En voyant il y a quelques mois le nom de Kenneth Branagh
associé à un projet de film portant le titre de Thor, certains se sont
peut-être dit "Tiens, ce bon vieux Kenneth a lâché son Shakespeare pour aller
respirer de la légende nordique". Quand, un peu plus tard, sont apparues des
affiches dignes d'un film de super-héros avec logo Marvel, ils n'ont peut-être
pas fait le rapprochement. Et pourtant, Thor est bel un bien un gros
blockbuster dont le super-héros, puisqu'il s'agit bien de celà, est le fils
d'Odin en personne. Pas sûr que ça mérite le déplacement, mais comme les
absents ont toujours tort (mouahaha), j'ai quand même usé un de mes rares jokers
ciné pour regarder ce machin.
Or donc, comme vous ne le saviez sûrement pas, Thor et compagnie ne sont en fait
pas du tout des dieux, mais de simples extra-terrestres technologiquement
avancés qui ont fait un petit séjour sur Terre pour tataner du méchant,
impressionnant au passage les vikings qui trainaient dans le coin. Ils ont du
être un peu impressionnés aussi en retour, nos amis wallhaliens, car quelques
centaines d'années plus tard, et malgré leur avancement technologique, ils
continuent à se déplacer à cheval avec des armures grotesques sur le dos. Mais
passons, ce point de départ du scénario, il faut bien le dire, témoigne d'un
certain degré d'imagination farfelue, ou d'un abus de lecture de scénarios de
nanars de science-fiction. On ne peut que regretter que les développements
ultérieurs ne fassent appel qu'à la seconde hypothèse, alignant assez
pitoyablement les péripéties convenues et autres incohérences grossières. Thor
est évidemment renvoyé sur Terre après s'être fait avoir par son petit frère
au moment où il allait monter sur le trône, débarassé de ses pouvoirs, mais
tombe sur une astrophysicienne au grand coeur qui fait des découvertes
fondamentales sur ses ordis bricolés à la main (je ne peux m'empêcher de
signaler ce détail tellement c'est ridicule).
Bref, comme il se doit, le beau gosse va tomber amoureux de la physicienne (et
vice-versa), ils vont exploser un ou deux monstres en passant (ben oui, faut
faire, quand il est fâché, Thor tue), et tout se finira plus ou moins bien, en
laissant tout de même une énorme porte de sortie (ou deux même, on n'est jamais
trop prudent) pour une éventuelle suite. Bref, du mauvais boulot mal fait de
mauvais scénariste (apparemment, le dernier gars capable d'écrire une histoire
potable à Hollywood se serait enfui en courant après avoir le brouillon du
scénario du Petit chaperon rouge).
Et pourtant, ce gentillet nanar est loin d'être désagrable à regarder. Certes,
les décors kitsch à souhait font parfois preuve d'un mauvais goût un peu trop
prononcé, mais on en prend bien plein la gueule, à grands coups d'effets
spéciaux cosmiques très réussis. Et puis surtout, à la surprise générale, le
playboy bodybuildé qui joue le rôle-titre est franchement convaincant. Il
arrive même à faire passer l'humour pourtant très bas de gamme du personnage.
Bref, si on a pas vraiment compris ce que Branagh était venu faire dans cette
histoire, on va dire qu'il n'a pas trop souillé son honneur en commettant ce
truc qui sera certes noyé dans la longue histoire des films de super-héros
sans originalité. Allez, peut-être que je n'ai pas eu tort d'aller le voir, ce
film, tout compte fait...
Roupoil, 19 mai 2011.