Mon avis personnel sur les disques de Children of Bodom
- Children of Bodom - Something wild (1997) ★ ★ ½
Encore un groupe venu du froid au programme, avec les finlandais de
Children of Bodom. Ce premier album est sorti alors qu'Alexi Laiho et sa
bande avaient à peine 20 ans, et j'aurais bien du mal à catégoriser la
chose tant ça part dans tous les sens à la fois : c'est très speed,
volontiers technique, et en même temps on a droit à du chant qui se veut
extrême mais qui est assez mal maîtrisé (le chant habituel de Laiho
tient plus du cri assez moche que d'autre chose, et quand on a droit à
de vraies tentatives de growl, comme sur Red Light in my eyes part.
I, ça prête plus à rire qu'autre chose tant c'est maladroit), mais
aussi à des claviers particulièrement présents qui alternent entre
grands accords plaqués bien kitsch et du clavecin qui semble tout droit
sorti de chez Stratovarius (après tout, c'est le même pays).
D'ailleurs, il y a une influence classique plus que manifeste dans ce
disque, allant jusqu'à reprendre des morceaux de la 25ème de Mozart dans
la deuxième partie de Red Light in my eyes (pour un effet, euh,
surprenant). Ce drôle de mélange aboutirait certainement à un gros navet
musical s'il n'était pas curieusement sauvé par l'énergie folle avec
lesquelles nos petits jeunes défendent leur musique : ça ne se repose
jamais, c'est hyper entraînant, et sur certains titres on finit vraiment
par trouver ça bien (In the shadows, Touch like angel of
death). Et puis bon, ça dure à peine plus d'une demi-heure, alors on
ressent moins l'incohérence globale de la chose. Pas suffisant pour en
faire un album vraiment réussi, mais au moins pour attiser la curiosité
et donner envie de tester les albums suivants du groupe.
- Children of Bodom - Hatebreeder (1999) ★ ★ ★
Deux ans après un premier album débordant d'énergie mais un poil
immature, les finlandais de Children of Bodom sont de retour, et
manifestement ils sont plutôt verts (cf la pochette du disque). Niveau
musical, aucune surprise de taille en vue, on a toujours un metal très
speed et très mélodique, avec un penchant marqué pour en foutre plein la
vue via des solis aux teintes néoclassiques (bon, par contre, faudrait
vraiment qu'ils comprennent que mettre des bouts de Mozart dans une
chanson sur deux ne rend pas leur musique plus cool). C'est
indiscutablement fun, techniquement encore plus maîtrisé que sur leur
premier disque (notamment le chant écorché de Laiho qui, même s'il peut
paraître incongru vu le style instrumental pratiqué, passe mieux cette
fois-ci). Le claviériste a toujours un rôle assez prépondérant dans le
groupe (clavecin, harpe, cloches, on a droit à un peu tout et n'importe
quoi niveau sonorités) et, quand ils arrivent à trouver un bon équilibre
et à ne pas trop se regarder jouer, les cinq gugusses réussissent à
proposer quelque chose d'assez irrésistible (le Warheart
décoiffant qui ouvre le disque, ou Bed of razors). Il leur reste
à se concentrer vraiment sur leurs compositions, et ils finiront pas me
convaincre complètement.
- Children of Bodom - Follow the reaper (2000) ★ ★ ★
Troisième disque du groupe, la couverture a changé de couleur, mais le
style, lui, reste essentiellement le même. Beaucoup d'énergie, pas mal
de claviers, des solis volontiers démonstratifs, de la mélodie en
permanence, et une voix plus ou moins black qui n'a pas grand chose à
faire là. Quelques évolutions tout de même : l'inspiration néoclassique
a plus ou moins disparu (pas une seule note piquée à Mozart, ça c'est
une bonne nouvelle), et le fond musical se dirige plutôt désormais vers
une sorte de heavy traditionnel, lorgnant même parfois vers un rock FM
assez banal (le single Hate me par exemple tombe dans la
facilité, tout en étant sympa à écouter). C'est toujours aussi bien
fichu, ça fonctionne toujours assez bien (la conclusion Kissing the
shadows par exemple, malgré une fin inutilement technique), et
pourtant ça continue à ne pas suffire à m'enthousiasmer complètement,
alors même que c'est de la musique qui ne cherche pas la prise de tête
et devrait donc très bien me convenir. Je passe un fort bon moment, mais
aucune piste ne me parait être vraiment au-dessus du lot.
- Children of Bodom - Hate crew deathroll (2003) ★ ★ ★ ★ ½
Tout en passant de bons moments à leur écoute, j'étais resté un peu sur
ma faim avec les trois premiers albums de Children of Bodom. Cette
fois-ci, c'est la bonne, je trouve que, malgré son titre (et sa
pochette, en général j'aime nettement plus le bleu et le vert que le
rouge...), ce disque propose enfin quelque chose de totalement abouti et
assez terriblement addictif. C'est assez nettement plus rentre-dedans
que sur les trois albums précédents (Mozart a définitivement fait ses
valises, on a droit à du heavy souvent assez massif, et même à des riffs
lourds à la Pantera dans un titre comme Sixpounder), comme le
démontre d'ailleurs l'entrée en matière Needled 24/7, qui nous
balance un bon uppercut au visage dès les premières secondes et est tout
bonnement excellente. La tension redescendra d'ailleurs rarement (à
l'exception d'un Angels don't kill un peu téléphoné qui ralentit
le tempo, tout va vite et est très percutant), jusqu'à la chanson-titre
conclusive, à nouveau très réussie. Peu de déchet de toute façon dans ce
disque mené tambour battant (comme d'habitude avec Childrem of Bodom,
c'est court, même pas 40 minutes de musique), on pourra bien reprocher
pour faire la fine bouche des claviers parfois un peu kitsch (mais ça
fait partie du concept depuis les débuts du groupe) ou une tendance
toujours présente à la démonstration technique un poil vaine (mais pas
toujours, la fin de Chokehold est excellente). Mais on est quand
même très proche du sans-faute, et je suis maintenant convaincu que
Children of Bodom est vraiment plus qu'un groupe sympa et énergique,
mais dont les compos manquent de profondeur.
- Children of Bodom - Are you dead yet ? (2005) ★ ½
Je sens qu'on va encore me dire que je ne sais pas ce que je veux. Dans
ma critique de leur précédent album, je m'était réjoui que Children of
Bodom abandonne définitivement toute influence néoclassique pour
proposer quelque chose de nettement plus heavy, parfois même carrément
mastoc, et constamment réjouissant. Cette nouvelle direction est ici
assumée avec encore beaucoup plus de conviction... et c'est nettement
moins bon. On a cette fois-ci droit à des bribes de riff qui tirent
vraiment vers le metal primaire (une influence "nu metal" délétère ?),
le côté mélodique qui était très présent jusqu'ici se trouve rejeté à
l'arrière-plan, et les claviers ne servent pratiquement plus qu'à
balancer quelques gros accords pour ponctuer certaines phrases, c'est
vraiment moins recherché qu'avant. Et puis, le côté speed jouissif en a
aussi pris un coup, les titres sont quasiment tous sur un tempo plus
lent, sans compter le chant plus frontal pas franchement convaincant. En
fait, seul le titre Thrashed, lost and strungout reprend les
anciens schémas, et c'est le meilleur de l'album. Le reste est tout de
même bien exécuté et pas désagréable, mais pas beaucoup plus intéressant
que le premier album de metal fusion venu. Une grosse déception après
l'excellent Hate crew deathroll.
- Children of Bodom - Blooddrunk (2008) ★ ★ ★
Ce sixième opus semble être considéré par beaucoup comme étant celui de
la chute pour Children of Bodom. Je ne comprends pas bien pourquoi, dans
la mesure où le virage pris par le groupe était beaucoup plus
manifestement marqué dans le disque précédent, celui-ci revenant au
contraire un peu vers ce que les finlandais avaient fait dans leurs
premiers albums : les claviers sont à nouveau assez présents (même si
c'est souvent en complément du reste, on a quand même droit à quelques
mises en avant de sonorités joyeusement kitsch, sur l'intro de One
day you will cry par exemple) et les mélodies plus construites.
Certes le fond, comme dans Are you dead yet ?, est plus brutal,
et les tempi effrénés ont définitivement été rangés au placard, sauf sur
l'excellent Hellhounds introductif (et un peu sur un Tie my
rope qui réussit à très bien mêler les différents univers entre
lesquels le groupe navigue désormais). Il y a malgré tout quelques
autres titres très réussis (Smile pretty for the devil) et aussi,
c'est vrai, un peu de remplissage qui n'apporte rien de très neuf tout
en se laissant écouter (Banned from heaven pour le mid tempo).
Pas l'album le plus inspiré du groupe, c'est certain (dans un genre
finalement proche, Hate crew deathroll avait mis la barre très
haut), mais dans l'ensemble une réussite, en tout cas nettement mieux
que celui qui le précède dans la discographie du groupe.
- Children of Bodom - Relentless, reckless forever (2011) ★ ★
Les finlandais de Bodom continuent leur petit bonhomme de chemin, mais
ce nouveau disque confirme probablement que leur âge d'or est passé, et
sent même assez sévèrement la routine. On reste dans la lignée des deux
précédents, avec un heavy thrashisant beaucoup moins speed et mélodique
qu'aux débuts du groupe, mais avec tout de même, comme sur
Blooddrunk, des claviers qui reprennent des couleurs. Mais malgré
cela, ce nouvel opus n'arrive pas à la hauteur du précédent, la faute
tout simplement à des compositions en mode pilotage automatique qui
n'arrivent jamais à soulever l'enthousiasme. C'est fait avec honnêteté,
les solos sont propres à défaut d'être originaux, il n'y a pas vraiment
de piste franchement mauvaise, mais l'enthousiasme et l'envie ont
disparu depuis longtemps, et il faut bien admettre qu'on oublie les
chansons à peine les dernières notes entendues. D'ailleurs, peut-être un
signe que les musiciens eux-même n'étaient pas totalement convaincus que
l'inspiration soit au rendez-vous, le disque est encore plus court que
d'habitude (35 minutes). Un album anecdotique.
- Children of Bodom - Halo of blood (2013) ★ ★ ★
Même si la qualité a globalement baissé sur leurs dernières productions,
le rythme des sorties de Children of Bodom reste d'une régularité
exemplaire. Et, incroyable mais vrai, le début de celle-ci surprend par
rapport aux précédentes, en revenant pourtant à des choses très
classiques pour le groupe : un début de riff bien massif (et pas très
emballant), mais il est immédiatement relayé par une longue mélodie
comme on n'en avait pas entendu de leur part depuis un bon moment. Ce
sera d'ailleurs une constante de l'album, mélanger des rythmiques très
lourdes avec des éléments très mélodiques aux guitares et même des
claviers presque trépidants par moments (le solo de One bottle and a
knee deep, les sonorités sont affreusement datées mais c'est quand
même bien cool !). Et ça marche vraiment pas mal dans l'ensemble, avec
plusieurs titres très agréables (Waste of skin,
Transference, Your days are numbered). Bon, faut pas rêver
non plus, on ne retrouve pas la vitesse d'exécution des premiers albums,
et il reste quelques pistes dispensables (dès qu'on baisse le tempo en
fait, sur Scream of silence par exemple, et malgré la tentative
de proposer autre chose dans l'intro de Dead men's hand on you,
avec ce chant clair très grave qui surprend). Mais ça reste tout à fait
correct, dans la bonne moyenne des disques du groupe (de fait, je leur
ai mis pas mal de trois étoiles depuis le début
!).
- Children of Bodom - I Worship chaos (2015) ★ ★ ½
Le retour en arrière amorcé par Children of Bodom sur leur album
précédent semble ici bel et bien confirmé, comme en atteste la pochette
bien jaune complétant la galerie de pochettes unicolores entamée près de
20 ans plus tôt. Mais c'est surtout musicalement que c'est flagrant,
avec un clavier qui joue à nouveau clairement les premiers rôles, et
quelques titres qui regardent assez nettement dans le retro (Hold
your tongue, fort sympathique). Pourtant, le I Hurt qui ouvre
l'album étonne plutôt par ses sonorités électroniques. Peu importe, il
est très réussi, même si presque inutilement rentre-dedans par moments.
On ne pourra toutefois pas en dire autant de toutes les chansons de cet
album globalement inégal, qui retombe trop souvent dans une sorte de
paresse déjà vue de la part de ce groupe dans ses albums les moins
inspirés. La chanson-titre, par exemple, les éléments sont bien là, mais
qu'est-ce que ça manque de conviction (et puis bon, les rires
enregistrés à la fin de la piste, c'est vraiment puéril) ! On ne tombe
jamais vraiment dans le raté, mais trop de titres insipides laissent une
impression globale d'album tout à fait écoutable, mais vite oublié.
Notons quand même que la ballade du disque, Prayer for the
afflicted, est plus accrocheuse que les précédentes tentatives du
genre de la part du groupe.
- Children of Bodom - Hexed (2019) ★ ★ ★
J'arrive au dixième et dernier album de la discographie du groupe (qui
en restera plus que probablement là puisque son leader de toujours Alexi
Laiho est décédé fin 2020, un an après la séparation du groupe). Mine de
rien, le temps a passé bien vite en compagnie des finlandais, qui ont
toujours su faire ce qu'il fallait pour que presque tous leurs albums
soient au minimum agréables à écouter. D'un autre côté, quand on compare
l'énergie débordante des débuts et le metal un peu passe-partout qu'ils
proposent désormais, on peut regretter la trajectoire qu'ils ont suivi.
Et pourtant, une fois de plus, ce Hexed est vraiment pas mal fichu, on a
quand même retrouvé un clavier pas loin d'être virevoltant par moments,
les soli sont efficaces à défaut d'être originaux, c'est relativement
varié, les mélodies fonctionnent, bref que demande le peuple ? Tout
simplement que les différentes pistes ne soient pas aussi
interchangeables avec tant d'autres composées les années précédentes,
peut-être. Mais on passe un fort bon moment à l'écoute de This
road, Hecate's nightmare (et son ambiance légèrement vintage)
ou Platitudes and barren words. Même si le groupe n'aura que trop
rarement été à la hauteur des attentes que son premier essai pouvait
faire naître, il aura quand même laissé une discographie d'une qualité
appréciable.