Vicky Cristina Barcelona,

film de Woody Allen (2008)



Avis général : 7/10
:-) Woody est toujours aussi fort pour disséquer les sentiments humains. Le casting sympa.
:-( La voix off est un peu perturbante au départ. On ne rigole pas beaucoup.

Tiens, l'ami Woody est de retour. Après une longue absence en ce qui me concerne, puisque son cru précédent ne m'avait pas motivé, et que je l'avais donc joyeusement boudé. J'en avais peut-être marre de voir Woody en Angleterre, mais l'idée d'un séjour au soleil espagnol semblait plus intéressante. Suffisamment d'ailleurs pour que je me fasse accompagner pour l'occasion par Deume, qui expérimentait Woody avec ce film. Si vous êtes curieux, sachez qu'elle a aimé. Mais bon, ici c'est moi qui critique, c'est-ce pas :-) ?

Vicky et Cristina, ce sont deux petites étudiantes américaines qui viennent passer leur été en Espagne, et qui ont une vision de la vie (c'est-à-dire, puisqu'on est chez Woody, de l'amour) assez radicalement opposées : alors que Vicky s'apprête à se marier avec un jeune homme bien sous tout rapport (comprendre un insupportable blanc-bec), Cristina est toujours à la recherche de l'amour fou. Ca tombe bien, voilà qu'elles se font toutes deux aborder de façon assez inattendue par un bel hidalgo, qui aime peindre et faire l'amour. C'est le début d'un drôle de ballet amoureux, dans lequel viendra également se joindre l'ex-femme du peintre, au tempérament pour le moins volcanique.

Pour être franc, pendant un quart d'heure j'ai eu très peur. La voix off très appliquée décrivant l'action, les deux filles incarnant de façon un peu trop évidente leurs tendances, et un côté carnet de voyage insipide m'ont fait craindre que Woody ne soit réellement devenu gâteux et n'ait perdu son inspiration. En gros, j'attendais, assez inquiet, que le film commence réellement. Assez curieusement, ça ne commence jamais vraiment, au sens où on a toujours la présence de cette voix off qui commente les petits épisodes, mais on finit par rentrer dans le film, et se rendre compte que, ouf !, il est loin d'être aussi simple qu'il n'en a l'air.

En fait, ce film possède son propre ton, en apparence simpliste mais en fait subtilement ironique, peut-être moins facilement charmeur que celui de bien des Woody plus ouvertement comiques (il y a bien des passages où on rigole ici, mais on ne peut pas dire que le film exploite vraiment le filon comique), mais tout aussi adapté à son propos. Le propos, comme d'habitude, ce sont les rapports homme/femme, mais disséqués de façon vraiment réaliste, presque naturaliste. Les personnages, dans l'ensemble joliment incarnés par un beau quatuor d'acteurs (Penelope Cruz notamment est excellente), même s'ils sont effectivement un peu trop conformes à ce qu'on attend d'eux, brossent un portrait varié et au fond réaliste des comportements et réactions humains face à l'irruption attendue ou non de l'amour dans leur vie.

Bref, encore une fois, Woody réussit son pari de nous charmer et de nous faire nous remettre un brin en question (est-on en train de vivre une vie de merde en refusant de l'admettre comme le faisait Vicky au début du film ? Pas que sa situation à la fin soit préférable ceci dit) avec un film qui, s'il ne révolutionnera sûrement pas le cinéma, peut revendiquer le statut de nouvelle petite perle à ajouter au long collier de l'indémodable Woody Allen.

Roupoil, 29 octobre 2008.



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