Vol au-dessus d'un nid de coucous,

film de Milos Forman (1975)



Avis général : 7/10
:-) Des acteurs très talentueux, un univers étonnant, et quelques scènes très fortes.
:-( Ça a quand même vieilli... Et je ne suis pas convaincu par le scénario dans son ensemble.

Soirée Jack Nicholson pour moi hier devant ma petite télé, avec l'enchaînement de deux grand classiques du septième art : ce Vol au-dessus d'un nid de coucous, et le Shining de Kubrick (question cinéphile du jour : quel autre acteur est au générique des deux films ?). Pour commencer, celui que je n'avais pas encore vu, bien qu'il soit cité un peu partout comme un des grands films du siècle dernier...

Comme son nom ne l'indique pas vraiment à ceux qui, comme moi, sont un peu trop jeunes pour avoir connu le bouquin ou le film à sa sortie, tout (ou presque) se passe dans un hôpital psychiatrique. Randle McMurphy, pas vraiment plus dingue que vous ou moi, y échoue pour échapper à la prison, et ne va pas tarder à y révolutionner les moeurs, au grand dam de l'inflexible infirmière Ratched.

On imagine assez facilement ce que peut donner l'arrivée d'une grande gueule survoltée dans le milieu à l'origine extrêmement routinier de l'hôpital. D'inoffensives parties de blackjack en protestations pour avoir le droit de regarder la télé, McMurphy va passer à l'étape supérieure, emmenant tous ses collègues gentiment givrés en ballade sur l'océan puis leur faisant passer un Noël de folie pour le moins arrosé. On assiste à toutes ces facéties d'un oeil amusé et ému à la fois, notamment grâce à la brillante performance des acteurs. Outre Nicholson, tout à fait à son aise dans le rôle du meneur, tous les malades sont parfaitement interprétés : crédibles sans être caricaturaux (on apprend aux deux tiers du film que la plupart ne sont pas internés, mais simples volontaires...), ils forment une bande d'inadaptés sociaux attachants, notamment dans les scènes en plein air (pêche ou basket).

Mais Forman ne s'attarde pas que sur les bons moments de la vie à l'hôpital, le pire est aussi présent, avec les règlements absurdes et les sanctions délirantes. Là, étrangement, j'accroche un peu moins. On se doute dès le début que McMurphy va avoir droit à ses électrochocs un jour ou l'autre pour avoir mis le souk au milieu des malades qui ne demandaient pourtant manifestement que ça, et pourtant, quand ça arrive, il y a une sorte de double malaise. Un, salutaire, devant les absurdes méthodes employées, l'autre, plus gênant, devant ce qui ressemble à une grosse incohérence : les fous s'enfuient faire un tour en ville sans le moindre problème tellement la surveillance est lâche, mais quand ils se font prendre à se battre, la sanction est d'une violence invraisemblable. Du coup, on a un peu de mal à y croire, et on reste de même plus perplexe qu'autre chose devant le dénouement du film.

Par ailleurs, il faut bien avouer que le film a un peu vieilli. C'était sûrement un film à faire à l'époque de sa sortie, et un film marquand pour le public d'alors, mais aujourd'hui, il ressemble plus à un documentaire hors d'âge, certes très bien réalisé, mais plus tout à fait au goût du jour. Paradoxalement, il lui manque peut-être un petit grain de folie pour susciter du spectateur plus qu'un intérêt poli pour certaines scènes (les séances de psychothérapie de groupe, par exemple).

Une fois de plus donc, au risque de fâcher mes amis sinéphiles :-), je ne vais pas achever ma critique sur une note enthousiaste. Oui, ce film est fort bien réalisé, oui, c'est un film à voir, mais il ne rejoindra pas pour autant la petite liste qui constitue ma vision des trésors du septième art.

Roupoil, 18 avril 2005.


Réponse à la question cinéphile de l'introduction : il s'agit de Scatman Crothers, qui joue Turkle dans Vol au-dessus d'un nid de coucous et Hallorann dans Shining (même pas des petits rôles de 20 secondes chacun, hein, c'était pas une question piège :-) ).

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