Tournage dans un jardin anglais,

film de Michael Winerbottom (2005)



Avis général : 3.5/10
Pourcentage gozu : 3%
:-) C'est surprenant, déroutant, érudit, et plein d'idées qui ont tout pour marcher.
:-( La mayonnaise n'a pas pris avec moi. Faute peut-être à la réalisation fatigante et au trop-plein constant.

A peine de retour de vacances, hâtons-nous de taper les critiques des films vus avant de partir avant de les avoir complètement oubliés. Pour finir une petite après-midi enfermé dans les salles obscures avant quelques jours d'abstinence, j'avais donc choisi un film soi disant léger, intelligent, voire brillant, bref susceptible de me mettre de bonne humeur.

Mais méfions-nous de Winterbottom, spécialiste ès supercheries en tout genres. La dernière fois que j'ai vu un film de lui au cinéma, il prétendait transcendait le film de cul en l'assaisonnant à la sauce rock. En fait, c'était juste un film de cul (9 songs, critique disponible sur votre page web préférée). Ici, il prétend (de loin) faire l'adaptation d'un classique de la littérature anglaise dont je n'avais comme il se doit jamais entendu parler, narrant la vie d'un certain Tristram Shandy. Le bouquin est réputé inadaptable, ne comptez pas sur le film pour vous faire une opinion sur le sujet. Après avoir fait semblant pendant cinq minutes de tourner un film sur le tournage de l'adaptation, avec Steve Coogan en vedette, Winterbottom va plus loin, le sujet du film devenant plus ou moins Coogan lui--même, certes toujours en train de tourner, mais Tristram Shandy passe au second plan (et encore, je suis gentil).

Bref, la plupart du temps, on se ballade dans les coulisses, un peu à la manière d'un making of. Sauf qu'ici il n'y a vraiment pas de film caché derrière le making of, et que par ailleurs persiste une ambiguïté permanente entre la réalité du tournage et ce qui nous est montrés (un exemple parmi tant d'autres, les déboires de Coogan avec la presse à scandale semblent tout à fait réalistes, mais sont pourtant manifestement scénarisés. Il faut s'accrocher pour suivre ... ou pas, car l'intérêt n'est pas vraiment là.

L'idée de faire un film le plus confus possible, plein d'allusions et de gags à des degrés divers souvent élevés, est en soi plutôt réjouissante, d'autant plus que Winterbottom est loin d'être le permier rigolo venu et que les dialoguistes se sont fait plaisir au niveau des allusions au monde du cinéma (au passage, si vous ne connaissez pas un poil de Fassbinder par exemple, vous allez être largué par moments). Et pourtant, je ne me suis pas vraiment amusé en regardant ce film, et même franchement ennuyé par moments. Peut-être y a-t-il simplement trop de tout : trop de niveaux de lecture, trop de confusion sur le plateau (la caméra virevolte pas mal, c'est dur quand on est à son troisième film de la journée)trop d'insistance sur certains points (la naissance de Shandy, qui est à peu près la seule scène historique du film) et trop de bons mots planqués dans les coins en même temps (du coup, même si on les trouve biens vus, on ne s'y prépare pas et ils ratent leur effet), trop d'antipathie dans le faux Steve Coogan, etc...

Du coup, je suis resté bien trop en dehors du film pour en profiter réellement. J'ai bien souri à quelques moments, mais le bilan reste fort maigre. Certains spectateurs dans la salle ont semblé apprécier, tant mieux pour eux, mais c'est tout de même un très curieux film que celui-ci, qui balance un peu par les fenêtres toutes ses bonnes idées.

Roupoil, 24 juillet 2006.



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