Encore et toujours des sorties cannoises au programme
pour mes rares sorties ciné en ce moment, mais celle-ci faisait partie
des films qui auraient de toute façon attisé ma curiosité. Pensez donc :
un film de vampires inspiré d'un roman de Zola et réalisé par Park
Chan-Wook, révélé par ici il y a quelques années avec son étonnant
Old Boy, il y a de quoi se poser des questions...
Il s'agit donc de l'histoire d'un prêtre vaguement mal dans sa peau, qui
se porte volontaire pour une étude sur un virus mortel en Afrique. Il
est le seul à ressortir vivant du laboratoire, mais en ayant contracté
une autre drôle de maladie en échange : le vampirisme. De retour chez
lui, il doit s'accomoder à sa nouvelle vie, et notamment son attirance
prononcée pour la femme d'un ami d'enfance un peu benêt qu'il a
apparemment guéri du cancer par imposition des mains.
C'est n'importe quoi ? Oui, un peu, mais au fond pas tant que ça. Le
fond du récit, cette histoire de prêtre qui trahit son engagement et se
retrouve rongé par le remords (en fait la partie de l'histoire
directement issue de Zola) n'est pas inintéressante, mais le traitement
qu'en réserve Park Chan-Wook est pour le moins inattendu, avec cet ajout
d'une trame supplémentaire tout droit sortie d'une série B d'horreur, et
des digressions et ruptures de tons assez curieuses tout au long de
l'oeuvre (ça va jusqu'à quelques pointes d'humour quasi scato qui
tombent franchement comme un cheveu sur la soupe). Bref, il y a à boire
et à manger (mais surtout à boire, naturellement) dans le film.
Et de fait, tout n'est pas convaincant, loin s'en faut. Le rythme du
film semble mal maitrisé, alternant les longueurs fades (la mise en
place du récit n'est déjà pas palpitante, mais il y a des passages
franchement soporifiques ensuite) avec les fulgurances impressionnantes.
Le scénario lui-même sombre parfois dans l'obscurité, et avance de façon
assez cahotique vers une conclusion qui suffirait cependant à elle seul
à sauver le film, tellement la dernière séquence est inattendue et
bluffante de beauté (avec des pointes d'humour muet burlesque !).
Mais ce n'est pas, loins s'en faut, le seul bon moment du film. Park
Chan-Wook reste un réalisateur fascinant à admirer dans ses choix de
mise en scène, d'éclairage, de couleurs, d'illustration musicale. Il
parvient encore une fois à nous livrer quelques scènes de pur cinéma qui
explosent dans les grandes largeurs tout le reste de la sélection
cannoise (ou du moins ce que j'en ai vu à ce jour). Rien que pour cces
moments, et même si on a un peu l'impression qu'il se cherche le reste
du temps, il faut absolument aller voir le film.
Roupoil, 18 octobre 2009.