Mon avis personnel sur les disques de Freedom Call
- Freedom Call - Stairway to fairyland (1999) ★ ★ ★ ½
Encore un groupe allemand au programme ce soir, et en lien direct avec
Gamma Ray dont j'ai exploré la discographie juste avant,
puisqu'il s'agit d'un projet initié par Udo Zimmermann, longtemps
batteur dans la formation de Kai Hansen. On va donc logiquement avoir
droit à du bon vieux speed mélodique, et même plus précisément à une
sorte de croisement entre le happy metal d'Helloween et la
fantasy épique de Rhapsody. La pochette donne le ton, et la
musique ne déçoit pas, puisque le groupe se vautre de fait dans les
clichés les plus éculés du genre avec une désarmante sincérité :
ambiance heroic fantasy de pacotille soutenue par des choeurs qui se
veulent virils mais qui sont souvent complètement nunuches, cuivres
synthétiques hyper kitsch pour le côté épique, chanteur à la voix haut
perchée, refrains bien mélodiques (presque systématiquement chantés en
choeur, bien entendu), avec donc une touche "happy" histoire de rendre
le tout encore plus mielleux, Freedom Call ne cherche clairement pas à
imposer sa personnalité, mais simplement à (se) faire plaisir en
reprenant tous les tics des copains. Et le pire, c'est qu'ils arrivent à
rendre ça plutôt emballant, malgré un ou deux dérapages (le
grandiloquent Hymn to the brave franchit allègrement la frontière
du mauvais goût, même pour moi qui suis très tolérant en la matière).
Sans être au niveau des meilleurs opus de ses modèles, ce premier essai
de Freedom Call ravira les fans du genre, mais uniquement eux.
- Freedom Call - Crystal empire (2001) ★ ★ (note réelle) / ★ ★ ★ ★ (note "j'ai mauvais goût et je l'assume")
Je dois reconnaître un grand mérite à Freedom Call. Grâce à eux, la
prochaine que quelqu'un me prétendra que Rhapsody est un groupe
de troisième zone car beaucoup trop cliché et niais, je pourrai répondre
du tac au tac "T'as déjà écouté le Crystal Empire de Freedom Call ?". Le
premier album du groupe était un concentré de speed mélodique héroïque
dégoulinant de clichés et de mièvrerie, le deuxième opus est du même
tonneau... en pire ! On aligne ici les hymnes caricaturaux (tous les
titres sont rapides, le groupe évitant jusqu'ici le recours à la
ballade, pour le meilleur ou pour le pire), avec synthés bloqués en
réglage "trompette", choeurs virils en permanence, et batterie qui fonce
à deux cent à l'heure sans réfléchir. Le tout nimbé d'un côté happy
metal niaiseux déjà présent sur le premier disque du groupe, et qui
atteint ici des sommets de nunucherie souvent difficilement
supportables, au point qu'on a du mal à croire que ça ait vraiment pu
être fait au premier degré (écoutez juste Farewell, ça vous
donnera une bonne idée de la chose). Je passe évidemment sous silence
les paroles, qui feraient rire de honte le premier ado fan de fantasy
venu. Bref, même pour moi qui suis bon public dans ce genre, c'est
souvent vraiment trop, et pourtant, au second degré, je passe un
excellent moment à écouter ce machin (il faudrait clairement brailler
les refrains de Freedom Call ou de Call of fame dans son
salon pour faire bonne mesure, mais j'évite de traumatiser ma famille).
Faudrait que je songe à consulter, probablement.
- Freedom Call - Eternity (2002) ★ ★ ★
Après un second album probablement insurpassable dans un style "épique
niais", Freedom Call allait-il se décider à faire évoluer un peu son
style ? Pensez-vous ! Ils en sont probablement incapables à vrai dire :
alors même qu'ils font preuve d'une certaine bonne volonté sur ce
troisième opus en variant un peu les approches (on a droit cette fois-ci
à des ballades, un peu de folk avec Turn back time, des intros
avec piano un peu plus angoissantes que d'habitude, comme sur Flame
of the night, et même une courte irruption de growl sur Ages of
power), on a l'impression qu'ils ne peuvent de toute façon pas
s'empêcher de retomber très rapidement dans les clichés les plus éculés,
choeurs sirupeux à foison, synthés en mode trompettes ou mauvaise copie
de Europe (sur l'assez terrible Land of light final), sans
la moindre once d'originalité, mais avec une énergie qui suffit encore à
rendre le tout très écoutable pour qui aime le style (j'aurais encore
une fois pu donner deux notes à cet album malgré tout, il risque de
donner des boutons à ceux qui ne sont pas fans de Rhapsody et
consorts). Bon, ça passe encore pour cette fois, mais y a quand même un
moment où je vais finir par me lasser !
- Freedom Call : The Circle of life (2005) ★ ★ ½
Pour son quatrième album, Freedom Call se décide à quitter l'univers
très heroic fantasy qui était jusque-là le sien, pour aller explorer des
sonorités plus clairement teintées électro (vive les claviers cheap !).
Mais le fond de commerce reste exactement le même qu'avant : faire la
même chose que les copains, avec suffisamment d'enthousiasme et de
jolies mélodies pour qu'on pardonne le manque total d'originalité. C'est
d'ailleurs tellement assumé que le groupe a été jusqu'à reprendre les
titres de tubes de leurs confrères pour leurs propres compositions
(Mother earth de Within temptation, Hunting high and
low de Stratovarius, qui reprenait déjà le titre d'un album
antérieur d'A-ha, et quelques autres). Pas de grosse surprise
niveau musical non plus, bien entendu, on a arrêté de singer
Rhapsody pour imiter Stratovarius, et les choeurs nunuches (si
vous voulez trouver une bonne excuse pour ne surtout pas écouter ce
disque en intégralité, commencez par The Eternal flame, c'est
assez terrifiant), la batterie qui cavale sans but et les mélodies
"happy metal" sont toujours bien présents (Carry on, dans le
genre guimauve en barre, c'est quelque chose). Mais si le disque sauve
encore la moyenne, ce n'est pas seulement parce qu'on rigole bien lors
d'une écoute au second degré, mais aussi parce qu'il s'est recentré sur
l'essentiel (pas de ballades moisies) et qu'il propose quand même
quelques vrais bons titres de heavy mélodique efficaces (The Rhythm
of life, malgré les violons synthétiques bien cliché, Hunting
high and low). Dommage qu'ils soient en partie gâchés par autant de
maladresses...
- Freedom Call - Dimensions (2007) ★
Le tournant électro pris par Freedom Call sur son précédent album n'a
apparemment pas beaucoup plu aux fans de la première heure, qui
regrettaient le speed héroïque niais des premiers disques. Du coup, le
groupe a décidé pour cette fois de nous remettre une bonne couche de
choeurs niais, mais tout en gardant quand même les gimmicks électro, et
en ajoutant à ça une grosse dose de pop sans rapport avec la choucroute
(Blackened sun ou Magic moments n'ont plus qu'un rapport
assez lointain avec le metal). Le tout avec une inspiration pas vraiment
au rendez-vous (les riffs "happy" forcés, l'apparition d'un horrible
choeur de gamins sur Innocent world), et bien entendu un manque
de discernement total (le tout est parfois mélangé au sein d'un même
titre, ce qui permet probablement à Light up the sky de se placer
très très haut au panthéon des titres les plus décousus de l'histoire de
la musique, faut vraiment l'entendre pour le croire). Bref, les
allemands semblent s'amuser comme des petits fous, et il y a encore de
bons passages de temps à autre (des refrains mélodiques qui passent tout
seuls), mais planqués sous une telle couche de béatitude et de mauvais
goût que même moi j'ai bien du mal à défendre ce disque. Pour ceux qui
voudraient quand même tenter l'expérience d'une écoute au douzième
degré, le pompom niveau paroles est atteint sur United Alliance
(une auto-congratulation sidérante), et niveau musique, le Far
Away qui conclut le disque, inénarrable bouse celtico-électro au
refrain digne d'une parodie des Monty Python, vaut vraiment le détour...
ou pas.
- Freedom Call - Legend of the shadowking (2010) ★ ★ ½
Après deux disques bien médiocres et quelques changements dans le
line-up, Freedom Call a survécu au cap des années 2010 et revient avec
un disque en apparence centré sur l'imagerie heroic fantasy qui est
après tout son fond de commerce initial (techniquement, on est à
mi-chemin entre les chevaliers de la table ronde et Louis II de Bavière,
un improbable mélange au fond assez cohérent avec l'esprit Freedom
Call). En fait, c'est un peu un trompe-l'oeil, car l'album est très
varié (et long, avec pas moins de 14 titres), et mélange un peu tout et
n'importe quoi. En fait, les titres purement speed sont les moins
convaincants tant ils sont caricaturaux : double pédale systématique à
la batterie, tougoudoum tougoudoum identiques d'une chanson à l'autre
aux guitares, c'est vraiment pas possible de se renouveler aussi peu
même si ça reste gentiment entraînant. Mais il y a curieusement des
choses plus intéressantes dans le reste : non, non, pas la ballade avec
piano (Merlin : Requiem) qui patauge dans les bas-fonds les plus
nauséabonds du genre, mais un ou deux titres à l'ambiance gothique
sympathique (dans Dark obsession on se croirait chez Tim Burton)
et quelques passages franchement orientés hard-rock à la AC/DC,
genre dans lequel les allemands se révèlent étonnamment efficaces
(Thunder God, Kingdom of madness). Et puis quand même, le
final A perfect day est à nouveau un sommet de bon goût reprenant
aux choeurs les wouhouhou du Ca plane pour moi de Plastic Bertand
(si, si, je vous jure, y a des passages où on y croit vraiment !). Bon,
je ne suis pas sûr de vous avoir convaincus, mais j'ai à nouveau envie
de laisser une petite chance à Freedom Call après l'écoute de ce disque
qui frise objectivement très souvent le n'importe quoi, mais qui a un
côté absurdement attachant.
- Freedom Call - Land of the crimson dawn (2012) ★ ★ ★ ½
Le début des années 2010 est compliqué pour Freedom Call : après un
changement conséquent de line-up pour l'album précédent, c'est désormais
le batteur et principal compositeur du groupe Dan Zimmermann qui quitte
le navire. Un mal pour un bien, histoire de faire enfin mûrir un peu le
style musical du groupe ? Pensez-vous... Si on sent la différence au
poste de batteur (moins bourrin, ce qui n'est pas un mal), pour le reste
on est toujours dans les stéréotypes chers au groupe, souvent à la
frontière du mauvais goût, et parfois carrément au-delà de ladite
frontière, mais avec des mélodies entraînantes et un côté niais
tellement assumé que ça en devient sympathique. On a donc droit, en
vrac, à du Rhapsody avec option cornemuse sur Age of the
phoenix (oui, on est aussi assez souvent dans le n'importe quoi le
plus total, ça non plus n'a pas évolué), une marche accompagnée aux
choeurs sidérante de niaiserie sur la chanson-titre, à des trompettes et
orgue synthétiques dont l'existence en 2012 laisse pantois sur Back
into the land of light, à quelques irruptions improbables de growls
sortis de nulle part, et à quelques titres dont le second degré ne
semble guère faire de doute à l'écoute même s'il est probable que
l'intention initiale du groupe n'ait pas du tout été celle-là (Hero
on video et le conclusif Rockin'radio). J'ai renoncé à donner
deux notes différentes aux albums de Freedom Call (il faudrait que je le
fasse à chaque fois avec eux), mais en mode "on est partis pour un tour
de joyeux cirque musical", je l'avoue, je prends beaucoup de plaisir à
écouter cet album (bon, pas trop souvent non plus, c'est un poil
indigeste quand même, tant de miel et de bons sentiments).
- Freedom Call - Beyond (2014) ★ ★ ½
À chaque nouvel album de Freedom Call, c'est la même musique : on n'est
pas le moins du monde surpris par ce qu'on y découvre, et en même temps
sidéré par la capacité du groupe à aller toujours plus loin dans
l'optimisme niais. Pour ce qui ressemble (comme à chaque fois) à une
sorte de best-of de ce qu'ils avaient déjà proposé dans leurs disques
précédents, ils mettent ici les bouchées doubles : pas moins de 14
titres surchargés de choeurs épiques, de guitares galopantes, de
claviers ultra kitsch (les trompettes synthétiques de Knights of
Taragon, ça met immanquablement en joie de bon matin), mais aussi,
histoire de compléter le tableau, de quelques percussions tribales d'un
goût douteux, surtout bien sûr quand elles sont mêlées à la cornemuse
(car on ne recule devant rien chez Freedom Call, écoutez donc Dance
off the devil pour vous en convaincre). C'est très souvent au-delà
du mauvais goût (dans le genre happy metal insupportable, Come on
home ou Journey into wonderland devraient provoquer des
éruptions cutanées assez impressionnantes chez les allergiques) mais, si
on accepte qu'un groupe de metal puisse être embauché par Disney pour la
BO de son prochain long-métrage, ça a encore un côté joyeusement
irrésistible qui rend l'écoute sympathique. On admettra quand même
volontiers que, dans ce genre si particulier, Freedom Call a déjà fait
mieux.
- Freedom Call - Master of light (2016) ★ ★ ½
Assez indiscutablement, Freedom Call se classe dans le peloton de tête
des groupes les plus prévisibles dont j'ai pu écluser la discographie
depuis que je fais mes petites chroniques metal. Neuvième album,
neuvième succession de galopades speed avec choeurs épiques et ambiance
joyeusement guimauve. En même temps, quand on est capable d'assumer une
pochette pareille, c'est qu'on n'a pas peur des clichés (au moins, le
risque qu'un auditeur naïf se procure le disque sans être un fan du
genre est à peu près nul). Et une fois de plus, on navigue régulièrement
au-delà de la frontière du mauvais goût : les claviers techno de
Ghost ballet sont ahurissants de n'importe quoi, la tentative de
ballade Cradle of angels se noie très vite dans un océan de sirop
bien collant, et les titres les plus happy comme Rock the nation
ou High up se disputeront comme d'habitude le titre de nanar
musical de l'année. Mais bon, comme d'habitude aussi, les mélodies sont
efficaces, ça déborde d'enthousiasme, et je ne peux pas nier que tout ça
m'amuse plus que ça ne m'horripile vraiment. Comme le dit si bien la
chanson qui ouvre l'album, Metal is for everyone, même si ce
disque ne sera sûrement pas écouté par grand monde d'autre que les fans
du groupe. Pourtant, y a une allusion marrante à Master of
puppets sur la chanson titre, une tentative de rallier les auditeurs
de thrash ? Je crois que ça ne va pas fonctionner...
- Freedom Call - M.E.T.A.L. (2019) ★ ★ ½
Oh, mais quelle belle pochette que voilà ! Dans un style fort différent
de la précédente, mais tout aussi foirée. La musique, elle, n'a bien sûr
absolument pas changé de style, et se recentre même encore plus sur les
galopades speed aux choeurs niais et aux claviers datés. Quelques bonnes
mélodies, comme d'habitude (le Sole survivor qui conclut le
disque), un côté épique sur certaines pistes qui arrive à maintenir
l'intérêt (Sail Away notamment est bien sympathique), mais aussi
des titres qui s'inséreraient sans problème dans une compilation de
génériques de dessins animés des années 80 (The Ace of the
unicorn est assez terrible dans le genre). Bref, rien de nouveau
sous le soleil, les fans de la première heure apprécieront sûrement, les
autres n'essaieront même pas d'écouter. Globalement assez moyen tout de
même, même au sein de cette discographie très homogène.
- Freedom Call - Silver Romance (2024) ★ ½
Freedom Call n'est toujours pas mort et, pour ses 25 ans d'existence, a
décidé de nous gratifier d'un album qui, à la surprise générale, est une
copie conforme de tous les précédents : galopades épiques à foison,
choeurs et claviers cheaps omniprésents (les synthés ont vraiment une
place prédominante sur ce disque), et pas plus de deux accords mineurs
sur l'ensemble de l'album, on reste dans un univers joyeusement rose
bonbon. J'ai même envie de dire que c'est pire que d'habitude. Du
"Disney metal" habituellement proposé par le groupe, on est carrément
passé à du "metal Club Dorothée", on ne serait pas surpris d'entendre
Bernard Minet venir entonner un petit couplet sur certaines pistes (le
motif de clavier de Out of space et l'hymne risible Metal
generation qui conclut le disque, avec des textes utilisant environ
quatre mots de vocabulaire, sont des sommets effarants de ce point de
vue). Niaiserie assumée certes, et ça reste gentiment sympathique, mais
il faut quand même bien admettre que là, à part pour le faire écouter à
ceux qui pensent encore en 2025 que le metal est une musique dangereuse
qui provoque des déchaînements de violence chez les jeunes, ce disque
n'a qu'un intérêt extrêmement limité, même pour ceux qui suivent le
groupe depuis ses débuts. Les gars, la prochaine, essayez au moins de
vous acheter un synthé qui tient la route...