Twixt,

film de Francis Ford Coppola (2011)



Avis général : 5/10
:-) C'est assez beau, pardois prenant, toujàoues étonnant.
:-( Bricolé et parfois à la limite du ridicule.

Sacré Francis tout de même. Pour fêter les 40 ans du Parrain, l'un des films les plus acclamés de l'histoire du septième art, le voila qui revient avec un petit film d'horreur bricolo, fauché et expérimental, qui sort presque dans l'indifférence générale (ceux qui ne suivent pas de près les projets de Coppola ont de fortes chances de ne pas avoir entendu parler de ce film avant sa sortie). Une trajectoire que beaucoup de jeunes réalisateurs rêvent de faire ... en sens inverse.

Dans ce nouvel opus du maitre, donc, Val Kilmer en écrivain minable (il fait dans les histoires de sorcières) qui a sombré dans l'alcool depuis la mort accidentelle de sa fille, débarque dans un bled américain pour une séance de dédicaces. Il y tombe sur un meurtre à coup de pieu, un shérif fana de vampires qui veut écrire un bouquin avec lui, et un vieil hôtel où a séjourné Edgar Poe lui-même. Sans compter une sombre histoire d'assassinat de gamins s'étant déroulé au même endroit. Tout cela chamboule quelque peu l'équilibre mental de notre ami.

Soyons clairs tout de suite : ceux qui tenteraient de voir le film dans le but de frissonner un bon coup à coups de vampires qui sautent sur tout ce qui bouge sortiront sûrement en criant à l'infame nanar. Le film est franchement étrange, extrêmement (mais volontairement) kitsch au niveau de ses effets, et plutôt centré sur la perte d'un être cher que sur l'horreur pure (Coppola a lui-même fait le lien, assez évident de toute façon, avec la disparition accidentelle de son propre fils). On a même quelque peu l'impression que Coppola se fiche franchement du spectateur et a avant tout tourné son film pour lui.

Autant dire que les moins fans d'entre nous risquent d'être quelque peu déroutés. Les autres aussi (surtout quand on voit la fin de film en état d'hypoglycémie avancée, les joies du cinéphile diabétique...) tant les frontières entre réalité et fiction sont brouillés, et les apparitions et élécubrations de Poe difficiles à suivre. Le mieux est sûrement de ne pas trop chercher à comprendre, et tenter de se laisser happer par l'atmosphère du tout. Car Coppola a gardé cette capacité à produire régulièrement des images frappantes, et dispose ici d'un cadre idéal pour s'en donner à coeur joie. C'est parfois à la limite du bon gout (les couleurs flashy), mais finalement pas si éloigné que ça de l'esthétique d'un Dracula, les moyens en moins. Suffisant pour réactiver un peu la nostalgie de l'époque où Coppola faisait vraiment des grands films, mais évidemment très très mineur dans la filmographie d'un tel cinéaste.

Roupoil, 25 avril 2012.



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