The Who (en français, littéralement, « les Qui ») est un
groupe de rock britannique créé en 1964. Hein, quoi, ce n'est pas de ça
qu'il s'agit ? Je me disais bien aussi que c'était curieux comme sujet
pour une critique ciné... Ah non, c'est un film de John Woo, rien à voir.
Notons d'ailleurs qe ledit réalisateur, après quelques succès au tournant
du siècle, dont l'assez mauvais Mission Impossible 2, semble
s'être quelque peu évaporé dans la nature. Enfin, ce film étant sûrement
son plus classique dans sa période américaine, tentons le coup.
Troy Castor est un gros vilain terroriste. D'ailleurs il est tellement
vilain qu'il a tué le gamin de Sean Archer qui, lui, est un gentil flic
incorruptible qui ne voit jamais sa famille tellement il bosse. Un jour,
le gentil tue le méchant. Tout est fini alors ? Ben non car le frère du
méchant est le seul à connaitre l'emplacement d'une méga-bombe, du coup le
gentil va lui soutirer des infos en se faisant passer pour le mort.
Comment ? En échangeant de visage (eh ouais). Je vous laisse deviner : ça
va pas se passer comme prévu.
Vous l'aurez compris, on est dans le domaine du bon gros film pas très fin
et plein d'action. Je n'ai rien contre, ça peut donner de très bonnes
choses, par exemple la série Die Hard. Mais bon, pour cela, il
faut quelques ingrédients, notamment un héros charismatique et un scénario
que le spectateur accepte d'avaler. Ici, c'est le trou noir complet. Non
seulement c'est farci d'invraisemblances grossières, mais le film ne fait
absolument aucun effort pour tenter de les faire passer. La scène
d'évasion de prison, par exemple, est hallucinante : Cage s'évade d'un
pénitentier soi-disant hyper protégé sur un coup de tête, se retrouve
malgré tout dans une situation désespérée à la fin de la scène, et ... on
le retrouve tranquillement revenu en ville sans l'ombre d'une explication
à la scène suivante. On préfère en rire.
Pourtant, le film n'est pas vraiment un nanar, il se concentre juste sur
les scènes d'action, le reste étant pur prétexte. Ainsi, les personnages
sont essentiellement inexistants et leurs agissements complètement
incohérents (Cage et Travolta essaient de les sauver, mais c'est pas
gagné). C'est un peu dommage, ça ne fait pas un film tout ça. Bien
sûr, on ne peut nier que les cascades sont spectaculaires, ce qui assure
un certain côté fun aux scènes musclées. Hélas, même celles-ci sont la
plupart du temps parasitées par les effets lourdingues affectionnés par
Woo, ralentis et autres colombes qui peuvent paraitre originaux la
première fois, mais qui lassent très très vite.
Bref, il n'y a pas grand chose à tirer de ce fatras, si ce n'est les
quelques scènes où Woo évite de trop en faire, comme celle du découpage de
visage, qui laissent augurer du film intéressant qu'on peut voir très très
loin derrière ce canevas très mal traité. Pour revenir à la disparition de
Woo de nos écrans, maintenant je comprends mieux : son succès n'a pu
qu'être l'effet très provisoire d'un douteux effet de mode.
Roupoil, 22 février 2008.