Bon, papy Roupoil (eh oui, bientôt la trentaine, c'est
peut-être pour ça), il va vraiment falloir que tu renommes ta page "Critiques
récentes" en "Critiques pas totalement antédiluviennes". Non seulement je vais
désormais peu au ciné, mais en plus je mets des semaines à me décider à taper
mes critiques. C'est quoi déjà, ce truc, True grit ? Ah ben oui, le
dernier film des frères Coen qui, après avoir tourné autour pendant un moment,
se sont décidés à faire un vrai western ! Leur précédent, A serious
man, m'avait profondément déçu, mais on ne lâche pas les frangins si
facilement, et cette idée de western me plaisait plutôt.
Du western, du vrai, donc, avec cette histoire d'une gamine qui décide d'aller
se venger elle-même de la mort de son père. Pour retrouver son assassin, elle
embauche un vieux mercenaire porté sur la bouteille, et croise le chemin d'un
ranger fringant à la poursuite du même homme (qui a déjà sévi sous une autre
identité). Ces trois-là (et surtout les deux gars) sont moyennement faits pour
s'entendre, mais ils vont quand même se lancer dans une drôle de poursuite.
Rien de très original là-dedans et, disons-le tout de suite, pas de grosse
surprise ou de rebondissement spectaculaire dans la suite du déroulement des
opérations, on suit un chemin très très balisé, entre méchants à sales trognes
et ivrogne débonnaire racontant sa vie (Jeff Bridges fait bien son numéro, mais
c'est un poil répétitif à la longue). On aurait aimé que les Coen ne se
contentent pas d'une adaptation qui revisite sans grand génie les classiques du
genre, mais nous pondent quelque chose d'un peu plus personnel. Ce sera pour la
prochaine fois.
En attendant, il y a quand même pas mal de Coen là-dedans. Les images sont hyper
soignées et tout bonnement superbes, les dialogues portent une petite touche
ironique qui met un peu de piquant dans l'action, et la direction d'acteurs au
poil. Il y a même une scène de chevauchée nocturne quasiment à la fin du film
qui se déroule dans une ambiance de fin du monde assez sidérante. Dommage que
la réalisation ne se lâche vraiment qu'à ce moment-là, on demanderait presque
à ce qu'un deuxième film s'enchaine au premier après cette séquence.
En tout cas, me voila au moins réconcilié avec les Coen, à défaut d'être
totalement enthousiasmé. Ce n'est sûrement pas leur film le plus marquant, le
plus génial ou le plus personnel, mais il devrait à peu près contenter tous
ceux qui iront le voir. Les Coen seraient-ils devenus consensuels ?
Roupoil, 25 avril 2011.