Mon avis personnel sur les disques de Nine Inch Nails
- Nine inch nails - Pretty Hate Machine (1989) pas de note
Au fil des mes pérégrinations dans l'univers metal, je suis tombé
quelques fois sur des avis catégorisant certains albums de Nine inch
nails (le "groupe" fondé par Trent Reznor, en fait une entité fantôme
puisqu'au moins ses premiers disques sont l'oeuvre d'un seul homme)
comme du metal industriel. Je ne m'attendais certes pas à un ersatz de
Rammstein en me lançant dans l'exploration de la discographie de
groupe, mais bon, au moins sur ce premier essai, ce n'est en fait pas le
moins du monde du metal, mais bien de la pop (en tout cas au niveau des
lignes de chant, c'est assez clair). Quasiment pas une note de guitare,
de la "batterie" programmée immonde, l'accompagnement est
quasi-intégralement constitué de sons et samples synthétiques, avec une
ambiance électro très marquée. Et sinon, c'est bon comme musique ? Eh
bien, n'étant qu'extrêmement peu familier du genre, je ne saurais dire.
Ce n'est pas complètement désespérant à écouter, il y a parfois des
trouvailles sympathiques (j'aime assez Sanctified) mais ça reste
quand même globalement hyper superficiel. Pas le genre de musique que
j'aime écouter de toute façon, donc au moins cet album-là ne fera qu'un
passage furtif entre mes oreilles.
- Nine inch nails - The Downward spiral (1994) ☆
Même si je ne suis toujours pas sûr de la pertinence de classer la
musique de Reznor comme metal, il faut bien que je justifie la présence
de Nine Inch Nails dans cette section de ma page web, et ce deuxième
album est sans conteste possible le plus violent de son auteur (une fois
de plus, il a tout fait tout seul). Trent Reznor propose ici de nous
narrer les déboires d'un type vraiment pas bien dans sa peau, sondant
ses pensées auto-destructrices qui le mèneront jusqu'au suicide.
Programme sympathique prétexte à un album qui se veut novateur, malsain,
dérangeant, et qui revendique finalement une certaine laideur. Novateur,
le disque l'était probablement à sa sortie, mais il est évident que le
déluge de sonorités électroniques et de musique créée par ordinateur ne
peut pas avoir le même effet en 2025. Pour le reste, Reznor se plante
allègrement et ne réussit finalement qu'à créer effectivement un album
uniformément moche.
Le problème fondamental, c'est que ce disque n'est malsain que très
superficiellement, en abusant de procédés téléphonés et mal maîtrisés
pour tenter d'instiller le malaise : paroles lamentablement
provocatrices (à lire celles de Closer par exemple, on a
l'impression de lire la prose d'un ado qui veut se la jouer rebelle, ce
qui ne surprendra d'ailleurs nullement de la part de quelqu'un qui a
quand même eu la très douteuse idée d'aller enregistrer son disque dans
la demeure où fût assassinée Sharon Tate), saturation poussée au max sur
les nombreuses pistes rapides pour donner un style "énervé", mais qui
rend simplement l'écoute très pénible en pratique. Il faut dire aussi
que le fond musical, à part les bidouillages permanents (et souvent hors
de propos, comme les motifs de piano sur March of the pigs), est
extrêmement pauvre, il ne faut pas compter dessus pour apporter de la
consistance à l'ensemble (les trouvailles sympathiques que j'avais
repérées sur le premier album du groupe sont ici aux abonnés absents).
Arrivé au bout de long pensum, je me demande vraiment comment il a pu
être considéré comme un album majeur à sa sortie. Serais-je simplement
allergique à la musique de Reznor ? Non, même pas, puisque le (double)
album suivant de Nine Inch Nails me semble inifiniment meilleur que
celui-ci, je reviendrai bientôt dessus.
- Nine Inch Nails - The Fragile (1999) ★ ★ ★
Après la bouse intersidérale qu'était The Downward spiral, je
n'étais a priori pas très chaud pour renouer avec la musique de Trent
Reznor, surtout sous la forme d'un double album d'une centaine de
minutes. J'avais tort. Alors que la provocation facile et les
exagérations de son précédent disque tombaient complètement à plat, il a
ici l'excellente idée de laisser tomber le côté constamment énervé
symbolisé par l'abus fatal de saturation, et de proposer une liste de 23
titres (oui, sur une heure quarante, y a de quoi faire) très variés,
naviguant entre electro pop sophistiquée, paysages urbains tourmentés
(sans surprise, pas les chansons que je préfère) et même quelques pistes
nettement plus planantes et des titres instrumentaux beaucoup plus
inattendus laissant entendre quelques influences jazz (les cuivres sur
la fin de Pilgrimage aussi, c'est vraiment étonnant mais ça
fonctionne pas mal du tout). Surtout, Reznor fait l'excellent choix de
convier un groupe de "vrais" musiciens pour accompagner ses bidouillages
électroniques, et ça change radicalement le rendu de la chose. Cette
fois, vraiment, on entend de la musique, construite, inventive sans
tourner au n'importe quoi, belle par moments (The Great below qui
conclut le premier disque réussit brillamment là où Hurt à la fin
du précédent avait échoué), et l'ensemble est tout bonnement agréable à
écouter (peut-être un comble pour Reznor qui ne visait sûrement pas ça
dans ses premiers albums). Trop inégal et trop éloigné de mes véritables
centres d'intérêt en metal pour que je le considère comme un vrai
classique indispensable, ce double album sera malgré tout pour moi une
belle découverte. Je n'irai par contre pas plus loin dans ma dissection
de la discographie de Nine Inch Nails, qui a ensuite enchaîné les
disques encore plus franchement teintés pop et les expérimentations
bizarres (les disques Ghosts, purement instrumentaux, des heures
d'électro planante et franchement chiante, c'est trop pour moi).