Whatever works,

film de Woody Allen (2009)



Avis général : 6/10
:-) Tout ce qu'on aime chez Woody, les dialogues percutants, le cynisme délectable de l'affreux antihéros.
:-( Un opus assez mineur tout de même, ça manque de francs éclats de rire.

Mais non, je ne suis pas mort, juste parti en vacances, comme souvent à cette période de l'année. À peine de retour, et hop, on repart rattraper les sorties qu'on a loupées pendant notre exil. Oh, mais c'est même pire que ça, j'ai laissé trainer sur le feu la critique d'un film que j'ai pourtant vu avant de partir ! Les énièmes retrouvailles avec ce bon vieux Woody, en plus, c'est quand même un peu vache de ma part de laisser en plan un vieux copain comme ça. Et si Woody acteur se fait de plus en plus rare, Woody réalisateur continue à tourner à un rythme frénétique, et on ne va pas s'en plaindre !

Boris Yellnikoff est un personnage qu'on imaginerait difficilement ailleurs que dans un film de Woody Allen. Supérieurement intelligent (il a failli décrocher le prix Nobel de physique) et au moins autant misanthrope, il grinche seul dans son petit appartement new-yorkais (tout en donnant des cours d'échecs à des gamins, évidemment un peu déficients de son point de vue) jusqu'au jour où il recueille presque par hasard une post-ado atrocement superficielle, tout juste débarquée de sa cambrousse natale où ses parents très réacs lui ont donné une vision du monde assez spéciale. Qu'à cela ne tienne, quelques semaines avec Boris vont lui changer les idées.

Après une escale de quelques films en terre européenne, Woody est donc revenu dans son New-York fétiche, et on a très vite l'impression qu'en même temps que l'avion de retour, il a pris place dans une machine à remonter le temps, tant ce nouvel opus fait penser à ses classiques des années 70. À peine le film débuté, Boris (interprété par l'excellent Larry David, un alter ego du réalisateur à la hauteur de ce dernier) parle à la caméra, et on pense tout de suite aux zouaveries de Woody himself dans Annie Hall. En fait, tout, de l'ambiance au type d'humour, rappelle les grandes comédies de Woody d'il y a trente ans, et ce n'est sûrement pas un hasard, puisque ce nouveau est de fait la reprise d'un très vieux scénario.

Tout s'explique donc, et nous permet de profiter presque anachroniquement d'un retour aux sources qui ravira sans nul doute les fans du binoclard : humour essentiellement verbal, personnage principal antipathique au possible mais attachant malgré tout, scénario ridicule prétexte à son lot de vacheries contre un certain nombre de travers de notre société, de références intello à foison et bien sûr de blagues juives d'un gout plus ou moins douteux, tous les éléments sont là, avec suffisamment de verve et de rythme pour qu'on passe un excellent moment.

Après, on peut toujours reprocher à Woody d'avoir joué la facilité, et surtout au film de ne pas être tout à fait à la hauteur des meilleurs classiques du réalisateur. Si on s'amuse beaucoup, ça manque tout de même de scènes vraiment hilarantes. Tant pis, j'aime bien ce Whatever works, peut-être parce que le héros en est un scientifique, et que sa vision des choses et les blagues touchant à la physique me parlent forcément un peu plus qu'au spectateur moyen. Ce dernier pourra tout de même apprendre des choses à l'occasion : "l'entropie, c'est la raison pour laquelle on ne peut pas remettre le dentifrice dans le tube". Pas mauvais comme définition, non ?

Roupoil, 5 aout 2009.



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