nautilus
᾽Αποσπάσας γὰρ εῖμάτων χρυσηλάτες
περόνας ἀπ᾽ αῦτῆς, και αἶσιν ἐξεστλέλλετο,
ἄρας ἔπαισεν ἄρθρα τῶν αὐτοῦ κύκλων,
······················· κοὐχ ἃπαξ
ήρασσ' επαίρων βλέφαρα.  φοίνιαι δ' ὃμοῦ
γλῆναι γένει´ ἒτεγγον, οὐδ' ανίεσαν
φόνου μυδώσας σταγόνας, ἀλλ' ὁμοῦ μέλας
ὂμβρος χαλάζης αίματουσσ῎ ἒτέγγετο!

Οἰδιπους Τύραννος
Σοφοκλής


Thèmes voisins


Deux textes présentent ici l'importance d'une seule culture de la connaissance, qui rapproche toujours Sciences et Arts. Dans le premier nous défendons la nécessité d'un enseignement approfondi des humanités au lycée. Dans le second nous revenons  sur la tradition qui veut que l'exploration du détail de façon analytique perde la profondeur des choses.

Mélanges d'histoire de la pensée

© 2018 Antoine Danchin   唐善•安東 & l'Archicube (a-Ulm)

Une version légèrement différente de cet article est parue dans l'Archicube, 24: 74-78, juin 2018.

Stat rosa pristina nomine, nomina nuda tenemus

Le nom de la Rose
Umberto Eco

Par bien des aspects l'homme est un animal comme les autres. Nous l'oublions souvent parce que nous oublions l'importance de l'histoire dans notre genèse. Nos sociétés, récemment, ont complètement occulté le fait que nous sommes des organismes vivants d'un type passablement commun, que nous avons un sexe, pas un genre, et que nous faisons des bébés qui doivent naître très jeunes (et certainement pas d’ovules vieillis au froid) ! Tout le monde oublie que Dolly est morte à la moitié de l'espérance de vie de ses congénères et que bien des animaux de rente obtenus par congélation d'embryons sont mosaïques. Et pourtant nous glosons sur l'immortalité, qui serait à notre portée... Nous voulons corriger l'hérédité sans savoir ce dont il s'agit en termes concrets, et nous inondons le monde d'une chimie dont les effets n'ont jamais été explorés en profondeur. En bref, nous agissons sans savoir. La dimension historique est d'une importance cruciale, parce qu'elle fait comprendre non pas l'avenir, pas définition imprévisible, mais bien les mécanismes qui le produiront. Comprendre le vieillissement suppose savoir comment vieillissent les autres espèces, et quels sont les moyens d'en atténuer les effets délétères. Il existe bien une méduse "immortelle" et qui fait rêver certains, Turritopsis dohrnii : quand les choses vont mal elle déclenche une métamorphose inverse, et revient à l'état de quelques cellules embryonnaires ! Mais souhaitons nous redevenir l'œuf que naguère nous fûmes ? Personne ne peut le penser, sinon les ignares. Quant à oublier le fait que les bébés doivent naître très jeunes, les pratiques actuelles donnent froid dans le dos, non seulement pour la descendance immédiate, mais pour ce qu'il adviendra de sa descendance future.

Ces quelques mots ont trait au monde contemporain. En occultant ce qui y est négatif, par cynisme ou par ignorance, on ne le sait pas, certains y voient une originalité particulière, prélude à l’homme nouveau. Il n'en est rien. Nous ne cessons, en realité, de redécouvrir la roue, tout en créant de faux problèmes et de fausses solutions, simplement parce que nous oublions ceux qui nous ont faits. Notre langue ne vient pas du néant, pas plus que notre pensée. Devant le déferlement d'innovations techniques, nous méconnaissons ce qui les a permises et nous ouvrons ainsi le chemin de leur disparition. Prenons quelques exemples au sein de la science qui, après tout, est à l'origine de nos plus grandes innovations. Nous sommes naturellement nominalistes. Cela implique que dire son nom suffit, et se confond pour chacun d'entre nous, bien souvent, avec la chose nommée. Mais nous ignorons, désormais, le sens des mots. Or, —mais qui le sait encore à la fin des études secondaires aujourd’hui ?— la science et la technologie sont littéralement fondées sur des méthodes et des idées proposées et décrites, souvent en grec, au cours de l'âge d'or de la révolution scientifique, durant la période hellénistique il y a deux mille cinq cents ans. Et le grec fournit toujours —ou devrait toujours fournir, mais l'ignorance généralisée conduit de plus en plus à d'horribles oxymores mêlant anglais et grec, et devenus tout à fait incompréhensibles : que veut dire l’horrible « spliceosome » ?— les fondements de la plupart des termes techniques, scientifiques, médicaux ou philosophiques. C'est que les racines choisies font référence à une longue histoire qui rappelle des controverses, des ajustements au temps qui passe, et la progression de la pensée au cœur même de la langue. De même, si nous sommes intéressés par l'idée de l'Europe, il semble vraiment crucial —et naturel— d'en connaître l'histoire, et bien évidemment l'origine, avec certainement un usage minimal de ses langues.

L'un de mes collègues, Grec, aime a rappeler l'exemple du mot « analyse ». Tout le monde l'utilise, peu le comprend vraiment. « Lyse » signifie « diviser », « ana- », « de bas en haut » mais aussi « de nouveau / de façon répétée » : le sens subtil mais ingénieux du terme implique que si vous divisez quelque chose une seule fois, vous pourriez ne pas savoir comment ça marche ; si vous le divisez deux fois, cela signifie que vous l'avez implicitement reconstruit pour commencer à comprendre le fonctionnement interne du système. On a là certainement bien plus que le « réductionnisme » vomi par les penseurs superficiels friands de mots en -isme. Procéder à une analyse n'est nullement produire le catalogue des composants du système. Que de débats inutiles et proprement imbéciles seraient évités si l'on savait le sens des mots ! « Système », lui-même, dérive de συν- et -στῆμα : « -stema » signifie « base », « composante arrangée, montée »; « Syn- » signifie « ensemble », « en conjonction avec », et « syn-stema », « systema », signifie alors « groupe d’éléments arrangés de concert ». On y trouve l'idée essentielle de relations entre objets, l'une des dix catégories d'Aristote qui réapparaît aujourd'hui. En effet, une nouvelle catégorie du réel s'ajoute désormais à masse, énergie, espace et temps : « information », et elle a une réalité physique. L'étymologie du terme « étymologie » fait référence à « étymos » signifiant « réel », « authentique ». Nous avons une infinité de termes de ce genre. Ceux qui en ont conscience comprendront probablement mieux leurs propres processus de pensée et leur propre cheminement intellectuel. Cela va aussi de pair, bien sûr, avec la connaissance des nombres, de leur genèse et de la combinatoire riche de l’arithmétique et de la logique, qui permettent à chacun d’organiser sa pensée de façon rationnelle. Savoir compter, de façon quasi-automatique, définit aussi l’humanité de l’homme. Nos prédécesseurs de l’Antiquité ne spécialisaient pas, bien sûr, les différents domaines de la pensée, qui devaient s’apprendre ensemble. Les humanités représentaient le minimum qu’il fallait que chacun maîtrise pour devenir un homme libre. Cela reste vrai aujourd'hui.

Connaître les chemins qui ont conduit jusqu’à nous, nous permet de comprendre que nous ne pouvons que créer des modèles du monde, sans jamais atteindre à la vérité ultime de ce qu’il est peut-être. Cela nous fait comprendre ce qu’est la science, discipline de l’esprit qui construit des modèles progressivement de mieux en mieux adéquats, tout en sachant qu’il restera toujours un chemin infini pour parvenir au sens profond de ce qu’est notre Univers. L’histoire de ce cheminement est partie essentielle de notre connaissance du monde. L’évolution du savoir se fait d’abord par ajustement des paramètres (et des définitions) qui fondent nos modèles du réel que nous habitons, et que nous sommes (précision du vocabulaire à utiliser —nominalisme oblige  !), ce qui permet d’identifier avec toujours plus de précision ses inadéquations avec le monde réel. Le progrès vient de la découverte de différences entre le modèle et la réalité. Dans de nombreux cas cela impose d’introduire un objet nouveau, absent du modèle initial (par exemple illustré par la découverte de la planète Uranus au XIXe  siècle, et en ce moment, par le remplacement de Pluton, qui n’est plus une planète, par une ou plusieurs autres). Mais le plus souvent cela nous force d'abord, avant de mettre en cause le modèle, à reconsidérer la façon dont nous avons associé les mots aux choses. Ensuite il nous faut reprendre les postulats sur lesquels ont été fondés nos modèles, pour recommencer à les construire —en utilisant bien sûr le savoir antérieur, et la façon dont notre vocabulaire a gagné en précision— en un processus qui nous rappelle notre sort de Sisyphes.

Pour finir, j’aimerais donner un exemple de ce à quoi l’oubli du passé peut conduire. Qu’on me pardonne l’aspect pédant de l’usage du grec ici (mais après tout, ce texte cherche à encourager l’enseignement à revenir à ce qui faisait les humanités, grec et mathématiques comprises). Cherchant à étayer sa pensée avec l'autorité de plus de deux millénaires, Jacques Monod, confiant dans sa mémoire, écrivit en épigraphe de son célèbre livre, Le Hasard et la Nécessité, une phrase qu’il attribuait —comme d’autres certainement— à Démocrite : Tout ce qui existe dans l'univers est le fruit du hasard et de la nécessité. Cette phrase, pourtant, semblait mal adaptée à la nature de l’origine de la science, moment où, précisément, la pensée cherchait à écarter le hasard, inconnaissable absolu, alors que la conjonction de séries causales indépendantes, purement contingente (αὐτόματον, disait-on alors) pouvait parfaitement survenir sans rompre la nécessité de la causalité. Il était donc utile de vérifier l’origine de cette citation. Ce qui nous reste des philosophes présocratiques est très réduit, de sorte qu'il est plutôt facile de découvrir tout ce qui reste de Démocrite. Or, en parcourant les quelques centaines de pensées laissées par cet auteur, on ne trouve nulle part la phrase correspondante. D'où vient la réminiscence de Monod ? Il s’agit peut-être d’une de ces pensées qui se trouvaient, naguère, dans les pages roses du dictionnaire Larousse. Mais alors elle doit dériver d’une pensée présocratique, sans doute altérée après avoir été souvent utilisée. En regardant dans la collection de restes philosophiques présocratiques, on peut alors découvrir une phrase voisine, attribuée à Leucippe (on n'en a gardé que deux), qui a été selon la légende un maître de Démocrite. Cette phrase ressemble beaucoup à celle attribuée à Démocrite, mais son sens lui est absolument contraire :

Oὐδὲν χρῆμα μάτην γίνεται ἀλλα πάντα ἐκ λόγου τε καὶ ὑπ´ἀνάγκης
Rien ne survient au hasard, mais tout pour une raison (Logos) et sous la contrainte de la nécessité

Logos (raison d’être, cohérence) ne peut certainement pas être interprété comme le hasard ! Et cette phrase au contraire reflète une pensée typiquement grecque, un archétype de la pensée scientifique. Il s’agit en vérité d’un programme de recherche : la science avance en explorant l’enchaînement des causes, même si, bien souvent, elles se croisent de façon contingente, simplement parce qu’elles se croisent au même lieu au même moment. Si l’on analyse l’ouvrage de Monod, d’ailleurs, on se rend compte que le hasard qu’il invoque n’est pas l’inconnaissable absolu, mais, pour des raisons conceptuelles intéressantes, le refus de toute forme de caractère instructif en biologie. En effet, on pouvait craindre qu'invoquer la nécessité aurait facilement conduit à l'idée de finalité, ce que, bien sûr, il fallait écarter de la pensée rationnelle en biologie. D'où l'appel au hasard, fondamentalement étranger à tout dessein, alors que pour la pensée atomiste l'idée que des séries causales puissent se rencontrer par accident (ce qui ne met pas en question le déterminisme de chacune) était naturelle, et bien source infinie d'inventions sans dessein.

Il est très probable que des penseurs érudits s'étaient fait la remarque, et qu'ils savaient que Monod n'avait pas cité Démocrite. À ma connaissance ils n'ont pas mis cette question sur le devant de la scène. C'est dommage parce que son livre, célèbre à l'époque et —je l'ai hélas constaté en interrogeant mes étudiants au cours des ans— oublié aujourd'hui, aurait pu être le prétexte à une exploration profonde des concepts de la biologie, si mal compris aujourd'hui. Il est remarquable de voir que dans les réformes de l'enseignement discutées le plus souvent désormais nous avons oublié ce qui devrait être la connaissance la plus fondamentale. Pour assurer l'avenir des jeunes gens, connaître l'histoire de la nature intime de la construction du savoir, ce qui forme les sciences de la vie et la logique du raisonnement, avec l'histoire de la pensée et de la langue—ce qui constituait les humanités—reste pourtant un préalable indispensable.

Esprit de géométrie, esprit de finesse

Publié en mai 2011 dans la revue BoOks

Raison poétique et raison scientifique ne sont pas vraiment séparables, même si certains nous imposent l’impression contraire. Pourtant, la séparation du monde intellectuel en domaines bien distincts, qui s’est construite, principalement depuis le milieu du XIXe siècle en France, est indiscutable. On la trouve déjà en germe dans la réflexion de Pascal qui réagissait – avec raison – contre la mécanisation du monde que la science du XVIIe siècle commençait à rendre concrète. Mais, j’espère le faire apparaître progressivement au cours de ces textes, la mécanique n’est pas la science, elle n’est rien d’autre qu’une vue étroite propagée par ceux que, curieusement, on a appelé Lumières. C’est la conséquence d’une observation bien simple : le déterminisme mécaniste, l’enchaînement des causes qui permettrait, à partir de prémisses bien établies, de prévoir le futur, est facile à comprendre par tous. La vraie finesse, qui apparaît en filigrane depuis le premier quart du XXe siècle, est qu’il ne faut pas confondre le déterminé et le prévisible. Et c’est ce qui permettra bientôt, j’en suis sûr, la recréation du lien nécessaire entre toutes les formes du savoir.

Créée en Grèce, la science était une réflexion sur l’inévitable dialogue entre la vérité et l’opinion. Fondée sur l’idée qu’on ne peut avoir accès direct à la vérité, mais qu’il est possible de construire des modèles du monde, la science se confondait avec la philosophie. Et Xénophane de Colophon affirmait que même si par chance on tombait sur la vérité il ne serait pas possible de le savoir. La science (philosophie) était alors la confrontation des prédictions du modèle avec la réalité, suivie de reconstructions à chaque fois que l’inadéquation du modèle devenait flagrante. Le modèle ne représentait donc qu’un type particulier, rationnellement organisé, de l’opinion, mais d’une opinion qui acceptait la réalité du monde. C’est ainsi qu’elle se trouvait nécessairement en continuité avec tout le reste de la rationalité humaine.

Deux cultures ?

La métaphysique n’est, avant les connotations modernes, bien sûr rien d’autre que le texte d’Aristote placé à la suite de son περι φυσεως, destiné à rendre compte de ce qu’est la réalité de la nature. Rien n’a changé depuis du point de vue du contenu. Aucun philosophe ne devrait pouvoir se dire tel s’il n’a une connaissance intime de la raison scientifique du moment. Pourtant tout a changé avec l’avènement du monde industriel et l’explosion de la technique. Charles Percy Snow en 1959 a prononcé une conférence célèbre, publiée peu après, The Two Cultures, où il décrivait cette situation en Grande Bretagne. En bref deux mondes s’y opposent, celui des lettres et des arts, et celui de la science, le premier monde méprisant (et ignorant) le second. Cette dichotomie, ce hiatus, était construit sur la remarquable hiérarchie sociale toujours vivante en Grande Bretagne (low class, lower middle class, middle class, upper middle class et upper class) qui se reconnaît à ses accents, à ses habitudes vestimentaires, à ses lieux de rencontre, et à ses centres d’intérêt. Il ne pouvait pas exister vraiment de scientifiques dans les classes supérieures. Et aujourd’hui encore il s’attache toujours un reste de mépris à l’égard de la science.

Cette vue repose sur l’idée erronée qu’il ne peut plus exister d’esprit universel. On l’entend souvent dire en effet. Or cela est entretenu par la confusion entre science et technique. Si les techniques croissent en nombre et sont en effet inaccessibles collectivement (chacun ne pourra en maîtriser dans sa vie qu’un très petit nombre), il n’en est pas du tout de même des concepts de la science. Les grandes questions sont les mêmes qu’il y a trois mille ans, et les progrès de la pensée qui les aborde sont lents, très lents. Il est donc parfaitement possible de trouver des esprits universels. Des dix catégories de la nature présentes chez Aristote et jusqu’au Moyen Âge, nous avons extrait quatre catégories (matière, énergie, espace et temps) et il est assez simple de comprendre (sans la technique associée) ce à quoi cela fait référence. Et si la biologie par exemple fait bien partie de la physique (j’y reviendrai régulièrement dans ces textes), ses grandes règles sont parfaitement accessibles, à condition de faire l’effort minimum que, de toutes façons, toute connaissance réclame. Les centaines de millions de pages des articles techniques qui font la biologie du moment se résument à quelques centaines de pages dès qu’on souhaite comprendre les grands principes. C’est d’ailleurs ce qui explique qu’on puisse, aujourd’hui, oser penser qu’il est possible de reconstruire la vie. Mais il faut, bien sûr, prendre le temps d’apprendre.

Ce qui reste quand on a tout oublié

C’est avec dépit que Snow remarquait que la science n’est pas une marque des classes supérieures britanniques. Il reste en effet un sentiment de supériorité a-scientifique ou anti-scientifique de la classe dominante, certainement fondé sur la paresse de l’oisiveté. C’est qu’il faut un effort intellectuel réel pour y avoir accès, et non être bien ou richement né. Bien d’autres idées intéressantes sont issues de son texte, cherchant à placer la science en contexte. Mais l’idée des scientifiques gauches et « incultes » s’est propagée un peu partout en Europe, à l’opposé, bien sûr, de ce qui nous dit l’histoire des sciences. Il en reste probablement un méfiance qui s’est concrétisée aujourd’hui dans une tout autre catégorie du public, celle des mouvements associatifs qui vomissent systématiquement la « techno-science » d’autant plus qu’ils n’y comprennent rien (le mot lui-même le démontre), et qu’ils n’ont pas, par ailleurs, l’histoire personnelle aristocratique qui leur aurait donné l’héritage esthétique revendiqué en Grande Bretagne.

Cette malheureuse situation n’est pas sans danger. Mettant ceux qui sont familiers de la science à l’écart, elle conduit à la création d’un pouvoir particulier, celui de ceux qui possèdent les concepts et l’accès à la technologie que les autres ne comprennent ni ne dominent. Si ce danger existe avec la physique et la mathématique, il est plus grand encore avec la biologie, car cette science nous concerne toujours plus directement, par notre environnement, notre alimentation et tout ce qui concerne notre santé. Il faut donc, loin de le mépriser, que le savoir correspondant soit répandu, et rendu aussi commun que le « ce qui reste quand on a tout oublié » d’Edouard Herriot. C’est dès l’enseignement primaire que cela devrait se faire.  

C.P. Snow (1961) The two cultures and the scientific revolution (The Rede lecture, 1959), Cambridge University Press, traduction française par Claude Noël (1968) Les Deux Cultures, Jean-Jacques Pauvert, éditeur