Juste après Jusqu'en enfer, on continue avec
les films cannois, avec ce premier extrait de la sélection officielle, le
film des Johnnies. Ce n'est pas vraiment Johnny l'acteur qui m'a amené à
aller voir le film, mais bien Johnnie le réalisateur, dont ça faisait
quelques années maintenant que je me disais que j'irais bien voir un de
ses films à chaque fois qu'ils faisaient une apparition sur nos écrans.
Les spécialistes me diront peut-être que j'aurais mieux fait de moins
attendre car je n'ai pas pioché le meilleur, mais pour une fois j'ai cédé
aux sirènes de la pub en l'occurence engendrée par la sélection cannoise.
Johnny, donc, s'en va-t-en guerre contre des vilains chinois qui ont
trucidé son gendre et ses petits-enfants et laissé sa fille pour morte.
Lui-même est reconverti dans la cuisine mais a manié du flingue dans sa
jeunesse. À l'aide des potes tueurs à gages qu'il se fait en débarquant en
Asie, il va faire parler la poudre.
Difficile de développer beaucoup plus un scénario qui, soyons honnête,
reste extrêmement basique. C'est plus un schéma qu'autre chose, tout comme
d'ailleurs les personnages s'en tiennent souvent à une esquisse assez
grossière. C'est à la fois une qualité dans la mesure où, à chaque fois
que To essaie de pousser un peu niveau psychologie, il se plante assez
lamentablement (la scène de Johnny à l'hosto ne fait que confirmer que ce
n'est pas la révélation du siècle en tant qu'acteur) ; et tout de même
assez décevant car il y avait pourtant quelques pistes intéressantes (les
problèmes de mémoire de Costello, notamment), qui ne sont essentiellement
pas exploitées.
Bref, il faut se contenter de l'action, et ça, au moins, le film n'en
manque pas, puisque les fusillades et autres scènes d'attente gorgées de
tension à la Sergio Leone se succèdent quasiment sans temps mort. Les
temps morts ne sont pourtant pas absents à l'intérieur de ces mêmes
scènes, parfois étirées outre mesure pour bien étaler les effets de style.
Bon, ok, le style, c'est ce que Johnnie To maitrise le mieux, et les
scènes de genre transpirent tellement la classe qu'elles se suffisent
quasiment à elle-mêmes, avec leur ralentis hyper maitrisés et autres
effets de lumière superbes.
D'ailleurs, pour un néophyte comme moi en matière de cinéma de Johnnie To,
ça a largement suffi à justifier le déplacement. Mais la prochaine fois,
j'aimerais quand même bien voir un peu plus qu'un exercice de style, et un
peu plus qu'une silhouette (je ne me prononcerai pas sur l'hommage à
Melville caché derrière l'imper et le chapeau, n'ayant jamais vu de film
de Melville) en guise de personnage principal.
Roupoil, 6 juin 2009.