AMAbiotics est une entreprise consacrée à la recherche. Si cette
brève affirmation se suffit à elle-même il n'est pas inutile
d'en préciser le contexte.
Le "grand public", dont par
définition nous faisons tous partie,
est motivé par deux choses, d'une part la curiosité — comme le
remarquait Rudyard Kipling l'homme est d'une insatiable curiosité
— et d'autre part la recherche du bien-être. Il n'y a nulle contradiction
entre les deux : la curiosité alimente la part de rêve qui nous
occupe tous, et elle permet de faire les découvertes qui contribuent
à notre bien-être.
C'est le raccourci qui fait croire qu'il suffit de vouloir pour
obtenir ce qu'on désire, qui conduit aux malentendus les plus
profonds qui troublent la plupart des sociétés humaines. Il ne
suffit pas de vouloir, parce que, par sa nature même, la découverte
est imprévisible.
S'il suffisait de vouloir, il n'y aurait rien à découvrir, mais
seulement à orienter le cours naturel des choses.
C'est ce qu'a compris Louis Pasteur, sans
avoir laissé de postérité, hélas : il convient de tenir
compte de la demande sociale, de la motivation de
chacun. Mais cela sans croire que cette motivation seule suffit
à la découverte. Elle sert simplement à choisir, parmi l'immensité
des pistes possibles, le champ de ce qui sera exploré par
la méthode scientifique, et c'est cela qui conduira à des
découvertes. 
C'est la motivation qui pose la question. Par exemple, on sait
que le vin vire à l'aigre, et que la bière tourne. Cela doit
nous interroger. Ne peut-on se saisir de cette question pour
chercher à comprendre ? Les vers à soie sont soudain atteints
d'une maladie qui conduit au chômage l'ensemble des ouvriers
de la filière de production de la soie au sud de la France. Le
gouvernement fait appel à Louis Pasteur, qui, en résolvant le
problème des maladies de la bière et du vin, avait fondé la microbiologie
moderne...
La motivation pose une question. Cette question conduit à une
recherche conceptuelle et expérimentale, exactement du type de
ce que fait, tout naturellement, la recherche académique.
Elle produit alors des découvertes.
Et le sort de ces découvertes
est de deux types. Elles servent de base à la création de la
connaissance générale du monde, qui édifie progressivement le
savoir de tous. Et elle conduit à des applications dont peut
se servir le monde industriel pour se développer en répondant
à de véritables questions sociales, tout en fournissant du travail
à la population. L'étude des maladies de la bière et du vin a
conduit aux procédés qu'on utilise encore de nos jours, en particulier
pour les différents types de fermentation de la bière, et dans
un grand nombre d'autres domaines.
C'est là le modèle qui nous inspire.
Nous partons de questions générales, et pour commencer nous
partons du mal-être des patients soumis à un traitement au long
cours — mais nous pourrons aussi être amenés à traiter des sols
ou des eaux, bien maltraités eux-aussi — et nous cherchons à
comprendre les altérations métaboliques associées à ces situations
difficiles et parfois insupportables. Cela nous permet de découvrir
des voies métaboliques nouvelles et de nouvelles interactions.
De cette connaissance, qu'il n'y a aucune raison que nous ne
rendions pas publique, nous pouvons dériver des applications,
qui sont l'objet d'une protection intellectuelle et du profit
nécessaire à l'existence de l'entreprise et des emplois qu'elle
crée.
Comme on le voit, ce modèle, gagnant pour tous, nous permet
un interaction harmonieuse entre le monde académique et le monde
industriel, chacun y trouvant son intérêt.
Ce modèle enfin, parce qu'il nous plonge directement dans la
demande sociale, nous pose dès son commencement les questions
éthiques, de sécurité et de sûreté, qui s'imposent à tous. Nous
sommes aussi, comme chacun, des membres du public général et
nous sommes concernés par les mêmes craintes. Et nous participons
ainsi à la veille intellectuelle trop souvent absente qui a conduit
à de nombreux malentendus à propos des technologies modernes
de la biologie, malentendus dont toute la société souffre déjà,
que ce soit dans son imaginaire, ou dans la mauvaise utilisation
de nos ressources communes, dont nous savons de plus en plus
combien elles sont limitées.