Mon avis personnel sur les disques de Kamelot
- Kamelot - Eternity (1995) Kamelot - Eternity (1995) ★ ★
À chaque fois que je lance l'écoute du premier album d'un nouveau
groupe, je le sais, les risques de tomber sur un machin très inabouti et
à la limite de l'audible sont multiples : manque de moyens, musiciens
pas à la hauteur notamment. Mais souvent, l'inspiration suffit à faire
entrevoir un grand groupe en gestation (sinon, on peut imaginer que
ledit groupe serait vite tombé dans les oubliettes). C'est assez
flagrant concernant Kamelot (un nom pas totalement évident à porter pour
des auditeurs français), poids lourd actuel du power metal façon
Rhapsody, mais qui dévoile un style nettement plus subtil pour
ses débuts. Certes, on a déjà les petites touches orientales qui
deviendront une marque de fabrique du groupe, mais la construction des
morceaux est loin d'être linéaire, on serait même tenté d'ajouter
l'adjectif "progressif", et de fait l'influence la plus évidente du
groupe sur ce premier disque est certainement Queensrÿche, pas
une mauvaise chose en soi. Mais le heavy racé de Kamelot, pourtant porté
par un beau souffle épique sur pas mal de pistes (Call of the sea
aurait vraiment pu être une tuerie), est grandement gâché par deux
choses (on en revient à mon introduction) : les claviers et le chanteur.
Les claviers, horriblement kitsch, on fait avec, même si les quelques
tentatives symphoniques sont sérieusement mises à mal (on préfèrera
notamment oublier le ballade mielleuse What about me, vraiment
pas la piste la plus facile du disque). Mais le chanteur suffit hélas à
lui tout seul à rendre l'album pratiquement inaudible. Il oeuvre dans un
registre aigu assez classique dans ce style, mais en mode maniéré et
surtout très faux, ce qui ne pardonne absolument pas quand on veut
tenter de se mesurer à un Geoff Tate (ou même à un André Matos, pour en
citer plus du côté power de la force). Honnêtement, le groupe méritait
clairement mieux que ça (le disque serait très encourageant sans cet
énorme point noir), et ne tardera d'ailleurs pas à changer de vocaliste
pour vraiment décoller.
- Kamelot - Dominion (1996) ★ ★
Après un premier album intéressant mais flingué par son chanteur,
Kamelot propose un deuxième essai qui est, assez curieusement, à la fois
nettement meilleur et nettement moins bon que son prédécesseur. Le
mieux, c'est au niveau du chant qu'il se trouve : Mark Vanderbilt est
toujours au micro, mais il a la brillante idée d'en faire nettement
moins, et devient du coup supportable (mais pas bon non plus, faut pas
trop en demander). Le souci, c'est que cette prestation beaucoup plus
posée semble avoir contaminé les instrumentistes, qui nous proposent une
musique qui sent nettement plus l'effort que l'inspiration. C'est
appliqué, sérieux, mais ça peine à décoller, sauf sur l'instrumentale
Creation, vraiment sympathique (le fait qu'on n'y entende pas
Vanderbilt n'y est évidemment pas totalement étranger). Il faut dire
aussi que la production vraiment pas flamboyante n'aide pas le groupe à
faire des étincelles, et qu'une fois de plus les claviers très datés
font un peu saigner les oreilles (mais ils sont utilisés avec
parcimonie). On ne passe pas un mauvais moment non plus à l'écoute du
disque, le côté prog étant encore présent et donnant de l'intérêt à
certains développements (la fin de Heaven par exemple), mais on
est clairement ici dans du très dispensable, le groupe navigue encore
dans ce que les mauvaises langues appelleront volontiers la deuxième
division du metal, l'accession au haut du panier sera pour plus tard.
- Kamelot - Siege perilous (1998) ★ ★ ½
Pour son troisième album, Kamelot lance enfin sa révolution en modifiant
une partie de son line-up, et notamment en recrutant un chanteur digne
de ce ce nom en la personne de Roy Khan, débauché en Norvège. Mais la
révolution n'est pas complète, puisque Khan ne sera pas du tout impliqué
dans la composition de ce disque (ça viendra ensuite) et qu'on reste sur
la lignée des deux premiers efforts du groupe, au niveau de la
production notamment : rien de très flamboyant, des claviers toujours
très kitsch (et malheureusement vraiment présents), et un Khan
sous-mixé, comme si on ne lui laissait pas encore prendre complètement
sa place au sein du groupe. Musicalement parlant, on a toujours droit à
un heavy aux tentations épiques et aux teintes prog (c'est encore quand
ils singent Queenrÿche sur Rhydin que les américains sont
les plus convaincants, d'ailleurs), pas désagréable du tout mais un brin
appliqué, et avec quand même quelques sorties de route en fin d'album
(l'instrumental Siege qui conclut le disque avec ses curieuses
touches de flamenco est beaucoup moins bon que Creation sur
l'album précédent, et la ballade Once a dream est également bien
foirée). Mais on retrouve aussi quelques belles ambiances en cours de
route (Providence par exemple) qui laissent espérer pour ce
groupe en reconstruction un bel avenir.
- Kamelot - The Fourth Legacy (1999) ★ ★ ★ ★
Suite de la révolution en cours chez Kamelot, et on peut même parler ici
d'une seconde naissance tant ce disque marque une rupture en comparaison
de ses trois prédécesseurs. Roy Khan, désormais parfaitement intégré au
groupe (y compris niveau composition) a emmené ses nouveaux copains
enregistrer en Allemagne, chez des spécialistes du metal symphonique à
l'européenne, et le moins qu'on puisse dire est que ça a un effet
radical sur le son du groupe. Oubliés les claviers kitsch et maigrelets,
on a droit ici à une déferlante orchestrale spectaculaire (ça reste
synthétique, mais tellement plus pro...) qui donne une richesse
bienvenue aux compositions du groupe. Bien sûr, les grincheux se
plaindront que Kamelot a perdu de son originalité (de fait, les
influences progressives à la Queensrÿche ont ici complètement
disparu) et se contente de piocher à tous les râteliers de la musique
symphonique à la mode à cette période dans le petit monde du metal, en
l'assaisonnant gentiment des quelques influences orientales qui font sa
spécificité (avec d'ailleurs un goût discutable par moments, l'interlude
symphonique Desert reign, on est dans la musique soi disant
orientale mais en pratique bien hollywoodienne caricaturale), mais aussi
d'une petite dose sympathique de mélodies typées "médiéval" (sur le très
bon The Shadow of Uther notamment). Eh bien oui, c'est de la
musique facile, clinquante et un peu trop calibrée, mais en même temps,
qu'est-ce que c'est bien fichu ! La chanson titre, Nights of
Arabia (malgré une grosse couche de clichés une fois de plus), et
même la ballade acoustique A Sailorman's hymn (la deuxième,
Glory, est moins défendable), sont des titres qui s'écoutent tout
seuls, mélodiquement inspirés et portés par la voix d'un Khan qui est
comme un poisson dans l'eau au centre de ces titres un brin
grandiloquents. Encore un album qui ne convaincra sûrement aucun
allergique au style, mais qui est clairement dans le haut du panier du
genre.
- Kamelot : Karma (2001) ★ ★ ★
Après la révélation de leur quatrième album, on pouvait se douter que
Kamelot allait désormais poursuivre dans la voie d'un metal symphonique
exubérant et un peu tape-à-l'oeil porté par une production bien
clinquante. Pas de surprise, c'est bien le cas sur ce nouvel album, qui
confirme le virage du précédent sans grande prise de risque.
Arrangements symphoniques sophistiqués qui lorgnent très visiblement
vers la musique de film (la piste d'introduction notamment), touches
orientales bien cliché (sur la chanson-titre notamment), et
malheureusement deux ballades acoustiques qui n'avaient rien
d'indispensable (si Don't you cry reste correcte pour l'auditeur
qui n'est pas trop allergique au sirop, Temples of gold n'a
vraiment aucun intérêt). C'est d'ailleurs le manque flagrant de
renouvellement qui rend ce nouvel opus clairement inférieur à son grand
frère, combiné à un détail idiot qui rebutera forcément les amateurs de
classique : même quand on a un chanteur norvégien, prendre le thème de
la chanson de Solveig de Grieg pour un titre de speed mélodique
(Forever), c'est tout bonnement grotesque. On saluera par contre
la tentative de sortir un peu des sentiers battus avec le tryptique
final Elizabeth, même s'il est plus proche d'une concaténation
facile de trois morceaux sans lien que d'un vrai titre progressif
longuement développé. Facile, c'est d'ailleurs bien le mot qui qualifie
le mieux ce disque, qui reste par ailleurs un bon album qui satisfera
sans problème les amateurs du genre.
- Kamelot - Epica (2003) ★ ★ ★ ½
Pour ceux qui en doutaient encore, c'est avec cet album qu'il devient
vraiment clair que Kamelot a un peu attrapé la folie des grandeurs.
Concept-album inspiré par Faust (ce n'est pas vraiment l'idée que je me
fais d'une illustration musicale de Goethe, notamment quand on retrouve
les motifs arabisants sur The Edge of paradise, mais bon, c'est
une inspiration comme une autre), interludes symphoniques de plus en
plus typés "musique de film" qui ne servent vraiment à rien, et des
arrangements symphoniques et une production encore plus spectaculaires,
le but est clairement d'en foutre plein la vue, quitte à sacrifier
volontairement la complexité de la musique pour la cause (les ballades
sont insignifiantes, les lignes vocales lorgnent volontiers vers la pop,
et les quelques touches de chant féminin ne sont pas là pour arranger
les choses). C'est triste quand on voit par instants que le groupe a
encore des idées à proposer (un peu d'accordéon sur Lost &
damned, un titre conclusif qui se décide enfin à repartir sur des
bases un peu plus progressives que le groupe avait laissées tomber
depuis bien longtemps). Et pourtant, malgré tous ces reproches, ça reste
un bon album. Les tubes s'enchaînent à un bon rythme, avec un
enchaînement initial Center of the universe et Farewell
(avec sa repompe improbable d'une rythmique James Bondienne) imparable,
on ne s'ennuie jamais, bref c'est divertissant, au bon sens du terme,
même si je reste persuadé que le groupe aurait pu faire encore plus
mémorable en choisissant une autre voie.
- Kamelot - The Black Halo (2005) ★ ★ ½
Beaucoup de fans de Kamelot considèrent ce disque comme l'apogée de la
carrière du groupe. De fait, c'est indiscutablement une sorte de sommet
côté surenchère et tape-à-l'oeil : des claviers kitsch qui refont leur
apparition en plus de l'orchestre (qui est du coup un peu en retrait par
rapport aux albums précédents), une production toujours hyper
spectaculaire, et même quelques invités inattendus au chant pour camper
certains protagonistes de l'histoire (on est toujours dans Faust,
puisque ce disque est à peu de choses près la suite de Epica).
Simone Simons pour la voix féminine, ok c'est raccord avec l'esprit de
la musique du groupe, mais Shagrath (growler de Dimmu Borgir) en
Mephisto, ça promet de pimenter sacrément la chose ! Sauf qu'en fait pas
du tout, les interventions des invités sont réduites au strict minimum
(on entend quand même Shagrath sur la March of Mephisto qui ouvre
l'album, et qui est d'ailleurs de loin le meilleur titre du lot, cliché
au possible mais diablement efficace), et la prise de risque globale
proche du néant absolu. Le but est clair, il faut donner à l'auditeur
lambda ce qu'il attend du groupe, quitte à multiplier les refrains pop
et bidouillages électroniques sans intérêt. Même quand le riffing
revient enfin à quelque chose de bien heavy, sur This Pain, c'est
en partie gâché par des synthés hors de propos et un refrain trop
mielleux. Rien de totalement raté dans ce disque, mais au fond quasiment
aucun titre qui ne soulève mon enthousiasme. Oui, ça s'écoute
agréablement, mais Kamelot est un groupe qui mérite de faire mieux
qu'une gentillette soupe heavy symphonique sans saveur.
- Kamelot - Ghost Opera (2007) ★ ★
Depuis déjà quelques albums, la musique de Kamelot tendait de plus en
plus clairement vers une sorte de pop metal symphonique à la productions
spectaculaire, mais aux idées musicales bien peu tranchantes. Ce n'est
clairement pas cet album qui renversera la tendance puisqu'il s'enfonce
même encore plus que le précédent dans cette facilité assez décevante.
Après deux ou trois titres entraînants (que le groupe a au moins eu la
bonne idée de placer dès le début du disque : Rule the world,
classique efficace, et la chanson titre amusante malgré la naïveté de
ses effets gothiques), on a droit à une suite de chansons toutes sorties
du même moule : un mid-tempo qui ne se mouille pas trop, des rythmiques
peu subtiles très mises en avant, des guitares qui sont au contraire aux
abonnés absents, et on compte sur les touches orchestrales et les
nombreux effets pour combler le vide musical malgré tout bien palpable,
et aussi bien sûr sur la performance vocale de Roy Khan, à nouveau
accompagné d'un certain nombre d'invités. Quelques refrains mélodiques
passables, et ça suffira à dire que Kamelot réussit encore à faire le
job. Mais c'est quand même loin d'être un album mémorable...
- Kamelot - Poetry for the poisoned (2010) ★ ★ ½
Après deux albums en pilotage automatique, Kamelot semble faire preuve
de bonnes intentions sur cet opus de 2010, qui sera le dernier avec son
chanteur emblématique Roy Khan. Les guitares sont plus présentes, c'est
plus heavy (on retrouve accessoirement les intonations orientales chères
au groupe), plus sombre aussi, on se vautre un peu moins dans l'easy
listening et ça fait du bien. On a même droit à une chanson-titre fleuve
découpée en quatre sections (neuf minutes seulement de musique au total,
ceci dit). Le retour d'intentions prog chez Kamelot ? Peut-être, mais en
pratique ça tombe plus qu'un peu à plat, la faute à un fond musical tout
simplement pas au niveau. Pas de miracle, le groupe se repose une fois
de plus beaucoup trop sur une surenchère d'orchestrations et d'invités,
ce qui a le mérite de varier un peu les ambiances (The Zodiac
avec Jon Oliva au chant par exemple semble presque incongru sur un album
de Kamelot), mais cache assez mal une inspiration pas vraiment
retrouvée. Alors ça s'écoute toujours facilement, on passe une petite
heure pas désagréable, mais on n'en retiendra à peu près rien, même
après plusieurs écoutes, car aucun titre ne marque réellement. C'est
quand même un peu mieux que l'album précédent, mais ça fait un moment
qu'on attend un vrai bon album de la part de Kamelot.
- Kamelot - Silverthorn (2012) ★ ★ ★
Le mieux qui pouvait arriver à Kamelot pour sortir de la routine un peu
planplan dans laquelle il s'est englué depuis une décennie, c'était
probablement un changement de line-up. Voilà qui tombe bien, son
chanteur emblématique Roy Khan quitte le navire et laisse la place au
caméléon Tommy Karevik. Une occasion de changer un peu de style vocal ?
Pas le moins du monde, puisque le caméléon en question fait son job à la
perfection, et qu'une oreille inattentive pourrait presque ne pas se
rendre compte du changement. Mais ce début de nouvelle ère pour le
groupe a quand même motivé un certain regain de créativité, avec des
titres un poil plus variés et le retour de passages presque speed ou de
sonorités orientales qui renvoient directement à la grande époque du
groupe (même si la comparaison n'est pas forcément à l'avantage du petit
nouveau, soyons honnêtes). Le tout restant bien sûr grassement enrobé
d'un gros paquet de touches orchestrales, d'interventions de choeurs pas
vraiment utiles (les gamins sur la chanson titre, mouaif) et
d'irruptions d'un tas d'invités censés donner vie à un concept album au
canevas bien gothique qui aurait pu servir pour un album de King
Diamond (mais les atmosphères ne sont pas exactement les mêmes ici,
bien entendu). Mais même si l'ensemble reste un peu trop attendu et
facile, on ne peut pas nier qu'il y a plus de musique ici que dans les
deux ou trois disques précédents du groupe, Kamelot confirme donc être
sur une pente légèrement ascendante. En tout cas, on ne passe pas un
moment mauvais à l'écoute de ce heavy symphonique classique mais
efficace, on peut dire que, pour cette fois, le groupe a fait
correctement son travail.
- Kamelot - Haven (2015) ★ ★ ½
Les hasards de ma programmation metal me réservent parfois des
enchaînements délicats : revenir à du Kamelot après Neurosis, c'est,
comment dire, assez particulier. Mais bon, avec l'arrivée d'un nouveau
chanteur, Kamelot semblait faire preuve d'un timide renouveau sur son
disque précédent, et le groupe confirme ici qu'il a de nouveau beaucoup
d'envie de montrer ce qu'il sait faire. En découlent des titres heavy
bien pêchus et efficaces (Fallen star qui ouvre l'album, Veil of
Elysium), qui sentent très fort les influences de musiques de film
symphoniques, mais qui montrent la capacité des américains à bien faire
dans la catégorie (presque) speed. Mais à côté de ça, que de maladresses
! La volonté de fourrer des gimmicks electro partout (pour faire
moderne) est fatiguante, surtout quand elle s'accompagne de solos de
clavier bons à jeter à la poubelle (le son desdits claviers n'est
vraiment pas emballant, et il y a déjà largement assez de couches avec
les orchestrations et les interventions chorales, surtout que les
refrains sont justement très souvent chantés en choeur), les deux
ballades sont sirupeuses à souhait (guitares et batterie au repos, on
essaye même pas de faire croire que ces pistes ont encore quelque chose
de metal), et le choix des invités pas toujours pertinent (désolé, mais
le chant "vomi matinal" d'Alissa White-Gluz m'est totalement
insupportable). En fait, on a un peu curieusement l'impression
d'entendre un groupe débutant, surmotivé mais pas encore totalement au
point, à qui on aurait fourni des moyens un peu disproportionnés par
rapport à son niveau réel. Encore un disque qui se laisse tout à fait
écouter dans son ensemble (les mélodies sont jolies, le chanteur fait le
boulot) mais qui ne laissera clairement pas un souvenir impérissable.
- Kamelot - The Shadow theory (2018) ★ ★ ★
Ce qui est bien avec les albums récents de Kamelot, c'est qu'on ne prend
absolument aucun risque d'être déçus, puisqu'on sait à l'avance ce qu'on
va y trouver ! Du heavy symphonique bien chargé (avec intro et dernière
piste purement orchestrales, bien entendu), pas mal de bidouillages
électroniques pour faire genre, du refrain mélodique (choral ou non) en
veux-tu en voilà, un peu de solo de clavier kitsch dont on se demande
toujours ce qu'il fout là, et bien sûr deux ou trois invité(e)s,
notamment pour rendre les deux ballades qui sont apparemment
obligatoires dans le cahier des charges un peu moins quelconques. Allez,
si on est chanceux, on aura droit à douze secondes de growl sur
l'ensemble du disque pour pimenter la chose. Le tout étant quand même,
soyons honnêtes, exécuté avec un professionnalisme redoutable. Et il se
trouve que cette livraison de 2018 est plutôt dans le haut du panier de
ce qu'a produit Kamelot ces 15 (20 ?) dernières années. Peu de titres
vraiment ratés, l'ensemble est entraînant, et on a même droit à deux ou
trois chansons vraiment réussies quand le groupe se décide à revenir à
du speed bon teint (Kevlar skin, malgré les solos qui gâchent la
fin), ou même quand il tente d'innover un peu (la cornemuse et les
choeurs de gamins de Burns to embrace, aussi improbable que ça
puisse paraître, donnent un joli cachet au titre). Ce n'est clairement
pas assez pour taquiner l'excellence, mais on passe un bon moment.
- Kamelot - The Awakening (2023) ★ ★ ★
Réunion de crise chez Kamelot suite à la publication de mes critiques de
leurs derniers albums :
- Bon, les gars, ça va pas, y a le Roupoil qui trouve qu'on ronronne et
qu'on fait toujours la même chose, faudrait innover un peu.
- Innover ? T'es fou, toi, ça fait au moins 20 piges qu'on le fait plus,
on a perdu la main ! Tu voudrais qu'on change quoi ?
- Ben je sais pas, enlever les ballades peut-être ?
- Ah non, hors de question, deux ballades par album, ça remplit, c'est
dans le cahier des charges !
- Euh, peut-être arrêter d'inviter douze mille chanteuses sur chaque
album ?
- Mais mec, c'est ça qui fait vendre, tu veux mettre quoi à la place,
une violoncelliste peut-être ?
- Ah c'est une idée ça. En plus, ça ferait plaisir au Roupoil du
violoncelle. À creuser...
Et c'est ainsi (ou pas) que Tina Guo, violoncelliste de formation
classique qui a très mal tourné (dans le genre "je bouffe à tous les
râteliers", elle se pose là...) nous gratifie de quelques interventions
sur ce dernier album en date de Kamelot. Assez anecdotique, mais au
moins il y a un poil de neuf à se mettre sous la dent, car pour le reste
le groupe reste fidèle à son credo depuis bien longtemps : il continue à
faire ce qu'il sait faire, et ne cherche surtout pas à modifier la
recette. C'est mélodique, bourré d'orchestrations plus ou moins
convaincantes, souvent à la limite du sirupeux quand le tempo ralentit,
mais convaincant quand on se rapproche du speed (The Great
divide, le titre d'ouverture, est vraiment pas mal malgré un refrain
modulant de façon assez bateau). Rien de génial, mais du boulot qui
reste bien fait et qui satisfera les amateurs du genre comme moi.