Le film de super-héros est devenu en ce début de
millénaire une sorte de valeur sûre du blockbuster. Pas vraiment de quoi
se plaindre finalement dans la mesure où ce sous-genre a vu fleurir des
franchises fort intéressantes, Spiderman, et refleurir certaines
qu'on croyait définitement foutues comme Batman. Bien sûr, à côté
de ça, il y a eu des daubes sans nom, mais comme je n'ai pas été les voir,
je me sens assez peu concerné. Les X-Men de Marvel faisaient forcément
partie des cibles de choix des studios, et qui plus est ces derniers ont
eu le bon goût de prendre comme réalisateur Bryan Singer, qui restera pour
certains à jamais le réalisateur d'un énorme premier film, Usual
suspects, ensuite perverti par Hollywood. C'était l'image que j'avais
préférée garder de lui avant que ma copine ne me convainque de jeter un
oeil à cette adaptation qui faisait partie des nombreuses que j'avais
ratées au cinéma à sa sortie.
Dans un monde qui ressemble finalement beaucoup aux notres, les humains et
les mutants cohabitent. Ces derniers sont simplement le fruit d'un bug
évolutif qui leur a donné la plupart du temps des pouvoirs
invraisemblables. Mal acceptés par les humains normaux, ils se cachent ou
fuient leurs proches. Pourtant, le professeur Charles Xavier, lui-même
télépathe, a créé une école pour mutant où, aidé de sa fine équipe de
X-Men, il lutte pour la reconnaissance des siens, et accessoirement contre
les plans de son vieil ami Magneto, qui n'a pas tout à fait la même vision
des choses que lui. C'est dans ce curieux endroit que débarquent un beau
jour Logan, alias Wolverine, l'homme aux griffes d'adamantium et à la
recherche de son passé, et Rogue, une jeune fille au pouvoir pour le moins
handicapant.
Bien que n'ayant jamais lu une seule page du comic dont sont tirés les
films, je ne m'étonne pas qu'ils aient connu un gros succès, dans la
mesure où le thème des utants, déjà fascinant en soi, n'est pas traité
uniquement du point de vue de la gueguerre gentils contre méchants, mais
vise aussi les thèmes de la tolérance, la solitude et autres de façon pas
si débile que ça. On ne peut d'ailleurs que regretter que le film se
concentre trop sur la partie pure action, au détriment de la psychologie
pourtant fascinante de ses personnages. Il avait pourtant fait le bon
choix en mettant Logan et Rogue, de loin les mutants les plus
intéressants, au coeur de l'intrigue, mais c'est tout juste si on a droit
à de petits bouts de scène pour effleurer leurs motivations et
inquiétudes, sans rien approfondir.
Il aurait pourtant été facile de rajouter un peu de contenu dans un film
court, qui préfère trop souvent aligner les péripéties de façon un peu
mécanique, comme se Singer n'était pas vraiment convaincu par le scénario
qu'il met en images. Il faut dire aussi que ledit scénario est assez
bourré de clichés, et souvent prétexte à admirer les pouvoirs rigolos
d'une ribambelle de mutants. Peut-être resserrer sur un peu moins de
personnages aurait-il été bienvenu. M'enfin, à côté de ça, il faut bien
avouer que lesdits pouvoirs font partie du gros potentiel de
divertissement du film, qui nous gratifie par ailleurs d'effets spéciaux
impeccables.
Mais on aurait vraiment aimé un peu plus de vie dans tout ça. Peu
d'humour (le second degré est complètement absent), un charisme potentiel
des héros mal exploité (seul Logan ressort un peu), et un rythme assez
inégal, le film est en fait plus frustrant que réellement décevant : un
blockbuster moyen quand il y avait matière à se démarquer nettement du
lot.
Roupoil, 2 avril 2009.