Si les films d'action hollywoodiens ne sont plus ce
qu'ils étaient il y a une vingtaine d'années (mais continuent à engranger
les dollars par millions, donc après tout pourquoi s'en faire ?), il y a
bien un domaine dans lequel nos amis américains se sont refaits une santé
depuis quelques temps : celui de la comédie, tendance lourde et en-dessous
de la ceinture. Après les nombreux succès de la bande à Judd Apatow, voici
un nouvel outsider qui débarque dans cette catégorie après avoir fait un
carton outre-Atlantique : la gueule de bois (mais pourquoi diable se
sont-ils encore cru obligés de changer le titre anglais pour en proposer
un autre moins pertinent ?
La gueule de bois, assez sévère, c'est ce qui attend nos trois héros du
jour, au milieu d'une suite totalement dévastée du Caesar's Palace, au
lendemain de l'enterrement de vie de garçon de leur copain Doug. Petits
soucis, en plus des dégats : Doug a disparu, remplacé entres autres par un
tigre et un bébé, et surtout, ils ne se souviennent de rien. Commence pour
eux une drôle d'enquête à la poursuite de leurs souvenirs de cette soirée
mémorable.
Un point de départ de scénario finalement assez malin, qui permet aux
auteurs de briser la linéarité du récit, et d'aligner les grosses
révélations à un rythme assez effréné. Une chose est sûre, on ne s'ennuie
pas une seconde, les trois zouaves ayant aligné en une soirée assez de
conneries pour remplir au moins une vie d'une personne normale. Et même si
l'humour est très souvent de bas étage, il y a tout de même une certaine
variété de ton, du gag purement débile aux allusions douteuses en passant
par des moments plus absurdes.
Surtout, et c'est bien ça l'essentiel, l'humour fait le plus souvent
mouche, même quand c'est au forceps. Les acteurs sont convaincants, les
dialogues efficaces, le beau-père réussit même à devenir quasiment culte
en deux répliques, et les autres personnages secondaires ridicules ou
célèbres (le chinois dans la première catégorie, Mike Tyson dans la
deuxième) réussissent l'effet escompté. Qui plus est, le réalisateur
réussit, en deux plans de désert et avec un accompagnement musical soigné,
à donner à son film le caractère cool manifestement recherché.
Alors tout compte fait, si les amis de la finesse et du bon goût passeront
à raison leur chemin (le diaporama qui accompagne le générique final est,
il faut bien l'admettre, assez trash), les autres passeront un bon moment
avec ces trois gusses. Pas de quoi crier à la comédie culte, non, mais un
succès somme toute mérité.
Roupoil, 28 juin 2009.