Zodiac,

film de David Fincher (2007)



Avis général : 5/10
:-) Un sujet intéressant, des acteurs intéressants, une réalisation propre.
:-( Ce film est presque aussi frustrant que l'enquête qu'il raconte. Anti-spectaculaire jusqu'à en frôler l'ennui.

Oulala, un mois et demi depuis ma dernière critique ciné, ça ne va vraiment plus du tout, il faut absolument que je m'y remette un peu (heureusement, la Fête du Ciné approche). Mais bon, c'est ça de travailler plus pour gagner plus... Bref, pour ce retour, un film ricain (on ne se refait pas) qui essaie de se faire passer pour autre chose que du simple divertissement, par ce cher David Fincher, dont je n'avais pas vu de film depuis fort longtemps.

Il s'agit de retranscrire le plus fidèlement possible l'enquête sur un mystérieux tueur en série répondant au doux sobriquet de Zodiac. Le vilain trucide des jeunes gens apparemment sans grande logique (en plus, il les rate la moitié du temps) et envoie des messages codés aux journaux. Robert Graysmith est dessinateur au San Fransisco Chronicle et se passionne pour l'affaire. De son côté, l'inspecteur Dave Toschi est chargé de l'affaire. De fausses pistes en incohérences, il peine à identifier le tueur.

Serial killer + David Fincher = une tentative de se relancer en suivant les traces de Seven ? Eh bien, pas du tout, au contraire. Les deux films sont radicalement opposés. Là où Seven proposait un scénario sophistiqué et au fond hautement improbable, des courses poursuites haletantes, bref une pure oeuvre de cinéma, Zodiac joue à fond la carte du réalisme. C'est tout l'intérêt du film, et aussi sa limite.

Précisons un peu. On suit pendant deux heures et demie (c'est long) une enquête qui s'étale sur une vingtaine d'années, et qui ne ressemble en rien à ce qu'on est habitués à voir sur grand écran. Ca piétine, les indices sont maigres et souvent difficiles à exploiter, les suspects très nombreux sans qu'aucun ne colle complètement au profil, bref ça part un peu dans tous les sens sans trouver de solution très convaincante, même à la fin du film. En fait, Fincher nous invite à partager une quête très frustrante. D'un certain point de vue, c'est réussi, car on sort effectivement frustrés de la projection. Il y a pourtant beaucoup d'atouts qui nous empêchent de sombrer dans l'ennui : distribution impeccable, une histoire qui malgré tout enchaine les rebondissements, et puis j'aime bien la réalisation sobre mais pro, pour une fois que Fincher n'en fait pas des tonnes, on ne va pas s'en plaindre. Mais à l'image de l'enquête, le film s'enlise relativement rapidement. Après une première heure très rythmée (ça va même un peu vite), ça se traine en longueur, ce qui n'est pas peu dire pour un film d'une heure et demie. Et Fincher a beau mettre de la musique de façon plus ou moins incongru ou faire transpirer Jake Gyllenhall, ça se voit.

Finalement, le film pousse à se poser une question intéressante ; peut-on réaliser un grand film avec un sujet ordinaire (je n'irais pas jusqu'à dire banal, mais en comparaison de ce que nous sert Hollywood, c'est très soft) ? Fincher n'y est pas vraiment arrivé, mais la tentative n'est pas dénuée d'intérêt. Et puis bon, je ne peux pas totalement me plaindre quand un réalisateur essaie de s'éloigner de la veine blockbuster sans âme...

Roupoil, 1 juin 2007.



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