Dernier rattrapage avant la rentrée, un film sorti il y a
bien longtemps déjà, mais qui est encore à l'affiche dans un paquet de cinéma,
ce qui un exploit assez suprenant dans la mesure où il s'agit d'un film
iranien. Bon, qu'il ait ramassé pleins de prix à Berlin, soit, qu'il ait
emballé la critique, rien de surprenant non plus, mais que d'autres personnes
que les critiques aillent le voir au cinéma c'est plus inattendu. Enfin, assez
de mauvais esprits, allons nous faire une idée par nous-même.
Le film débute par une demande de divorce, mais la fameuse séparation du titre
sera en fait bien plus compliquée que ça. Madame, malgré son envie de partir
à l'étranger, s'installe simplement chez sa mère, tandis que monsieur reste en
charge de leur fille et de son père atteint d'Alzheimer. Il engage une
personne pour s'occuper du papy, mais ça ne se passe pas totalement comme
prévu.
En fait, tout le film est centré autour de ces deux familles, les riches, leur
dicorce et le traumatisme engendré pour leur fille de onze ans constamment
prise à partie pour arbitrer leurs différends ; et les pauvres, leurs
problèmes d'argent, les démélés communs des deux familles face à la justice
suite à un regrettable incident. Tout cela est évidemment fictionnel et donc
scénarisé, et même fort précisément scénarisé, mais ça sent quand même très
fort son petit manuel de l'Iran moderne à l'usage de nos amis occidentaux.
En gros, tous les thèmes attendus sont là (justice déjà évoquée plus haut,
religion qui surgit régulièrement, condition des femmes), et peut-être même
quelques thèmes moins attendus, mais l'idée est quand même de faire un bon
reportage de journal télévisé sur l'Iran (enfin, ce à quoi pourrait ressembler
un reportage de journal télé si les journalistes faisaient leur boulot au lieu
de faire du sensationnalisme minable) en moins chiant.
Mais moins chiant ne veut pas dire pas chiant, et le film se fait
malheureusement tout de même piéger par son procédé, en permanence le cul
entre deux chaises. Pas assez de cinéma dans tout ça pour le rendre
passionnant (pas de musique, sauf quelques notes de piano sur le générique
final qui sont à la limite de la provocation, s'il faut attendre deux heures
pour être ému c'est un peu longuet ; réalisation précise mais froide et
impersonnelle) ; mais en même temps trop construit pour paraitre vraiment
authentique (les rebondissements sont très amenés, la scène finale qui nous
laisse sans réponse ressemble surtout à un refus de parti pris). Les acteurs
ont beau faire tout ce qu'ils peuvent (et ils le font bien), ça reste tout
du long poussif.
Il faut dire aussi que le film se répète pas mal, alternant essentiellement
les disputes entre les parents riches et les scènes trop longues face au juge.
Ok, c'est dans l'ensemble assez instructif, mais on se sent à peine concernés
par les drames qui se jouent ici (et pourtant il y a de quoi faire). Trop long
sûrement, pas assez intense c'est une certitude, cette séparation n'est pas
douloureuse que pour ses protagonistes, et bien loin du chef-d'oeuvre annoncé.
Roupoil, 1er septembre 2011.