Tiens, pour notre petite toile en amoureux ce soir, si on
allait voir le film romantique du moment, signé James Gray ? Hein, quoi,
James Gray ? Non, il doit y avoir erreur. D'une part, il ne fait que des
polars, et en plus il fait à peine plus d'un film par décennie, et son
dernier est sorti l'an dernier... Ah ben si en fait c'est bien lui, qui a
changé de genre, et au passage gagné en rapidité, apparemment. Eh bien,
comme La Nuit nous appartient, son précédent opus, m'avait plutôt
franchement convaincu, pourquoi ne pas tenter ?
Leonard est un gentil garçon retourné vivre chez ses parents (et bosser
pour eux) après une grosse désillusion amoureuse qui l'a conduit aux
tentatives de suicide. Ses parents, définitivement très attentionné,
essaient de le reconstruire sentimentalement et professionnellement en le
casant avec la belle Sandra, fille de riches amis avec qui ils veulent
fusionner leur affaire. Mais bon voila, un beau jour, Leonard croise
Michelle dans l'escalier, et on sent bien qu'il est très attiré par elle.
Vous allez me dire, ça sent un peu le réchauffé tout ça. Eh bien, pour ne
pas vous rassurer, je dois bien vous prévenir que tout est du même tonneau
qui a mûri un peu trop, du copain marié de Michelle qui lui promet depuis
des lustres qu'il va divorcer au retournement final qu'on sent venir gros
comme une maison. Pas de quoi sauter au plafond niveau scénario donc,
c'est un peu décevant.
Heureusement, derrière la caméra, Gray réussit à créer une ambiance qui,
elle, n'a rien de vue et revue. Les personnages avec leurs failles,
restent assez intéressants, et la description du milieu juif new-yorkais
ne fait pas du tout factice. Bref, la plupart du temps, on y croit malgré
tout, et il réussit même à nous surprendre par instants avec de belles
séquences réellement émouvantes (le passage à l'hôpital de Michelle,
notamment). Hélas, on ne sent pas gray à son aise avec ce genre en
permanence, et il y a aussi son bon petit lot de scènes qui, tout
simplement, ne passent pas du tout. Celle où nos deux héros finissent par
s'embrasser (et plus si affinités) sur le toit, suivie de l'échange
téléphonique de "Je t'aime" en se regardant à travers les fenêtres, est
assez pathétique, à peine mieux que ce qu'on voit dans la première sitcom
venue.
Changement de cap peut-être pas encore totalement maitrisé pour Gray, mais
il faut bien dire que la pauvreté intrinsèque de l'intrigue ne l'aidait
vraiment pas. Quelque part, ça reste donc une performance honorable
d'avoir réussi un film qui, somme toute, se laisse regarder.
Roupoil, 24 novembre 2008.