Mon avis personnel sur les disques de Triptykon
- Triptykon - Eparistera Daimones (2010) ★ ★ ★ ★ ½
Celtic Frost est mort, légendaire groupe Suisse précurseur du métal
extrême, est mort en 2006, mais pas le son monstrueux qu'il avait
développé dans son dernier album, dont celui-ci (première proposition du
nouveau bébé de Thomas Fischer, le fondateur et leader de Celtic Frost)
est au fond une sorte de jumeau. On retrouve en effet telle quelle cette
chape de plomb de guitares grésillantes qui vous tombe dessus dès la
première piste pour ne (quasiment) jamais vous lâcher, ces tempos lents
et cette atmosphère complètement dépressive, et c'est à nouveau très
convaincant, les deux premières pistes Goetia et Abyss within
my soul (une dizaine de minutes chacune) plantant magnifiquement le
décor glaçant à souhait de ce nouvel opus. La suite nous proposera tout
de même un peu plus de variété, d'abord via un intermède bruitiste
dispensable puis un titre plus thrash (A thousand lies) que je
trouve personnellement nettement moins bon que le reste (à ce moment-là,
lors de ma première écoute, j'ai même craint que l'album ne gâche son
superbe départ), puis un peu plus loin avec des surprises qui ne sont
pas si loin de rappeler les jeunes années de Tom Fischer (l'improbable
intermède au piano de Myopic empire, qui suit sans transition un
passage ultra massif, est assez génial, et My pain offre une
respiration infiniment plus intéressante que celles proposées sur
Monotheist). Et puis, il y a cette dernière piste, The
prolonging. Et là, on touche le fond. Non, non, pas en termes de
qualité musicale, au contraire, il s'agit d'une litanie de 19 minutes
(oui, oui) qui ne vous lâche jamais, répétant ad nauseam les mêmes
paroles sur un fond hypnotique. Fascinant, le point d'orgue d'un album
qui réussit l'exploit d'être sûrement encore plus sombre que son
prédécesseur, mais surtout encore plus intéressant (encore quelques
petits défauts à gommer, ça reste notamment un peu long, mais on est pas
loin du chef-d'oeuvre).
- Triptykon - Melana chasmata (2014) ★ ★ ★ ★
Après avoir atteint ce qui semblait être un sommet de noirceur assez
indépassable avec son premier album, qu'allait bien pouvoir proposer
Triptykon pour le second ? La même chose, au risque de lasser (il parait
assez difficile d'aller encore plus loin dans ce style) ? Autre chose au
risque de ne pas réussir à atteindre la même intensité ? En fait, c'est
un peu des deux, on reste globalement dans le même univers (non, ça ne
va pas être très joyeux encore une fois), mais avec des tentatives pour
s'appuyer sur des riffs plus clairement thrash (sur Breathing) ou
même pas spécialement lents et dépressifs (l'intro presque bluesy de
Boleskine house). C'est surtout palpable dans la première moitié
du disque, et je dois avouer avoir été un peu déçu, car même si ça reste
intéressant, j'ai trouvé les premières pistes globalement moins
accrocheuses que celles de l'album précédent. Heureusement, le groupe
nous réserve une fin d'album à nouveau extrêmement pesante,
l'enchaînement In the sleep of death/Black snow étant même
particulièrement énorme et réussi. Et puis, au beau milieu de tout ça,
il y a Aurorae et son ambiance indescriptible que je trouve
vraiment génial. Comme d'habitude avec Fischer, on a aussi droit à
quelques apparitions de voix féminine qui ajoutent à la richesse de
l'ensemble (l'hypnotique Waiting conclusif). Finalement, même si
ce disque est peut-être moins maîtrisé et terrassant que leur premier
(ou même que le Monotheist de Celtic Frost qui les a
précédés), ça reste de la très belle ouvrage.