Thirst, ceci est mon sang,

film de Park Chan-Wook (2009)



Avis général : 6/10
:-) Des fulgurances de style éblouissantes, une variété de ton surprenante.
:-( Des longueurs franchement dispensables, mais surtout un scénario qui manque de solidité.

Encore et toujours des sorties cannoises au programme pour mes rares sorties ciné en ce moment, mais celle-ci faisait partie des films qui auraient de toute façon attisé ma curiosité. Pensez donc : un film de vampires inspiré d'un roman de Zola et réalisé par Park Chan-Wook, révélé par ici il y a quelques années avec son étonnant Old Boy, il y a de quoi se poser des questions...

Il s'agit donc de l'histoire d'un prêtre vaguement mal dans sa peau, qui se porte volontaire pour une étude sur un virus mortel en Afrique. Il est le seul à ressortir vivant du laboratoire, mais en ayant contracté une autre drôle de maladie en échange : le vampirisme. De retour chez lui, il doit s'accomoder à sa nouvelle vie, et notamment son attirance prononcée pour la femme d'un ami d'enfance un peu benêt qu'il a apparemment guéri du cancer par imposition des mains.

C'est n'importe quoi ? Oui, un peu, mais au fond pas tant que ça. Le fond du récit, cette histoire de prêtre qui trahit son engagement et se retrouve rongé par le remords (en fait la partie de l'histoire directement issue de Zola) n'est pas inintéressante, mais le traitement qu'en réserve Park Chan-Wook est pour le moins inattendu, avec cet ajout d'une trame supplémentaire tout droit sortie d'une série B d'horreur, et des digressions et ruptures de tons assez curieuses tout au long de l'oeuvre (ça va jusqu'à quelques pointes d'humour quasi scato qui tombent franchement comme un cheveu sur la soupe). Bref, il y a à boire et à manger (mais surtout à boire, naturellement) dans le film.

Et de fait, tout n'est pas convaincant, loin s'en faut. Le rythme du film semble mal maitrisé, alternant les longueurs fades (la mise en place du récit n'est déjà pas palpitante, mais il y a des passages franchement soporifiques ensuite) avec les fulgurances impressionnantes. Le scénario lui-même sombre parfois dans l'obscurité, et avance de façon assez cahotique vers une conclusion qui suffirait cependant à elle seul à sauver le film, tellement la dernière séquence est inattendue et bluffante de beauté (avec des pointes d'humour muet burlesque !).

Mais ce n'est pas, loins s'en faut, le seul bon moment du film. Park Chan-Wook reste un réalisateur fascinant à admirer dans ses choix de mise en scène, d'éclairage, de couleurs, d'illustration musicale. Il parvient encore une fois à nous livrer quelques scènes de pur cinéma qui explosent dans les grandes largeurs tout le reste de la sélection cannoise (ou du moins ce que j'en ai vu à ce jour). Rien que pour cces moments, et même si on a un peu l'impression qu'il se cherche le reste du temps, il faut absolument aller voir le film.

Roupoil, 18 octobre 2009.



Retour à ma page cinema