Une Séparation,

film de Ashgar Farhadi (2010)



Avis général : 3/10
:-) Bien construit, très bien joué.
:-( Le film n'arrive jamais à pâssionner.

Dernier rattrapage avant la rentrée, un film sorti il y a bien longtemps déjà, mais qui est encore à l'affiche dans un paquet de cinéma, ce qui un exploit assez suprenant dans la mesure où il s'agit d'un film iranien. Bon, qu'il ait ramassé pleins de prix à Berlin, soit, qu'il ait emballé la critique, rien de surprenant non plus, mais que d'autres personnes que les critiques aillent le voir au cinéma c'est plus inattendu. Enfin, assez de mauvais esprits, allons nous faire une idée par nous-même.

Le film débute par une demande de divorce, mais la fameuse séparation du titre sera en fait bien plus compliquée que ça. Madame, malgré son envie de partir à l'étranger, s'installe simplement chez sa mère, tandis que monsieur reste en charge de leur fille et de son père atteint d'Alzheimer. Il engage une personne pour s'occuper du papy, mais ça ne se passe pas totalement comme prévu.

En fait, tout le film est centré autour de ces deux familles, les riches, leur dicorce et le traumatisme engendré pour leur fille de onze ans constamment prise à partie pour arbitrer leurs différends ; et les pauvres, leurs problèmes d'argent, les démélés communs des deux familles face à la justice suite à un regrettable incident. Tout cela est évidemment fictionnel et donc scénarisé, et même fort précisément scénarisé, mais ça sent quand même très fort son petit manuel de l'Iran moderne à l'usage de nos amis occidentaux. En gros, tous les thèmes attendus sont là (justice déjà évoquée plus haut, religion qui surgit régulièrement, condition des femmes), et peut-être même quelques thèmes moins attendus, mais l'idée est quand même de faire un bon reportage de journal télévisé sur l'Iran (enfin, ce à quoi pourrait ressembler un reportage de journal télé si les journalistes faisaient leur boulot au lieu de faire du sensationnalisme minable) en moins chiant.

Mais moins chiant ne veut pas dire pas chiant, et le film se fait malheureusement tout de même piéger par son procédé, en permanence le cul entre deux chaises. Pas assez de cinéma dans tout ça pour le rendre passionnant (pas de musique, sauf quelques notes de piano sur le générique final qui sont à la limite de la provocation, s'il faut attendre deux heures pour être ému c'est un peu longuet ; réalisation précise mais froide et impersonnelle) ; mais en même temps trop construit pour paraitre vraiment authentique (les rebondissements sont très amenés, la scène finale qui nous laisse sans réponse ressemble surtout à un refus de parti pris). Les acteurs ont beau faire tout ce qu'ils peuvent (et ils le font bien), ça reste tout du long poussif.

Il faut dire aussi que le film se répète pas mal, alternant essentiellement les disputes entre les parents riches et les scènes trop longues face au juge. Ok, c'est dans l'ensemble assez instructif, mais on se sent à peine concernés par les drames qui se jouent ici (et pourtant il y a de quoi faire). Trop long sûrement, pas assez intense c'est une certitude, cette séparation n'est pas douloureuse que pour ses protagonistes, et bien loin du chef-d'oeuvre annoncé.

Roupoil, 1er septembre 2011.



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