Mon avis personnel sur les disques de Judas Priest
- Judas Priest - Rocka rolla (1974) ★ ★
C'est à un des plus gros poids lourds du metal que je m'attaque avec cet
album, sorti à une époque où le genre était encore balbutiant. À tel
point d'ailleurs que ce premier essai, outre sa pochette et son titre
assez ridicules, a le gros défaut... de ne pas être du tout un disque de
metal, mais bien du rock tout ce qu'il y a de plus standard, avec un
certain groove plutôt appréciable sur quelques pistes (One for the
road, Never satisfied), mais aussi des choses plus
expérimentales d'un intérêt très limité (Deep freeze) et un
Run of the mill où on a l'occasion d'entendre pour la première
fois Rob Halford monter dans les aigus, mais c'est pas franchement beau
(le même Halford surprend plus en mode quasiment crooner sur Dying to
meet you). Globalement, ce n'est pas désagréable mais ça n'a quand
même qu'un intérêt très limité tant ça manque d'originalité et de
personnalité. Si on compare aux débuts de Black Sabbath quelques
années plus tôt (groupe qui est censé avoir fortement influencé Judas
Priest), on est quelques catégories en-dessous.
- Judas Priest - Sad wings of destiny (1975) ★ ★ ★ ½
Après un premier disque oubliable, je ne suis pas encore entièrement
séduit par ce deuxième album de Judas Priest, même si les écoutes
répétées me l'ont quand même fait pas mal réévaluer (oui, oui, j'étais
initialement parti pour une note plus sévère). Soyons honnêtes, même
s'il s'agit encore d'un album beaucoup plus rock que metal, il y a quand
même pas mal de pistes très intéressantes : un prélude assez
grandiloquent avec piano et "orchestre" qui lance bien les choses
(enfin, si on n'a pas une version de l'album où il se retrouve en plein
milieu...), suivi d'un Tyrant vraiment réussi (le duo vocal à un
moment fonctionne vraiment super bien), et puis bien sûr le morceau de
bravoure Victim of changes qui serait excellent... si Halford ne
se lançait pas sur la fin dans des piaillements suraigus complètement
délirants et à la limite du supportable. Ce n'est hélas pas la seule
piste où ce genre de gag vient tout gâcher, Dream deciever
(espèce de ballade mélancolique à l'atmosphère très prenante) peut
difficilement être écoutée jusqu'au bout à cause d'un passage en voix de
tête risible (non, désolé, je ne comprends vraiment pas, du chant aigu
"normal" très bien, mais là c'est pas possible). Et puis on se serait
quand même extrêmement bien passé de l'espèce de parodie de Queen
que constitue Epitaph. Bon, je suis méchant mais pour le reste
c'est quand même vraiment pas mal hein.
- Judas Priest - Sin after sin (1977) ★ ★ ★
Troisième étape dans ma découverte de la discographie de Judas Priest,
je continue à trouver ça très sympa, mais pour moi ça ne monte pas
au-dessus (c'est même un peu moins bon à mon sens que l'album
précédent). Déjà, c'est à nouveau trop rock et pas assez metal pour moi
(le titre d'ouverture Sinner, par exemple, même pour l'époque ça
renverse pas les tables, encore une fois ça n'a vraiment rien de
comparable avec ce que produit Black Sabbath un peu avant à mon
sens), et puis il y a quand même un ventre mou de chansons assez
quelconques en milieu d'album (de Last rose of summer à Raw
deal, rien n'est franchement mauvais mais ça s'oublie aussi tôt). Le
reste est bien, voire très bien : Dissident agressor est le seul
titre qui dépote un peu plus, Starbreaker fonctionne très bien
sans chercher midi à quatorze heures, mais le meilleur dans cet album
c'est pour moi Diamonds and rust, c'est-à-dire une reprise (ceci
dit, j'ai été écouter l'original de Joan Baez que je ne connaissais
évidemment pas, et ça n'a quand même pas grand chose à voir !). Sans
être franchement déçu, j'attends toujours un titre du groupe qui me
donne vraiment envie de l'écouter en boucle.
- Judas Priest - Stained class (1977) ★ ★ ★
Toujours la même chose en ce qui concerne Juas Priest pour moi, c'est
sympa mais pas inoubliable. Pourtant, la pochette laissait imaginer un
album beaucoup plus metal que les précédents, c'est vaguement le cas (la
première piste Exciter bien speed, ou encore Saints in
hell) mais toujours sur un modèle de riff très répété certes
efficace mais qui lasse un peu à la longue. Je préfère en fait la
chanson titre, vraiment sympathique, et (encore une fois) la reprise
Better by you, better than me qui reste bien en tête. Le disque
se termine bien avec la ballade Beyond the realms of death (mais
j'ai lu un peu partout que c'était le Stairway to heaven du
groupe, je trouve la référence écrasante) et un Heroes end qui ne
se prend pas la tête mais qui est bien réjouissant dans un style hard
rock plus classique. Le reste est correct mais vite oublié, c'est encore
une fois un bon album mais vraiment rien de plus pour moi. Je crois que
je vais arriver à cours d'inspiration pour les disques suivants si ça
continue comme ça.
- Judas Priest - Killing machine (1978) ★ ★ ★ ½
Grosse année 1978 pour Judas Priest, puisque cet album déboule à peine
quelques mois après Stained class. Pas vraiment de baisse
d'inspiration pour autant, on a même droit à quelques titres qui
figurent pour moi parmi les meilleurs que j'ai écoutés du groupe pour
l'instant : l'introductif Delivering the goods, hyper efficace,
et surtout Hell bent for leather qui, en plus de fixer le fameux
look cuir du groupe, possède un refrain irrésistible (le motif de
guitare est excellent). On a aussi droit (comme d'habitude !) à une
reprise réussie avec The green manalishi. Mais hélas, un album de
Judas Priest ne semble pas pouvoir être convaincant de bout en bout, et
celui-ci aussi a droit à ses pistes plus quelconques et datées (Rock
forever, Evil fantasies), et même à du franchement douteux
(le refrain de Evening star, le retour de la caricature de
Queen avec Take on the world). Inégal donc, même si les
hauts sont suffisamment hauts pour en faire l'un de mes disques préférés
du groupe jusqu'à présent.
- Judas Priest - British steel (1980) ★ ★ ★ ½
Je continue finalement mon parcours tranquille de la discographie de
Judas Priest, et je change enfin de décennie. Après le fameux live
Unleashed in the East, le groupe revient avec la volonté
manifeste de faire efficace : neuf titres tous assez calibrés (on
n'atteint jamais les cinq minutes), et une certaine simplicité dans la
construction des chansons, jusqu'à devenir presque caricatural
(Breaking the law, 2 minutes 30 qui reposent sur quasiment rien,
et pourtant c'est très efficace !). Et ça marche de fait assez bien,
Rapid fire, Grinder ou même The Rage (malgré son
intro surprenante à la basse) sont des titres qui ne vont pas chercher
midi à quatorze heures et qui se dégustent avec plaisir. À côté de ça,
comme d'habitude, on a toutefois des tentatives nettement moins
réussies, le refrain choral de Living after midnight ou l'enième
tentative de faire un tube queenesque United sont assez ratés.
Surtout, même si l'album reste globalement très bon, je ne peux toujours
pas crier au chef-d'oeuvre, tant j'ai l'impression que par rapport aux
groupes vraiment novateurs de la même période (le premier album de
Maiden date de cette même année 1980...), Judas Priest se
contente de faire un boulot correct mais qui n'a rien d'exceptionnel.
- Judas Priest - Point of entry (1981) ★ ★ ½
Pour ce début de nouvelle décennie, le groupe continue encore à aligner
les disques avec une régularité impressionnante, mais celui-ci a
nettement plus mauvaise presse que ses prédécesseurs (et successeurs,
d'ailleurs) immédiats (et pas seulement à cause de la pochette). Je ne
suis qu'à moitié d'accord. Sur le fond, ça reste pour moi un album de
Judas Priest assez cohérent avec ce qu'ils font depuis un certain temps,
des titres bien calibrés et globalement plus rock que franchement métal,
avec quand même une ou deux pistes qui envoient un peu plus. Bon, ok,
sur celui-ci, c'est vrai que ça manque quand même de chansons vraiment
efficaces, il y a bien Heading out to the highway et son
excellent riff qui ouvrent parfaitement l'album, mais ensuite rien de
très impressionnant (Desert plains et son motif presque
hypnotique est réussie mais on est dans un autre genre). Et par contre,
on a comme toujours un ou deux titres vraiment douteux qui semblent
s'être égarés (les bruitages de Solar angels, le refrain de
You say yes qui vient gâcher l'excellente intro). Le tout
s'écoute encore agréablement, mais sans plus, on s'éloigne encore un peu
du concept d'album mémorable (que selon moi le groupe n'a de toute façon
encore jamais produit).
- Judas Priest - Screaming for vengeance (1982) ★ ★ ★ ★
Après un Point of entry, le groupe reprend du poil de la bête.
Là, pour la première fois de toute la discographie du Priest, on a
vraiment un très grand moment, avec l'entrée en matière exceptionnelle
que constitue le très court The Hellion (intro instrumentale qui
réussit l'exploit d'être grandiose sans donner dans le pompeux) enchaîné
avec un Electric eye ravageur malgré les voix assez robotiques
dont je ne suis pas fan (m'enfin, en termes d'effets bizarres,
Fever est nettement pire). Alors, ça y est, on le tient, le
chef-d'oeuvre ? Eh ben non, pas encore, car le groupe semble
définitivement incapable de faire un album entier homogène et réussi de
bout en bout. On a donc une qualité assez décroissante au long de la
première moitié du disque (Riding on the wind est très bonne, la
plus rustique Bloodstone fonctionne encore malgré une
répétitivité certaine, mais ensuite c'est vraiment moins bon), mais
heureusement, quelques bonnes surprises nous attendent en fin de course,
avec un You've got another thing coming où Judas Priest réussit
(enfin !) à créer un tube "queenesque" immédiatement séduisant, et le
Devil's child final qui sent bon son AC/DC (ce qui
personnellement ne me dérange pas). Magré un gros ventre mou, c'est
quand même un excellent album.
- Judas Priest - Defenders of the faith (1984) ★ ★ ★ ★
Approchant de la moitié de la discographie de Judas Priest, je n'ai
toujours pas trouvé d'album justifiant totalement à mon goût leur place
au sommet du panthéon du metal, mais eux sont manifestement tout à fait
convaincus de leur talent et n'hésitent pas à se déclarer ici en tant
que défenseurs de la foi métallique. Cela prend la forme d'un diptyque
qui clôt l'album en mode "faisons lever les foules dans les stades"
(Heavy duty/Defenders of the faith), on est vraiment à la limite
du ridicule, mais c'est finalement assez cohérent avec d'autres
tentatives antérieures du groupe de créer des hymnes fédérateurs. Et le
reste de l'album ? Pas de tuerie absolue comme l'intro du précédent,
mais quasiment que du (très) bon (seule la ballade Night comes
down me semble assez quelconque), une entrée en matière efficace
avec Freewheel burning, des refrains qui fonctionnent (Love
bites, Eat me alive) et même un The Sentinel épique
qui lorgne presque du côté de Maiden. Bref, encore une fois, sans être
une révélation absolue, ça reste très solide.
- Judas Priest - Turbo (1986) ☆
Ah, les années 80, le bon vieux son des synthés en plastique et la
musique "easy listening" qui cache juste un manque total d'inspiration
sous quelques kilos de paillettes ! Bon, ok, c'était à la mode à
l'époque, et même Maiden a mis des synthés dans son Somewhere in
time la même année. Mais Judas Priest ne se contente pas du tout de
saupoudrer un peu de sons futuristes dans ce Turbo, non non non, sous
prétexte de racoler le marché américain (pour lequel ils devaient donc
avoir sacrément peu de respect, soit dit en passant !), ils se vautrent
allègrement dans les pires clichés de cette musique facile : guitares
synthé qui bzouibzouitent à longueur d'album (l'intro de Out in the
cold, c'est vraiment pas possible), batterie en mode pilotage
automatique surmixée pour claquer de façon complètement artificielle, et
surtout des compositions qui ne sauvent même pas le disque, avec des
refrains chantés en choeur sucrés au possible (Private property,
Rock you all around the world). Aucun titre qui ne soit pas à
jeter dans cette tentative honteuse (apparemment, Turbo lover est
tout de même considéré par beaucoup comme un classique du groupe,
pourtant il combine tous les défauts cités ci-dessus...), surtout de la
part d'un groupe qui s'était déclaré Defenders of the faith deux
ans plus tôt !
- Judas Priest - Ram it down (1988) ★ ★
Initialement, l'horrible Turbo devait être un double album (la
vache, déjà qu'un simple était de trop...). Du coup, ce Ram it down
sorti deux ans après contient des bouts prévus pour aller dans le disque
précédent, est-ce un signe du fait qu'on va encore devoir faire preuve
d'un certain masochisme pour aller jusqu'au bout de l'écoute ? Non,
heureusement, si on retrouve quelques caractéristiques sonores (niveau
batterie notamment), le ton est beaucoup plus musclé, et donc
intéressant. D'ailleurs, la chanson titre qui ouvre l'album est une
bonne surprise, ça va vite et c'est efficace. Je suis ensuite un peu
perturbé par des réminiscences thématiques (bon, pour Heavy
metal, c'est parce que j'ai triché, j'ai déjà écouté
Painkiller, et le motif de All guns blazing est quand même
plus que reconnaissable ; quant à Love zone, j'y entends
Antisocial et ça crée un décalage pour le moins curieux), mais il
y a globalement du bon sur une moitié du disque (Come and get it,
c'est très bien !). Et puis... bah ça s'effondre un peu, Blood red
skies retrouve des sonorités insupportables (ça a un petit côté
Final Countdown par moments, mais sans le côté jouissif du titre
d'Europe), puis on a droit à une reprise incompréhensible de
Johnny B. Goode (j'adore l'original, mais là ça ne ressemble à
rien) et on conclut avec un Monsters of rock inhabituellement
lent et lourd pour du Judas Priest mais qui remonte un peu le niveau.
Avec quelques ratés et pas franchement de vrai tube, on a un album très
mineur dans la discographie du groupe.
- Judas Priest - Painkiller (1990) ★ ★ ★ ★ ½
La versatilité de Judas Priest est quand même extraordinaire. Après
s'être vautrés dans un heavy disco-FM immonde pour Turbo, voilà
que, seulement deux albums plus tard, ils sortent l'album le plus brutal
(et de loin !) de leur discographie, comme s'ils s'étaient soudain
rendus compte que, quitte à essayer de coller à la mode, il y avait
aussi un truc appelé thrash metal qui s'était bien développé ces
dernières années et que peut-être ce serait cool de s'y mettre aussi.
Mais le pire, c'est qu'ils font ça extrêmement bien : le nouveau batteur
est manifestement dans son élément (cette intro sur le titre éponyme !)
même si c'est loin d'être subtil, les guitares s'en donnent à coeur joie
avec une avalanche de riffs acérés et de solos efficaces. En fait, le
seul auquel cette nouvelle ambiance très musclée ne convient pas, c'est
Halford qui force dans l'aigu en permanence jusqu'à devenir franchement
pénible (c'est lui qui coûte à l'album la note parfaite). Pour le reste,
même si c'est un brin monolithique (les cavalcades de Hell
patrol, Leather rebel ou Metal meltdown, toutes
réussies qu'elles soient, sont un peu sur le meme modèle), quelle
efficacité ! On notera quand même une tentative sur la deuxième moitié
de disque de créer des atmosphères inquiétantes un peu plus vintage qui
collent peut-être plus à l'image traditionnelle du groupe (l'excellent
Night crawler, et surtout la surprenante A touch of evil
avec la résurgence des synthés). Mais en ce qui me concerne, c'était
presque inutile, du bourrin aussi bien fichu et prenant que
Painkiller ou All guns blazing, j'en redemande !
- Judas Priest - Jugulator (1997) ★ ½
Après un Painkiller pourtant excellent, il aura fallu attendre
sept longues années avant de voir une nouvelle proposition de la part de
Judas Priest. La faute, bien entendu, à la rupture avec son chanteur
emblématique Rob Halford. Mais alors, maintenant qu'ils ont trouvé un
remplaçant en la personne de l'inconnu Tim Owens, que faut-il attendre
de leur musique ? Eh bien, si Painkiller était inhabituellement violent
pour le groupe, ça restait encore bien léger par rapport à ce que
propose ce Jugulator. Rythmique ultra lourde, guitares hyper graves et
saturées, on reconnait à peine le groupe, on a plus l'impression d'être
en train de découvrir un épigone du premier Sepultura, voire pire
(Judas Priest a tourné à l'époque avec Pantera, après tout...).
Au niveau des bons points, Owens s'en sort très très bien (capable
d'aller dans l'aigu façon Halford mais loin de se limiter à ça) et
quelques introductions qui mettent dans l'ambiance (bien sombre, on
l'aura compris). Côté mauvais, un abus de bruitages ineptes (sur
Decapitate, ça frise le mauvais goût), un son beaucoup trop
chargé (guitares saturées donc, mais aussi batterie ultra bourrine) et
une musique qui ressasse en permanence le même type de structures (riff
répétitifs et peu mélodiques), ça finit assez rapidement par fatiguer.
En fait, on a en face de soi un album assez lambda de thrash bien
bourrin, genre qui ne jamais passionné outre mesure. Judas Priest nous a
habitués à mieux que ça.
- Judas Priest - Demolition (2001) ★ ½
Les années 90 auront vraiment été années de vaches maigres en ce qui
concerne Judas Priest, puisqu'il faut attendre 2001 pour voir débarquer
le deuxième (et dernier) album du groupe avec Tim Owens au chant. Si
Jugulator était assommant de bourrinitude, ce Demolition, malgré
son titre (et sa pochette franchement cheap) l'est moins. Certes, on
garde un son assez désagréablement lourd et saturé, mais c'est beaucoup
plus varié et mélodique que l'opus précédent. Là où le bât blesse, c'est
que c'est en fait trop varié, ça part dans différentes directions
contradictoires, c'est très long, et on a bien du mal à comprendre le
but de l'ensemble. Un peu de synthés datés (sur l'horrible ballade
Close to you ou sur Lost and found), des effets au mieux
discutables, au pire douloureux (la voix robotisée du refrain de
Cyberface, on tombe vraiment très bas), beaucoup d'intros plus ou
moins bruitistes sans intérêt, d'autres qui lorgnent assez clairement du
côté de Metallica (Hell is home ou In Between, on a
aussi une sensation de déjà entendue pénible sur les lignes de chant de
Subterfuge, qui est par ailleurs un bon titre), mais aussi un
One on one aux forts relents de Rammstein (c'est à la fois
inattendu et assez raté), et le Metal messiah qui conclut l'album
est une atroce bouse avec couplets rappés qui confirme vraiment que
Judas Priest a mis de tout et de n'importe quoi dans ce disque. Ce n'est
pas toujours mauvais (Feed on me par exemple), mais il aurait au
moins fallu faire un peu de tri dans tout ça...
- Judas Priest - Angel of retribution (2005) ★ ★ ½
C'est l'album du grand retour pour Judas Priest. Grand retour de Rob
Halford au chant, bien entendu (mine de rien, même s'il n'y a eu que
deux albums publiés pendant la période Owens, 15 ans se sont écoulés
depuis Painkiller). Mais aussi le retour à un style beaucoup
moins agressif et moderne pour le groupe, qui semble vouloir renouer
avec la tradition de ses albums des années 80 plutôt que de faire une
suite à Painkiller (ou aux deux bouses qui l'ont suivi). C'est à la fois
rassurant et en même temps un peu décevant, à l'image d'un album tout à
fait honnête mais qui ne transporte jamais complètement. Le début est
pourtant pas mal, Judas rising profitant d'un son assez massif et
d'une énergie communicative, et Deal with the devil ayant un
refrain qui fonctionne bien. Mais petit à petit, on se met en mode
service minimum et les titres "corrects sans plus" s'alignent (la
ballade Angel, la cavalcade Hellrider qui veut remettre du
rythme dans l'ensemble mais n'y parvient pas totalement). On se dit même
par moments qu'il serait temps de passer à autre chose (les cris
d'Halford à la fin de Demonizer ne passent pas), ce qui sera
d'ailleurs plus ou moins le cas avec la très longue Lochness
conclusive, qui a le mérite de tenter vraiment autre chose, tout en nous
laissant un peu sur notre faim. Pas un mauvais album, mais on pouvait
espérer mieux pour les retrouvailles du groupe avec son chanteur
mythique.
- Judas Priest - Nostradamus (2008) ★ ★ ★ ★ ★
S'il y a une chose qu'on ne peut pas reprocher à Judas Priest, c'est de
rester trop longtemps campé sur ses acquis. Le groupe avait déjà opéré
plusieurs changements de direction aussi abrupts que surprenants, mais
celui de Nostradamus est probablement le plus invraisemblable de tous :
après 35 ans de carrière et alors qu'ils viennent de récupérer leur
chanteur emblématique pour un album qui pour le coup regardait
clairement en arrière, voilà qu'ils reviennent avec dans leur poche un
double disque consacré donc à Nostradamus, sorte de rock rock opera où
les chansons sont entrecoupées de nombreux titres de transition
atmosphériques, avec grand renfort de claviers symphoniques (par
moments, on a l'impression que le Michel de Notre-Dame, en plus de
prédire des conneries, avait inventé le voyage dans le temps et fait un
petit tour à bord de l'Enterprise). Sur le papier, ça ressemble
franchement à une très mauvaise idée, le groupe ne semblant pas du tout
le plus indiqué pour ce genre de projet (ils m'ont jusqu'ici rarement
convaincu quand ils essayaient de dépasser le stade de la chanson à la
structure basique, simple mais percutante). Et de fait, l'album a été
très controversé chez les adeptes du Priest classiquement heavy. Eh bien
moi je trouve que c'est tout simplement leur plus grand réussite...
Certes on reconnaît à peine le groupe, mais l'ambiance (globalement
sombre) est vraiment hyper prenante, Halford évite les piaillements
aigus et chante sobrement mais de façon réellement habitée, et les
titres mémorables s'enchaînent (Prophecy, War,
l'enchaînement de Sands of time et de Pestilence and
plague avec son refrain en italien, les plus épiques Conquest
ou Nostradamus, la très belle Alone). En fait, je pourrais
citer quasiment toutes les "vraies" chansons de l'album, qui ne tombe
dans la mièvrerie qu'à une ou deux reprises (la ballade Lost love
est vraiment mauvaise, le plus gros point noir, et l'enchaînement
Hope/New beginnings sur le CD2 est aussi d'un goût fort
discutable). Mais ces petites erreurs de parcours ne suffiront pas à
réfréner mon enthousiasme, je suis vraiment fan de cet improbable machin
!
- Judas Priest - Redeemer of souls (2014) ★ ★
Le temps passe et les albums de Judas Priest se font de plus en plus
rares (douze entre 1974 et 1990, seulement cinq entre 1990 et 2014). On
a même pu croire le groupe définitivement mort après Nostradamus
(qui aurait été un magnifique adieu !) : tournée présentée comme étant
la dernière, départ de l'un des membres fondateurs (le guitariste K.K.
Downing), ça sentait vraiment la fin, et puis en fait non, un nouvel
album est enfin arrivé, six ans après le précédent. Point de projet
ambitieux cette fois-ci, on revient, comme dans Angel of
retribution, à un heavy des familles tout à fait classique et
prudent. D'ailleurs, on a vraiment le petit frère de l'album cité, mais
en moins bon, notamment à cause d'un son très brouillon qui rend même
quelques pistes quasi inaudibles (Metalizer, c'est de la bouillie
sonore), et à quelques éléments pourtant caractéristiques du groupe mais
qui ne passent plus (les aigus d'Halford sur Halls of Valhalla ou
sur Battle cry sont plus douloureux qu'autre chose, la ballade
Beginning of the end est vraiment médiocre, même si c'est un
chef-d'oeuvre comparé au Never forget qui conclut le CD bonus
pour les courageux qui ont opté pour la version complète de presque une
heure et demie de l'album). On se console quand même avec des
compositions dans l'ensemble correctes (Redeemer of souls et son
côté épique presque maidenien, la rigolote March of the damned,
ou le groovy Crossfire), mais l'ensemble manque tout simplement
trop de conviction pour être plus qu'un album acceptable mais très
oubliable dans la discographie du groupe.
- Judas Priest - Firepower (2018) ★ ★ ★ ½
Judas Priest perd ses membres historiques un à un (c'est désormais Glen
Tipton atteint par Parkinson qui laisse sa place) mais continue à
produire un album de temps à autre. Ce dernier en date semble annoncer
via sa pochette un retour à l'époque de Defenders of the faith,
mais c'est vite contredit par ce qui nous est envoyé dans les oreilles :
au moins niveau son, on a droit à quelque chose de nettement plus
moderne et puissant que le moyen Redeemer of souls précédent, ça
envoie vraiment, et la piste éponyme inaugurale est vraiment excellente.
D'ailleurs, tout le disque s'écoute vraiment tout seul, même si on
pourra reprocher au groupe de se laisser un peu porter par cette
excellente production et de ne pas toujours se fouler niveau
compositions : refrains en choeur à gogo (qui tombent parfois dans
l'énervant, comme sur Children of the sun), influences qui vont
de Metallica (Lone Wolf) à Maiden (Traitor's gate), sans
jamais atteindre de sommet inoubliable (à part la première piste, ça
manque de titres vraiment marquants, même si j'aime beaucoup
Necromancer ou Rising from ruins) mais sans non plus
souffrir du phénomène du ventre mou, ce qui est en soi un bel exploit
pour un disque proposant pas moins de 14 chansons. En fait, le groupe
nous propose simplement un tour d'horizon du heavy metal avec la belle
assurance des vétérans qu'ils sont désormais devenus, mais qui sont loin
de proposer de la mauvaise musique.
- Judas Priest - Invincible shield (2024) ★ ★ ★ ★
Les papys du metal sont de retour ! Ben oui, Judas Priest ne pouvait pas
laisser passer l'année 2024 sans proposer un nouveau disque, exactement
un demi-siècle après le Rocka rolla inaugural de leur
discographie. Bien sûr, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis, le
groupe et le style ne sont plus vraiment les mêmes, mais on retrouve
quand même, et c'est bien l'essentiel, un Rob Halford impressionnant au
chant. Les mauvaises langues diront que la technologie moderne fait des
miracles, mais peu importe, sur CD il reste vraiment excellent, et on a
même droit à quelques-une des aigus qui ont fait sa légende (sur The
serpent and the king notamment). Et pour le reste, que fallait-il
attendre après un Firepower vraiment convaincant il y a déjà six
ans ? Eh bien, la même recette, à savoir un heavy très classique et
calibré (galopades et refrains mélodiques à gogo, solos qui vont bien
sur chaque piste ou presque) qui ne sort de ses rails que très
ponctuellement (l'atmosphère plus mélancolique de Crown of horns,
le solo acoustique de Giants in the sky), porté par une
production moderne hyper efficace. Que de l'attendu donc, mais la bonne
surprise de cet album, c'est qu'il n'y en a pas de mauvaise : tout est
parfaitement maîtrisé, aucune piste ne semble franchement hors de
propos, et la plupart sont des tubes irrésistibles (Panic attack
qui ouvre le disque, la chanson titre, Trial by fire, mais je
pourrais citer les deux tiers des chansons en fait). Classique, mais
amplement suffisant pour faire la leçon à quantité de groupes qui n'ont
pas le quart de l'ancienneté de Judas Priest.