Mon avis personnel sur les disques de Stratovarius
- Stratovarius - Fright night (1989) ★ ★ ★
Pour ceux qui ne le sauraient pas, Stratovarius est l'un des ces groupes
de metal "symphonique" (comprendre : avec plein de claviers de mauvais
goût) venus du Nord qui proposent un metal très mélodique, volontiers
épique ou au contraire bien crémeux, et qui n'hésitent pas à rajouter
une bonne dose de guimauve pour faire passer les choses. De toute façon,
si vous vous voulez mesurer votre perméabilité au groupe, testez donc le
début de My eternal dream (première piste tirée de leur dernier
album) et, selon l'endroit où vous positionnerez votre curseur entre
"génialement épique" et "horriblement pompier", vous saurez à quoi vous
en tenir. Mais revenons pour l'instant une trentaine d'années en
arrière, avec les débuts nettement moins pyrotechniques du groupe. À
l'écoute de ce Fright night, on a l'impression d'entendre le devoir de
fin d'études bien appliqué d'étudiants en école de musique qui se
lancent dans le grand bain (ce qui est de fait à peu près le cas des
finlandais à l'époque). Mais assez curieusement, ça n'a pas du tout un
esprit metal (ce n'est pas le machin enregistré dans un garage avec soli
approximatifs), on aurait plutôt la sensation d'entendre des musiciens
classiques qui voudraient soudain faire autre chose et tenter du metal :
c'est assez épuré (de ce point de vue, on est vraiment loin de la future
musique du groupe !), l'utilisation de gammes ou autre motifs n'est
vraiment pas conforme à ce qu'on entend habituellement dans le genre, et
on a même droit en guise de Goodbye à un instrumental qui sonne
carrément médiéval. Amusant, et même si c'est un peu trop lisse, j'avoue
passer un très bon moment à écouter ce machin (le chant sur Future
shock, la cavalcade de Witch hunt, le refrain de Fright
night, ça passe très bien). Clairement pas un chef-d'oeuvre, mais un
début prometteur.
- Stratovarius : Twilight time (1992) ★ ★ ★
Après un premier album assez surprenant, Stratovarius change de cap avec
un deuxième disque qui annonce beaucoup plus clairement ce que fera le
groupe par la suite : son beaucoup plus heavy, mais surtout un metal
très mélodique avec des claviers qui ne s'imposent pas encore totalement
mais qui font tout de même des apparitions remarquées et même quelques
bruitages d'un goût pas toujours excellent (la combinaison des
grincements stridents et du synthé "fantômatique" en intro de Madness
strikes at midnight, c'est vraiment kitsch), tout pour me plaire. Et
de fait, le Break the ice qui ouvre l'album est très réussi, ça
se répète beaucoup mais c'est c'est assez irrésistible, avec même un
break assez inspiré en cours de route. La suite sera tout de même très
inégale, des hauts (Madness strikes at midnight avec sa belle
utilisation du registre grave des claviers et son refrain tellement
efficace qu'on l'entend au moins cinquante fois), des titres power trop
basiques pour vraiment marquer (The hands of time et sa batterie
insipide, le joyeux Out of the shadows), et un instrumental de 2
minutes qui essaye de claquer mais qui finit dans le mur faute
d'intentions claires. Mais surtout, le disque s'achève en apothéose avec
Lead us into the light. Dès les premières mesures on craint le
pire : tempo très retenu, tchac poum béats de la batterie et motifs de
violons synthétiques, ça sent fort la ballade FM sirupeuse en diable. Eh
bien on a raison puisque c'est exactement ça, mais fait avec une telle
envie sincère d'émouvoir l'auditeur indulgent que ça passe crème (avec
supplément chantilly). À l'image d'un album que je ne peux m'empêcher
d'apprécier malgré ses gros défauts, même si je ne le conseillerais qu'à
ceux qui apprécient déjà fortement le genre à la base.
- Stratovarius - Dreamscape (1992) ★ ★
Après deux premiers albums très différents mais tous les deux
prometteurs, Stratovarius semble prêt à passer à l'étape supérieure avec
cette troisième proposition : pas moins de 14 chansons, des ambiances
très variées, sur le papier c'est intéressant. À l'écoute, hélas, c'est
plutôt la déception qui l'emporte. Déjà, les aléas de l'écoute sur
deezer font que j'ai du faire pour cet album avec une version
"d'origine" quand j'avais très certainement eu une version remastérisée
pour le précédent, car la qualité sonore est très moyenne (les guitares
sonnent brouillon et assez grises, c'est bizarre, en tout cas sur
certains titres c'est vraiment pas très beau). Mais surtout, après un
début de disque plutôt sympathique (Chasing shadows a un refrain
efficace même si beaucoup trop répété, 4th reich et son ambiance
oppressante intrigue, et Eyes of the world est vraiment sympa
même si on tombe un peu dans la facilité), le groupe expérimente à tout
va et ne convainc que trop rarement : Magic carpet ne ressemble à
rien, les titres Thin ice et Atlantis sont certes
intéressants mais quand même franchement bizarres, et les chansons plus
classiques ne provoquent aucune étincelle (la ballade Tears of
ice tombe encore dans la caricature avec ses ajouts de flûte, les
quelques titres speed comme We are the future) sont tout
bonnement quelconques). Le tout s'achève avec un Wings of
tomorrow aux cuivres synthétiques datés et au refrain pop vraiment
mauvais, probablement la piste de trop qui fait vraiment pencher la
bascule du mauvais côté. Dommage, les finlandais ont des choses à dire,
mais ont probablement voulu en mettre trop dans ce disque-là, même si
tout n'est pas à jeter.
- Stratovarius - Fourth Dimension (1995) ★ ★ ★ ★
Pour ce quatrième opus au titre subtil et à la pochette, euh, datée, les
finlandais ont changé de chanteur (le nouveau venu est une sorte de
caricature du chanteur de speed à la voix bien claire qui peut
facilement monter dans l'aigu, mais en même temps il assure tout à fait
correctement) mais ont surtout laissé tomber les expérimentations
diverses et parfois difficiles à suivre de leur précédent album. Les
deux premières pistes Against the wind et Distant skies
l'affichent haut et fort : maintenant on fait vraiment du bon vieux
speed à tendance héroïque, avec refrain un peu facile mais tellement
entraînant que personne ne peut y résister. Pas moi en tout cas, puisque
de fait j'accroche à fond sur ces deux titres. Il y aura ensuite des
choses moins réussies, mais toujours intéressantes (bon ok, l'intro
kitsch de Galaxies est d'un goût discutable, mais le reste de la
chanson est franchement sympa ; et puis j'aime beaucoup le curieux
030366 avec son ambiance quasiment indus qui semble déplacée sur
un disque de ce type). Dans la deuxième moitié de l'album, le groupe
essaye de varier un peu les sonorités : de la flûte sur Nightfall
(un peu cliché tout ça) et des claviers qui semblent faire une obsession
sur le mode clavecin, c'est assez amusant même si Twilight
symphony (qui contient par ailleurs un peu de vrais violons) frise
le trop plein. Finalement, c'est probablement quand ils essaient de
rester le plus classiques possible que les finlandais s'en sortent le
mieux mais l'album dans son ensemble est quand même assez irrésistible à
mon goût.
- Stratovarius - Episode (1996) ★ ★ ★ ★
Avec ce cinquième album, on rentre vraiment de plain pied dans la
période "classique" de Stratovarius. Le nouveau chanteur est maintenant
bien installé, mais surtout la production est nettement plus propre (et
clinquante, il faut bien l'avouer) qu'auparavant, et le style speed
mélodique avec une bonne dose de mauvais goût complètement assumé. Les
plus allergiques seront donc complètement horripilés par les tics
parfois énervants (entre autres l'utilisation du synthé clavecin
caractéristique du groupe, l'instrumental Stratosphere est
franchement à la limite du n'importe quoi, et l'intrusion assez
incongrue d'une citation de Bach dans Will the sun rise ? de
trop), et probablement terrifiés par la ballade Forever qui
conclu l'album (ah, ces violons dégoulinants ! Même pour moi c'est un
peu too much !). Les fans, au contraire, se réjouiront d'une première
moitié d'album vraiment excellente (les très speed Father time et
Speed of light, et l'assez décousue mais vraiment attachante
Eternity). La fin n'est pas tout à fait au niveau, les pistes
Babylon (avec, on s'en serait douté, un peu plus que quelque
touches d'orientalisme de bazar) et Night time eclipse ne
justifiant pas vraiment leur assez longue durée (plus de sept minutes).
Dans l'ensemble, ça reste quand même un classique du genre tout à fait
appréciable.
- Stratovarius - Visions (1997) ★ ★ ★ ★
Stratovarius avait atteint une sorte de vitesse de croisière avec son
précédent essai Episode, il confirme avec ce nouvel album assez
unanimement considéré comme son plus grand classique. Je suis assez
d'accord avec cet avis, mais avec quelques réserves. Oui, il s'agit d'un
disque assez imparable pour qui apprécie ce metal speed très mélodique
(et, bien entendu, supporte le clavecin si cher à nos finlandais), qui a
par rapport au précédent l'énorme avantage d'être extrêmement homogène :
aucune piste vraiment faible, une belle alternance entre titres rapides
qui lorgnent toujours un peu trop sur la virtuosité gratuite (Forever
free dont la fin est un peu lourdingue), chansons plus calmes mais
aux ambiances travaillés (le réussi Kiss of Judas qui ouvre
l'album), les inévitables ballades (Before the winter et
Coming home, toutes les deux réussies pour qui supporte la
guimauve), l'instrumental de rigueur (pour le coup, niveau virtuosité et
clavecin, on est servis) et même une piste finale éponyme beaucoup plus
ambitieuse que de coutume, dix minutes de délire sur les prédictions de
Nostradamus, c'est intéressant à défaut d'être tout le temps génial.
Non, vraiment, tout ça fait un excellent album sur lequel on peut
difficilement cracher, et pourtant, quelque part, c'est trop lisse, trop
"facile" (Black diamond, un des tubes absolus du groupe, me
semble relativement peu intéressante à cause de ce côté franchement
prévisible, et puis singer Bach au clavecin en intro et en conclusion,
désolé, ça ne suffit pas à m'impressionner), il manque probablement un
titre qui surprenne vraiment pour monter au-dessus de la catégorie
"album très recommandable". Je laisse quand même quatre étoiles pour la
qualité globale (et homogène, encore une fois) des titres proposés, mais
je crois que je préfère légèrement le disque précédent.
- Stratovarius - Eternity (1998) ★ ★ ★ ★
Probablement mon album préféré de la grande période du groupe. On est
dans la même lignée que les deux précédents, malgré un ton globalement
moins enjoué, ce qui se traduit notamment par une présence encore plus
grande que d'habitude de morceaux lents (l'excellent 4000 rainy
days, les moins mémorables Years go by et Venus in the
morning, qui sauvent les meubles avec un peu de piano pour la
première et d'orchestrations pour la seconde). On a tout de même droit à
quelques titres speed comme il faut (No turning back, où le
chanteur semble dangereusement proche du plantage quand il part dans
l'aigu, c'est d'ailleurs encore plus manifeste sur les titres live de la
même époque où on est souvent sur le fil du rasoir, ou le très
sympathique Playing with fire). Mais les deux morceaux de
bravoure du disque, ce sont les longues fresques qui ouvrent et
clôturent l'album, Destiny avec sa très belle utilisation de
choeurs angéliques (si, si, c'est possible), et Anthem of the
world, qui donne plus dans l'épique et confirme que Stratovarius se
dirige de plus en plus clairement vers un metal orchestral. Même pas un
seul instrumental, et le clavecin qui se fait rare, le résultat est
peut-être un peu moins personnel mais quand même encore une fois
sacrément maîtrisé.
- Stratovarius - Infinite (2000) ★ ½
Après trois albums consécutifs particulièrement solides, Stratovarius
semblait avoir trouvé la recette qui lui permettait d'assurer le succès
à chaque coup. Et pourtant, comme ça arrive parfois sans qu'on puisse
réellement expliquer pourquoi, ici, la recette pourtant pas franchement
renouvelée accouche d'un plat sans saveur franchement décevant. En fait
on a l'impression que, l'inspiration en berne, le groupe force en
permanence pour accrocher l'intérêt de l'auditeur (Freedom, on se
croirait dans un générique d'anime lambda), sans réellement y parvenir.
L'album démarre pourtant correctement, Hunting high and low
(malgré un son assez électro qui me plait moyennement) et
Millenium disposent de refrains efficaces et font le job, comme
on dit. Mais ça se gâte terriblement avec Mother Gaia, espèce de
ballade de huit minutes complètement destructurée qui démarre sur fond
de piano sans âme, et termine avec des envolées de violons synthétiques
qui font très "mauvaise musique de film des années 70". L'autre morceau
long du disque, la chanson titre, fait à peine mieux en tournant trop
souvent à vide. En fait, ce sont les titres les plus classiques qui
sauvent l'album de la déroute (A Million light years away) si on
oublie les solos gratuitement virtuoses. Mais l'ensemble reste vraiment
médiocre en comparaison des précédents disques du groupe.
- Stratovarius - Elements Pt. I (2003) ★ ★ ★
Ceux qui avaient aimé la pochette de l'album précédent devraient
logiquement adorer celle-là. De toute façon, c'est bien simple, avec ce
nouvel album (qui n'est que la première partie d'une espèce de concept
autour des quatre éléments), Stratovarius, se sentant probablement
menacé sur son terrain de prédilection par une quantité de groupes qui
montent (faut dire que leur précédente tentative était vraiment en
retrait) décide de réagir en en faisant des tonnes, en rajoutant dans
tous les domaines : un vrai orchestre symphonique pour les accompagner
(à part dans l'épique et assez sympathique Elements, il est
relativement mal employé, il faut bien le dire), un instrumental
(Stratofortress) encore plus délirant de virtuosité gratuite qu'à
l'habitude (j'avoue beaucoup aimer), un break d'accordéon improbable sur
Fantasia (là, par contre, désolé, mais c'est vraiment
complètement décousu, un gros ratage), une ballade lacrymale sur fond de
bruits de vagues pour conclure l'album (A drop in the ocean),
finalement les titres speed "standard" sont presque noyés dans ce
déferlement de mauvais goût (Eagleheart qui ouvre l'album est
réussie, mais Learning to fly est franchement pénible (Kotipelto
devient de plus en plus horripilant quand il part dans l'aigu). Oh, mais
j'allais presque oublier de signaler la cerise sur le gâteau,
l'extraordinaire Papillon : intro avec petit braillard en voix de
tête sur fond de clavecin, orchestre mielleux, à l'image du chant qui
pèse des tonnes, c'est vraiment du concentré de sirop à la guimauve en
barres. J'en suis moi-même assez désolé tellement c'est indéfendable
mais j'adore. À l'image d'un album qui creuse très profondément la
caricature d'un style déjà peu subtil, mais que je prends quand même un
malin plaisir à écouter (bon, pas tout, quand même...).
- Stratovarius - Elements, Pt. II (2003) ★ ★ ½
En écoutant la deuxième partie du projet de Stratovarius centré sur les
éléments (et sorti à peine quelques mois après le premier disque), on se
pose une question un peu gênante : pourquoi avoir fait ce deuxième
disque ? Là où le premier avait le mérite (discutable certes) d'en
rajouter des tonnes avec ses orchestrations sirupeuses, le deuxième
volet revient à quelque chose de beaucoup plus classique pour le groupe
(l'orchestre ne sert objectivement à peu près à rien), tout en se
restreignant pas mal sur les titres speed (on a droit à pas moins de
trois ballades, et il faut bien avouer qu'on tombe bien bien bas de ce
côté là, Liberty et surtout Luminous sont vraiment des
bouses infâmes). On a quand même droit à quelques belles réussites
(Alpha & Omega qui ouvre l'album après avoir repris les bruits de
vagues clôturant le précédent histoire de créer un lien complètement
artificiel, Awaken the giant et son côté bourrin sans complexe
qui me plait), et à des caractéristiques habituelles pour le groupe (le
clavecin virevoltant sur Know the difference est plutôt rigolo,
le chant poussif dans l'aigu sur le même titre beaucoup moins). Un album
qui reste largement écoutable mais assez anecdotique.
- Stratovarius - Stratovarius (2005) ★ ★
Les hasards de ma programmation font que j'enchaîne avec un disque qui a
un certain nombre de points communs avec le Turbo de Judas
Priest (dont la critique a été tapée la veille de celle-ci,
NdRoupoil) : des claviers horriblement datés (les synthés ont toujours
joué un rôle important chez Strato, mais quand même, l'intro de
l'horripilante Maniac Dance qui inaugure ce disque fait mal aux
oreilles avec ces bip-bips façon jeux vidéo 8 bits), et surtout un
changement de cap inattendu qui renie complètement l'ADN musical du
groupe. Il faut dire que cet album de 2005 a été enfanté dans la
douleur, après deux ans de déchirements au sein du groupe, et qu'il sera
d'ailleurs le dernier avec Timo Tolkki (quasiment unique compositeur
depuis la création de Stratovarius) à la barre. Mais le choix de laisser
tomber les orchestrations, les titres speed héroïques et même les
ballades sirupeuses (The land of ice and snow joue plutôt la
carte pseudo folklorique avec r roulés et flûtiaux en accompagnement, un
titre assez mignon à mon avis) qui ont fait tout le succès du groupe est
quand même très surprenant, surtout sur un album éponyme dont la
pochette arbore uniquement le logo du groupe. On a donc ici droit à des
titres globalement nettement plus heavy, au tempo modéré, teintés donc
(surtout en début d'album) de sons électroniques très dispensables.
L'ensemble n'est pas franchement mauvais, même si les quelques
expérimentations laissent plutôt perplexe (Back to madness avec
son chanteur lyrique et son texte lu à la fin, United qui termine
quand même dans la grosse guimauve avec choeur nunuche et trompette),
mais semble quand même légèrement à côté de la plaque dans la
discographie du groupe.
- Stratovarius - Polaris (2009) ★ ★
On pouvait craindre que le départ du fondateur Timo Tolkki et les années
de tension n'aient tout simplement raison de l'existence même de
Stratovarius, mais pas du tout, les membres restants du groupe ont
recruté, ont presque tous contribué à composer les titres d'un nouvel
album, et annoncent la couleur dès la pochette : on revient à du Strato
bien coloré et spectaculaire, quitte à tomber dans le kitsch. Et en
effet, on retrouve les titres speed (Forever, très classique mais
très bien), les refrains mélodiques joyeusement chantés en choeur,
beaucoup de synthés qui font mal aux oreilles (dès l'introduction de
Deep unknown) et du clavecin réminiscent de Bach (l'intro de
Blind), sans compter un poil de violons synthétiques par-dessus
(poil qui se transforme en baobab sur l'improbable When mountains
fall qui conclut l'album et qui est assez désarmant de mièvrerie).
En fait, l'album compile tous les clichés du genre habituellement
pratiqué par Stratovarius, mais avec quelques maladresses de composition
(lignes vocales souvent mal fichues) qui font plutôt penser qu'on est en
train d'écouter un groupe débutant essayant de singer son modèle (ce
qui, quelque part, est effectivement le cas, sauf que le groupe qui
singe est le même que le groupe singé !). Tout ça n'est ni vraiment
convaincant, ni franchement raté, mais laisse en tout cas de l'espoir
pour les futurs albums du groupe.
- Stratovarius - Elysium (2011) ★ ★ ★ ½
Après un premier album "sans Timo" (enfin, sans Timo le compositeur
guitariste, l'autre Timo, le chanteur, est toujours là) qui manquait
d'assurance mais affirmait résolument un retour aux sources du speed
mélodique, Strato confirme largement avec ce premier album sorti dans
les années 2010. Encore une fois, absolument rien de révolutionnaire, on
se base sur une recette largement éprouvée avec tempi rapides (on a
quand même droit à la ballade de rigueur, Move the mountain et
son piano dans une atmosphère folk gentillette), du refrain choral
quasiment systématique, et surtout du clavier très très présent (les
touches orchestrales le sont par contre beaucoup moins). Pas tellement
de clavecineries néoclassiques de ce côté, plutôt une vraie sonorité
d'ensemble électro kitsch qui passe curieusement très bien. Et le tout
se termine avec une très ambitieuse chanson titre de 18 minutes qui
arrive à tenir la route sans toutefois complètement impressionner. C'est
un peu le problème général de l'album d'ailleurs : tout est très bien et
s'écoute avec plaisir, mais il manque un titre un peu plus accrocheur
qui permettrait de ne pas oublier trop vite ce qu'on a entendu (allez,
j'aime quand même beaucoup Lifetime in a moment avec son intro
façon choeurs grégoriens et son riff qui ne vous lâche pas). On n'est
pas peut-être pas encore remontés au niveau des meilleurs albums du
groupe, mais franchement, c'est déjà du très très solide.
- Stratovarius - Nemesis (2013) ★ ★ ★
Révolution totale chez Stratovarius : alors que depuis toujours ils
proposaient pour leurs albums des pochettes ultra-kitsch avec forte
dominante de couleurs froides, voilà qu'ils passent soudain aux couleurs
chaudes (mais en donnant toujours dans l'ultra kitsch, faut pas trop en
demander non plus) ! Faut-il y voir un signe de renouvellement musical ?
Pas franchement non, même si les claviers se fendent d'un peu plus de
variété et d'originalité que d'habitude (les bruitages de Halcyion
days ou de Dragons, avec la volonté de créer une curieuse
ambiance épique pseudo futuriste, font assez mal), on reste dans un
registre hyper balisé pour le groupe, avec intro du disque qui tape
volontiers dans le grandiose (Abandon, moi j'adore), nombreux
titres speed aux refrains accrocheurs mais déjà entendus des centaines
de fois, quelques fautes de goût en cours de route (le break
atmosphérique de One must fall, la modulation au demi-ton
supérieur honteuse de Dragons), et la ballade de rigueur If
the story is over qui fait son petit effet même si elle épuise là
aussi des recettes franchement éculées. En fait, si on veut être
objectif avec ce genre d'albums, on ne peut pas nier que c'est beaucoup
trop facile pour prétendre être un chef-d'oeuvre, et en même temps le
groupe nous joue ça avec un enthousiasme communicatif (et un son énorme,
comme toujours chez eux) qui emporte l'adhésion. Sans être le moins du
monde révolutionnaire, ça s'écoute vraiment tout seul pour qui aime le
genre.
- Stratovarius - Eternal (2015) ★ ★ ★ ★
Encore une longue discographie qui s'achève avec le dernier véritable
album en date de Strato (depuis 2015, ils n'ont sorti qu'une misérable
compilation). En trente ans et une quinzaine de disque, le groupe sera
finalement resté très fidèle à son metal très mélodique et haut en
couleurs, n'atteignant jamais véritablement un niveau exceptionnel (de
toute façon, je persiste à penser que c'est un groupe qui s'adresse aux
fans du genre et pas aux autres), mais en ne proposant presque pas non
plus d'album réellement décevant. Cette dernière offrande est à l'image
des deux précédentes, du pur Stratovarius hyper enthousiaste mais bien
calibré, ça va souvent (très) vite, les refrains sont imparables, et on
passe un très bon moment sans se prendre la tête. Je le préfère même à
ses prédécesseurs car il en rajoute une couche avec un caractère épique
bien affirmé et ça marche toujours avec moi : The Lost saga qui
conclut l'album est une longue fresque qui ne fait absolument pas dans
la subtilité mais qui marche très bien, et surtout le titre d'ouverture
My eternal dream est absolument énorme avec ses claviers
symphoniques déchaînés. Le reste est trop classique mais bien fichu,
avec une mention particulière pour Man in the mirror qui tente de
sortir des sentiers battus et s'en sort assez bien.
- Stratovarius - Survive (2022) ★
En faisant mon petit tour des albums sortis en 2022, j'avais raté la
résurrection de Stratovarius, pourtant relativement inattendue sept ans
après leur dernier disque. Il faut dire qu'après plus de 30 ans de
carrière et quinze albums au compteur, les finlandais sont désormais des
dinosaures du speed mélodique, mais leur précédent effort Eternal
m'avait plus qu'agréablement surpris par son souffle épique et son
inspiration. Le nouveau-venu jouissant d'un avis assez unanimement
positif chez les amateurs du genre, j'étais donc confiant sur la qualité
de la musique proposée. Eh ben douche froide assez claire. Ce n'est même
pas tant que le disque soit mauvais, mais il part avec une insstance
désespérante dans une direction qui me déplaît fortement, en
l'occurrence celle d'une musique ultra consensuelle et accessible, avec
mélodies crémeuses en permanence, un son "électro moderne passe-partout"
gonflant (une évolution malheureusement assez prévisible vu ce que
proposait déjà le groupe auparavant, mais là c'est vraiment pire),
surtout quand les claviers prennent le dessus, et surtout des lignes
vocales complètement pop sur tous les morceaux, et ça c'est
impardonnable (sans compter les nombreux effets complètement inutiles
sur la voix). On a même droit à quelques expérimentations franchement
ridicules (l'intro dance de We are not alone). Restent quand même
des refrains efficaces (celui beaucoup trop répété de Firefly, le
côté irrésistible de Before the fall) et plus globalement une
inspiration mélodique toujours présente, mais quelle idée de la mettre
au service d'une soupe à peine digne d'être écoutée à la radio en
corrigeant ses copies ? J'avoue avoir une certaine crainte à me remettre
les albums plus anciens du groupe, de peur de ne rendre compte que je
les ai complètement surestimés il y a quelques mois dans l'élan de la
découverte pas-à-pas de leur discographie (mais bon, j'ai réécouté
Eternal et y a vraiment pas photo, donc c'est probablement infondé).