Bon, je sais que je vous fais le coup chaque année, mais
je me sens quand même obligé de marquer le coup une fois de plus : quatre
années passées depuis la création de cette page web, un peu moins de
critiques peut-être depuis le printemps dernier, mais la base de données
s'agrandit toujours, et donc une cinquième Fête du Cinéma à partager ici.
Pour commencer, comme le veut la tradition, un petit film d'animation
histoire de détendre l'atmosphère. Ah, on me signale en coulisses que j'ai
pas vraiment visé dans la même catégorie qu'avec Shrek 2 ou
Madagascar. Pas grave, on va faire avec ce qu'on a.
De fait, le sujet est bien sérieux, puisqu'il s'agit d'un ancien de la
guerre du Liban cherchant à retrouver ses souvenirs du jour des massacres
de Sabra et Chatila. Sérieux qui lui a d'ailleurs valu une comparaison
assez grotesque avec Persépolis, les deux films étant très
différents. Ici, Folman alterne les scènes de dialogue avec ses anciens
compagnons (animées également, même si on ne peut pas dire que le rendu
soit très heureux) et les scènes de guerre, souvent très teintées
d'onirisme et faisant la part belle aux émotions des combattants.
Si vous allez y chercher une leçon d'histoire, vous serez sûrement déçus,
le but de Folman étant de se focaliser sur ce qu'a suscité cette guerre
chez des jeunes qui avaient bien du mal à comprendre toute la portée de
leurs actes. Et de ce point de vue, c'est très réussi. Le recours à
l'animation permet vraiment de s'affranchir du côté documentaire, et une
très bonne utilisation de la musique (bon, faut dire, quand on me met la
20ème sonate de Schubert, moi je craque ; mais le style des musiques est
très varié et le choix toujours juste) occasionne quelques scènes
carrément saisissantes.
La question qui fait un peu peur au fur et à mesure que le film se déroule
est de savoir comment va être traité le jour des massacres proprement dit.
Folman choisit essentiellement la sobriété, agrémentée de quelques images
d'archives pas forcément indispensables (mais qui ne m'ont pas dérangé
comme ça a pu être le cas pour certaines personnes). Efficace, mais
presque terne au vu de ce qu'il nous avait montré avant.
Pas de quoi toutefois gâcher un excellent film, qui réussit à gagner à la
fois sur le plan artistique et sur le plan de la réflexion. S'il peut
ouvrir la voie à d'autres tentatives, il devrait même gagner rapidement un
statut mérité de film fondateur.
Roupoil, 2 juillet 2008.