Mon avis personnel sur les disques d'Iron Maiden
- Iron Maiden - Iron Maiden (1980) ★ ★ ★ ★ ★
Pour une fois, un groupe dont je connais la musique depuis un certain
temps (j'ai du écouter il y déjà bien longtemps presque tous les albums
du groupe jusqu'à Fear of the dark), et qui font pour moi partie
des classiques indémodables. Bien sûr, le poids des années se ressent,
avec ces chansons encore plus rock que vraiment metal, les guitares
volontiers geignardes et surtout la batterie en plastique (pour le coup,
un vrai point faible), mais même si on est (forcément) influencé par ce
qu'a pu produire le groupe ensuite, je crois honnêtement que, si on
devait juger tous les groupes de metal uniquement sur la première
chanson publiée, le Prowler de Maiden lui assurerait une place
parmi les plus grands. Toute la première moitié de l'album est
excellente, avec notamment un Phantom of the opera qui cherche à
sortir des sentiers battus, un léger coup de moins bien sur la fin
(c'est surtout la partie chantée de Strange world qui me plait
moins, je trouve qu'elle ne colle pas bien au reste), mais qui ne suffit
pas à réfréner mon enthousiasme (au pire, vu qu'on était encore à
l'époque où les disques faisaient entre 30 et 40 minutes, on se remet
les premières chansons). Et puis, détail supplémentaire, j'adore les
pochettes des premiers Maiden !
- Iron Maiden - Killers (1981) ★ ★ ★ ★ ★
Un tout aussi grand classique que le précédent, sur le même format ou
presque, qui aligne les moments forts quasiment sans interruption
(l'intro héroïque Ides of March, l'excellente chanson titre, le
break instrumental de Another life, l'instrumental tout court
Gengis Khan avec sa vague tentation d'exotisme qu'on retrouvera
de temps à autre dans les albums du groupe). Bon, en fait, je pourrais
presque citer tous les titres, y a pas grand chose à jeter (si je devais
à nouveau trouver une chanson qui me plait un peu moins, ce serait
peut-être Prodigal son que je trouve un poil plus lisse que le
reste). Ce qui est fascinant, c'est à quel point ça semble simple de
faire du bon metal quand on écoute tous ces classiques.
- Iron Maiden - The Number of the beast (1982) ★ ★ ★ ★ ★
Avec l'arrivée de Dickinson, on a vraiment le son "maidenien" inimitable
: voix plus aigue, lignes vocales plus étendues (le début de la chanson
titre, typiquement), le groupe gagne en complexité ce qu'il perd
peut-être en efficacité directe. Dans tous les cas, l'intégration du
nouveau chanteur est impressionnante (dès le titre d'ouverture,
Invaders, on est entré sans la moindre phase d'adaptation dans
cette nouvelle ère), et l'alignement de tubes tout autant : Children
of the damned, The prisoner, 22 Acacia avenue et
Number of the beast sont toutes des réussites exceptionnelles.
Petit coup de moins bien à nouveau en fin d'album (le refrain choral de
Run of the hills est assez peu inspiré, et Gangland qui
suit ne vaut pas mieux) mais ce sont les deux titres les plus courts, et
Hallowed be thy name conclut en beauté un nouvel album absolument
incontournable. Mais si on suit l'espèce de numérologie présente dans
certains titres d'album ultérieurs, ce "six six six" n'aurait-il pas eu
sa place un peu plus tard dans la liste ?
- Iron Maiden - Piece of mind (1983) ★ ★ ★
Je l'avoue, parmi les albums des années 80 du groupe, qui sont en
général uniformément considérés comme des classiques, il y en a un avec
lequel j'ai toujours un peu de mal, c'est celui-ci. Pourtant, ça
commence très fort avec un excellent Where eagles dare introduit
par un motif de batterie spectaculaire (le nouveau batteur du groupe
aura eu droit à une sacrée entrée !), mais ensuite, le creux que je
ressentais souvent en fin d'album dans les disques précédents, là je le
retrouve un peu partout. Emploi presque systématique des choeurs pour
des refrains pas franchement recherchés (celui de Flight of
Icarus, franchement...), des ostinatos rythmiques qui servent
quasiment d'unique structure sur plusieurs chansons, voire même des
modulations assez artificielles (dans Die with your boots on ou
l'intro de To tame a land), l'évidence qui ressortait d'une
grande partie des chansons jusque-là a pour moi momentanément disparu.
Reste un album solide et agréable à écouter, mais loin pour moi des deux
mastodontes qui l'entourent dans la discographie maidenienne.
- Iron Maiden - Powerslave (1984) ★ ★ ★ ★ ★
Comme l'appréciation de la musique passe avant tout par le ressenti, je
serais objectivement bien incapable de dire pourquoi certains des
défauts que je trouvais à Piece of time, le précédent album du
groupe, ne me gênent pas du tout ici (pourtant, par exemple, la tendance
à abuser des choeurs sur les refrains est aussi présente ici). À
nouveau, tout me semble cette fois d'une fluidité remarquable, et pour
une fois, même pas vraiment de baisse de tension en cours d'album. Ca
commence très fort avec Aces high et surtout 2 Minutes to
midnight, on a droit à un instrumental sympa (c'est rare chez
Maiden, faut en profiter), aucune des chansons qui suit ne démérite et
après une chanson-titre déjà exceptionnelle, on achève en apothéose avec
un dantesque Rime of the ancient marriner de 13 minutes, qui est
tout simplement l'une de mes chansons préférées du groupe. Un
chef-d'oeuvre.
- Iron Maiden - Somewhere in time (1986) ★ ★ ★ ★
Avec sa pochette futuriste et l'introduction de synthétiseurs, cet album
semble vouloir inaugurer une nouvelle époque pour le groupe, ou du moins
renouveler sensiblement ses sources d'inspiration. En pratique, les
claviers restent discrets, et on alterne en fait entre quelques pistes
qui collent effectivement à cette nouvelle image (l'excellent
Somewhere in time inaugural, ou un Stranger in a strange
land que j'aime beaucoup aussi) et une majorité d'autres qui
recyclent beaucoup plus clairement des recettes déjà éprouvées (le
refrain de Wasted years, Loneliness of the long distance
runner, qui fonctionnent par ailleurs très bien), parfois un poil
poussivement (Heaven can wait, Déjà vu), avant d'achever
le tout sur un morceau "classiquement épique" (Alexander the great) pas
déshonorant du tout mais qui fait quand même pâle figure à côté de la
dernière piste de l'album précédent. Un ensemble qui fonctionne bien
mais qui me semble quand même bien en retrait par rapport à
Powerslave.
- Iron Maiden - Seventh son of a seventh son (1988) ★ ★ ★ ★ ★
Le classique incontournable en ce qui me concerne, je crois bien que
c'est le premier album du groupe que j'ai découvert, et je l'ai adoré
immédiatement. Je n'essaierai d'ailleurs même pas d'en faire un semblant
de critique objective, il n'y a de toute façon pas une chanson sur
celui-là qui ne me convainque pas.
- Iron Maiden - No prayer for the dying (1990) ★ ★
Bon alors, ce huitième album mérite-t-il vraiment sa (mauvaise)
réputation ? Ce qui est manifeste dès le départ, c'est qu'il y a un
changement de direction et même un retour en arrière assumé de la part
du groupe : aucune chanson longue (seule le dernier titre dépasse les 5
minutes), plus de sons synthétiques, le but affiché est de se recentrer
sur l'efficacité des premiers albums (et même plutôt des tout premiers,
avant l'arrivée de Dickinson au chant). Pourquoi pas, mais le gros
problème, c'est que ce retour en arrière s'accompagne de fait d'une
grosse régression en terme de qualité des compositions. Dès la première
piste, le bât blesse : jusqu'ici Maiden avait toujours démarré ses
albums avec un tube énergique qui lançait parfaitement la machine, là
malgré un riff initial tout ce qu'il y a de plus maidenesque,
Tailgunner s'enlise en cours de route, faute à un refrain choral
vraiment peu subtil. Et en fait, aucune des dix chansons de l'album ne
réussira à s'élever au-dessus d'un niveau correct sans plus (Holy
smoke, Run silent run deep par exemple sont des titres tout à
fait acceptables), avec même de vrais ratés qui font tâche (les choeurs
du refrain de The assassin, ouille), et un titre final
sympathique mais tellement anecdotique par rapport aux conclusions
épiques auxquelles Maiden nous avait habitués. Un peu l'impression en
fait d'un album entier constitué de ces "titres de remplissage" qu'on
trouvait parfois dans la deuxième moitié des albums précédents.
Objectivement pas si mauvais que ça, mais pour un groupe de ce calibre,
forcément très décevant.
- Iron Maiden - Fear of the dark (1992) ★ ★ ★ ★
Après un album assez uniformément décevant, en voilà un qui a au moins
le mérite de relancer la machine, avec des chansons plus variées et même
certains titres qui s'éloignent franchement de ce que propose
habituellement le groupe, pas toujours pour le meilleur il faut bien
l'avouer (notamment dans les chansons lentes, Afraid to shoot
strangers ne commence à ressembler à du Maiden qu'au bout de 4
minutes mais les ponctuations de batterie de la première partie c'est
vraiment pas terrible ; quant à Wasting love, c'est carrément une
balade mièvre sans intérêt), mais parfois avec de bonnes surprises
(The apparition et son riff qui évoque le Kashmir de Led
Zep). Surtout, les chansons plus "classiques" du disque sont quand
même d'une qualité nettement supérieure à celles du précédent, avec un
bon Be quick or be dead introductif, ou les efficaces From
here to eternity ou Childhood's end. On regrettera tout de
même un refrain choral foireux sur Chains of misery, une ou deux
chansons de trop (Week-end warrior, c'était vraiment pas la peine
de la laisser), et un Bruce Dickinson qui, pour le dernier album de sa
première pige chez Maiden, force parfois son talent jusqu'à
l'auto-caricature (Judas be my guide typiquement).
Pourquoi alors une note aussi indulgente après avoir cité autant de
défauts ? Eh bien, simplement parce que, si une chanson peut rattraper
tout un album, celui-ci en est un bon exemple, et la chanson-titre qui
clotûre Fear of the dark est pour moi l'un des incontournables du
groupe (la ligne mélodique qui débute le premier couplet, c'est
tellement Maiden !). Tant pis si le reste est (très) inégal.
- Iron Maiden : The X factor (1995) ★ ★
À propos du précédent album du groupe, j'avais répondu par l'affirmative
à la question "Une chanson qui tue peut-elle sauver un album ?". Cette
fois-ci c'est à la question plus épineuse "Un chanteur qui pue peut-il
flinguer un album ?" que je vais devoir m'attacher puisque j'arrive à la
fameuse "période Bailey" où le chanteur charismatique du groupe Bruce
Dickinson s'est fait remplacer par le très décrié Blaze Bailey. Bon, je
n'ai rien contre ce dernier a priori, mais soyons clairs tout de suite,
c'est effectivement un choix assez incompréhensible. Si chercher un
remplaçant dans le même style "lyrique" que Bailey était clairement une
mauvaise idée, il aurait toutefois fallu trouver un nouveau chanteur
avec une grosse personnalité, quitte à tirer un peu le groupe dans une
direction différente. C'est tout le contraire qui a été fait : Bailey
manque d'aigus, de puissance et surtout énormément de charisme, on a
peine à imaginer qu'il n'y ait pas eu beaucoup plus intéressant à
recruter parmi les chanteurs de l'époque (à vrai dire, il parait assez
étonnant que Bailey ait pu se faire une place dans un groupe pro, alors
le retrouver chez Maiden...). Qui plus est, la chanson la plus épique de
l'album est située en première piste, c'est forcément la moins adaptée
pour Bailey et ça irrite l'auditeur immédiatement (j'ai écouté ce même
Sign of the cross chanté en live par Dickinson à Rio, il n'y a
pas photo).
Bon, assez parlé du chanteur, que vaut au moins la musique de ce dixième
album ? Eh bien, dans l'ensemble pas mal mais inégale et avec quelques
défauts, un peu comme dans Fear of the dark. Ici, la chanson qui
aurait du tout exploser sur son passage est la première : malgré le fond
de chants grégoriens qui fait vraiment gadget, le titre est ambitieux et
maîtrisé, de l'excellent Maiden. Un bon début pas totalement confirmé
ensuite : beaucoup de tempos lents qui certes conviennent mieux au
chanteur mais s'enlisent en cours de route, une tendance de plus en plus
affirmée à répéter ad nauseam les refrains, et surtout un album qui n'en
finit pas, avec des derniers titres vraiment dispensables. Pourquoi donc
avoir poussé jusqu'à 70 minutes de musique s'il n'y avait pas vraiment
de quoi les remplir correctement ?
- Iron Maiden : Virtual XI (1998) ★ ½
Deuxième et dernier album du groupe avec Bailey au chant, et il s'agit
probablement de l'album le plus unanimement descendu par les fans.
Pourtant, de bonnes nouvelles pour commencer : la pochette est nettement
plus réussie que la précédente (et ça, quand même, c'est important !),
et le disque démarre avec un Futurreal énergique et convaincant.
De façon générale, la voix de Bailey me semble mieux mise à contribution
ici, avec même de vrais bons moments (il assure bien dans Lightning
strikes twice par exemple) même s'il y en a aussi de mauvais (il en
fait vraiment trop dans When two worlds collide). Dernier point
positif, l'album revient à un format "classique" pour du Maiden avec
seulement huit chansons et une durée globale d'un peu plus de 50
minutes. Hélas, il faut bien avouer qu'il y a peu de titres à retenir
musicalement parlant. À part le Futurreal déjà signalé et un
Clansman qui tient la route dans le genre long titre épique (même
si Maiden a déjà fait mieux dans le genre), le reste est au mieux
correct mais beaucoup trop répétitif (combien de fois entend-on le
refrain de The Angel and the gambler sur les 10 minutes, dont
cinq sont en trop, que dure la chanson ?), au pire carrément raté (toute
la fin de l'album après The Clansman est plus que poussive).
Finalement, la réputation de l'album est assez méritée, vraiment trop
peu de bonnes choses à retenir.
- Iron Maiden - Brave new world (2000) ★ ★ ★
L'an 2000 est pour le groupe une période de changement, qui semble de
toute façon annoncée par le titre de ce nouvel album. Bon, en fait de
changement, c'est plutôt un gros retour en arrière puisque le groupe
récupère, outre Bruce Dickison au chant, Adrian Smith à la guitare,
autre pilier de la période faste du groupe. Même au niveau musical, on
commence en terrain très très connu, puisque le Wicker man qui
ouvre le disque est une sorte de caricature du style maidenien, jusque
dans les "Wohohoho" du choeur. Mais bon, on est tellement contents de
retrouver l'identité du groupe qu'on ne s'en plaindra pas. Encore mieux,
le titre qui suit, Ghost of the navigator, est carrément
excellent, au niveau des classiques du groupe, tout ce qu'on peut lui
reprocher étant justement de ne pas chercher du tout le moindre
renouvellement. Avec la chanson-titre, le niveau redescend d'un coup, le
refrain étant vraiment trop pauvre (les paroles, sérieusement...) et
répété. En fait, on a déjà passé le meilleur de l'album, même si
quelques autres titres sont tout à fait corrects (les neuf minutes de
The nomad et son inspiration orientalisante notamment), on a trop
souvent des refrains sans grand intérêt (sur Blood brothers par
exemple) et les quelques touches de synthé sont assez malvenues, sans
compter que l'album est à nouveau probablement trop long. Bref, pour
être honnête, ce n'est pas totalement l'album du renouveau pour le
groupe, mais retrouver "le son Maiden" presque intact et (au moins) deux
ou trois chansons à la hauteur suffit déjà à être partiellement heureux.
- Iron Maiden - Dance of death (2003) ★ ★ ★ ★
Si l'on devait juger les albums d'Iron Maiden uniquement à leur
pochette, ce treizième opus serait sûrement à reléguer très loin en bas
de la liste. Mais fort heureusement, il est beaucoup plus intéressant
musicalement que graphiquement. Lancé par deux titres courts et d'humeur
assez résolument optimiste (le Wildest dreams d'ouverture, avec
son "one-two one-two-three-four" initial, semble même nous convier à une
séance régressive de "rock à papa"), l'album est à la fois varié,
intéressant presque du début à la fin malgré une longueur qui dépasse à
nouveau allègrement les 60 minutes, et comporte quelques excellentes
chansons, comme No more lies ou le très orchestral
Paschendale. C'est de toute façon la caractéristique la plus
notable du disque par rapport aux précédents opus de Maiden, les violons
synthétiques sont extrêmement présents, et pas seulement en simple fond
cosmétique comme dans Brave new world. Même si ça donne un côté
kitsch, je les trouve très bien employés dans le Paschendale déjà
signalé (ça rajoute vraiment à l'ampleur du morceau), mais nettement
nettement moins dans la dernière piste, un Journeyman dégoulinant
qui frise franchement la grave faute de goût. Dommage, car il s'agit en
fait de la seule piste franchement ratée du disque (bon ok, Age of
innocence qui la précède est pas un chef-d'oeuvre non plus, et la
piste titre Dance of death ne méritait probablement pas cet
éclairage). Pour le reste, on a vraiment un bon album, qui, comme son
introduction pouvait le laissait espérer, donne beaucoup de plaisir sans
trop se prendre la tête !
- Iron Maiden - A Matter of life and death (2006) ★ ★ ★ ★ ½
Un album totalement dans la lignée du précédent, sans surprise mais
hyper efficace. Le groupe a tout de même réussi un sacré retour après sa
période creuse des années 90, et je trouve même ici qu'on retrouve le
côté fascinant de l'alignement de chansons toutes hyper efficaces sans
qu'on ressente l'effort de composition derrière. Bon, on est pas tout à
fait au niveau des albums mythiques des années 80, notamment car il
manque une ou deux chansons qui se détacheraient vraiment du lot, mais
il y a par ailleurs bien peu de déchet dans les dix titres proposés ici
(qui sont tous relativement développés, la durée totale de l'album
dépassant cette fois-ci les 70 minutes !). Du tout bon.
- Iron Maiden - The Final frontier (2010) ★ ★ ★
Déjà le quinzième album du groupe, et on ne peut pas dire que
l'inspiration se tarisse, puisque l'album est encore plus long que le
précédent. Quoique, niveau inspiration, pas sûr que celui-ci soit le
plus mémorable du lot. Pas non plus le plus désastreux certes, mais on
reprend en gros les recettes des deux précédents (très peu de prise de
risques, des titres très calibrés Maiden) avec un métier qui ne fait
certes aucun doute mais aussi des longueurs par moments. Pourtant, le
disque commence de façon assez imprévue avec l'introduction futuriste de
la première piste (un peu gadget mais personnellement j'aime beaucoup)
qui débouche ceci dit sur un titre assez caractéristique de l'album :
pas mal mais rien de transcendant (et encore une fois un refrain trop
répété). La première moitié de l'album tient quand même très bien la
route, mais ensuite on se perd dans une série de chansons très
développées qui semblent trop souvent courir après les grands succès du
groupe sans vraiment les rattraper (des intros avec nappes de synthés en
veux-tu en voilà, de l'épique qui s'essouffle, des thèmes déjà abordés
plusieurs fois dans de précédents albums, mais surtout des
développements instrumentaux qui n'apportent pas grand chose sauf une
durée oscillant entre les 7 et les 11 minutes). On sent même parfois que
ça force un peu (Dickinson gueule pas mal sur The Talisman par
exemple). Maintenant que j'ai bien noirci le tableau, je peux quand même
conclure en précisant que l'ensemble reste très agréable à écouter, si
on n'avait pas déjà entendu ça en mieux de la part de Maiden, ce serait
un excellent album.
- Iron Maiden - Book of souls (2015) ★ ★ ★ ★
Eh bien, nous y voilà, au dernier album (à ce jour...) d'un groupe qui,
qu'on l'aime ou pas, est un pilier indiscutable du metal depuis plus de
40 ans. Et ils ont mis les bouchées doubles, puisqu'à force d'inflation,
ça ne tient même plus sur un seul CD ! Mais si la volonté de pondre un
album grandiose est assez manifeste (rien que l'intro solennelle de
Eternity should fail avec cette trompette, ça en jette pas mal),
elle est finalement assez bien assumée. Oui, bien sûr, il y a du refrain
répétitif, des choeurs un peu puérils (les wohohoho dans The red and
the black), une utilisation franchement abusive d'effets d'échos sur
les voix (à croire qu'ils ont découvert le gadget récemment et ne
peuvent pas s'empêcher d'en mettre un peu partout) et même quelques
pistes de remplissage dont on se serait volontiers passé pour que
l'album revienne à une durée plus standard (When the river runs
deep ou The man of sorrows). Mais la majorité du temps, c'est
quand même très bon (peut-être que l'effet pshychologique "dernier
album" joue aussi dans cette impression). Une chanson comme The great
unknown est super efficace, mais ce sont surtout les pistes longues
et ambitieuses qui tiennent la route, à commencer par la chanson-titre
qui, sans rien révolutionner, conclut superbement le premier disque.
Pour la conclusion du deuxième, il y avait de quoi craindre le gros
dérapage : une chanson de 18 minutes qui débute avec un solo de piano
kitschouille bientôt accompagné de violoncelle, à première écoute, ça
semble vraiment trop loin du style Maiden et trop caricatural pour
passer la rampe, et puis en fait on s'y fait et il y a même de très
beaux moments dans cette chanson (bon, qui reste quand même un peu
longue pour son contenu à mon goût). Comme pour l'album dans son
ensemble finalement, ce n'est clairement pas le sommet du groupe, mais
c'est quand même diablement attachant.
- Iron Maiden - Senjutsu (2021) ★ ★
Nouvelle livraison de la part du groupe le plus célèbre de la sphère
metal, et comme pour le précédent, c'est du volumineux, avec un double
CD et un peu plus d'une heure vingt de musique. Je vais être très
honnête : à la première écoute, j'ai trouvé l'album complètement raté.
Je suis un petit peu revenu depuis de cette première impression très
négative : il reste quand même dans tout ça un savoir-faire indéniable,
tant au niveau de la composition que de l'interprétation, et la patte
Maiden reste bien présente et audible. On atteint même dans quelques
titres le très satisfaisant : la chanson-titre introduit de façon
efficace le double album (c'est peut-être d'ailleurs la seule à tenir
vaguement la promesse d'une inspiration japonisante), et parmi les
titres à rallonge qui clôturent le disque, The Parchment est une
réussite même si on a l'impression d'avoir déjà fait cent fois le tour
de ce genre d'atmosphères et de thèmes avec Maiden. Justement, les
défauts, tout de même, restent nombreux : le son globalement indigne
d'un groupe aussi reconnu en 2021 (sur le single Stratego, c'est
carrément désastreux, comment ont-ils pu laisser passer ça ?),
l'impression persistante que Maiden se repose vraiment sur des recettes
éprouvées (le Empire of the clouds conclusif de Book of
souls était une prise de risque autrement plus manifeste que toutes
les pistes de Senjutsu réunies), et surtout un manque de conviction qui
fait que les titres s'éternisent sans accrocher suffisamment pour
justifier leur durée (forcément, y a plein de solos, faut bien faire
bosser les trois guitaristes, mais même s'ils ne sont pas infâmes, on
est à peine au-dessus du remplissage la plupart du temps). Encore une
fois, pourquoi remplir 80 minutes si ça ne tient pas la route
musicalement (dans un format beaucoup plus ramassé, Days of a future
past fonctionne assez bien par exemple) ? Bref, un album qui
s'écoute très bien, mais mineur au vu de la gigantesque discographie du
groupe.