L'avantage de ne pas avoir vu un seul film au cinéma pendant
presque deux mois de vacances, c'est qu'on peut espérer que ceux qui sont
encore à l'affiche en cette fin de mois d'août sont les meilleurs. Ou pas.
En ce qui concerne cet Amour de jeunesse, il avait à peu près tout
pour me déplaire, puisqu'il s'agit d'un film d'auteur français dont la
réalisatrice est encensée par la critique à chaque nouvelle oeuvre (c'est sa
troisième) sans grande surprise puisqu'elle est elle-même issue de la critique
(et accessoirement fort pédante en interview pour le peu que j'ai pu en voir)
mais que le public semble trouver plus chiant qu'autre chose.
Difficile en tout cas de faire un résumé du film sans tout raconter, dans la
mesure où il ne se passe effectivement pas énormément de choses. On suit la
jeune Camille à trois moments de sa vie, d'abord lycéenne et folle amoureuse
d'un benêt qui lui brise le coeur ; puis jeune adulte en train de construire
sa vie avec un de ses profs d'architecture (couple très improbable mais
passons), et enfin quelques années après alors que son premier amour ressurgit
dans sa vie à l'improviste.
Rien d'extraordinairement novateur dans tout ça, mais après tout l'essentiel
n'est pas le sujet mais ce qu'on a à en dire. ici, assez clairement, la
réalisatrice n'a en fait pas grand chose à en dire. On a bien droit à un bon
lot de dialogues sûrement très pensés, mais surtout vaguement à côté de la
plaque, récités avec plus ou moins de conviction par des acteurs inégaux (le
garçon qui joue Sullivan a pour le moins un jeu étrange), et à de belles
images, notamment lors de vacances en Ardèche qui tournent à la leçon de
naturalisme béat (comme souvent, c'est pas loin de tourner au naturalisme
beta). La réalisatrice semble en fait éviter comme la peste les coupures
dramatiques, expédiant par exemple en deux minutes sans émotion une fausse
couche dont on se demande bien, du coup, pourquoi elle n'a pas été simplement
supprimée du scénario.
Malgré cela, je n'irais pas dire que le film est ennuyant. Il a son petit
rythme tranquille, et avance malgré l'extrême simplicité des enjeux présentés.
Par moments, on a même l'impression que le film est en train de toucher du
doigt de façon assez précise quelque chose d'intéressant, comme ce sentiment
de regret qui envahit les deux protagonistes au moment de leurs retrouvailles.
C'est malheureusement très fugitif, trop pour qu'on puisse trouver à ce film
plus que des petites qualités de gentille oeuvrette vite vue vite oubliée.
Le gros problème du film, à vrai dire, c'est qu'il est tout bonnement creux.
Peut-on vraiment, en 2011, se contenter de filmer, certes pas mal, des
tranches de vie essentiellement banales ? La critique semble penser que oui.
Personnellement, j'ai envie de dire "C'est un peu court, jeune femme".
Roupoil, 31 août 2011.