
d'intéressants débats. La grippe du poulet, probablement sous sa forme
H5N1 vient d'être découverte chez des flamands au Koweit. Plusieurs
foyers de maladie de Newcastle sont actifs en Europe (Grèce, Slovaquie
et France) et en Turquie, et peuvent être, dans un premier temps,
confondus avec la grippe aviaire. Un foyer de fièvre jaune vient
d'être identifié dans la région de Kayes au Mali.
10 novembre 2005. Les media, c'est
habituel, ont la mémoire courte, et ils se réjouissent du fait que la
Chine aurait désormais ses "premiers" cas humains de grippe aviaire.
Pourtant, dès 2003, l'une des difficultés rencontrées pour
l'identification du SRAS à Hong Kong a été due à la présence
simultanée de la contamination par le
virus H5 de la grippe d'un père et de son fils venant du
Continent. Dans une action qu'on ne peut considérer que comme très
dangereuse, des chercheurs Américaiçns ont recréé le
virus de la pandémie de grippe de 1918. Plus grave encore, les
autorités des Etats-Unis vont maintenant permettre l'échange du virus
entre laboratoires, alors que le Laboratoire National de
Microbiologie de Winnipeg, au Canada, prévoit de recréer le virus à
son tour! La
démesure humaine est telle qu'on doit malheureusement craindre
que des accidents n'arrivent un jour ou l'autre, sans compter la
malfaisance. En parallèle avec
l'hystérie qui entoure la grippe, la dengue, transmise par des
moustiques, a infecté des millions de personnes cette année, sans
susciter grande émotion. Au cours d'une des épidémies les plus
récentes, le Soudan vient de notifier au moins 71 décès dus à la
maladie.
9 novembre 2005. L'épidémie de grippe
aviaire qui affecte la Chine du Nord n'est pas terminée. Il semble que
le nombre d'oiseaux infectés est tel qu'il faille abattre des millions
de volailles, tâche que les gouvernements locaux peinent à réaliser.
Au Japon l'épidémie est bien de type H5, mais sa gravité modérée
suggère qu'il ne s'agit pas du variant N1.
6 novembre 2005. La grippe du poulet
continue à se développer en Indonésie, où une femme est morte de la
maladie après avoir été infectée par des poulets morts; un jeune
garçon de sa famille est aussi à l'hôpital et la façon dont il a
attrapé la maladie n'est pas claire. Au moins trois personnes en Chine
pourraient avoir été infectées dans l'un des foyers récents qui ont
forcé le gouvernement à abattre plus d'un million d'oiseaux dans une
tentative pour contenir la propagation de l'épidémie. L'aéroport
international de Honolulu vient d'instituer un contrôle volontaire de
l'infection par le virus grippal pour les passagers qui transitent par
l'aéroport.
1 novembre 2005. Un foyer d'infection par
la bactérie Escherichia coli O157H7 a atteint 18 personnes
dans le Sud-Ouest de la France. Ce variant de notre E. coli
commensal, hôte normal de l'intestin humain, produit de dangereuses
toxines et est la source de très nombreuses infections alimentaires
dans le monde. Ce pathogène est souvent retrouvé chez les bovins et
peut contaminer la chaîne alimentaire lorsqu'elle n'est pas bien
contrôlée. La grippe aviaire resurgit un peu partout (Roumanie,
Thaïlande en particulier, en Croatie, il semble bien que les cygnes
infectés l'aient été par le virus H5N1), mais on doit se méfier
d'autres infections aviaires (comme la maladie de Newcastle) ou
d'autres variants avant d'en tirer des conlusions alarmistes (le virus
rétrouvé au Japon est apparemment un variant H5N2, nettement moins
dangereux, du moins dans son état actuel, que le variant H5N1). Un
contrôle effectué sur des oiseaux migrateurs arrivant en Tunisie n'a
pas montré pour l'instant de présence du virus.
26 octobre 2005. Bien des maladies sont
transmises par des moustiques, qui transportent l'agent pathogène d'un
hôte infecté à un hôte naïf. Ces insectes multiplient rapidement et
sont impossible à contrôler facilement. Pour cette raison, les
chercheurs explorent depuis quelque temps l'idée de créer des mutants
de moustique qui ne pourraient plus être porteurs de l'agent
pathogène. Une collaboration entre l'Université Johns Hopkins, le
Laboratoire Européen de Biologie Moléculaire, l'Imperial College de
Londres et l'Université du Texas, a permis la découverte d'un gène
(SPRN6) impliqué dans la protection des anophèles contre
l'infection par l'agent du paludisme, le parasite Plasmodium.
L'inactivation de ce gène augmente fortement le contenu en parasites
du moustique. On peut donc espérer augmenter cette voie de l'immunité
chez l'insecte et ainsi l'empêcher de transmettre le parasite.
Ensuite, il pourrait être possible d'élefer ces moustiques mutants et
de leur faire peu à peu remplacer ceux qui occupent l'environnement
interrompant ainsi le cycle dangereux du Plasmodium.
25 octobre 2005. Au cours d'une réunion de
deux jours au Canada qui associe les ministres de la santé et les
autorités de l'OMS on analyse la mise en commun de moyens et une
réaction homogène en face d'une pandémie possible déclenchée par le
virus H5N1. Parmi les réactions les plus importantes sera
l'identification rapide du virus, qui peut parfois être confondu avec
d'autres affectant aussi la volaille. Par exemple, en ce moment même
deux foyers de la maladie de Newcastle affectent le nord de la France
(où 300 faisans sont morts et 1200 ont dû être abattus) et le
Danemark. Ils discutent aussi du mode de transmission, qui n'est pas
parfaitement clair (et c'est la même chose pour la transmission du
paramyxovirus de la maladie de Newcastle), ainsi que des mesures de
confinement qu'il faut associer à tous les épisodes. De nombreux
foyers de grippe aviaire affectent désormais l'Europe, la Russie et la
Chine, peut-être en raison d'un automne particulièrement doux. Quand
les oiseaux migrateurs vont aller vers le sud il semble probable que
l'Afrique du Nord va être affectée. Il s'agit d'une situation
préoccupante car mettre en œuvre des mesures efficaces pour éradiquer
le virus dans ces régions sera aussi difficile qu'en Asie du Sud-Est.
21 octobre 2005. La grippe aviaire semble
présente en Mongolie intérieure en Chine, au sud de Moscou en Russie
et s'étendre lentement vers l'ouest de l'Europe. Dans ce contexte la
découverte à Taiwan d'oiseaux exotiques importés en contrebande et
porteurs du virus est préoccupante. La contrebande d'animaux sauvages
devrait être punie beaucoup plus sévèrement non seulement parce
qu'elle concerne des espèces menacées, mais parce qu'elle est une
source importante de maladies émergentes.
19 octobre 2005. Le premier antibiotique
des la classe des "défensines" d'insectes, première ligne de
l'immunité innée, a été isolée chez un champignon, Pseudoplectania
nigrella. Appelé "plectasin", c'est un peptide qui cible
l'enveloppe bactérienne,et tue en particulier les souches de Steptococcus
pneumoniae, agent d'un grand nombre de pneumonies. la plectasine
semble être très peu toxique chez la souris, et pourrait devenir le
premier d'une nouvelle classe d'antibiotiques, les premiers découverts
depuis de nombreuses années.
18 octobre 2005. Plutôt
que répéter l'information que le virus H5N1 est aux portes de l'Europe
et peut-être déjà en Grèce, nous allons rapidement passer en revue les
concept nécessaires pour comprendre pourquoi ce virus est l'objet de
la plus grande attention. En bref, on peut séparer grossièrement les
classes de virus en deux ensembles. Un grand nombre, et en particulier
le virus de la grippe ou celui de la dengue, sont très toxiques pour
les cellules où ils se multiplient très rapidement. Ces virus sont
dits cytopathiques. Diverses réponses sont apparues au cours
de l'évolution des animaux pour en tenir compte: les animaux infectés
doivent monter une réponse très rapide et efficace pour parer à la
mort cellulaire massive qui risque d'entraîner celle de l'individu
infecté. Les autres virus forment une classe très hétérogène qui
comprend des virus qui évitent les réponses de l'hôte en se
multipliant plus lentement — ce qui les rend moins visible — et
conduit à des infections persistantes au cours desquelles le virus a
tout le temps de muter dans l'hôte et donc de contourner ses défenses
immunitaires. C'est le cas du virus du sida, le VIH. Après contact
avec un virus cytopathique, l'hôte répond par une réponse mettant en
jeu divers processus constituant l'immunité innée, dont quelques
éléments sont, au cours de l'évolution des espèces, déjà présents chez
les insectes et éliminent bien des infections virales. Cette étape
suffit à protéger l'individu, du moins lorsque le nombre des
particules infectantes n'est pas trop grand. La seconde réponse met en
jeu une interaction compliquée entre classes de cellules du système
immunitaire, les cellules T et B. Après une interaction avec des
cellules T, des cellules B produisent les anticorps bien connus, qui,
dans le cas des virus cytopathiques, commencent à neutraliser le virus
(collent à lui et font des agrégats qui seront ingérés et détruits par
d'autres cellules du système immunitaire). Cette synthèse d'anticorps
neutralisants commence à être effective après 4 jours, puis elle
augmente rapidement en quelques jours. L'individu guérit alors, tout
en gardant la mémoire de cet événement, assurant une protection
habituellement longue, de quelques mois à plusieurs dizaines d'années.
C'est sur cette observation que reposent la plupart des vaccinations.
Ce processus remarquablement efficace, sélectionné au cours des
millions d'années de co-évolution entre virus et hôtes a un
invonvénient: il est extrêmement sélectif. La partie de l'enveloppe
virale qui est reconnue par le système immunitaire est minuscule.
C'est le prix qu'il a fallu payer pour que se monte une réponse très
efficace et rapide, au sein d'un système particulièrement compliqué.
Mais, si au jeu de l'évolution on prend le point de vue du virus, on
voit qu'il trouvera une porte de sortie s'il s'arrange pour que cette
région évolue rapidement, dans un répertoire aussi large que possible:
c'est ainsi qu'il échappera à la mémoire des hôtes qu'il a
précédemment infectés. C'est exactement ce qui se passe avec le virus
de la grippe: deux motifs architecturaux de la surface du virus,
appelés H et N sont reconnues par la réponse contre les virus
cytopathiques. Mais en raison de la pression de sélection, seuls les
mutants de ces virus qui auront échappé aux anticorps neutralisants
qui ont détruit leurs ancêtres au cours d'épidémies passées, pourront
se propager, et créer une nouvelle épidémie. C'est ainsi que des
variants des régions H et N, étiquetés 1, 2, 3, etc vont à leur tour
envahir les populations d'oiseaux et humaines. Des variations subtiles
se surajoutent à ces grands types, donnant plus de latitude au virus
dans son pouvoir pathogène. Heureusement toutes les combinaisons ne
sont pas aussi efficaces en termes d'invasion des cellules hôtes, ce
qui fait qu'il faut toujours un certain temps avant que se produise
une nouvelle forme infectieuse, et que ces formes ne sont pas toutes
également virulentes. Par ailleurs ces formes sont toutes plus ou
moins apparentées, ce qui fait qu'il reste en général au moins une
faible protection chez les individus, ce qui rend la nouvelle épidémie
moins préoccupante. Cependant, de temps en temps, une forme
entièrement nouvelle apparaît, contre laquelle aucune protection autre
que la réponse innée n'existe. C'est exactement la situation qui
semble se profiler dans le cas des virus de la grippe du complexe
H5N1.
16 octobre 2005. Les media couvrent
massivement l'information concernant l'extension de l'épidémie de
grippe aviaire H5N1 en Roumanie, et nous ne la commenterons pas plus
avant sinon pour mettre en garde contre les comportements
irrationnels. Il est clair cependant que la maladie va probablement
s'étendre lentement vers l'ouest, puis, au printemps remonter vers le
nord. Mais ce qui est peut-être le plus important est que bien des
oiseaux migrateurs, réservoirs du virus vont probablement atteindre
l'Afrique, où il sera impossible de contrôler la situation. Et il est
clair malheureusement, si l'on tire la leçon de l'épidémie en
Indonésie, que le virus peut se maintenir sous un climat tropical.
14 octobre 2005. Deux décès dus à la fièvre
jaune ont été constatés ces derniers temps au Sénégal à la frontière
avec la Guinée. La population locale a été aussitôt vaccinée. Le
choléra continue à faire de nombreuses victimes en Guinée Bissau.
13 octobre 2005. Les canards roumains
retrouvés morts ont bien été infecté par le virus d'une grippe de type
H5. Depuis un peu plus d'une semaine plusieurs milliers d'Anatidés
sauvages (canards et autres Anatidés) sont morts en Iran, à la
frontière de l'Azerbaïjan.
11 octobre 2005. Un patient est mort après
avoir été infecté par le virus de la fièvre hémorragique Crimée-Congo
en Afrique du Sud. Cette zoonose causée par un Nairovirus transmis par
les tique affecte parfois l'Homme.
9 octobre 2005. L'extension de la dengue
cette année est particulièrement préoccupante car elle est en sensible
augmentation. Même la ville de Singapour, particulièrement propre, a
enregistré plus de 10 000 cas jusqu'à présent cette année. Et la
région couverte par les moustiques vecteurs abrite plus de 2,5
milliards de personnes. Plus anecdotique, mais significatif, une
infection des abeilles par la bactérie de la loque américaine (Paenibacillus
larvae subsp. larvae) a causé la destruction de
plusieurs ruches en Norvège. L'origine en est inconnue. Les dindons
turcs ont bien été infecté par une grippe de type H5.
8 octobre 2005. Plusieurs sources font état
de morts massives d'oiseaux en Turquie (dindons) et en Roumanie
(canards sauvages et volaille domestique), qui pourraient être causées
par une forme de grippe, peut-être en provenance de Sibérie ou du
Kazhakstan. Si c'était le cas il est probable qu'il s'agit du variant
H5N1.
7 octobre 2005.
Des chercheurs du laboratoire militaire de l'Institut de Pathologie à
Rockville, Maryland, USA ont séquencé le génome du virus de la grippe
de 1918, et des chercheurs des Centers for Disease Control and
Prevention d'Atlanta ont recréé le virus entier et montré son extrême
virulence. Cela a déclenché une controverse (voir
notre position à propos de la variole, position qui serait sans
doute un peu différente dans le cas présent, car le réservoir du virus
de la grippe est immense et hors de notre contrôle, ce qui implique
que, à la différence de la variole, la grippe ne peut pas être
éradiquée) car il est clair que rendre la séquence publique permet de
recréer le virus. Le fait même que ce soient des militaires qui aient
fait cette recréation montre à l'évidence que cette recherche a des
implications militaires.
6 octobre 2005. Dans une série d'articles
publiés par les magazines Nature etScience des
chercheurs montrent, à partir de tissus isolés de deux soldats et
d'une femme dont le corps a été conservé par le froid en Alaska que la
pandémie de grippe de 1918 a été causée par un virus qui semble être
passé directement des oiseaux à l'Homme. C'est exactement le scénario
qui semble se reproduire aujourd'hui avec le virus H5N1 de la "grippe
du poulet".
5 octobre 2005. Depuis deux semaines des
enfants sont infectés par un colibacille (Escherichia coli)
hautement pathogène au Pays de Galles en Grande Bretagne. Plus de 150
personnes ont été infectées et un jeune garçon en est mort. Plusieurs
foyers locaux de maladies du même type affectent les Etats Unis. Alors
que E. coli est un hôte normal et inoffensif (peut-être même
bénéfique du côlon humain (un commensal) certaines souches sont très
dangereuses et peuvent causer des infections du tube digestif,
urinaires et parfois même des septicémies ou des infections
cérébrales. L'Australie va accueillir à Brisbane, le 31 octobre, une
réunion des pays de la région pour analyser et préparer une réponse
rapide à l'épidémie attendue de grippe aviaire.
1 octobre 2005. Un nouvel article, publié
sur la Toile par le magazine Science, montre à
nouveau que les chauve-souris sont probablement le réservoir du
virus du SRAS.
27 septembre 2005. La dengue est di
répandue dans le monde qu'elle doit affecter quelques 100 millions de
personnes chaque année. C'est une fièvre si commune qu'on ne la
mentionne que lorsqu'elle est localement plus importante
qu'habituellement, ou nouvelle. Cette année elle affecte les Antilles,
et ne particulier la Martinique où plus de 6 000 personnes ont
été infectées. Elle est aussi importante à Singapour, malgré des
mesures drastiques pour contrôler les populations de moustiques. Une
autre maladie virale communiquée par les moustiques, l'encéphalite
japonaise, continue à se propager dans la province d'Uttar Pradesh en
Inde, mais aussi au Népal où elle a contaminé près de mille personnes.
23 septembre 2005. L'Organisation Mondiale
de la Santé (OMS) vient de lancer une vaste campagne de vaccination
contre la fièvre jaune (environ 650 000 personnes dans la région
de Banfora et Gaoua) en réponse à la découverte de quatre cas (dont un
mortel) au sud du Burkina Faso, près de la Côte d'Ivoire. La fièvre
jaune est endémique dans la région (nord de la Côte d'Ivoire, du Togo,
du Bénin et sud du Niger, en particulier près de la réserve de la
Pendjari, Porga - Arly - W du Niger) avec des rongeurs comme
réservoir. Le vaccin est remarquablement efficace, mais la maladie,
transmise par des moustiques, est souvent mortelle. Les
très nombreux décès dus à la fièvre jaune dans l'armée de Napoléon
ont été la raison pour laquelle la Louisiane a été vendue aux
Etats-Unis au début du XIXe siècle.
21 septembre 2005. Après que 19 oiseaux
captifs du zoo de Jakarta ont été découverts infectés par le virus
grippal H5N1 le 19 septembre, trois membres du personnel semblent
avoir été contaminés et sont suspectés d'avoir la grippe H5N1. Depuis
le mois d'août une épidémie de choléra affecte la province du Fujiang
en Chine. En Afrique, plusieurs foyers sont très actifs depuis le
Sénégal et la Guinée Bissau jusqu'au Congo.
18 septembre 2005. L'encéphalite
japonaise, maladie virale transmise par les moustiques a tué près de
1 000 personnes en Inde, principalement dans l'état d'Uttar
Pradesh. Le pic de l'épidémie semble heureusement atteint.
14 septembre 2005.
Une série d'articles publiés cette semaine dans le magazine Science
suggèrent que le cerveau humain est toujours soumis à une pression de
sélection positive. L'observation la plus remarquable est que le
polymorphisme de certains gènes impliqués dans la construction du
cerveau est d'origine récente. Un type de mutation a eu lieu
apparemment juste avant le moment où sont apparus les premiers signes
d'Art humain, alors qu'un autre pourrait même avoir eu lieu juste au
moment de la révolution néolithique. Bien sûr, corrélation n'est pas
cause, et il faut être très prudent dans l'interprétation de ces
données, qui vont certainement causer de nombreuses discussions.
Néanmoins on peut être fasciné par le fait qu'un de ces gènes code
pour la Microcéphaline, une protéine très probablement impliquée
directement dans l'accroissement spectaculaire de la masse cérébrale
chez l'Homme, en comparaison de celle des autres primates. Les
patients dépourvus d'un gène actif ont un cerveau plusieurs fois plus
petit que le cerveau normal, en particulier dans les régions
corticales, alors que le tissu cérébral reste généralement normal. Des
études antérieures ont montré que la Microcéphaline est un régulateur
spécifique de la taille du cerveau et qu'elle a évolué sous la
contrainte d'une forte pression de sélection dans la lignée qui a
conduit à Homo sapiens. L'un des haplotypes du gène
correspondant s'est visiblement répandu durant un laps de temps très
court. La grippe aviaire est présente en Indonésie. Une analyse
rétrospective due à un groupe Italien de sérums humains de
travailleurs d'élevages avicoles montre que la séropositivité des
travailleurs exposés durant une épidémie apparaît en présence de
certaines souches (H7N7, H7N3, and H5N1) mais pas d'autres (H7N1 and
H5N2). Cela montre que certaines sont plus aptes à infecter l'Homme
que d'autres. Plus inquiétante est l'observation qu'à la fois les
virus de type H7N7 et H5N1 sont plus adaptables que les autres. Encore
plus inquiétant est le fait que ces derniers ont plus de chances de se
mélanger avec le virus de la grippe humaine que ce qu'on pensait
jusqu'à présent, ce qui augmente d'autant les risques d'une pandémie.
En Guinée-Bissau près de 15000 personnes ont été atteintes par le
choléra depuis le mois de juin et plus de 250 en sont mortes.
11 septembre 2005.
Un équipe dirigée par Yuen Kwok-Yung à l'Université de Hong Kong a
découvert un virus très voisin du SARS-CoV, responsable du Syndrome
Respiratoire Aigu Sévère de 2003-2004, chez des chauve-souris
(rhinolophes). C'est une nouvelle indication que les civettes
ne sont pas le réservoir du virus, comme cela avait été évoqué
dans une étude récente montrant que le virus
évolue chez les civettes exactement en parallèle avec leur
évolution chez l'Homme. La façon dont l'Homme est entré en contact
avec le virus reste cependant obscure. Les chauve-souris sont
utilisées en médecine traditionnelle et la population locale a
l'habitude de manger toutes sortes d'animaux. Parmi les scénarios
possibles on peut imaginer que des civettes se soient nourries de
chauves-souris (qui sont régulièrement victimes des chats
domestiques), et aient été à leur tour mangées par l'Homme. Cette
découverte est particulièrement intéressante car les chauves-souris
(en dépit de leur nom), n'ont rien à voir avec les Rongeurs, mais sont
en fait reliées aux Primates, dans le superordre des Archonta.
8 septembre 2005. Une épidémie de grippe
aviaire due au virus H5N2 affecte le Japon à nouveau. A l'opposé de ce
qui a été affirmé de façon répétée par les tenants d'un usage
généralisé des cellules souches embryonnaires humaines, une étude
d'une équipe internationale rapporte dans le numéro d'octobre de Nature
Genetics que ces cellules accumulent beaucoup plus de chagements
dans leur génome que ce qu'on pensait jusqu'à présent. Il aurait
pourtant dû être évident que pour des raisons aussi bien
thérapeutiques qu'éthiques, plutôt que de poursuivre trop tôt des
études systématiques avec des cellules humaines, il nous faut d'abord
tenter de mieux comprendre chez l'animal ce qui en fait les propriétés
les plus importantes. Cette situation est paradoxale, car elle révèle
qu'il est souvent aujourd'hui plus facile de réaliser des expériences
avec du matériel humain qu'avec du matériel animal.
2 septembre 2005. Parmi les nombreux
composés utilisés contre le cancer, un nouvel analogue d'un
carbohydrate (sucre), décrit à la réunion nationale de l'American
Chemical Society, et important pour l'enveloppe cellulaire et ses
connexions avec l'extérieur, un ganglioside, semble contrecarrer
fortement le développement des tumeurs solides, ce qui nous donne un
complément intéressant aux traitements actuels du cancer. Ce composé
semble avoir en outre la propriété de restaurer la réponse immunitaire
affaiblie par le développement de la tumeur. Cette observation est
peut-être à mettre en regard avec la conjecture que la
synthèse des membranes et celle de l'ADN sont couplées chez les
cellules des organismes supérieurs, observation qui a suggéré il
y a quelques années l'idée qu'interférer avec la construction des
enveloppes cellulaires pourrait donner une nouvelle piste de lutte
contre le cancer.
1 septembre 2005. Un nouveau patient vient
de mourir de la grippe aviaire au Vietnam. La maladie continue à être
contagieuse des oiseaux à l'Homme, tout en restant souvent mortelle,
mais il n'y a pas de contagion interhumaine. Un signe de danger
apparaîtra quand la maladie sera soudain moins létale : c'est le
moment où la contagion
interhumaine pourrait apparaître.