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Histoire et mémoire en Pologne

§ La villa Koliba : le salon §

Salon de la villa Koliba
Aperçu du salon de la villa Koliba. Photo réalisée dans le Musée Witkiewicz du style Zakopane, filiale du Musée des Tatras Chałubiński.

Alors que le style Zakopane n’était initialement qu’un cadre architectural, Witkiewicz l’enrichit pour en faire un art décoratif, conformément à l’esprit de l’art nouveau qui entendait abolir la frontière entre art et industrie. La villa était conçue dès l’origine pour y accueillir la collection d’artisanat montagnard du propriétaire, Zygmunt Gnatowski, un riche propriétaire terrien (ziemianin). Ce dernier eut avec Witkiewicz l’idée d’introduire de nombreux détails décoratifs pour agrémenter ses intérieurs.

Les montagnards polonais avaient poussé au plus haut degré de raffinement la sculpture sur bois pratiquée dans toutes les régions rurales du pays. Un observateur de 1901 notait ainsi: «le montagnard aime que tout ce qui l’entoure soit décoré». La plupart des hommes s’y adonnaient, en particulier les bergers durant l’estive. La plupart des outils de la vie courante (battoirs, gobelets de bois, moules à oscypek – un fromage fumé, spécialité de ce massif montagnard – etc.) étaient ainsi sculptés de motifs répartis régulièrement, quant ils n’étaient pas individualisés. Nombre d’entre eux ont été repris pour décorer ce salon : demi-cercles entrelacés, fleurs de lys et rosaces du cache apposé devant les tringles, cœurs, rosaces et fleurs encadrant le miroir, motifs solaires du cache-radiateur. Enfin, les rideaux, avec leurs décorations rouges et noires sur fond blanc reprennent les principales couleurs des portki, les traditionnels pantalons montagnards (manque toutefois le vert). Parmi les motifs qui y sont brodés, on devine en haut la fleur de parnassia, très prisée des sculpteurs locaux.

L’originalité vient ici de l’emploi de ces figures sur des supports inédits, ou dans une configuration inhabituelle. On en repère ici deux: les rosaces étaient en général enserrées dans un ou deux cercles. Les franges du rideaux rappellent celles du cœur ornant les portki.

Bibliographie de l’article