Un Homme et une femme,

film de Claude Lelouch (1966)



Avis général : 2.5/10
:-) Le thème entêtant de Francis Lai. Les acteurs ont la tête de l'emploi, les gamins sont mignons.
:-( Il ne se passe rien ou presque. C'est stylistiquement atrocement appuyé et aux frontières du ridicule.

Petite soirée à la maison, on cherche un film pas trop long ni prise de tête, ce sera donc une révision de classique français. Enfin, révision façon de parler, plutôt une découverte pour moi et mon inculture totale concernant le cinéma de notre beau pays, puisque je n'avais jamais vu ce film de Lelouch, ni aucun autre d'ailleurs. M'enfin, à en croire la rumeur, il vaut de toute façon mieux taper dans l'ancien en ce qui concerne Lelouch...

C'est donc l'histoire toute simple d'un homme et d'une femme. Lui est un coureur automobile, il a un petit garçon. Elle a été mariée à un casacdeur, elle a une petite fille. Les deux enfants fréquentent la même pension à Deauville, et c'est là que leurs parents se croisent un jour par hasard. Ils font un retour sur Paris en voiture ensemble, se racontent plus ou moins leur vie, apprennent à se connaitre, et paf, ils couchent ensemble !

Oulà, oulà, pas si vite ! Le principe du film, c'est quand même justement que ce prototype de début d'intrigue qui prendrait les dix premières minutes de n'importe quel film normalement constitué, soit ici étalé sur toute la durée de l'oeuvre. Pour ceux qui aiment que ça soit un peu rythmé, passez donc votre chemin, il ne se passe essentiellement rien : dialogues au mieux complètement creux (par exemple la scène au resto avec les enfants, qui ont eux le mérite d'être innocemment mignons), au pire emprunts d'une vague philosophie de comptoir, pléthore de plans rapprochés sur nos deux acteurs qui font ce qu'ils peuvent pour essayer de faire passer des émotions, et scènes répétitives et trop longues de course, notamment, sont tout ce qu'on a à se mettre sous la dent.

Pour qu'on tel concept soit viable, il était essentiel qu'il soit appuyé par une sacrée dose d'inventivité et de talent dans la mise en scène. Pour ce qui est de l'inventivité, Lelouch n'en manque pas, nous déclinant toute une gamme d'effets qui ont plus ou moins disparu (heureusement) du vocabulaire du cinéma depuis : il filme le même plan sous dix angles différents pour faire croire que sa scène est moins statique qu'elle n'en a l'air, use et abuse d'effets sonores saoulants qui couvrent les dialogues (ah ça, des vroum vroum on en entend), et fait pareil avec la musique, par moments tonitruante de façon totalement incongrue, et par moments tout simplement grotesque (la scène de flash-back où on a droit à la chanson sur la samba dans son intégralité menace très sévèrement de faire basculer le film du côté du nanar total). De toute façon, niveau musique, on comprend pourquoi seul le thème sympathique de Lai est devenu célèbre.

Tous ces mauvais effets nous sont assenés tout au long du film avec une insistance et surtout un premier degré tellement appuyé qu'on est contents quand ça s'arrête. Et on a donné une Palme d'Or à ce machin à l'époque où c'est sorti ? Aujourd'hui ça ferait marrer tout le monde (quelque part, c'est rassurant, le niveau du cinéma actuel n'est peut-être pas aussi lamentable que ce qu'on se dit parfois). Le concept d'une histoire d'amour totalement épurée servie par deux acteurs qui collent bien aux rôles n'était peut-être pas mauvais, mais il aurait fallu le servir avec infiniment plus de subtilité pour en tirer quelque chose de regardable.

Roupoil, 29 janvier 2009.



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