Torremolinos 73,

film de Pablo Berger (2003)



Avis général : 6/10
:-) Une comédie piquante sans être vulgaire. Un scénario/histoire vraie assez hallucinant.
:-( La partie plus dramatique du film est beaucoup moins intéressante que la pure commédie.

Pour terminer en beauté ma première journée de Fête du Cinéma, un film peut-être plus cinéphile que les précédents, encore que... Les mauvaises langues prétendront que je ne suis allé le voir que parce qu'il promettait d'y avoir quelques scènes assez chaudes, pas du tout, j'y suis allé aussi parce qu'il a eu des tas de récompenses :-).

C'est l'histoire d'un pauvre type qui vend des encyclopédies dans l'Espagne des années 70. Forcément, le porte-à-porte ne marche pas, il a des mois de loyers en retard, et son employeur menace de le virer, enfin bref la cata. Mais le patron, qui n'est pas un mauvais bougre au fond, lui propose une légère reconversion : plus de porte-à-porte, il s'agit de contribuer à une encyclopédie de la reproduction dans le monde (eh oui, ça se vend mieux que l'histoire de l'Espagne en dix volumes) publiée en Scandinavie, et demandant contributions filmées. Alfredo se retrouve ainsi à se filmer faisant l'amour à sa femme. Curiseusement, cette activité va le rapprocher d'un cinésate moins obscur, Ingmar Bergman.

Raconté comme ça, le scénario semble avoir plus de queue que de tête. Mais il a un atout indéniable : c'est une histoire vraie. Du coup, forcément, on y croit. Par ailleurs, la reconstitution des années 70 est discrète mais efficace. Le sujet, assez casse-gueule malgré tout, est illustré avec humour (certes relativement facile, mais jamais lourd) et le film évite de trop caricaturer ou de tomber lui-même dans le voyeurisme (malgré son lot de scènes pimentées), Ajoutez à ça des acteurs qui sont loin d'être d'obscurs débutants, et vous obtenez une première moitié de film réellement séduisante.

Mais une première moitié ne suffit pas tout à fait à faire un film, et l'intérêt retombe malheureusement ensuite. Berger semble avoir eu du mal à mêler la franche comédie aux autres aspects du scénario, en l'occurence la fascination de Lopez pour Bergman (qui est ici plus ridiculisée qu'autre chose, traitement peu convaincant) et surtout le mélodrame familial (Alfredo ne peut pas avoir d'enfants, et sa femme aura recours à une méthode peu courante pour en obtenir un), assez convenu. Du coup, le film devient inégal au fur et à mesure qu'il progresse, pour se conclure dans une sorte de no man's land où la comédie a disparu, mais où le spectateur frustré n'a plus grand chose à se mettre sous la dent.

Un bon petit film malgré tout, qui exploite bien son surprenant sujet, mais est bizarrement plus faible sur des thèmes plus conventionnels. En tout cas, une belle surprise venue d'Espagne, et un réalisateur à suivre.

Roupoil, 30 juin 2005.



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