Une fois le vin tiré il faut le boire ! C'est donc tou à
fait conscienceusement qu'après avoir finalement plutôt apprécié les deux
premiers épisodes, je me lance dans la critique de ce troisième et a
priori dernier volet (le sous-titre L'Affrontement final est tout
de même on ne peut plus explicite), même si la franchise X-Men a encore de
beaux jours devant elle au vu des projets de dérivations en cours (dont
l'un ne va d'ailleurs pas tarder à sortir sur les écrans par chez nous au
moment où j'écris ces lignes). Pour ce troisième opus, changement de
réalisateur, Singer ayant laissé tomber ses mutants au moment où il
commençait à réellement les maitriser. Voyons voir ce que le peu subtil
Brett ratner tirera de tout ça.
Le deuxième volet se finissait sur un drame (la mort de Jean) et laissait
nos mutants une fois de plus divisés. Le début du troisième nous balance
un retournement de situation imprévu concernant le premier élément (non
seulement Jean revient, mais attention, elle est pas contente !), et
accentue le second, via une sombre histoire de vaccin concocté par les
humains pour guérir à tout jamais les mutants de leur "maladie".
Evidemment, le vilain Magneto s'oppose à cette abherration, alors que le
camp de Xavier joue la diplomatie, notamment via le ministre des affaires
mutantes Hank McCoy. M'enfin bon, à la fin ils se tataneront et le bon
camp l'emportera, quoi qu'il en soit.
Ce film aurait peut-être pu être le couronnement de la saga, reprenant les
thématiques du premier épisode et les approfondissant notamment en tirant
profit du personnage intriguant de Jean. Il en avait en tout cas les
moyens techniques, le succès des premiers films permettant l'apparition
d'effets réellement énormes et plutôt convaincants (on est loin de la
bagarre dans la neige un peu cheap du premier volet). Malheureusement,
c'est à peu près tout ce qu'on peut mettre à son crédit, tant il se plante
assez largement dans tout ce qui forme le fond du film.
Difficile de dire ce qui coince exactement, tant la comparaison avec les
autres épisodes semble illustrer à quel point le fil sur lequel tentent
d'évoluer les grosses productions à grosses ficelles est ténu. Les défauts
et les qualités sont à peu près les mêmes d'un film sur l'autre,
simplement là les défauts l'emportent largement : scénario très
schématique et peu intéressant (en gros les bons contre les méchants), et
surtout personnages honteusement sous-exploités. Que les nouveaux mutants
soient à des années-lumière des anciens niveau charisme (le choc de Pyro
contre Iceman est un flop tant ces deux gamins manquent de personnalité),
mais réussir à gâcher le potentiel des autres, c'est vraiment ballot...
Wolverine a perdu tout son sarcasme et ses mystères, devenant une espèce
d'amoureux transi bêbête, la nouvelle Jean est mollement insondable (aucun
indice sur ses motivations réelles, c'est un simple pantin alors qu'il y
aurait eu tant à faire pour étoffer le personnage), et la palme revient à
Magneto, qui a perdu tout l'ambigüité qui le rendait fascinant, et à qui
on inflige de troquer sa fidèle Mystique (dans une scène d'ailleurs ratée,
où on la laisse trainer dans un coin comme quelque chose dont on ne sait
plus trop quoi faire) contre une bande de simili punks complètement
ringards et inintéressants. Bon, ok, ses acolytes du premier épisode
(Mystique mise à part) ne brillaient pas par leur subtilité non plus, mais
ce n'était pas aussi caricatural.
Le mot caricature décrit d'ailleurs bien l'ensemble du film, qui semble
avoir supposé que balancer quelques ingrédients habituels du film à gros
budget hollywoodien suffirait à faire prendre la sauce. Eh ben non,
souvent, quand on ne soigne rien dans les détails, on finit par obtenir ce
à quoi ressemblent tant de films d'action récents : beaux mais creux.
Roupoil, 20 avril 2009.