Mon avis personnel sur les disques de Ne Obliviscaris
- Ne Obliviscaris - Portal of I (2011) ★ ★
Nouvelle tentative de ma part dans le metal "différent" avec ce groupe
australien qui a sorti trois albums dans les années 2010, très remarqués
dans la petite sphère du metal prog extrême. Et les deux qualificatifs
progressif et extrême sont encore très réducteurs pour qualifier la
musique du groupe, qui est vraiment un cocktail assez invraisemblable de
styles et d'influences diverses. Il en est pourtant une qui dépasse d'un
tête à l'écoute du début de l'album, celle d'Opeth (les premiers
albums du groupe, avec chant guttural), d'ailleurs totalement
revendiquée puisqu'on a droit à une citation à la batterie de la
monstrueuse coda de Deliverance dans le développement de And
Plague flowers the kaleidoscope (oui, les titres des chansons sont
carrément abscons), et auquel on pense forcément sur les premières
mesures du Tapestry of the starless abstract qui ouvre le disque.
Une sorte de black sophistiqué à forte tendance progressive donc
(seulement sept pistes pour 71 minutes de musique, des développements
instrumentaux et ruptures de tons dans tous les sens, la construction
est toujours lisible mais rarement linéaire), mais qui aurait eu la
curieuse idée d'ajouter à son instrumentarium un violon et une guitare.
La guitare, vous allez me dire que c'est plutôt normal, mais en fait
non, puisqu'on a droit très régulièrement à des intermèdes acoustiques
influencés par le flamenco si j'en crois mes sources (je n'y connais
rien en flamenco, mais de fait on navigue bien loin du metal
traditionnel). Bon, comme je le dis souvent dans ce genre de cas,
pourquoi pas, mais j'avoue avoir du mal à saisir le but et la cohérence
de tout ça, et notamment des nombreuses parties calmes avec duo
violon/guitare acoustique qui s'éternisent souvent. Même chose pour le
mélange de voix extrême et claire, qui ne me semble pas apporter
énormément. Curieusement, les passages qui me plaisent le plus sont les
plus extrêmes, malgré la batterie très dense. L'ensemble est clairement
très travaillé et toujours intéressant, mais je ne peux pas dire que
j'accroche énormément (au premier abord, je trouvais même ça vraiment
pas bon, mais je m'y suis fait), je l'écoute plus avec curiosité que
réel enthousiasme.
- Ne Obliviscaris - Citadel (2014) ★
Quoique plus ramassé que le premier (moins de 50 minutes, et seulement
trois titres, dont deux découpés en morceaux, en fait un gros bloc
central avec une intro et/ou une conclusion indépendantes), ce deuxième
album du groupe australien est dans la droite lignée de Portal of
I. Dans la mesure où j'étais plutôt resté à côté du premier opus,
pas de grosse surprise dans le fait que je sois encore très mitigé sur
celui-ci. Il faut dire que la volonté de proposer autre chose via des
mélanges surprenants n'est pas loin ici de tourner à la démonstration
rhétorique un peu agaçante : le triptyque Painters of the tempest
est ainsi constitué d'une introduction qui démarre très joliment avec un
beau motif obsédant aux pianos et d'étranges frottements orchestraux,
mais qui est vite gâché par l'intrusion d'un violon hyper strident (on
se croirait plus dans une oeuvre de musique contemporaine que dans un
disque estampillé metal), d'un énorme bloc central de plus de 16 minutes
qui part dans tous les sens avec une majorité d'épisodes aux ambiances
feutrées, mais surtout bien peu de moments marquants, et une conclusion
"guitare sèche + violon en mode flamenco" qui sent le déjà vu. En plus
de ne pas être passionnant, tout ça pose définitivement la question de
savoir où le groupe veut nous mener. Mais, comme pour nous rappeler sa
base metal extrême, il enchaîne avec un Pyrrhic beaucoup plus
démonstratif, même si au final assez anecdotique (et on n'échappe pas
ici non plus à un passage très expérimental en cours de chanson, assez
foiré). Le meilleur du disque, et de loin, provient pour moi du
Devour me, Colossus qui le conclut, avec de vrais bons riffs, une
basse très audible et fort sympathique et... ah merde, une outro en mode
violon grinçant qui gâche tout une nouvelle fois. Bon ben globalement,
je n'ai vraiment pas grand chose de positif à dire, et pourtant la
sincérité des musiciens ne fait aucun doute, ils sont manifestement très
investis dans ce qu'ils proposent (et très compétents par ailleurs).
Simplement, ça ne me touche vraiment pas suffisamment.
- Ne Obliviscaris - Urn (2017) ★
Je n'aurai pas grand chose de nouveau à dire sur ce troisième (et
dernier) album du groupe australien, puisqu'on reste dans les mêmes
sphères que les deux précédents, et que ça me parle toujours aussi peu
bien qu'il s'agisse manifestement d'une musique très réfléchie (ça me
fait un peu le même effet qu'à peu près tous les albums de Dream
Theater, tiens, bien fichu mais je n'accroche pas). On commence
quand même à sentir venir d'assez loin les procédés qui sont toujours un
peu les mêmes (notamment les passages avec guitare et violon), mais ce
troisième essai a au moins le mérite de proposer un violon moins
grinçant que le précédent, et même de réussir quelques moments que je
peux raisonnablement qualifier de beaux (l'interlude Ascent of
burning moths, le début de la dernière piste As Embers dance in
our eyes). Mais comme le reste du temps je m'emmerde franchement, ma
note restera au même niveau que pour Citadel. Notons quand même
un effort particulier au niveau des titres, And within the void we
are breathless, ça se la pète pas qu'un peu quand même non
(personnellement, ça m'agace plus qu'autre chose...) ? Allez, au moins,
le parcours de cette courte discographie aura été rapide.