Mon avis personnel sur les disques d'Iced Earth
- Iced earth - Iced earth (1990) ★ ½
Groupe testé sur les conseils de bons amis, dont je n'avais jamais
entendu parler auparavant (faut bien faire des expériences aussi). Le
nom du groupe et le look des pochettes pouvait laisser imaginer un metal
"nordico-épique", pas du tout, au moins dans ce premier album (il y a eu
énormément de changements dans le groupe, notamment niveau chant et
batterie, pour la dizaine d'albums ultérieurs), c'est du thrash bien
balisé qui marche très clairement dans les pas de Metallica (un
peu trop même) ... mais en beaucoup moins emballant : chanteur
franchement mauvais, batterie essentiellement inexistante, en gros il
n'y a que les guitares pour assurer (malgré quelques solos qui ne savent
pas trop où ils vont), c'est un peu léger. Dommage car les compositions,
à défaut d'être originales, sont assez sympa. Curieux quand même de voir
l'évolution du groupe, qui semble avoir bifurqué assez rapidement niveau
style.
- Iced Earth - Night of the stormrider (1991) ★ ★ ★
Déjà, preuve d'un certain bon sens chez le leader du groupe, on a changé
de chanteur et de percussionniste depuis le premier album. On est par
ailleurs beaucoup plus clairement dans le trip épique que j'imaginais à
la vue des pochettes : une histoire de stormrider (comme l'indique le
nom de l'album) qui va tataner du vilain, soulignée par une intro
symphonique assez hilarante décalquée sur le O Fortuna de Orff,
des bouts de choeurs insérés à certains moments et on a même droit au
son de la pluie. Ces ajouts d'un goût discutable rebuteront peut-être
ceux d'entre nous qui tolèrent moins bien le kitsch que moi,
personnellement j'aime assez. Pour le reste, on est en nets progrès, les
chansons sont assez maîtrisées, du classique bien fichu qui fonctionne.
Quelques bémols tout de même : certains enchaînements mélodiques ou
harmoniques assez space, une pseudo-balade très dispensable (Reaching
the end) et, bien entendu, le nouveau chanteur qui n'est certes pas
pire que le précédent, mais dont les piaillements réguliers laissent
percer une certaine attirance pour le chant "à la Mustaine", ce qui en
soit est assez inquiétant. Parmi les meilleures pistes à mon sens :
Stormrider ou Pure Evil. La longue dernière piste
Travel in Stygian est plutôt réussie même si inégale.
- Iced Earth - Burnt offerings (1995) ★ ★ ★ ★
Retour du groupe après une pause de quelques années et ... avec un
nouveau chanteur (qui réussira à tenir quelques années, bel exploit) !
Encore une fois, surprise, l'atmosphère de l'album est très différente
de celle du précédent (et du premier aussi), on a toujours un metal
assez classique, mais clairement plus sombre, avec des riffs lourds et
même l'utilisation de voix parlées dans l'introduction de certains
titres pour renforcer le côté pesant. C'est d'autant plus dommage du
coup d'avoir pris un chanteur à la voix très claire qui ne colle pas
tellement (mais bon, ne nous plaignons pas, il y a du progrès quand même
de ce point de vue là), et qui rend rapidement mièvres les passages où
le tempo redescend (le début de Last December en particulier).
Bizarrement, l'avant-dernière piste, The Pierced spirit, passage
calme avec accompagnement de piano et guitare acoustique, n'est pourtant
pas si mauvaise que ça. Mais là où je groupe brille, c'est quand il se
contente d'aligner riff sur riff, comme dans Brainwashed ou
Creator failure. Surtout, il ose terminer le CD par une plage de
16 minutes, Dante's inferno, qui tient la route tout le long,
chapeau ! Un très bon album qui mérite sa place aux côtés des classiques
du genre.
- Iced Earth - Dark saga (1996) ★
Les gars de Iced Earth sont même tellement inconstants qu'il est
franchement difficile de croire que cet album a été fait par les mêmes
gusses que ceux qui ont pondu la dernière piste du précédent : ici,
l'ambition est dramatiquement revue à la baisse puisque le disque aligne
les chansons de "pop metal" (honnêtement, vocalement, c'est vraiment de
la mauvaise pop) basiques, avec certes des guitares qui font encore un
peu de bruit mais surtout une volonté manifeste d'aller vers le
commercial sans âme (à écouter I died for you ou la dernière
piste A question of heaven avec ses inénarrables choeurs
féminins, on a vraiment envie de fuir en courant). Dans son genre, ce
n'est pas si mal fait, mais en ce qui me concerne, ce n'est pas ce que
je suis venu entendre...
- Iced Earth - Something wicked this way come (1998) ★ ★
Après avoir changé de style à peu près systématiquement dans leur quatre
premiers albums, je ne sais plus trop à quoi m'attendre en m'apprêtant à
écouter le disque suivant de Iced Earth. Eh bien, ils ont en quelque
sorte encore réussi à me surprendre : désormais, c'est au sein d'un même
album qu'on a droit à des changements de style permanents ! En effet, on
alterne ici de façon assez systématique les pistes heavy, classiques
mais très efficaces malgré le chant toujours criard (en gros, toutes les
pistes impaires sauf la 11) et les espèces de bluettes commerciales avec
tout le groupe qui chante en choeur (toutes les pistes paires sauf la
12, dans ce genre un titre comme Watching over me est quand même
assez terrifiant). Le tout est couronné par une dernière chanson qui
semble tenter de renouveler avec une certaine ambition : près de 10
minutes, une intro au piano assez dispensable, et une conclusion avec
choeurs pseudo grégoriens sur fond d'accompagnement orientalisant puis a
cappella, pas sûr que tout ça soit vraiment maîtrisé mais au moins ça
renouvelle l'intérêt de l'écoute. Un album beaucoup trop inégal donc,
mais si on se contente d'écouter les pistes impaires c'est loin d'être
mauvais...
- Iced Earth - Horror show (2001) ★ ★ ★ ★
Pour ce sixième album, le concept est de revisiter les principales
figures de la littérature et du cinéma fantastique. Pourquoi pas,
l'essentiel étant d'arriver à en tirer quelque chose de cohérent. Et là,
je trouve que c'est nettement plus le cas que dans l'album précédent. Un
ou deux égarements (Jack ou la dispensable ballade Ghost of
freedom qui est d'ailleurs la seule piste hors-thème du CD), mais
surtout une inspiration mélodique vraiment intéressante, et beaucoup de
bons titres, de l'inaugural Wolf qui envoie du bois à un
surprenant Phantom opera ghost faisant intervenir une voix
féminine (et un peu de synthé sur la fin) de façon efficace, en passant
par un Frankenstein bien massif et réjouissant. Mais le meilleur,
c'est peut-être Damien avec son introduction chorale vraiment
réussie. Tout ça est encore un peu inégal, mais dans l'ensemble un très
bon album.
- Iced Earth - The Glorious burden (2003) ★ ★ ★ ½
Tiens, pour ce septième album, le groupe a changé de chanteur (ça
faisait longtemps). Le nouveau est plus passe-partout que les
précédents, ce qui à mon avis n'est pas un mal, même s'il a une tendance
à se rater quand ça monte dans l'aigu. Quoi qu'il en soit, album
ambitieux avec presque une heure 20 de musique, dont une espèce de suite de plus
d'une demi-heure consacrée à la bataille de Gettysburg (suite qui
constituait le deuxième disque du double album à l'origine). Ah oui, je
n'ai pas précisé, le thème cette fois-ci c'est en gros "grands moments
historiques". Voilà qui est original, et peut-être un poil casse-gueule
: quand le disque commence par une reprise de l'hymne américain, puis
enchaine sur ou trois titres très grandiloquents et larmoyants, comme le
sirupeux When the eagle cries (qui évoque le 11 septembre),
honnêtement, on n'a pas très envie de continuer. Eh bien on aurait tort,
car la suite recèle de bonnes surprises, comme un Attila assez
réjouissant, un Waterloo plutôt maîtrisé, et surtout, surtout,
The devil to pay (première partie de la trilogie finale) qui,
bien qu'étant clairement en mode "allez on balance tout ce qu'on peut"
(orchestre symphonique, beaucoup de choeurs, comme dans tout l'album
d'ailleurs, et même une canonnade à un moment), est absolument
excellent, peut-être tout bonnement le meilleur titre du groupe dans
tout ce que j'ai écouté jusqu'ici. Les deux derniers épisodes sont moins
emballants (au bout d'un moment ils en mettent vraiment trop dans le
grandiose, ça en devient un peu lourd). Bref, même si c'est (encore) un
album très inégal, il faut au moins tester la deuxième moitié (si on n'a
pas trop peur du kitsch du moins).
- Iced Earth - Framing armageddon (2007) ★ ½
Après quelques années d'interruption, le groupe revient avec un projet
ambitieux : deux albums complets contant une histoire d'aliens se
vengeant des humains qui était déjà à l'origine des derniers morceaux de
l'album Something wicked this way come. Bon, je n'avais pas
tellement aimé ce dernier, mais pourquoi pas, ça donne une unité
bienvenue à l'ensemble et amène assez naturellement le groupe vers
quelque chose de plus épique (énormément de choeurs sur cet album) et en
même temps varié qui n'est pas pour me déplaire. Le problème, c'est tout
bonnement que tout ça est assez mal fait. Déjà les aliens de l'histoire
ne viennent clairement pas de Mars mais plutôt du Moyen-Orient, vu
l'utilisation de gimmicks arabisants dans pas mal de pistes (l'ouverture
du disque est une mélopée de violoncelles sur fond de tamtam, l'un des
moments les plus réussis de l'album). C'est original mais ça donne un
résultat discutable, par exemple dans l'intermède Invasion où ça
se mélange assez moyennement aux bruitages de lasers... Le reste du
temps, on oscille entre des morceaux lents peu inspirés (le central
The clouding, on n'est plus dans le domaine du metal, mais plutôt
du côté des mauvais titres de Scorpions... en pire), et des
morceaux plus rapides qui font absolument systématiquement appel à des
choeurs grandiloquents (la fin de A charge to keep, ouille !)
malgré tout assez bien exploités, mais surtout qui mettent à peu près
systématiquement la batterie en mode mitraillage sans l'ombre d'une
variation, et là pour le coup c'est totalement insupportable. Dommage,
l'ambiance générale est intriguante, mais la musique pas franchement à
la hauteur.
- Iced Earth - The Crucible of man (2008) ★ ★ ½
Suite (et fin) du dyptique consacré aux martiens, avec un album
logiquement dans la lignée du précédent, mais qui va quand même moins
chercher les effets bizarres (plus de bruitages de lasers notamment) et
se recentre globalement sur des chansons d'un classicisme plutôt
bienvenu. Plus vraiment de trace d'orientalisme non plus, sauf dans
l'assez immonde A gift or a curse et dans la piste finale qui
reprend la mélopée de violoncelles ouvrant l'album précédent. Toujours
beaucoup de choeurs un peu grandiloquents mais ça ne marche pas si mal
(un titre comme I walk alone est réussi), une vague tentation
"gothique" par moments (la piste initiale), mais aussi le retour du
chanteur précédent du groupe que j'avoue ne pas tellement apprécier. Ca
manque par ailleurs de titres vraiment marquants, mais l'ensemble
s'écoute plutôt agréablement...
- Iced Earth : Dystopia (2011) ★ ★ ★ ½
Tiens, ça faisait longtemps, un nouveau chanteur pour le groupe pour cet
album ! Mine de rien, le groupe atteint là son dixième album studio, et,
encore mieux, c'est un bon cru. Rien que du très classique, on ne se
disperse pas, le chanteur est bon, l'utilisation des choeurs efficace,
et les riffs sympathiques même si ça ressemble parfois beaucoup aux
précédents albums du groupe, que demander de plus ? Eh bien peut-être,
une fois de plus, de ne plus s'éterniser sur des ballades pseudo-pop qui
ne sont vraiment pas à la hauteur du reste (Anguish of youth
passe encore la rampe, End of innocence beaucoup moins), et
surtout de ne plus commettre de faute de goût comme l'introduction
triomphaliste complètement ratée de la dernière piste Tragedy or
triumph (dommage, c'est la plus longue du CD et passé la première
minute, elle tient la route...). Un bon album dans l'ensemble tout de
même.
- Iced Earth - Plagues of Babylon (2014) ★ ★ ★ ½
Avant-dernier album à ce jour de mes amis d'Iced Earth, qui semblent
avoir retrouvé un nouveau souffle avec l'arrivée du dernier chanteur en
date : après un Dystopia pas totalement abouti mais intéressant,
ce nouveau disque commence par un titre (celui qui donne son nom à
l'album) à la fois ambitieux (près de 8 minutes, dont une bonne minute
d'intro recherchée, utilisation de passages parlés et de choeurs) et
très réussi mélodiquement, mais qui va surtout puiser dans une
inspiration "épique sombre" qui convient vraiment bien au groupe et que
celui-ci n'avait plus vraiment exploitée depuis trop longtemps (on tient
le successeur de Night ot the stormrider, plus de 20 ans après
?). Vraiment emballé par ce début, et plus généralement par le premier
tiers de l'album, jusqu'à un Among the living dead très sympa
avec son ambiance "film d'horreur retro" (celui-ci c'est sur Horror
show qu'il aurait eu sa place !). Et puis ... eh ben il faut bien
admettre que ça a beaucoup de mal à tenir la route sur la distance, la
fin du disque aligne les compositions anecdotiques à la limite du
remplissage, avec recours aux ballades quand on ne sait plus trop quoi
faire (dont la bizarrement zozotante Spirit of times), et ce au
point de conclure l'album sur une piste de 20 secondes de rigolade entre
les membres du groupe qui laisse perplexe. Dans la mesure où le disque
dure une bonne heure, n'aurait-il pas été préférable d'élaguer un peu ?
Un album entier de la tenue des quatre premières pistes, franchement,
c'était une tuerie...
- Iced Earth - Incorruptible (2017) ★ ★ ★
Tournée d'adieu pour Iced Earth ? Si les événements récents
(emprisonnement du chanteur et leader de toujours) laissent penser qu'il
s'agit bel et bien de leur dernier album, il s'agira d'une sortie sans
faire de vagues, mais pas indigne non plus. Un disque très très
classique en fait, un peu trop même, rien de raté mais peu de pistes
mémorables également (même la piste finale, ambitieuse avec ses 9'30 au
compteur et son intro mélancolique sur fond de cornemuses, tourne un peu
à vide une fois vraiment démarrée, ça manque de subtilité). Pourtant,
c'est assez varié, le groupe tente même un instrumental intéressant
(Ghost dance, une espèce d'hommage aux indiens, peut-être le
sommet de l'album) et n'a pas perdu en termes de technique. En fait, je
n'ai pas grand chose de particulier à reprocher à cet album, mais c'est
globalement trop passe-partout pour vraiment s'imposer.