Mon avis personnel sur les disques d'Overkill
- Overkill - Feel the fire (1985) ★ ★ ★
Dans la catégorie des groupes à la discographie à rallonge, Overkill se
pose là : pas moins de 21 albums studio (dont un de reprises) en une
quarantaine d'années d'existence, et apparemment sans dévier beaucoup du
style thrash de leurs débuts. Pourtant, si le groupe est souvent cité
par les amateurs du genre, c'est souvent en tant qu'outsider, venant un
peu après les grands noms (notamment ceux du fameux Big Four), peut-être
parce que le groupe est considéré comme une bande de suiveurs très
efficaces mais qui n'ont jamais révolutionné le genre (en metal comme en
classique, la palme est souvent donnée aux pionniers). Sur ce premier
effort, on a en tout cas droit à un thrash effectivement assez standard
mais quand même sacrément énergique et galopant, bien servi par un
chanteur très "dickinsonien" et une patate à toute épreuve. Certes ça
manque d'imagination au niveau des riffs (qui sont souvent un peu trop
répétés également), mais ça avance et c'est globalement bien efficace
(la chanson titre notamment). Le plus gros point noir en fait, c'est la
production datée (ça sent bien son époque et le manque de moyens), mais
au niveau du contenu, on est par exemple largement au-dessus de ce que
proposait le premier album de Megadeth la même année.
Encourageant pour la suite.
- Overkill - Taking over (1987) ★ ★ ★
Deuxième album pour Overkill, et comme son titre l'indique, on prend
tranquillement la suite du premier sans en changer la recette. Le groupe
n'a clairement pas embauché un graphiste compétent depuis la dernière
fois (cette pochette !), ni d'ailleurs un ingénieur du son valable (la
production reste brute et brouillonne, même si assez bizarrement j'ai la
sensation que ça s'améliore au fil de l'album), mais les titres restent
énergiques et efficaces, entre speed en mode rouleau compresseur
(Wrecking crew, pas mal mais un peu gâchée par des tentatives de
cris très laides de la part du chanteur, également présentes sur
quelques autres pistes), thrash des familles (Powersurge,
peut-être mon préféré de l'album) et influence Maiden plus que
présente (sur Fear his name, d'ailleurs loin d'être
déshonorante). Le tout donne une nouvelle fois un disque très correct,
mais avec encore quelques défauts (le son et le chant inégal déjà cités,
mais aussi des solos techniques qui sont plus bordéliques qu'autre
chose) qui empêchent encore une fois d'être totalement enthousiaste.
- Overkill - Under the influence (1988) ★ ★
Un Overkill "sous influence" ça ressemble un peu à un pléonasme ! Mais
si influence il y a ici, c'est vraiment celle des albums les plus durs
du thrash de l'époque, avec un son de guitare rugueux qui fait beaucoup
penser à Metallica, des riffs qui ne cherchent pas la séduction
mélodique, mais aussi un chant qui s'aventure dans des directions pas
forcément très pertinentes (quand Bobby chante normalement, ça ne colle
pas au style mais quand il fait des trucs plus expérimentaux c'est
souvent moche !). Ce n'est pas inintéressant, mais on a la curieuse
impression d'un groupe qui se cherche ici beaucoup plus que sur ses deux
premiers albums, sans vraiment réussir à se trouver. On a pourtant droit
à de bonnes choses (le beaucoup plus maidenien Hello from the
gutter, des titres plus développés dans la seconde moitié de l'album
qui arrivent à proposer des choses malgré les maladresses, notamment au
niveau de choeurs sans intérêt), et on note une grosse progression dans
la qualité de la production, désormais satisfaisante (et qui fait bien
entendre la basse, c'est agréable). Un album de transition avant deux
classiques qui, si j'en crois la sagesse populaire, devraient être plus
aboutis.
- Overkill - The Years of decay (1989) ★ ★ ★ ½
Après un troisième album moins inspiré, Overkill reprend ici
indéniablement du poil de la bête. Les titres qui donnent dans le thrash
pur et dur vont même du bon (Birth of tension) au franchement
excellent (E.vil N.ever D.ies qui conclut l'album, et surtout
Elimination, speed et ravageur comme on l'aime), le groupe a
clairement retrouvé l'énergie dévastatrice dont ils avaient déjà su
faire preuve sur leurs deux premiers disques. Et pourtant, je ne suis
pas encore totalement emballé par celui-ci, qui présente à mon sens
quelques défauts qui le rendent inégal : déjà, il y a sur quelques
pistes une influence nettement plus doom (on pense clairement à Black
Sabbath par moments) qui accouche de passages beaucoup moins
convaincants (la majeure partie des 10 longues minutes de Playing
with spiders, et rebelote sur Who tends the fire, qui là
encore est bien longuet). Et puis, tout bêtement, certains riffs sont
vraiment pas terribles (Nothing to die for). Ah, je n'ai pas
encore cité l'espèce de ballade qui sert de chanson titre, et qui
prodigue pour le coup une ambiance assez exceptionnelle, c'est de loin
le meilleur des trois titres dépassant les huit minutes. Finalement,
plus de bon que de raté, et ce qui est bon mérite vraiment très
largement l'écoute, mais encore un peu l'impression que le groupe n'a
pas totalement trouvé sa voie.
- Overkill - Horrorscope (1991) ★ ★ ★ ★
En 1991, alors que Metallica change de direction musicale avec
son album noir, Overkill reste droit dans ses bottes (le noir viendra
après pour eux) et propose un cinquième album résolument thrash, avec
encore quelques teintes doom, mais moins présentes que sur leur disque
précédent (seule la chanson titre joue vraiment cette carte, et au vu de
ma précédente critique, vous ne serez pas surpris d'apprendre que je ne
m'en plains pas). Mais il y a tout de même une évolution notable dans la
façon que le groupe a d'aborder sa musique : là où leurs premiers albums
débordaient d'une énergie pas toujours totalement contrôlée, celui-ci au
contraire est carré et maîtrisé de bout en bout, alignant sans
sourciller les titres redoutables d'efficacité, avec introductions bien
calibrées pour nous mettre en transe (sur l'excellent Coma qui
ouvre l'album, et sur Soulitude qui le referme), breaks soignés
(le mini solo de basse de Thanx for nothing), la première moitié
du disque est vraiment très réussie. On sent une petite baisse de régime
ensuite, mais rien de dramatique non plus, le seul vrai reproche qu'on
pourrait faire à l'album est en fait justement le manque d'un léger
grain de folie qui aurait peut-être permis de produire plus de titres
qui déchirent tout (ici, seul Coma peut rivaliser dans cette
catégorie avec le Elimination de The Years of decay). Mais
ça reste un album d'une grande solidité.
- Overkill - I Hear black (1992) ★ ★ ½
Après avoir atteint une sorte de plénitude dans son thrash, et alors
même que le genre est en perte de vitesse, Overkill change de maison de
disques et sort un nouveau disque... qu'on croirait interprété par un
autre groupe ! Le son est différent, mais surtout le style a beaucoup
évolué : plus de thrash et de speed, on nage dans du mid tempo qui sonne
très rock, très mélodique, avec beaucoup de groove et de rythmes
syncopés, et quelques titres au sous-accordage exagéré où le groupe
semble clairement vouloir imiter Black Sabbath, même au niveau du
chant (bon, ça, ce n'est pas totalement une nouveauté). Le seul titre
qui va vraiment vite sur cet album, c'est Weight of the world,
tout le reste est au mieux à un tempo modéré. Bon, après tout, pourquoi
pas, mais si le disque est loin d'être raté (entre autres, j'aime bien
World of hurt), il ne comporte aucun titre réellement marquant,
et on a quand même l'étonnante impression qu'Overkill a complètement mis
sa personnalité de côté pour produire cet album. Sympathique mais
extrêmement dispensable.
- Overkill - W.F.O. (1994) ★ ½
Avec son disque précédent, Overkill avait ouvert une brèche qui
l'éloignait sensiblement du thrash qu'il pratiquait jusque-là, et
manifestement ça n'a pas du plaire à tout le monde. En effet, cette
nouvelle offrande prend le contre-pied total de la précédente en
proposant une musique d'une frontalité assez radicale pour l'époque où
elle a été écrite. En fait, ce n'est pas Wide Fucking Open que le disque
aurait du s'intituler, mais bien Wide Fucking Bourrin : production très
dense et assez moche, alignement de titres lourds très linéaires et bien
trop basiques, s'il n'y avait pas quelques indicateurs facilement
reconnaissables (en premier lieu la basse hyper mise en avant, comme
d'habitude), on pourrait même se demander si le groupe n'a pas été
remplacé par une bande de petits jeunes en recherche de style. C'est en
tout cas pas très bon (un truc comme What's your problem, on
n'est pas loin d'en rire) et très vite lassant, même si la fin de
l'album, après l'invraisemblable intermède acoustique R.I.P.,
reprend un peu du poil de la bête, avec notamment le titre final
Gasoline dream qui est le seul à exploiter correctement la rage
constamment à l'oeuvre sur l'album et à proposer une construction un peu
plus subtile. Pas vraiment suffisant pour sauver cet album qui laisse
franchement perplexe sur les intentions du groupe.
- Overkill - The Killing kind (1996) ★ ★ ★ ½
Après deux albums où Overkill semblait peiner à trouver sa voie, un
petit miracle se produit sous forme d'un rebond inattendu. Au lieu
d'essayer de se forcer à produire un style de musique qui ne leur
convient pas, ils reviennent à leurs fondamentaux thrash, mais avec
leurs touches personnelles issues des deux essais précédents : un côté
groovy et mélodique vraiment sympa, et une production et quelques
éléments modernes (les "yeah" limite narquois du Battle initial)
qui en font un album bien de son temps sans tomber dans la merdasse new
metal (quand on pense à ce que font quelques poids lourds du thrash dans
la deuxième moitié des années 90, on se dit qu'Overkill a nettement
mieux géré le virage). Et ça fonctionne fort bien, avec même quelques
titres développés aux très belles atmosphères (Burn tou down - To
Ashes et The Cleansing), même si le groupe s'égare parfois un
peu (l'instrumental Feeding frenzy avec sa basse virevoltante et
surtout l'improbable ballade The Morning after avec piano et
touches orchestrales qui semble avoir été rapatriée d'un des premiers
albums de Black Sabbath sont légèrement à côté de la plaque). Le
seul vrai point noir du disque en fait, c'est le chant de Bobby Blitz,
qui semble tout simplement ne pas savoir comment accompagner ses
camarades. On pense parfois à Dave Mustaine niveau vocal, ce qui n'est
jamais bon signe. Dommage, sans ça, on tiendrait peut-être tout
simplement le meilleur album du groupe parmi ceux que j'ai écoutés
jusqu'ici...
- Overkill - From the underground and below (1997) ★ ★ ★ ½
Si l'album précédent d'Overkill ne semblait suivre aucune mode, celui-ci
est à première vue bien influencé par la seconde vague du thrash US des
Pantera et consorts : le son est vraiment hyper puissant, et ça
tape très fort mais pas forcément très vite. Pour autant, on ne tombe
pas dans le bourrinisme primaire et fatiguant d'un W.F.O. car il
y a en permanence des petites sorties de route qui font dresser
l'oreille et donnent tout son intérêt au disque : une outro acoustique
complètement déconnectée du reste sur I'm alright, quelques
samples électroniques surprenants (celui qui ouvre Save me), un
solo de basse sorti de nulle part (Half past dead), mais surtout
un groove toujours présent qui donne aux riffs les plus éculés une
fraîcheur inattendue (comme sur l'excellent Long time dyin', qui
nous gratifie aussi de quelques glissandi aigus "gojiresques" du plus
bel effet). Bon, dans le rang des surprises, il y en a aussi une
mauvaise, c'est le retour de la vengeance de la ballade risible en fin
de disque avec Promises (ils avaient perdu un pari qui les
obligeait à insérer une ballade sur chacun de leurs albums les gusses
d'Overkill ?). Et puis le chant n'est encore une fois pas toujours à la
hauteur. Qu'à celà ne tienne, si l'album n'est pas un chef-d'oeuvre
incontournable, il propose suffisamment de choses intéressantes, à
l'instar de son prédécesseur, pour mériter largement l'écoute.
- Overkill - Necroshine (1999) ★ ★ ½
Après un petit détour par un album de reprises (que je n'évoquerai pas
ici, comme d'habitude pour ce genre de disques), Overkill continue son
petit bonhomme de chemin avec ce qui est du coup son dixième album
studio si on ne compte pas le précédent. Bon, très honnêtement, pas
grand chose de très passionnant à dire sur celui-ci, on a droit à un son
moderne assez puissant comme c'est devenu l'habitude du groupe, mais sur
ce coup, Overkill a définitivement mis l'énergie et la vitesse de côté
pour proposer une musique très lourde (le tempo décolle rarement),
maîtrisée mais qui ne décolle jamais vraiment au-dessus du sympathique
(la chanson titre qui ouvre l'album, Revelation), avec quelques
maladresses (les choeurs à la limite du ridicule par moments). Un peu
l'impression que le métier des musiciens sauve un album qui reste malgré
tout très mineur dans la discographie du groupe.
- Overkill - Bloodletting (1999) ★ ★ ★
Pour son premier album des années 2000, donc une époque où le thrash
n'est plus forcément très à la mode, Overkill nous sort un album de pur
thrash bien frontal. Autant ils ont pu par moments ralentir le tempo et
tenter d'autres choses, autant là c'est vraiment rentre-dedans, jusqu'à
atteindre parfois un sentiment de confusion assez marqué (des solos
bordéliques, mais parfois c'est carrément une piste entière, comme What
I'm missin', où on ne comprend pas tout à ce qui se passe). Mais quelque
part, on sent que les musiciens se font plaisir, et c'est assez
communicatif, avec quelques titres bien efficaces (Bleed me, vraiment
symptomatique de ce thrash qui tâche un peu sur les bords, Let it burn
malgré ses répétitions, ou le Can't kill a dead man qui conclut le
disque). Et puis au beau milieu de cette liste de titres qui semble
donner raison à ceux qui ne voient en Overkill qu'un gentil groupe de
seconde zone (c'est de fait sympa mais assez limité), se cache quand
même une perle qui justifie de remonter la note au-dessus de la moyenne
: il s'agit de l'étrange Blown away, qui navigue d'une intro acoustique
à l'ambiance étonnante vers une conclusion aux mélismes orientaux
inattendus, en multipliant les ruptures de ton, histoire de confirmer
quand même que le groupe est capable de proposer des choses autrement
plus ambitieuses que ce qu'ils se contentent de faire le reste du temps.
Du coup, une petite déception sur le fait que ce titre soit si isolé,
mais quand même une certaine sympathie pour cet album qui vaut mieux
qu'il n'en a l'air au premier abord.
- Overkill - Killboxiii (2003) ★ ★
L'avis majoritaire des amateurs d'Overkill est que les années 2000 ne
sont pas la meilleure période de l'histoire du groupe. Et il faut bien
l'admettre, c'est assez justifié, les disques de cette décennie
s'installant dans une sorte de routine thrash pas totalement désagréable
mais sans grande inspiration, qui semble indiquer que le groupe, à
l'approche des 30 ans de carrière, n'a plus grand chose de neuf à dire.
Ici donc, une dizaine de titres desservis par une production moderne
mais pas vraiment séduisante (un son trop sec et saturé), qui accentue
le côté brouillon de certains titres (notamment le Devil by the
tail qui ouvre l'album), et passe-partout (pour ne pas dire
remplissage) de la majorité des autres. On a quand même droit par
moments à un sursaut de dynamisme qui, combiné au métier des musiciens,
suffit à accoucher de quelques chansons tout à fait correctes (The
Sound of dying, Unholy) mais l'ensemble est trop quelconque
pour prétendre à une place de choix dans la discographie du groupe.
- Overkill - Relixiv (2005) ★ ★
En plus d'arborer des titres de plus en plus grotesques, les albums
d'Overkill sentent de plus en plus fort la routine pas très inspirée.
Peut-être eût-il été préférable pour le groupe de ralentir un peu la
cadence pendant les années 2000 pour proposer des disques un peu plus
frais ? En tout cas, on retrouve ici une suite de 10 titres attendus aux
riffs sans imagination, sauvés par un certain métier mais desservis par
une production médiocre. Je suis un peu gratuitement méchant, il y a
tout de même un certain effort de diversité (le chant scandé de Bats
in the belfry), quelques titres efficaces (Within your eyes,
Play the Ace), bref un contenu suffisant pour que l'album soit
tout juste acceptable. Mais tout de même, terminer sur l'espèce de
chanson à boire punkoïde Old school ne laisse pas présager grand
chose de bon pour la suite de l'aventure !
- Overkill - Immortalis (2007) ★ ★ ½
Après un précédent effort franchement poussif, je m'inquiétais fortement
de ce qu'allait bien pouvoir proposer Overkill ensuite. Eh bien, pas le
moindre ralentissement de cadence en vue, mais ce disque-ci est plutôt
meilleur que Relixiv (et nettement moins bon que celui qui
suivra, mais ça c'est une autre histoire, chaque chose en son temps).
Pourtant, on est à nouveau assez clairement en face d'une espèce de fond
de tiroir de seconde zone, avec ses riffs répétés en boucle parce qu'on
ne sait pas quoi en faire d'autre, ces choeurs aux frontières du risible
(les 666 sur Shadow of a doubt par exemple), ces solos qui
semblent improvisés au moment de l'enregistrement, et ce recyclage
permanent dont le titre de la chanson finale (Overkill V, qui
fait de fait suite à quatre autres datant maintenant de quelques années)
est le symptôme le plus évident (la chanson elle-même propose une intro
plutôt cool avant d'être quelque peu plombée par un chant peu maîtrisé).
Et pourtant, ces nombreuses maladresses font partie du charme étrange de
ce disque qu'on a quand même envie d'aimer un peu pour ses titres thrash
classiques qui ne se prennent pas la tête (Devils in the mist,
Head on) mais qui finissent par convaincre. Pas le chef d'oeuvre
de l'année, bien sûr, mais encore un album d'Overkill qui arrive à
éviter d'être vraiment raté.
- Overkill - Ironbound (2010) ★ ★ ★ ★ ½
En 2010, histoire de fêter dignement ses trente ans d'existence (et les
25 ans de leur premier album), Overkill met les petits plats dans les
grands : signature chez un gros label allemand populaire, embauche d'un
producteur à la mode histoire d'avoir un bon gros son bien puissant, et
une volonté certaine de retrouver un tempo allant et de complexifier les
titres proposés (8'11 pour The Green and the black qui ouvre
l'album). Bon, très bien, mais ça ne va pas transformer magiquement un
groupe qui fait tranquillement traîner sa fin de carrière depuis 10 ans
en mastodonte capable de sortir un disque majeur du genre, hein,
personne n'y croit. À tort puisque l'improbable miracle se produit et
qu'Overkill signe là ce qui est pour moi son tout meilleur disque,
au-dessus même de ses classiques de la fin des années 80. Tout y est
infiniment meilleur que sur les trois albums précédents du groupe, et
même au niveau des plus grands albums des mammouths du genre comme
Megadeth : ça va vite sans que ça sonne le moins du monde
brouillon, les solos mélodiques sont bons, les intros chiadées, la
production vraiment énorme, et le trio inaugural (avec la chanson titre
en apothéose ébouriffante, le break calme puis le solo qui s'achève sur
fond de matraquage martial sont vraiment des moments géniaux) emporte
vraiment tout sur son passage. La suite du disque est un peu moins
marquante car ça manque un poil de variété sur la durée (on n'est pas
obligé de mettre une ballade ou un instrumental pour faire un bon disque
de thrash, mais à part pendant les intros, c'est quand même un peu trop
uniformément bourrin) mais reste extrêmement efficace jusqu'à
l'excellent The SRC final. Un vrai classique immédiat de thrash
moderne !
- Overkill - The Electric Age (2012) ★ ★ ★
Après un Ironbound monumental, on pouvait se douter qu'Overkill,
en général pas vraiment connu pour ses changements de direction musicale
fréquents, allait rejouer les mêmes cartes sur leur album suivant. De
fait, c'est exactement le cas, on retrouve la même production hyper
puissante, la même structure en dix titres assez développés, la même
volonté de taper vite et fort. Mais, sans surprise également, le même
miracle ne se reproduit pas deux fois de suite. Les solos sont moins
inspirés, ça fonce parfois sans trop savoir où (Save yourself qui
sent bon son Motörhead), et les premiers titres de l'album ne
peuvent tout simplement pas rivaliser avec ceux du disque précédent.
C'est d'ailleurs un peu plus loin dans le disque qu'il faut aller
chercher les meilleurs moments, Wish you were dead, le très
primaire mais bien efficace Drop the hammer down. Le reste ne
démérite d'ailleurs pas, et l'album dans son ensemble est bon ! Mais il
souffre nécessairement de la comparaison avec son grand frère en
rentrant dans le rang des albums de thrash moderne directs et efficaces,
mais qui ne donnent pas irrésistiblement envie de les réécouter dix fois
de suite.
- Overkill - White Devil Armoury (2014) ★ ★ ★ ½
Overkill est la preuve vivante de la richesse infinie du langage
musical. Non pas justement qu'il aille en explorer les moindres recoins,
mais au contraire, avec une grammaire assez limitée et qui évolue fort
peu au fil du temps, ils arrivent toujours à sortir tous les deux ans
une nouvelle dizaine de titres redoutablement efficaces. Pas de surprise
avec cet album de 2014, il est exactement similaire aux deux précédents,
sans atteindre les sommets d'Ironbound mais avec une qualité
d'ensemble fort respectable qui fait que je le classe un peu au-dessus
de The Electric Age. On craint pourtant un nouveau recul sur les
premiers titres, où le groupe force un peu le trait (Armorist
n'est pas un opener à la hauteur de ce que le groupe propose d'habitude,
Pig dépense beaucoup d'énergie pour un résultat pas
extraordinaire), mais c'est encore une fois dans la deuxième partie de
l'album (à l'exception du varié et excellent Bitter Pill) que se
trouvent les meilleurs titres : Freedom rings et son ambiance
prenante, It's all yours sans fioritures mais qui retrouve une
évidence appréciable, et le titre conclusif, In The Name, qui
exploite une nouvelle fois efficacement des rythmiques très martiales
(bon, par contre, ça ressemble quand même beaucoup à ce que le groupe a
déjà fait quelques fois depuis Ironbound). Vraiment rien de
révolutionnaire, mais ça n'en reste pas moins bon pour autant !
- Overkill - The Grinding wheel (2017) ★ ★ ½
Après un regain de forme impressionnant pour un groupe qui semblait
auparavant sur le déclin, Overkill montre à nouveau quelques signes de
fatigue sur ce 19ème (!) album studio. On garde pourtant ce son moderne
et puissant qui est devenu sa nouvelle marque de fabrique, et même la
volonté de proposer des titres bien rapides (le bon The Wheel).
Mais bon voilà, pour deux ou trois titres qui sortent vraiment du lot
(Shine on) et un Come heavy au sympatiques relents old
school, on a droit à quelques autres plus quelconques voire poussifs
(Goddamn trouble par exemple), et le renouvellement est trop
léger par rapport aux albums qui précèdent celui-ci (le titre
d'ouverture Mean, green, killing machine est loin d'être mauvais
mais tout dans la structure transpire de la volonté de refaire un
Ironbound (la chanson, pas l'album), et la comparaison ne peut
pas être à l'avantage du nouveau venu). Tout ça concourt à faire de ce
disque un non-évènement dans la riche discographie du groupe,
sympathique mais vite oublié.
- Overkill - The Wings of war (2019) ★ ★ ★
Bon alors, pour le vingtième, les vieux briscards d'Overkill, ils nous
fait un truc un peu spécial ? Bah non, pas du tout, un album bien sympa
mais sans grande surprise, c'est tout, dans la lignée des quatre
précédents. Pas aussi tonitruant qu'Ironbound mais quand même
bien brutal dans l'ensemble (la son est d'ailleurs limite trop dense par
moments), pas aussi fatigué que The Grinding wheel mais avec
quand même quelques moments à la limite du craquage (les choeurs limite
elfmaniens qui débarquent sans crier gare sur le très aventureux
Batshitcrazy, l'introduction aux arpèges très "clair de lune" de
Distortion). Ces détails s'oublient rapidement, on remet un bon
coup de riff thrash "prends ça dans ta face", on braille dessus sans
aucune retenue (à la limite du trop plein par moments de ce point de vue
aussi), et tout le monde est content à la fin même si le disque ne
restera pas dans les annales. Les meilleurs titres du lot : A
Mother's prayer, classique et efficace, et le titre final Hole in
the soul. Fin du disque mais sûrement pas du groupe tant les papys
semblent encore péter la forme.
- Overkill - Scorched (2023) ★ ★ ★ ½
Le 21ème album studio d'Overkill est sorti le même jour que le dernier
Metallica. Pied-de-nez ou simple coïncidence ? En tout cas, il
n'y a pas vraiment photo entre les deux au niveau de la qualité de la
musique proposée. Si Overkill s'enlise en de rares occasions en voulant
renouveler un peu son propos (le côté guilleret de Won't be coming
back ne fonctionne pas, par contre l'étrange Bag o'bones qui
conclut le disque intrigue plutôt positivement), le groupe est toujours
aussi efficace quand il s'agit d'aligner les titres thrash en profitant
de la production énorme qui est la leur depuis Ironbound : la
chanson-titre démarre l'album sur les chapeaux de roue (avec un côté
grandiloquent qu'on retrouve sur plusieurs autres pistes), et le duo
Twist of the wick/Wicked place au coeur du disque devrait
suffire à convaincre tout le monde qu'Overkill, après quarante ans de
carrière, reste sans problème dans le peloton de tête des meilleurs
groupes du genre.