A force d'entendre des tas de gens parler de
Trainspotting quand on fait allusion à Requiem for a
dream (et vice versa), il était temps que je me fasse une idée sur ce
film "culte" (je mets entre guillemets car il finit par être galvaudé à
force d'être utilisé à tort et à travers). Une petit piquouze pour se
mettre en forme et c'est parti.
Car il est question ici de drogués, et plus particulièrement
d'héroïnomanes. Encore des rebuts de la société, loques humaines
uniquement propres à inspirer le dégoût ? En fait, pas exactement : Mark
et ses potes ressemblent plutôt à des caricatures de djeunes cools dont la
drogue aurait remplacé l'alcool ou la clope dans le rôle du lien social et
de destresant. Ces jeunes gens font donc un certain nombre de conneries,
se défoncent, font la fête, baisent, le tout dans une bonne humeur assez
générale. Mais un jour, Mark renonce pour de bon et s'en va bosser
àLondres (le reste du film se passant à Edimbourg).
Le film a, parait-il, choqué à sa sortie. Aujourd'hui, c'est simplement
l'occasion de constater à quel point le poids des images évolue rapidement
au cinéma, puisque dix ans plus tard, on ne trouve pas vraiment de quoi
fouetter un chat. Certes, le film est trash par moments. Mais la
représentation réaliste de scènes de shoot passe assez inaperçue. Pas
grave, Boyle compense largement par un mauvais esprit constant et, il faut
bien l'avouer, assez réjouissant. Pendant la moitié du film, son objet
chic et choc remporte même franchement l'adhésion on se marre, bêtement
mais beaucoup, face aux déboires de ces doux dingues, et la réalisation
tape-à-l'oeil s'ccomode tout à fait des situations décrites. Mais déjà,
une faiblesse point : le scénario semble trop souvent fabriqué dans le
seul but de créer des situations comiques.
Tant que le rythme compense, ça ne pose pas de problème, mais en trois
quarts d'heure, Boyle semble avoir épuisé son sujet. Il prend du coup un
tournant plus dramatique, tentant de faire une analyse un peu plus poussée
des conséquences de la drogue sur la vie de nos lascars. Mauvaise idée,
car les insuffisances du scénario se dévoilent au grand jour, et la
réalisation ne colle plus vraiment au sujet (déréalisant de façon assez
curieuse les pires moments). Sauvons tout de même une belle scène de
manque lors de la transition.
Que retient-on de tout ça ? Pas grand chose au fond, car ce film n'est pas
très sérieux, même quand il tente de l'être. Et il n'est par ailleurs
jamais aussi bon que quand il assume son délire. Belle brochette d'acteurs
dans les rôles principaux, en tout cas. A voir au moins comme curiosité,
mais ne vous méprenez pas : ce n'est pas un film sur la drogue, mais une
comédie faisant intervenir des drogués.
Roupoil, 24 mai 2006.