Oulala, un mois et demi depuis ma dernière critique
ciné, ça ne va vraiment plus du tout, il faut absolument que je m'y
remette un peu (heureusement, la Fête du Ciné approche). Mais bon, c'est
ça de travailler plus pour gagner plus... Bref, pour ce retour, un film
ricain (on ne se refait pas) qui essaie de se faire passer pour autre
chose que du simple divertissement, par ce cher David Fincher, dont je
n'avais pas vu de film depuis fort longtemps.
Il s'agit de retranscrire le plus fidèlement possible l'enquête sur un
mystérieux tueur en série répondant au doux sobriquet de Zodiac. Le vilain
trucide des jeunes gens apparemment sans grande logique (en plus, il les
rate la moitié du temps) et envoie des messages codés aux journaux. Robert
Graysmith est dessinateur au San Fransisco Chronicle et se passionne pour
l'affaire. De son côté, l'inspecteur Dave Toschi est chargé de l'affaire.
De fausses pistes en incohérences, il peine à identifier le tueur.
Serial killer + David Fincher = une tentative de se relancer en suivant
les traces de Seven ? Eh bien, pas du tout, au contraire. Les
deux films sont radicalement opposés. Là où Seven proposait un
scénario sophistiqué et au fond hautement improbable, des courses
poursuites haletantes, bref une pure oeuvre de cinéma, Zodiac
joue à fond la carte du réalisme. C'est tout l'intérêt du film, et aussi
sa limite.
Précisons un peu. On suit pendant deux heures et demie (c'est long) une
enquête qui s'étale sur une vingtaine d'années, et qui ne ressemble en
rien à ce qu'on est habitués à voir sur grand écran. Ca piétine, les
indices sont maigres et souvent difficiles à exploiter, les suspects très
nombreux sans qu'aucun ne colle complètement au profil, bref ça part un
peu dans tous les sens sans trouver de solution très convaincante, même à
la fin du film. En fait, Fincher nous invite à partager une quête très
frustrante. D'un certain point de vue, c'est réussi, car on sort
effectivement frustrés de la projection. Il y a pourtant beaucoup d'atouts
qui nous empêchent de sombrer dans l'ennui : distribution impeccable, une
histoire qui malgré tout enchaine les rebondissements, et puis j'aime bien
la réalisation sobre mais pro, pour une fois que Fincher n'en fait pas des
tonnes, on ne va pas s'en plaindre. Mais à l'image de l'enquête, le film
s'enlise relativement rapidement. Après une première heure très rythmée
(ça va même un peu vite), ça se traine en longueur, ce qui n'est pas peu
dire pour un film d'une heure et demie. Et Fincher a beau mettre de la
musique de façon plus ou moins incongru ou faire transpirer Jake
Gyllenhall, ça se voit.
Finalement, le film pousse à se poser une question intéressante ; peut-on
réaliser un grand film avec un sujet ordinaire (je n'irais pas jusqu'à
dire banal, mais en comparaison de ce que nous sert Hollywood, c'est très
soft) ? Fincher n'y est pas vraiment arrivé, mais la tentative n'est pas
dénuée d'intérêt. Et puis bon, je ne peux pas totalement me plaindre quand
un réalisateur essaie de s'éloigner de la veine blockbuster sans âme...
Roupoil, 1 juin 2007.