Mon avis personnel sur les disques de Deftones
- Deftones - Adrenaline (1995) ★ ★
Il est rare que je m'aventure sur les terres du nu metal pour mes
chroniques, mais on me l'avait promis, Deftones, malgré sa
catégorisation habituelle dans le genre, c'était autre chose que
Slipknot et consorts. Pourtant, sur ce premier album sorti un an
après l'éponyme fondateur de Korn, la parenté avec ce dernier est
difficile à ne pas remarquer : riffs assez basiques (et extrêmement
répétés) assénés par des guitares bien massives, batterie qui ne fait
pas grand chose, le tout étant un écrin assez limité pour les
performances d'un chanteur qui évolue dans des styles très variés, du
chant clair gémissant au hurlement strident en passant par le scandé
façon rap ou même le parlé. Mais alors, puisque le chanteur est au
centre du dispositif, pourquoi donc l'avoir sous-mixé au point qu'on ne
l'entend plus ou presque dès que les guitares entrent en action
(j'exagère un peu, mais il est vraiment régulièrement bouffé par les
riffs) ? Un choix qui n'a aucun sens, alors même que la production est
par ailleurs impressionnante pour un premier album. Pour ce qui est de
la musique proposée, je ne suis pas franchement convaincu, le chanteur
(quand je l'entends) m'agaçe plus qu'il ne m'impressionne (surtout quand
il fait du rap, mais pas seulement), et si les parties instrumentales se
laissent écouter (il y a moins de bidouillages pénibles que chez Korn,
c'est toujours ça de pris), il n'y a rien qui me transporte vraiment. On
attend de ce genre d'album un côté "coup de poing dans la gueule" qui
prenne aux tripes, en ce qui me concerne ce n'est pas sur ce disque que
j'aurai cette sentation.
- Deftones - Around the fur (1997) ★
Sur un forum que je fréquente, un camarade m'expliquait récemment que
certains trouvent que Chino Moreno (le chanteur de Deftones, donc) est
le plus grand chanteur de metal. Eh bien, le moins qu'on puisse dire est
que je ne suis pas près d'être d'accord avec eux... Pourquoi diable me
suis-je plaint sur le premier album du groupe qu'on l'entendait mal ?
Là, on l'entend, ça y est, il est au centre des débats... et c'est
absolument horrible. Alternance assez systématique d'un chant clair
geignard horripilant et de hurlements grésillants d'une laideur absolue,
avec quelques petites touches urbaines pour le principe (sur
Headup, titre qui tire un peu vers RATM, et qui est l'un
des plus potables du disque, il faut vraiment que le reste soit terrible
pour que j'en vienne à dire ça). L'accompagnement musical, lui, reste
essentiellement décoratif (et souvent très répétitif) et, sans être
totalement inintéressant, peine à créer des ambiances vraiment
accrocheuses. Les titres les plus énervés sont à peu près inaudibles
(Lotion), les plus calmes (My own summet, Be Quiet and
drive) sont gâchés par le chant. Définitivement pas un genre de
metal fait pour moi.
- Deftones - White Pony (2000) ★ ★ ½
Même s'il y a peu de chances que je trouve complètement mon compte sur
les derniers albums du groupe, je continue quand même (au moins un peu)
mon aventure avec Deftones. Et je ne le regrette pas, car à défaut
d'être franchement emballé, je suis intrigué par ce troisième disque,
qui fait preuve d'une personnalité inattendue après Around the
fur, en convoquant des influences nettement plus variées que
celui-ci. Influences que je saurais d'ailleurs trop décrire, car on est
parfois dans une sorte de rock expérimental planant que je ne pratique
pas du tout habituellement. Et c'est pas mal : Digital bath et
son ambiance aérienne, ou même l'intro minimaliste de Pink
maggit, c'est intéressant. Bien sûr, je continue à être très
sceptique concernant le chant de Moreno, et les titres les plus
agressifs sont toujours à zapper pour moi (Elite, Korea),
mais voilà un disque que je pourrai réécouter en y trouvant une certaine
séduction, au moins par moments.
- Deftones - Deftones (2003) ☆
Après avoir plutôt bien supporté leur opus précédent, j'espérais que
Deftones continuerait sur la voie d'un metal assez planant et
expérimental, et au fond plus très metal. C'est à moitié le cas ici, le
groupe ayant manifestement voulu pour cet éponyme synthétiser les
différentes tendances aperçues sur leurs trois premiers albums. Mais si
les titres les plus énervés sont inécoutables pour moi (essentiellement
par la faute d'un chant tellement hurlé et trafiqué qu'il me fait
saturer au bout de moins de cinq secondes, sur Hexagram et
When girls telephone boys notamment), la déception provient des
autres, bel et bien présents mais sans aucune saveur, qui déploient une
sorte de pop-rock bizarroïde (on a même droit à une espèce de ballade
dépressive où l'instrumentiste le plus exploité est le DJ, la très
mauvaise Lucky you) qui peine terriblement à proposer des
atmosphères accrocheuses. Au moins, ces titres-là ne sont pas pénibles à
écouter (ou en tout cas moins, car Moreno au chant en fait toujours des
tonnes), mais du coup il ne reste vraiment rien qui pourrait me donner
envie de réécouter l'album.
- Deftones - Saturday night wrist (2006) ★ ★
Allez, une dernière chronique Deftones en ce qui me concerne, ensuite je
me contenterai probablement d'écouter les derniers disques sans en faire
de commentaire détaillé. De toute façon, je ne pourrai jamais être
complètement convaincu par ce groupe tant qu'il y aura dans ses disques
des titres comme Rats ! Rats ! Rats ! au chant tout bonnement
impossible (du crié absolument immonde, à croire vraiment que le but est
de produire le son le plus laid possible). Mais cette fois-ci (un peu
comme sur White Pony), peu de titres énervés, et une majorité de
chansons lorgnant vers une sorte de pop sophistiquée, pas désagréables
sans être géniales non plus (sur Xerces notamment, on est bien
loin du metal), avec aussi quelques expérimentations qui donnent une
bonne partie de son intérêt au disque. C'est parfois complètement raté
(Pink cellphone) mais l'instrumental (une première pour le
groupe) U,U,D,D,L,R,L,R,A,B,Select,Start (oui, oui, c'est bien le
titre, ça rappelera des souvenirs à ceux qui jouaient déjà aux jeux
video dans les années 80 ou 90) est vraiment excellent avec son
atmosphère dépressive et ses touches orchestrales (quelques notes de
violon notamment), et Cherry waves, très atmosphérique, est aussi
particulièrement intrigant. Pas suffisant pour en faire un vraiment bon
album à mon goût, mais il y a quand même des preuves ici que Deftones
peut, au moins ponctuellement, produire de la belle musique.