Soirée Jack Nicholson pour moi hier devant ma petite
télé, avec l'enchaînement de deux grand classiques du septième art : ce
Vol au-dessus d'un nid de coucous, et le Shining de
Kubrick (question cinéphile du jour : quel autre acteur est au générique
des deux films ?). Pour commencer, celui que je n'avais pas encore vu,
bien qu'il soit cité un peu partout comme un des grands films du siècle
dernier...
Comme son nom ne l'indique pas vraiment à ceux qui, comme moi, sont un peu
trop jeunes pour avoir connu le bouquin ou le film à sa sortie, tout (ou
presque) se passe dans un hôpital psychiatrique. Randle McMurphy, pas
vraiment plus dingue que vous ou moi, y échoue pour échapper à la prison,
et ne va pas tarder à y révolutionner les moeurs, au grand dam de
l'inflexible infirmière Ratched.
On imagine assez facilement ce que peut donner l'arrivée d'une grande
gueule survoltée dans le milieu à l'origine extrêmement routinier de
l'hôpital. D'inoffensives parties de blackjack en protestations pour avoir
le droit de regarder la télé, McMurphy va passer à l'étape supérieure,
emmenant tous ses collègues gentiment givrés en ballade sur l'océan puis
leur faisant passer un Noël de folie pour le moins arrosé. On assiste à
toutes ces facéties d'un oeil amusé et ému à la fois, notamment grâce à la
brillante performance des acteurs. Outre Nicholson, tout à fait à son aise
dans le rôle du meneur, tous les malades sont parfaitement interprétés :
crédibles sans être caricaturaux (on apprend aux deux tiers du film que la
plupart ne sont pas internés, mais simples volontaires...), ils forment
une bande d'inadaptés sociaux attachants, notamment dans les scènes en
plein air (pêche ou basket).
Mais Forman ne s'attarde pas que sur les bons moments de la vie à
l'hôpital, le pire est aussi présent, avec les règlements absurdes et les
sanctions délirantes. Là, étrangement, j'accroche un peu moins. On se
doute dès le début que McMurphy va avoir droit à ses électrochocs un jour
ou l'autre pour avoir mis le souk au milieu des malades qui ne demandaient
pourtant manifestement que ça, et pourtant, quand ça arrive, il y a une
sorte de double malaise. Un, salutaire, devant les absurdes méthodes
employées, l'autre, plus gênant, devant ce qui ressemble à une grosse
incohérence : les fous s'enfuient faire un tour en ville sans le moindre
problème tellement la surveillance est lâche, mais quand ils se font
prendre à se battre, la sanction est d'une violence invraisemblable. Du
coup, on a un peu de mal à y croire, et on reste de même plus perplexe
qu'autre chose devant le dénouement du film.
Par ailleurs, il faut bien avouer que le film a un peu vieilli. C'était
sûrement un film à faire à l'époque de sa sortie, et un film marquand pour
le public d'alors, mais aujourd'hui, il ressemble plus à un documentaire
hors d'âge, certes très bien réalisé, mais plus tout à fait au goût du
jour. Paradoxalement, il lui manque peut-être un petit grain de folie pour
susciter du spectateur plus qu'un intérêt poli pour certaines scènes (les
séances de psychothérapie de groupe, par exemple).
Une fois de plus donc, au risque de fâcher mes amis sinéphiles :-), je ne
vais pas achever ma critique sur une note enthousiaste. Oui, ce film
est fort bien réalisé, oui, c'est un film à voir, mais il ne rejoindra pas
pour autant la petite liste qui constitue ma vision des trésors du
septième art.
Roupoil, 18 avril 2005.