Mon avis personnel sur les disques de Tool
- Tool - Undertow (1993) ★ ★ ½
Je me lance dans l'écoute d'un groupe controversé, dont l'étiquette
"metal expérimental" me laisse a priori plutôt perplexe. Mais bon, il y
a un paquet de fans dythirambiques et au moins, il y aura peu d'albums à
écouter, que j'accroche ou non ! Concernant cette première proposition,
je suis assez circonspect. Assez clairement, je n'aime pas la voix du
chanteur (je ne saurai pas dire exactement pourquoi d'ailleurs, je me
demande si ce ne sont pas les lignes mélodiques, ou plutôt pas
mélodiques du tout justement, du chant qui me posent problème). Tout
aussi clairement, j'aime bien par contre ce que font les instrumentistes
(guitares assez massives, un son très froid et souvent assez urbain, des
motifs pas très mélodiques non plus aux rythmes très hachés, on n'est
pas loin de RATM quelque part, même si c'est beaucoup moins
direct et rentre-dedans quand même). Mais l'ensemble me laisse un
sentiment assez mitigé, aucun titre ne me faisant vraiment sauter au
plafond (mon préféré est probablement Bottom, malgré le break
pénible au milieu), et aucun ne me semblant franchement désagréable
malgré quelques bizarreries que je trouve plus agaçantes qu'autre chose
(on sent que ces gusses là n'ont pas envie de faire la même musique que
M. Tout le monde, même si sur cet album on reste dans des choses assez
standard, mais certains éléments semblent placés là uniquement pour
faire dans le bizarre, comme l'intro de 4° par exemple).
Bizarrement, toutefois, je ne trouve pas complètement insupportable les
premières minutes de Disgustipated, qui devraient pourtant me
donner envie de jeter le CD par la fenêtre si je n'écoutais pas en
dématérialisé (bon, par contre, quasiment 10 minutes de bruit blanc pour
finir l'album, là c'est vraiment du foutage de gueule !). Finalement, un
disque indiscutablement très intéressant, mais qui ne me donne pas plus
envie que ça de le réécouter régulièrement.
- Tool - Ænima (1996) ☆
Le premier album du groupe m'avait laissé relativement indifférent, mais
avait un potentiel de bizarrerie qui laissait envisager que je puisse
être au choix très emballé ou très agacé par le suivant. Assez
clairement, c'est la deuxième option qui a prévalu. Les premières pistes
m'ont laissé à peu près sur la même impression que Undertow, à
savoir de la musique assez inutilement sophistiquée (les sons de
guitares de Eulogy, l'intro de Stinkfist) mais pas
désagréable, qui me laisse toutefois fortement sur ma faim car j'ai
l'impression que ça ne décolle jamais vraiment (j'ai encore une fois eu,
notamment sur la première chanson, l'impression d'entendre une espèce de
RATM plus délayé et intellectualisé, sans le côté directement
percutant). Puis, Forty six & 2 m'a même plutôt agréablement
surpris, et j'ai cru un instant que ça décollait vraiment et que
j'allais passer un bon moment avec la fin de l'album (enfin, ça c'était
l'espoir de la première écoute...). Grosse douche froide ensuite, non
seulement il n'y a plus un seul titre valable au niveau des "vraies"
chansons, mais en plus le côté conceptuel prétentieux du groupe prend le
dessus avec des pistes intermédiaires complètement gratuitement fumeuses
(sérieusement, Cesàro summability comme titre d'une piste où on
entend un bébé beugler puis des bruitages inaudibles ? Ok, ça attire
l'oeil du matheux que je suis, mais c'est vraiment d'un ridicule absolu,
le pire étant qu'il y a des gens pour essayer de vraiment aller déterrer
un sens profond derrière ça, les membres du groupe doivent bien se
marrer dans leur coin...), et là pour le coup le disque rejoint la
catégorie "à fuir absolument". D'ailleurs, tout ça se conclut presque
logiquement par une piste de 13 minutes alignant les effets pédants et
se concluant de façon insupportable... Je n'étais pas sûr de vouloir
réécouter leur premier album, celui-ci, pour le coup, je suis tout à
fait certain de ne plus vouloir l'entendre.
Tool - Lateralus (2001) ★ ★
Vu ma déconvenue avec leur album précédent, c'est avec une certaine
appréhension que j'ai enchaîné sur le troisième disque de Tool. Bonne
nouvelle, celui-ci ne m'a pas agacé comme Aenima, il faut dire
que le groupe a fait un effort en se contentant d'une piste finale d'un
peu moins de trois minutes incompréhensible, le reste se concentrant sur
un contenu qu'on peut qualifier de musical. Bon, de la musique certes à
nulle autre pareille, tant ils mélangent tout et n'importe quoi
(percussion tribale, passages planants, chant tour à tour doux et
hurlé). On ne sait jamais trop où ils vont essayer de nous transporter,
mais je dois bien avouer une fois de plus que, si je trouve tout ça très
écoutable, je ne décolle guère de mon canapé. Là où beaucoup vivent
l'écoute de l'album comme un trip émotionnel inoubliable, je navigue en
ce qui me concerne entre un réel intérêt (The Patient ou
Schism arrivent vraiment à créer une atmosphère surprenante), une
certaine incompréhension (assez rare toutefois, il n'y a que Ticks &
Leeches qui me semble franchement ratée) et, la plupart du temps,
une sorte de bercement hypnotique qui finit par se transformer en ennui
poli (à partir de la deuxième moitié de la chanson-titre, l'album tire
horriblement en longueur, une piste comme Reflection étalée sur
11 minutes c'est au moins deux fois trop à mon goût). Pas totalement
mauvais donc, mais loin d'être brillant. Ma réputation de bourrin
primaire ne va pas en ressortir grandie (ou plutôt si, justement), mais
je prends mille fois plus mon pied en écoutant Amon Amarth (NdRoupoil : mes
critiques des albums de ce denrier groupe ont été tapées en parallèle de
celles de Tool).
Tool - 10000 days (2006) ★
Je ne vais pas être très poli ce soir, Tool est définitivement un groupe
qui m'emmerde. Au sens propre d'abord : sur cet album-ci, on a bien sûr
droit à une piste conclusive complètement absconse, comme si c'était une
sorte d'obligation morale de la part du groupe (et celle-là vaut
vraiment son pesant de cacahuètes dans le genre délire fumeux même pas
drôle), à un interlude risible, et à quelques plages où le côté mystique
hypnotique se transforme bien vite en ennui profond (dommage, en général
ces plages durent très longtemps, comme l'(inter)minable Rosetta
stoned). Au sens figuré ensuite, car je ne sais toujours pas
vraiment quoi penser de leur posture. Il y a de bonnes choses
disséminées ici et là, comme sur leur disque précédent (ici, j'aime bien
la progression de Right in two, et le côté hypnotique fonctionne
bien sur la chanson titre par exemple), une qualité d'exécution
évidente, mais aussi, encore et toujours, cette insupportable manie de
faire différent simplement pour faire différent, de trouver des
sonorités inhabituelles voire même franchement désagréables (Lost
keys, pour moi, c'est à peu près inécoutable), de la jouer inspiré
en proposant des trips minimalistes où il ne se passe en fait
strictement rien, bref de donner infiniment plus d'importance à l'effet
lui-même qu'à son sens musical. Au final, dans la mesure où le chant
m'intéresse toujours aussi peu et où je ne trouve jamais de chanson qui
me fasse vraiment un effet monstrueux sur leurs disques, c'est ce côté
poseur et prétentieux qui me reste le plus en tête, malheureusement...
Tool - Fear Inoculum (2019) ★ ★ ★ ★
Autant le dire très franchement, avant d'écouter le dernier disque en
date de Tool, mon a priori était plus qu'ultra négatif. En plus de ne
jamais vraiment être entré dans les albums précédents, j'ai eu le
malheur d'apprendre via mes lectures sur le web que le groupe avait
vendu celui-ci sous forme physique uniquement en édition limitée avec
bonus risibles (un système audio-video inséré dans le boîtier pour
permettre la diffusion d'un clip) et à un prix complètement gerbant.
Bref, ces gars sont quand même des ordures assez gratinées ("eh, nous on
fait de la vraie musique conceptuelle coco, alors tu vas raquer sévère
pour nous ok ?"). Mais, je suis bien obligé de l'admettre, j'ai trouvé
l'album très bon... Ben oui, cette fois-ci, enfin, je suis rentré dans
les atmosphères très hypnotiques concoctées par le groupe, je n'ai pas
été trop gêné par la voix (il est vrai peu présente, beaucoup de longs
développements instrumentaux), j'ai même franchement aimé les motifs
rythmiques répétés inlassablement (presque à la Opeth) et les
progressions dynamiques des longs titres proposés, et encore mieux, j'ai
trouvé certains moments réellement très inspirés (l'intro magique de la
piste titre, la fin de Pneuma). Non, franchement, malgré quelques
longueurs dispensables et (dans la version numérique) la présence
d'intermèdes à zapper de toute urgence pour ne pas gâcher la fête, j'ai
passé un fort bon moment à écouter de la bonne musique (pas très metal
d'ailleurs, mais peu importe). Bon, il sort quand le prochain album de
ces abrutis, en 2050 ?