La deuxième tentative pour aller voir ce film fut la
bonne. La première fois, j'avais programmé le dernier Malick juste avant,
mais ce dernier m'a curieusement pasé toute envie de rester deux heures de
plus devant un écran noir. Cette fois-ci, j'avais aussi vaguement prévu un
d'enchainer deux films, mais les horaires n'étaient pas très pratiques,
donc pas de risque de ratage. Allons-y donc pour la vie de Johnny Cash,
dont je n'ai, comme mes habitués doivent se douter, jamais entendu une
note jusque là.
Tout commence donc par l'enfance de Johnny. Enfin, pas exactement, car une
rapide intro nous suggère que le film sera essentiellement un long
flash-back, un classique du rire, qui n'apporte pas grand chose, mais bon
pourquoi pas. Enfance donc, et papa méchant, traumatisme initial, etc...
en l'occurence la mort de son grand frère (qui était tellement plus grand,
beau et fort que lui) tronconné par une scie (sympa). Quelque temps plus
tard, Johnny s'en va-t-en guerre, où il va surtout jouer de la guitare
dans son coin. Un retour, un mariage et un gamin plus tard, il se fait
repérer presque par hasard par un producteur et devient célèbre. Il
enchaine alors les tournées. C'est là qu'il va croiser June Carter et les
amphétamines.
Et alors, que va-t-il se passer ensuite ? Vous pensez que John et June
vont tomber amoureux ? Gagné. Qu'ils vont finir ensemble, mais que ça
mettra à peu près tout le film à se concrétiser ? Gagné. Que Johnny va
gâcher sa carrière à cause de sa dépendance à la drogue ? Gagné. Qu'il
s'engueulera avec son père à cause de son comportement avec lui quand il
était gamin ? Gagné. Je pourrais en citer encore des dizaines d'autres :
tout, jusqu'au petit texte qui défile à la fin pour nous raconter la suite
de l'histoire, est conforme à ce que le spectateur attend. C'est
prévisible, formaté à l'extrême, vraiment le biopic hollywoodien dans
toute sa splendeur, déjà vu trente fois mais toujours un genre porteur.
Et on comprend facilement pourquoi d'ailleurs, parce que tout cela
n'empêche absolument pas le film d'être bien ! Certes, on aurait pu se
passer de la pseudo-morale basée sur la mort du frangin, et aussi d'un ou
deux revirements dans la relation entre John et June. Mais s'il y a un ou
deux ingrédients un peu lourd dans ce gâteau, la pâte en est tout de même
très goûtue. La réalisation n'a rien de génial, mais passe bien la rampe,
la reconstitution est impeccable (on serait déçus du contraire), les
scènes de concert sont super, et bien sûr les deux acteurs principaux sont
excellents. Avec tout ça, et pour peu qu'on ne soit pas allergique au rock
(dont on n'entend d'ailleurs, mais c'était prévisible, que des extraits de
chansons, ce qui est toujours un peu dommage), on se laisse faire avec
plaisir.
Après, bien sûr, je reste un peu étonné de l'enthousiasme de certains, qui
croient voir là un film majeur. Non, faut pas déconner, des films comme
celui-là, l'usine à rêve d'Hollywood nous en sort tous les ans, on va pas
crieir au génie pour si peu. Simplement remarquer qu'ici, elle a bien fait
son boulot. Du coup, on redemandera bien un enième biopic dans le même
style pour dans quelques mois, le temps de digérer celui-ci...
Roupoil, 26 février 2006.