Après la mode de la trilogie, Hollywood semble être tombé
dans la mode du préquel. Plutôt que de lancer ses franchises préférées dans
des suites à n'en plus finit qui finissent par lasser même le mouton, pardon
le spectateur, le plus manipulable, on revient aux sources pour donner un
nouvel éclairage à nos héros. Pas si bête, au fond.
Ici, on s'intéresse donc à la jeunesse de ceux qui faisaient figure de papys
dans la trilogie X-Men lancée par Bryan Singer il y a une dizaine d'années :
le gentil professeur Xavier, et le très vilain Magnéto. Vilain ou pas
d'ailleurs ? Car dans ce nouveau film, c'est bel et bien aux côtés de Xavier et
d'une petite troupe de mutants recrutés par le gouvernement américain que
Lensherr, qui ne s'appelle pas encore Magnéto, va combattre un très très gros
vilain (il a fricoté avec les nazis, c'est dire) sur fond de crise des missiles
à Cuba (mais oui, mais oui).
Mêler nos supers mutants à la grande histoire est au fond une assez bonne idée,
c'est plutôt raffraichissant de voir les grands personnages de notre histoire
à nous servir de pantins à une petite guéguerre entre mutants. Le côté retour
aux sources, avec des allusions fréquentes mais pas trop envahissantes aux
autres épisodes de la saga, est plutôt sympa aussi. Et puis surtout, les
acteurs sont bons et font du coup bien passer les incohérences fatalement
présentes dans ce genre de film. Mention spéciale à Fassbaender qui fait très
bien le gentil vilain.
Niveau réalisation, c'est fort soigné aussi, Matthew Vaughn (après son réussi
Kick-Ass) s'en sort parfaitement, même si on a le droit comme à chaque
fois de trouver quelques super-pouvoirs particulièrement ridicules. Là où le
bât blesse un peu plus, c'est en fait dans les à-côtés du scénario. Singer
ressasse une nouvelle fois les mêmes histoires (la difficulté à accepter sa
différence), sans vraiment innover ni même faire preuve d'un peu de subtilité
(le personnage de Raven est franchement bof).
Ce sera peut-être le cas pour le prochain épisode, qui ne manquera pas de
sortir bientôt sur nos écrans vus les portes grandes ouvertures qui sont
laissées par la fin de celui-ci. Au passage, signalons un fort bon gag pondu
par notre cinéma (un UGC en plein centre de Paris, je pense que tout le monde
comprendra) : l'écrant qui passe au vert à un quart d'heure de la fin, nous
laissant admirer les dialogues (on avait toujours le son), avant de nous
repasser l'image une bonne demi-heure plus tard. Ce qui est assez grandiose,
c'est le manque de réaction à peu près total du personnel UGC (bon, on ne
s'attendait évidemment à rien de leur part, mais même une vague excuse semble
être trop pour eux), mais aussi des spectateurs, comme si on savait qu'on
avait rien à faire de plus que de faire avec. C'est un peu triste (mais je
continuerai quand même à aller dans ce cinéma parce que c'est pratique, alors
je peux bien parler..).
Roupoil, 21 juin 2011.