Et un deuxième blockbuster enchainé pour Roupoil,
absolument pas dégoûté après le pourtant fort mauvais Mission
Impossible 3. Il n'y avait pourtant pas grand chose susceptible de
m'attirer dans ce film, et en tout cas sûrement pas la présence des frères
Wachowski, dont il faudra que je démolisse un jour le Matrix sur
cete page (mais bon, il faudrait que je le revoie pour ça, et je ne suis
pas franchement tenté).
Quoi qu'il en soit, ça commence façon Batman : dans une métropole
futuriste mais pas trop (censément Londres dans quelques années), et où il
ne semble pas faire très bonvivre, une jeune femme se fait appréhender par
la milice du Doigt (manifestement des méchants) après le couvre-feu. Ca a
l'air mal barré pour elle, quand un sauveur masqué débarque pour la
sauver. Petite originalité tout de même, le masque en question est celui
de Guy Fawkes (révolutionnaire anglais du 17ème siècle, on a droit à un
petit cours d'histoire en prime) et il est fort bavard.
Et c'est dans le verbiage émanant de ce personnage destiné sans surprise à
devenir central dans l'intrigue que se siue une bonne partie de l'intérêt
du film. C'est que le monsieur, en lutte contre le régime totalitaire au
pouvoir, aime faire partager ses opinions, non seulement avec Evey (la
jeune femme du début) mais même avec tous les Londoniens quand il en a
l'opportunité. Et il faut bien avouer que le côté politique du
film accroche bien (quand à ceux qui ont vu là-dedans une apologie du
terrorisme, je suppose qu'ils veulent mettre en prison les quelques
résistants encore en vie qui ont osé faire péter des voies de chemin de
fer il y a quelques dizaines d'années). Dommage que ce soit un peu trop
appuyé par moments (était-il vraiment nécessaire de faire allusion aux
homos toutes les cinq minutes et d'avoir un régime qui condamne, bien
entendu, les musulmans ?), mais ça reste nettement au-dessus du scénario
hollywoodien moyen (le fait que ce soit tiré d'une BD d'Alan Moore n'y est
sûrement pas pour rien).
On pardonne d'autant moins les quelques absurdités flagrantes qui
émaillent l'intrigue, notamment l'emprisonnement d'Evey, et dans une
moindre mesure la fin (la façon dont tout se règle n'est pas très
crédible), mais le film a au moins le mérite de ne pas hercher à les
expliquer.
Pour le reste, on ne peut pas dire que la réalisation de James McTeigue
soit ce qu'on a vu de plus passionnant ces derniers temps, à croire qu'il
a peur de faire remarquer qu'il y avait un réalisateur derrière
l'adaptation. C'est parfois dommage, car filmer un acteur masqué sans
inspiration incite forcément le spectateur à l'ennui, mais dans l'ensemble
la qualité des décors suffit à faire passer la pilule. Par contre, on ne
me fera pas admettre que Natalie Portman joue bien dans ce film, mais
comme pour les autres défauts, on n'y fait pas trop attention (!).
Curieux blockbuster finalement, qui réussit à convaincre dans l'ensemble
grâce à son fond alors que la forme est loin d'être sans reproches. Tout
n'est peut-être pas encore pourri au royaume d'Hollywood...
Roupoil, 16 mai 2006.