Mon avis personnel sur les disques de Gojira
- Gojira : Terra incognita (2000) ★ ★ ★ ★
Ce qui est bien vu ma méconnaissance assez totale des nombreuses
ramifications et autre sous-genres du metal (note : cette critique est
une des premières que j'ai tapées, ça a forcément un peu évolué depuis),
c'est que quand je découvre un nouveau groupe, je n'ai à peu près aucune
idée de ce qui va me tomber dans les oreilles. Je me demandais la
première fois que j'ai entendu chanter Joe Duplantier (collaboration
avec Apocalyptica) si c'était représentatif de ce qu'il fait avec
son groupe, j'ai maintenant un début de réponse : Gojira c'est
effectivement du bourrin, avec des riffs bien bien lourds et chant
guttural de rigueur la plupart du temps. Mais, et c'est tant mieux,
c'est aussi contrebalancé par l'apport rythmique de la batterie, et
quelques plages plus atmosphériques (les pistes plus courtes qui servent
d'intro à certains titres) bienvenues pour respirer un coup (même si
j'avoue toujours me demander si les cris en fond dans 1990
quadrillions de tonnes ne sont pas franchement insupportables). En
tout cas, les titres les plus marquants (Clone, Space
time) sont vraiment d'une puissance dévastatrice, ça nettoie les
oreilles ! Mes petits reproches tout de même : l'ensemble reste assez
monolithique, et le type de voix utilisé n'a vraiment aucun intérêt à
mon goût (mais ça je risque de le retrouver chez pas mal de groupes). Un
très bon premier album en tout cas.
- Gojira - The Link (2003) ★ ★ ★ ★
Pas d'évolution très notable sur ce deuxième album, le groupe reprend
les mêmes recettes avec la même efficacité, même s'il y a peut-être
moins de titres vraiment énormes que dans leur premier opus. C'est
toutefois compensé à mon sens par la présence en dernière piste d'un
très bon instrumental qui joue déjà un peu plus la carte du mélodique.
Ca reste en tout cas très bon.
- Gojira - From Mars to Sirius (2005) ★ ★ ★ ★ ½
Un peu plus de variété peut-être dans ce troisième album, mais ça reste
quand même dans l'ensemble bien lourd, comme en atteste l'enchaînement
des trois premiers titres qui ne laissent que peu de répit à l'auditeur.
On pourrait presque même reprocher à Gojira de tourner un poil en rond,
le riff qui ouvre Ocean planet, avec ses espèces de glissandi de
guitare vers l'aigu, ayant comme un air de déjà entendu. Mais en même
temps, la chanson est tellement énorme qu'on ne peut que s'incliner. Je
suis moins fan de From the sky avec sa batterie en mode
mitraillette, mais ensuite, tout est vraiment excellent, de la
parenthèse Unicorn à l'intro inattendue de Global warming
(là pour le coup, on s'éloigne effectivement sensiblement du metal
bourrin), en passant par la superbe Flying whales (et son intro
plus mélodique qu'à l'habitude), sans parler bien sûr du dyptique qui
donne son nom à l'album. Si je devais mettre un léger bémol, ce serait
une certaine répétitivité dans certaines pistes, qui pourrait peut-être
disparaître avec un travail encore un peu plus poussé sur l'aspect
mélodique. Mais bon, c'est vraiment un excellent album, encore un cran
au-dessus des deux premiers à mon avis.
- Gojira - The Way of all flesh (2008) ★ ★ ★ ★ ½
Le tournant du groupe vers une musique un peu plus variée me semble plus
manifeste dans cet album que dans le précédent. Rien que l'intro du
premier titre Ouroboros, avec des guitares qu'on pourrait presque
retrouver chez Muse (bon, ok, j'exagère sûrement, mais je manque
de références, mais ça sonne plus électro que metal brutal quoi) change
d'atmosphère, et ce n'est pas un mal d'ailleurs car la chanson est
excellente. On retrouve plus loin des pistes nettement plus bourrines,
avec du mitraillage de batterie parfois très bien exploité (dans
Toxic garbage island), parfois moins (All the tears), et
aussi l'incontournable intro instrumentale "atmosphérique" dans
Silver chord. Une ou deux pistes moins inspirées (j'aime
moyennement Yama's messengers), mais toute la fin de l'album est
à nouveau assez exceptionnelle, avec entre autre un Wolf down the
earth qui s'essaye vraiment à quelque chose de plus mélodique et qui
est à mon sens aussi réussi que les incontournables The art of
dying ou la piste éponyme qui l'entourent. Bref, malgré de légers
coups de moins bien, encore de l'excellent.
- Gojira - L'enfant sauvage (2012) ★ ★ ★ ½
Peut-être une petite lassitude de ma part, mais j'ai trouvé ce cinquième
album moins convaincant que les précédents. Ca commence pourtant très
bien avec notamment la piste éponyme où la musique du groupe est
simplement belle (pas le premier adjectif que j'aurais utilisé pour
décrire même les pistes les plus réussies de leurs premiers albums).
Mais ensuite, je trouve que ça commence à tourner en rond, surtout dans
les pistes les plus brutales où le discours peine à se renouveler. Les
meilleures surprises viennent plutôt des titres un peu plus
mélodiques/électro (j'aime bien Born in winter par exemple).
Entendons-nous bien, ça reste de bonne facture dans l'ensemble, mais un
peu plus inégal que d'habitude peut-être.
- Gojira - Magma (2016) ★ ★ ★ ½
Un album dans la droite ligne du précédent, on s'éloigne de plus en plus
de la brutalité frontale des débuts (peu de pistes avec voix gutturale,
on croise de plus en plus de "choeurs atmosphériques" à la place),
pourquoi pas, mais tout n'est pas réussi (la chanson qui donne son titre
à l'album me laisse assez perplexe, dans ce nouveau genre j'aime
nettement plus Low lands par exemple) et à nouveau les quelques
pistes bourrines sont en-dessous de ce que faisait le groupe dans ses
premiers albums (The Cell par exemple, c'est moyen ;
Silvera est très sympa mais sent à nouveau le recyclage de riff
pour l'intro). Tout cela reste largement plus qu'acceptable (de toute
façon, aucun mauvais album sur ceux produits par Gojira à ce jour), mais
ma préférence va clairement plus à From Mars to Sirius et The
Way of all flesh.
- Gojira : Fortitude (2021) ★ ★ ★ ★
Les Landais les plus célèbres de la planète metal sont de retour et,
après un ou deux albums qui m'avaient (un peu) moins convaincu, c'est à
nouveau du très bon. Le groupe semble ménager la chèvre et le chou en
proposant quelques titres bien lourds faisant des allusions presque
directes à leur "premier style" (les motifs rapides de Born for one
thing ou les glissandos de guitare sur Newfound), mais aussi
des échappées vers des contrées nettement moins habituelles pour eux.
C'est d'ailleurs dans ces dernières que se trouve pour moi le meilleur
de l'album, l'atmosphère de transe de Amazonia avec sa guimbarde
pas loin d'être énervante et surtout la mélodie hypnotique de la chanson
titre reprise dans le superbe The Chant. Dans un style plus
balisé, j'aime aussi beaucoup Sphinx. Le reste de l'album ne
démérite pas, mais reste plus prévisible, ça sonne parfois un peu comme
du déjà entendu.