Le séquençage du texte des programmes génétiques, ces
instructions qui permettent la construction des
organismes vivant et leur vie quotidienne, permet de
comprendre la biologie de façon globale, intégrée. Mais
cela suppose reconstruire à partir de la connaissance
accumulée depuis un demi-siècle.
Pour savoir si l'on n'oublie rien d'essentiel, rien de
tel que penser à reconstruire l'objet qu'on souhaite
comprendre. Dans le cas du monde vivant cela a donné
naissance à deux disciplines complémentaires, la
biologie des systèmes, et la biologie synthétique. Nous
avons choisi de nommer cette association "biologie
symplectique" pour bien marquer qu'il s'agit d'une
approche révolutionnaire, et entièrement nouvelle. Le
mot choisi est le même, mais en Grec, que le mot bien
trop et mal banalisé "complexe".
AMAbiotics utilise cette approche d'ingénieur pour
explorer la complémentarité du métabolisme d'un
organisme (l'homme, dans nos premières études) et du
métabolisme de sa flore microbienne (dont le nombre des
cellules est dix fois supérieur au nombre des cellules
humaines). En bref, nous identifions des processus
essentiels (comme la synthèse des macromolécules, acides
nucléiques et protéines en particulier) où se posent des
questions d'ingénieur.

Nous avons ainsi découvert que les systèmes
d'import/export de métabolites dans la cellule
conduisaient souvent à des situations littéralement
explosives. Les transporteurs sont si efficaces que la
cellule peut être amenée à concentrer tel ou tel
métabolite au point d'exploser. Ce raisonnement nous a
permis de découvrir la raison d'être d'enzymes de
modification des métabolites accumulés à partir de
l'extérieur, et de la sécrétion de ces métabolites une
fois modifiés dans la cellule, par des protéines de la
membrane qui jouent le rôle de véritables soupapes de
sécurité.

Nous sommes confortés dans cette approche aujourd'hui
encore très originale par le fait que, si cette approche
avait été utilisée plus tôt, bien des déboires dans la
lutte contre les microbes pathogènes (mécanismes de
résistance aux antibiotiques), et surtout contre le
cancer (résistance aux anticancéreux), auraient été
évités. Cela aurait permis d'orienter des dizaines de
milliers de chercheurs vers d'autres travaux, infiniment
plus prometteurs que ce qu'ils ont cherché à comprendre.
Notre exploration du vieillissement, soit naturel, soit
résultant de traitements métaboliques au long cours,
utilise cette approche originale. Cela nous a permis
d'identifier toute une série de fonctions impliquées
dans le vieillissement, et de les relier au métabolisme
général de l'hôte, de sa flore, et de son alimentation.
Par ailleurs cette approche nous permet de développer
des collaborations suivies avec des laboratoires de
recherche en Europe et dans le monde, dans un domaine de
pointe, et marque la révolution biologique du XXIe
siècle.