C'est toujours la même chose quand on se retrouve pour un
ciné entre potes : même s'il y a plein de choses potentiellement correctes
à voir, on finit toujours devant un douteux navet parce que c'est la
miniminisation du mécontentement qui l'a emporté et que le navet reste un
genre consensuel. Et pourtant, là on n'était que trois ! M'enfin c'est
avec bonne humeur et en s'étant psychologiquement préparés (et un peu
physiquement aussi, le vin rouge aidant) que nous abordâmes cette
prometteuse comédie avec Adam Sandler en tête d'affiche (je n'ai rien
contre lui, c'est la première fois que je vois un de ses films).
Le titre français étant passablement ridicule, revenons à la VO, qui nous
prévient : "Don't mess with the Zohan" (déconnez pas avec Zohan). De fait,
Zohan, bien qu'assez hilarant avec sa barbe grotesque, n'est pas un
rigolo, c'est rien moins que le plus efficace contre-terroriste de tout
Israël. Mais la guerre avec les palestiniens le gave un peu. Son rêve, à
lui, c'est de devenir coiffeur. Après avoir simulé sa mort, il s'embarque
clandestinement pour Ney York, bien décidé à prendre son destin en main.
Pour ceux qui en doutaient, les premières minutes se déroulant au
Moyen-Orient le confirment : ce film est un gros nanar complètement
assumé. Réalisation clippeuse à jeter à la poubelle, acteurs qui en font
des tonnes, Sandler en tête, et gags plus ou moins douteux et jamais
subtils, voila pour l'essentiel du contenu. Ca n'empêche pas cette
première partie d'être assez drôle, et de déployer une débauche de moyens
amusante. On est finalement plutôt agréablement surpris, on rit sans se
prendre la tête.
Evidemment, c'est trop beau pour durer, et les presque deux heures de film
ont bien du mal à tenir le rythme. Déjà, le film se sent obligé de poser
les bases d'une intrigue qui, si elle n'est pas frachement prise au
sérieux, contient tout de même quelques éléments (la romance de Zohan avec
sa patronne) qui font bien pâle figure entre deux gags scabreux. On ne
s'appesantira d'ailleurs pas trop sur l'analyse des relations entre
israëliens et palestiniens, faute de tomber très vite à court de
vocabulaire. Mais on saura tout de même gré aux auteurs d'avoir abordé
assez frontalement ce sujet délicat. Il faut dire qu'ils ne manquent pas
de culot, comme en témoignent nombre de scènes franchement accès sexe,
réussissant même un certain renouvellement dans les blagues grasses (bon,
ça va quand même un peu loin par moments).
Tout ça nous donne donc un film assez indiscutablement mauvais, mais un
nanar tout ce qu'il y a de plus passable. Ceci dit, manque à mon avis à
cette oeuvre pour s'approcher d'un statut culte une plus grande ironie et
distance vis-à-vis de ses délires. Certes, ce n'est pas à prendre au
premier degré, mais on a plutôt l'impression que ces joyeux drilles sont
fiers de leur connerie assumée, quand la mettre un peu en boite eut été
encore plus fort. Ah, une dernière mention spéciale pour les assez
nombreuses guest stars : Adam Sandler a apparemment un sacré carnet
d'adresses...
Roupoil, 25 septembre 2008.