C'est devenu une sorte de tradition annuelle, le dernier
film d'animation Pixar vient de sortir. Et c'est presque une tradition
également de s'émerveiller devant les prouesses techniques déployées, et
de clamer haut et fort que le dernier-né est encore meilleur que les
précédents. Mais attention tout de même, Pixar c'est aujourd'hui une
énorme boite qui fait tourner ses équipes, et chacune a son style. Pour
cette fois-ci, la tête du projet est Andrew Stanton, présent chez Pixar
depuis les débuts ou presque, et qu'on n'avait pas revu en chef de projet
depuis Nemo, il y a cinq ans déjà.
Après les poissons (et entre temps, les rats, superhéros et autres
voitures de course), voici donc les robots. Wall-E est un petit tas de
ferailles programmé pour nettoyer une Terre laissée dans un triste état
par ses anciens habitants les humains. Désormais seul sur cette grande
planète (à l'exception de son pote l'insecte), il forme des jolis cubes
... mais garde aussi dans sa tanière un bric-à-brac d'objets insolites
assez gratiné. Car Wall-E est un robot curieux et émotif, eh oui. Alors
quand débarque de l'espace la jolie Eve, son sang, euh, ses boulons, ne
font qu'un tour.
Alors, les robots dans une Terre futuriste, moins original que les rats
dans la cuisine ? Peut-être, mais on ne peut pas dire pour autant que
Piwar tombe dans la facilité. Pas évident d'en mettre plein les yeux dans
des décors essentiellement gris et poussiéreux, et pourtant on est une
fois de plus impressionné par la qualité du boulot fourni. Quand robots,
petit pied de nez aussi, le scénario va à l'encontre des habitudes de la
science-fiction (et du réalisme, il faut bien le dire) en les rendant très
sentimentaux et, en fait, anthropomorphes. Seule différence avec les
hommes, un langage très réduit qui rend la première demi-heure du film
quasiment muette. C'en est néanmoins la meilleure partie, de fait
originale et remplie de petits gags et de poésie subtile qui font à peu
près mouche.
Ensuite, malheureusement, on retombe dans du nettement plus conventionnel.
Les humains de l'espace sont moches et cruches, et du coup peu
intéressants, et le scénario suit une pente bien trop prévisible pour
emballer. Bien sûr, on compense tout ça avec toujours plus de robots (là,
rien à redire, belle variété de bêbêtes amusantes), et quelques scènes
d'action et autres poursuites parfois à la limite du confus.
Bon, enfin tout ça se laisse suivre, mais au final, j'ai un petit peu la
même impression qu'avec Némo, presque déçu par rapport à mes attentes.
Certes, c'est très agréable à regarder, mais rien à mon sens ne le détâche
réellement d'un bon boulot d'animation bien foutu comme Disney en sortait
à la pelle il n'y a pas si longtemps que ça. Il manque le dynamisme
ahurissant des Indestructibles, l'émotion réelle d'un
Monstres et compagnie (les robots sont bien mignons, mais leur
romance a un peu de mal à nous mettre la larme à l'oeil) ou l'humour
décapant d'un Shrek (pour piocher un peu dans la concurrence)
pour qu'il se hisse au dessus du niveau de copie bien propre. Enfin, je
n'ai même pas besoin de vous le conseiller malgré tout car il va faire un
carton attendu, mais je le trouve tout de même un peu surestimé.
Roupoil, 6 aout 2008.