The Tree of life,

film de Terence Malick (2011)



Avis général : 2/10
:-) C'est très très beau, indiscutablement. Et les choix musicaux sont aussi excellents.
:-( C'est très très chiant, indubitablement. Et ça ne m'a pas ému plus que ça.
Poucentage gozu : 20%.

Terence Malick était déjà depuis un certain temps (en gros sa resurrection avec La Ligne rouge) un des cinéastes les plus prisés des média, alors même qu'il fait tout pour les fuir. Ca ne risque pas de s'arranger avec son dernier film. Annoncé depuis déjà un bon paquet de temps (rappelons qu'il devait figurer dans la sélection du Festival de Cannes 2010), arrivé à Cannes avec l'étiquette chef-d'oeuvre avant même le début des projections et reparti comme prévu avec la Palme même s'il est loin d'avoir convaincu tout le monde, c'est une de ces oeuvres qui marqueront, nécessairement, l'histoire du septième art. En ce qui me concerne, je ne l'attendais pas aussi impatiemment que d'autres, très échaudé par mon impression catastrophique à la sortie du précédent Malick. J'ai même longtemps hésité à aller voir ce film, ne me décidant que bien longtemps après sa sortie.

la bande-annonce laissait entendre que le film brossait le portrait d'une famille américain des années 60 (ou à peu près, à vue de nez). En fait, ce n'est pas vraiment ça, ou plutôt c'est beaucoup plus conceptuel que ça. Malick a définitivement continué dans la voie du trip métaphysique, poussant encore l'abstraction de son style nettement plus loin qu'avec Le Nouveau monde. Autant prévenir tout de suite, pendant les trois premiers quarts d'heure, vous n'aurez pas le droit à une seule scène dialoguée traditionnelle. À la place, d'abord une évocation du deuil successif à la perte d'un enfant constitué d'impressions visuelles fugaces, agrémenté de quelques paroles sybillines en voix off. Puis un résumé assez inattendu de l'évolution en une petite demi-heure, occasion sûrement unique d'admirer des laves en coussin sur un écran de cinéma (et aussi des dinosaures en images de synthèse, on est pourtant loin de Jurassic Park).

Le reste se rapproche un peu plus du thème attendu, mais ça reste très éloigné de ce qu'on voit habituellement au cinéma. Peu de dialogues, aucune narration linéaire (en fait, aucune narration tout court), et comme toujours chez Malick, des quantités de plans d'arbres ou de flotte dont on se demande souvent ce qu'ils viennent faire là. Ah, il faut bien admettre quelque chose, c'est beau, même sublime, chaque plan est, en soi, une oeuvre d'art. Rien de surprenant donc que certains crient au génie en voyant ce genre de film.

Moi, je crie à l'arnaque complète. C'est bien de faire beau, mais encore faut-il mettre un sens dans tout ça, et emmener le spectateur quelque part. Là, personnellement, je n'ai été transporté que vers des abymes d'ennui (une proportion assez élevée des spectateurs de ma séance a préféré s'enfuir assez rapidement, d'ailleurs). Qu'on laisse au spectateur le soin de répondre aux questions, je veux bien, mais là, le film ne m'a même pas poussé à me poser des questions. Je me demande toujours quel était le but de tout ça. Pire, je suis même resté complètement indifférent au sort de cette famille tyrannisée par un père brutal...

Si le but était de faire un film incompréhensible mais fascinant, c'est raté. Malick n'est pas Kubrick et, là où 2001 était un chef-d'oeuvre chiant, son film n'est que chiant, ce qui est assez gênant. Je garderai quand même dans l'oreille l'immense plaisir d'avoir entendu en fon sonore, au milieu de choix musicaux d'ailleurs souvent très bons (comme quoi Malick a quand même du gout) le Lacrymosa du Requiem for my friend de Preisner. La scène en question est superbe, mais ce n'est déifinitivement pas grâce à Malick...

Roupoil, 30 juin 2011.



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