Un film de sience-fiction des années 70 signé par un
certain George Lucas, ça vous dit quelque chose ? Eh bien vous avez tout
faux, on retourne encore quelques années en arrière pour revoir le premier
long métrage du désormais célebrissime George, qui ressort en version
"restaurée" en ce moment dans les salles (comprendre que tonton George a
rajouté quelques effets totalement superflus, extrêmement voyants et
surtout à contre-courant de l'esthétique du film, mais bon, il n'y en a
pas trop...).
La trame est assez classique pour un film d'anticipation, mais ça ne
devait pas être si bateau que ça à l'époque où le film a été réalisé. Dans
une société futuriste extrêment cont^rôlée, où les humains sont vidés de
toute émotion par la consommation obligatoire de sédatifs et surveillés de
près par des robots, THX 1138 (même les noms ont disparu, remplacés par
ces noms de code barbares) découvre l'amour avec sa colocataire. Devenu un
paria, il tente de s'enfuir.
Cette intrigue place déjà le film du côté "sérieux" de la SF, avec son lot
de critiques sous-jacentes de la société contemporaine. De ce point de
vue, d'ailleurs, Lucas réussit assez bien son coup : atmosphère
étouffante, cohérence de l'ensemble, thèmes encore très actuels
aujourd'hui (état policier, peur du nucléaire, et même quelques piques
assez surprenantes visant la société de consommation et la religion).
Mais là où on est le plus surpris c'est au niveau de la forme. Difficile
d'imaginer plus éloigné de Star Wars, on serait plutôt du côté de
Tarkovski : froid, austère, et même carrément expérimental par moments. Le
décor est essentiellement blanc (il y a une longue scène qui se déroule
entièrement sur fond blanc), la musique assez spéciale, et la bande-son
très souvent occupée par des anonces techniques pleines de chiffres.
L'effet est intéressant, mais hélas pas très bien exploité. Ca tourne
assez vite au procédé et le film en devient simplement pas toujours
agréable à regarder.
Curieux objet, donc, pas franchement un film inoubliable en soi, mais une
étape vraiment étonnante dans le parcours de Lucas. Pas sûr que ça
justifie pour autant une nouvelle sortie en salles. Je pense qu'avec la
maturité technique acquise aujourd'hui, en faire un remake aurait pu être
(pour une fois) beaucoup plus intéressant.
Roupoil, 26 juin 2007.