Vincere,

film de Marco Bellocchio (2009)



Avis général : 5/10
:-) Une énergie surprenante. Quelques scènes vraiment bluffantes, notamment visuellement.
:-( Le contexte historique peu exploité. Des longueurs sur la fin. Trop grandiloquent.

Je dois être en train de battre de tristes records depuis la création de cette page web, puisque près d'un mois s'est écoulé depuis ma dernière séance ciné, durée fort rarement atteinte en ce qui me concerne hors grandes vacances. Mais le boulot m'a laissé assez peu de temps récemment. Dans l'intervalle, forcément, j'ai raté quelques-uns des films que je m'étais promis de voir pour cause de sélection cannoise au printemps dernier. Certes, Kinatay et Visage ne faisaient pas partie de ceux qui m'emballaient le plus a priori, mais une promesse étant ce qu'elle est, je vais essayer de dénicher une petite salle parisienne qui les passe encore (il en rete aujourd'hui, mais peut-être pas pour longtemps). Mais revenons donc à nos moutons et à notre film du jour ! Celui-ci, pour le coup, faisait plutôt partie de ceux, dans la sélection, que je serais de toute façon allés voir avec plaisir...

Il s'agit donc de nous conter une tranche peu connue de la vie de Mussolini : sa liaison fugace avec Ida Dalser, le fils illégitime mais reconnu qui en a découlé, et l'abandon total ensuite de cette femme, qui passera le reste de sa vie à se battre pour que la vérité ne disparaisse pas, passant une partie de ses jours dans divers hôpitaux psychiatriques.

On peut d'emblée rassurer ceux qui craignaient sur un tel sujet une fresque historique compassée et un brin poussiéreuse, on en est très loin. Si Bellocchio a ressorti les costumes d'époque, forcément, sa narration et sa mise en scène n'ont rien de classique. Plus qu'une illustration gentille d'un fait divers historique, c'est à un imagier glamboyant que nous convie l'auteur, succession quasi ininterrompue de scènes qui se veulent magistrales, avec assez peu de dialogues, mais déferlement de couleurs, musique tonitruante, incrustations d'archives et autres gadgets visuels et gros plans fréquents sur le visage omniprésent de l'actrice principale.

Car LE personnage, ce n'est pas Mussolini, dont on ne verra au fond pas grand chose (il disparait complètement après un tiers de film à tout casser), si ce n'est une première scène de lit tellement grandiloquente qu'elle en frise le ridicule (le futur Duce est à peu près résumé à un regard, euh, certes effrayant mais un brin forcé). C'est d'ailleurs l'un des gros problèmes du film : Bellocchio veut tellement en mettre plein la gueule du spectateur qu'il risque en permanence de l'abrutir avec ses effets pour le moins peu subtils. Parfois ça marche formidablement (la scène sous la neige est superbe), mais trop souvent, c'est risible (l'imitation du discours de Mussolini par son fils), ou simplement indigeste. On a quand même droit à une belle variété de musiques bourrines, avec quelques emprunts un poil incongrus (Philip Glass ??).

Autre point assez noir du film : le scénario est beaucoup trop sacrifié à la forme. C'est bien de mettre des scènes fortes dans un film, mais quand on ne met plus que ça, forcément, la fluidité en prend un coup. Ici, on a droit à quelques ellipses assez curieuses, un contexte historique qui reste très flou (malgré les fameuses images d'archives), et aussi un déséquilibre assez flagrant entre la furie de la première moitié et une deuxième partie qui en comparaison traine un peu en longueur. C'est bien dommage, car il y avait pourtant beaucoup à faire et à dire avec une telle intrigue.

Au final, et à ma grande surprise, je dois dire que le principal intérêt du film est venu de ce qu'on en prend plein les yeux. Je ne me suis pourtant pas trompé de salle, ce n'était pas Avatar qui passait dans celle-là. Le réalisateur a au moins le mérite de tenter plein de choses. Mais on ne croirait pas à voir son film qu'il s'agit d'un papy avec près de 50 ans de tournage au compteur !

Roupoil, 21 décembre 2009.



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