Parmi les dizaines de films produits outre-Atlantique chaque
année, on le sait, tous ne font pas route vers nos écrans (ce qui ne suffit
d'ailleurs pas à empêcher la domination régulière du cinéma américain au
box-office). Si certains ont la route toute tracée (la sélection laisse
peut-être à désirer les concernant, d'ailleurs), d'autres peuvent chercher
un distributeur pendant des années malgré une carrière remarquée lors des
festivals, avant parfois de finir par passer par la case direct-to-DVD. Ce
n'est pas le cas de ce petit film dont on entend parler depuis un petit bout
de temps mais qui aura ramé un peu avant de se faire une petite place sur nos
écrans.
Il faut dire que le titre ne laisse pas augurer grand chose de bon. Tucker
et Dale, ce sont deux péquenots qui, sous prétexte de retaper une vieille
bicoque pour y passer des week-ends pépères, vont en fait trucider de l'ado
débile venu faire un peu de camping dans le coin. À moins que ce ne soient
les ados bas-de-plafond qui n'aient des envies meurtrières envers les
inoffensifs bouseux. En fait, au départ, personne n'est vraiment psychopathe
dans cette histoire, mais une série de quiproquos va lancer le week-end
sur la voie du massacre sanglant.
Film d'horreur donc, mais surtout pas sérieux. Le but est d'essayer de
détourner les codes du genre et de rigoler un bon coup tout en faisant
gentiment référence à quelques classiques. Une recette pas franchement
neuve, mais appliquée ici avec un premier degré au fond assez efficace :
il s'agit vraiment simplement d'une comédie de situation reprenant des
archétypes du film d'horreur (au niveau des personnages notamment) et
présentant quelques morts bien gores à coups d'accessoires classiques
(la tronçonneuse joue notamment un rôle de premier plan, même si elle
ne tue pas grand monde).
On est donc là pour s'amuser, et çamarche plutôt bien. Les auteurs ont un
sens du rythme et surtout du placement de réplique assez redoutable (rien
de plus drôle qu'un "You're ok ?" au milieu d'une séquence pur gore, à
condition que ça ne tourne pas au ridicule), et arrivent même à faire
oublier le côté un peu amateur de l'ensemble : les acteurs sont quelconques
mais pas risibles, les décors sobres mais pas bidons, la musique fadasse
mais pas envahisante, ça passe.
À vrai dire, la modestie assumée du film le sert tout en lui imposant ses
limites. Pour faire un film vraiment cult et marquant, il aurait sûrement
fallu pousser beaucoup plus loin le trash et l'irrévérence (là, le film
devient notamment particulièrement mou du genou sur la fin). Ce n'est pas
le bue de Tucker et Dale, qui se ontentent de nous faire passer un bon
moment gentiment crétin en leur compagnie. C'est toujours mieux que de se
planter en prétendant faire la parodie ultime.
Roupoil, 5 février 2012.