Watchmen,

film de Zack Snyder (2008)



Avis général : 6.5/10
:-) Visuellement superbe, une bande-son suprenante, plus généralement un film qui se démarque nettement du "super-movie" planplan.
:-( Trop long et trop bavard, avec de la psychologie à deux balles et surtout un dénouement très décevant.

Zack Snyder fait partie, avec Darren Aronofsky, des rares cinéastes actuels dont j'ai vu tous les films, et c'est peut-être le seul dont j'ai vu tous les films sur grand écran (si on excepte bien sûr les cinéastes qui n'ont fait qu'un film à ce jour). La différence entre les deux réalisateurs précités, c'est qu'Aronofsky fait partie de mes auteurs préférs, quand Snyder m'avait jusque là fortement déçu (seulement deux fois certes). Pas revanchard pour un sou, j'étais quand même curieux d'aller voir ce qu'il tirerait de cette histoire de super-héros apparemment différente de la soupe habituellement servie par les studios hollywoodiens. J'avoue que la seule présence de la musique de Philip Glass dans le bande-annonce m'avait fortement intrigué.

New York, 1985. Richard Nixon en est à son troisième mandat de président des Etats-Unis, la guerre froide est toujours active, et la tension est même à son maximum. Un meurtre est commis. Rien que de très banal dans une cité où le vice est commun, si ce n'est que la victime est un des membres du groupe des Gardiens, drôle de bande de justiciers masqués envoyés à la retraite quelques années plus tôt. Seul le Dr.Manhattan, drôle de créature bleuâtre issue d'une expérience ratée et dotée de pouvoirs invraisemblables, continue à servir au gouvernement d'arme de dissuation. Mais les autres héros ne vont pas tarder à devoir se remémorer leur passé, glorieux ou non.

Dès le début du film, on sent que Snyder ne s'est pas contenté d'un énième film de super-héros qui sauvent le monde grâce à leurs pouvoirs démesurés. De fait, ses héros (ou plutôt ceux de la BD dont est tiré le film) n'ont rien d'impressionnant, puisqu'ils constituent une bande de has been qui vit dans la nostalgie du passé et ont, du moins une partie d'entre eux, une vision de leur rôle assez douteuse. De fait, le thème du film est plutôt l'analyse d'une société en fin de cycle, que rien ne semble pouvoir empêcher de sombrer dans le chaos. Pendant une heure et demie, le film ressemble à une très longue introduction, présentant les protagonistes un à un lors de longues séquences souvent contemplatives, et accompagnées de choix musicaux très éclectiques et originaux. On est plus proches de l'esprit d'un 2001 que de celui de Spiderman ou même du dernier Batman, pourtant lui aussi assez sombre. Pour être tout à fait honnête, ça ne marche pas à tous les coups (la scène de cul avec Leonard Cohen en fond est certes inattendue, mais m'a plutôt laissé perplexe), mais la plupart du temps, les choix artistiques donnent une sacrée épaisseur au récit. Les effets spéciaux sont utilisés à bon escient (contrairement à ce qui se passait dans 300), c'est beau, c'est prenant, même les quelques références sont bien choisies, on se dit que Snyder a réussi son pari.

Vient ensuite, pendant en gros la dernière heure, la partie plus animée du récit. Ca commence en fanfare avec une scène jubilatoire où le Hibou et le Spectre soyeux (j'y peux rien s'ils ont des noms grotesques) ressortent leurs costumes pour aller sauver quelques péquenots d'un incendie, puis délivrer Rohrschach de sa prison (avec au passage un soupçon d'éléments gores qui font penser à Sin City), séquence qui donne envie de bondir hors de son siège, comme on en voit plus assez au ciné de nos jours. Et puis, hélas, ça se gâte pas mal par la suite. Les scènes de dialogues pseudo-philosophique se font trop longues et franchement trop pipo, et surtout l'enquête et le dénouement de l'intrigue sont très décevants, ramenant douloureusement un film jusque là hors normes au beau milieu du lot commun des sauvetages de monde tirés par les cheveux. Sans compter un syndrôme de l'hydravion (ça n'en finit pas de finir) pas totalement maitrisé. Même les quelques notes de Mozart ne suffisent plus à sauver les dernières scènes.

Ce n'est toutefois pas une raison pour bouder cette proposition de cinéma extrêmement intéressante, qui laisse augurer de futurs grands films dans un créneau qui semblait pourtant commencer à saturer et peiner sérieusement à se renouveller. Quand à Zack Snyder, je suis réconcilié avec lui, il est définitivement capable de faire du grand et beau cinéma, quand on lui fournit un scénario qui lui permet de ne pas se contenter d'épater la galerie à coups de prouesses techniques. À suivre, tout ça.

Roupoil, 15 mars 2009.



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